Biométrie, IA, vie privée : faut-il s’inquiéter pour notre vie numérique ?

La biométrie remplace les mots de passe, l’intelligence artificielle analyse nos visages, nos voix, nos gestes… La technologie avance, mais nos libertés numériques reculent-elles en silence ?

Alors que Microsoft annonce la fin des mots de passe pour ses nouveaux comptes, misant sur l’authentification biométrique pour renforcer la sécurité des utilisateurs, Meta multiplie les usages de l’intelligence artificielle dans ses lunettes connectées Ray-Ban, récoltant toujours plus de données personnelles. À travers ces décisions stratégiques, deux géants du numérique dessinent les contours d’une nouvelle ère où la frontière entre confort technologique et atteinte à la vie privée devient de plus en plus floue. Loin d’être anodines, ces évolutions posent une question essentielle : qui contrôle réellement notre identité numérique ?

La fin des mots de passe : promesse de sécurité ou piège biométrique ?

C’est une petite révolution dans le monde de la cybersécurité : Microsoft ne proposera plus par défaut de mot de passe lors de la création de nouveaux comptes. À la place, les utilisateurs seront invités à utiliser une authentification sans mot de passe, basée notamment sur la biométrie, empreinte digitale, reconnaissance faciale ou encore dispositifs de sécurité physique comme les clés FIDO2.

L’argument de Microsoft est simple : les mots de passe sont vulnérables. Victimes d’attaques par hameçonnage, de fuites de données ou de piratage par force brute, ils sont devenus le maillon faible de la cybersécurité moderne. En optant pour des méthodes biométriques, l’entreprise entend renforcer la sécurité tout en simplifiant l’expérience utilisateur. Plus besoin de se souvenir d’un énième mot de passe : notre corps devient notre clé.

Mais cette évolution, qui semble à première vue bienvenue, soulève des inquiétudes majeures. Car si une empreinte digitale ou un visage ne peuvent être « oubliés », ils ne peuvent pas non plus être changés. En cas de fuite ou de piratage, contrairement à un mot de passe, une donnée biométrique est irrécupérable. Le vol d’une identité biométrique est définitif.

En outre, le recours accru à la biométrie pourrait aussi entraîner une généralisation de la surveillance. Si notre visage devient notre identifiant numérique, il devient aussi une cible de choix pour toutes les technologies de reconnaissance faciale déployées dans l’espace public ou par des entreprises privées. Or, les cadres juridiques encadrant ces technologies restent flous, variables selon les pays et souvent dépassés par la rapidité des innovations.

Meta et ses lunettes connectées : l’IA au cœur de l’intimité

Dans un tout autre registre mais avec des conséquences similaires, Meta a récemment mis à jour la politique de confidentialité de ses lunettes connectées Ray-Ban. Désormais, lorsque les fonctions d’intelligence artificielle sont activées, les photos et vidéos capturées sont analysées en continu. Pire encore, les enregistrements vocaux sont systématiquement stockés… et les utilisateurs ne peuvent pas s’y opposer autrement qu’en supprimant manuellement chaque fichier depuis l’application mobile dédiée.

Les données ainsi collectées peuvent être conservées jusqu’à un an, et potentiellement utilisées pour entraîner les modèles d’intelligence artificielle de l’entreprise. L’objectif affiché : améliorer les performances des lunettes, permettre une meilleure reconnaissance des objets, des lieux, des personnes. Mais en arrière-plan, se profile une collecte massive de données d’une ampleur inédite.

Meta précise que les messages vocaux et contenus captés par ses appareils peuvent être utilisés pour entraîner ses modèles d’IA, sans que l’utilisateur n’en soit clairement informé à chaque interaction.

Ce n’est pas une première. Le géant californien a déjà annoncé qu’il entraînait ses modèles Llama sur les publications publiques des utilisateurs américains de ses réseaux sociaux. Une pratique rendue possible par les conditions d’utilisation des plateformes, souvent acceptées sans lecture préalable. Avec les lunettes Ray-Ban, l’étape suivante est franchie : l’IA s’invite dans la vie réelle, au plus près du quotidien.

Une nouvelle ère de l’identité numérique : confiance ou dépendance ?

Dans ce paysage en pleine transformation, d’autres acteurs cherchent à renforcer la confiance dans l’environnement numérique. C’est notamment le cas de la société World, qui vient d’annoncer un partenariat stratégique avec Tinder et Visa. Cette collaboration vise à intégrer une technologie de vérification d’identité innovante dans des services à large échelle. Résultat : des plateformes plus sûres, où la vérification de l’identité devient à la fois plus rapide, plus fiable, et plus discrète.

Concrètement, pour la première fois, la possibilité de confirmer de façon fluide son identité grâce à une technologie unique sera intégrée simultanément dans plusieurs services numériques de masse. Que ce soit pour s’inscrire sur une application de rencontres ou valider une transaction, l’utilisateur pourra prouver qu’il est bien lui-même en quelques secondes, sans recourir à des processus complexes ni fournir de documents papier. Cette tendance s’inscrit dans un nouveau cycle de confiance numérique, où l’identité devient un vecteur central de sécurité, mais aussi d’accessibilité.

Cependant, même dans ce contexte prometteur, la vigilance reste de mise. Car plus la vérification d’identité devient fluide, plus le risque d’intrusion dans la vie privée s’accroît si les garde-fous ne sont pas suffisamment solides. Ce n’est pas seulement la sécurité qui est en jeu, mais aussi la manière dont nos données les plus sensibles sont collectées, stockées, et utilisées.

Entre promesse d’innovation et opacité des usages

Microsoft et Meta avancent tous deux les mêmes justifications : amélioration de la sécurité, simplicité d’utilisation, perfectionnement de l’expérience utilisateur grâce à l’IA. Et de fait, il est indéniable que l’intelligence artificielle couplée à la biométrie permet des avancées spectaculaires. Qu’il s’agisse de protéger un compte contre une tentative de piratage ou de rendre une paire de lunettes capable d’identifier ce qui nous entoure en temps réel, la technologie accomplit des prouesses.

Mais ces prouesses ont un coût. Et ce coût, c’est celui de notre consentement, souvent implicite, rarement éclairé. Car dans la plupart des cas, les utilisateurs n’ont pas le choix. Pour créer un compte Microsoft, l’authentification biométrique devient la norme. Pour utiliser les lunettes Meta, il faut accepter des conditions de collecte de données particulièrement intrusives. Le « consentement » devient une case à cocher, plutôt qu’un acte réellement volontaire.

En outre, ces entreprises s’exonèrent en grande partie de toute transparence. Les informations collectées, les usages exacts qui en sont faits, les durées de conservation ou les modalités de suppression sont rarement claires. Et lorsque les utilisateurs souhaitent s’y opposer, ils se heurtent à des processus fastidieux, techniques, voire impossibles à mettre en œuvre. Supprimer manuellement chaque enregistrement vocal depuis une application n’est pas à la portée de tous.

Vers un encadrement nécessaire de l’identité numérique

Ces évolutions ne sont pas isolées. Elles s’inscrivent dans une dynamique plus large où l’identité numérique devient un enjeu majeur du XXIe siècle. À mesure que nos vies se numérisent, les traces que nous laissons – biométriques, vocales, visuelles – deviennent des matières premières convoitées par les géants du numérique. Or, dans la plupart des pays, les législations peinent à suivre.

L’Union européenne, avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD), fait figure de pionnière en la matière. Elle impose des obligations de transparence, de sécurité et de consentement explicite. Mais même ce cadre est mis à l’épreuve par des technologies toujours plus invasives. Le débat autour de la régulation de l’intelligence artificielle, récemment relancé avec l’AI Act, montre bien que l’équilibre entre innovation et protection des libertés reste fragile.

En parallèle, les voix se multiplient pour appeler à une plus grande souveraineté numérique. Certains experts suggèrent la mise en place d’identifiants numériques gérés par des autorités indépendantes, ou de normes ouvertes permettant aux utilisateurs de mieux contrôler leurs données. D’autres appellent à interdire certaines pratiques, comme la reconnaissance faciale dans l’espace public ou la collecte non consentie d’enregistrements vocaux.

La vigilance comme seule défense… pour l’instant

En attendant une meilleure régulation, les utilisateurs n’ont d’autre choix que de redoubler de vigilance. Lire les conditions d’utilisation, comprendre les implications des technologies adoptées, vérifier les paramètres de confidentialité, limiter les usages de l’IA embarquée… autant de gestes essentiels, mais insuffisants face à la puissance des plateformes.

Car dans cette nouvelle ère numérique, ce n’est plus seulement notre navigation sur Internet qui est tracée. Ce sont nos voix, nos visages, nos gestes, nos environnements – bref, notre vie entière – qui sont capturés, analysés, exploités. Sans cadre clair, sans limites précises, cette collecte permanente pourrait devenir la norme.

Et si demain, notre propre corps devenait le dernier mot de passe à voler ?

Correctifs critiques et IA gonflée : Microsoft muscle son Patch Tuesday de mai 2025

Le Patch Tuesday de mai 2025 marque un tournant majeur : 72 failles comblées, cinq Zero Day actives, et des mises à jour Windows massives dopées à l’intelligence artificielle.

Chaque deuxième mardi du mois, les équipes informatiques du monde entier retiennent leur souffle. Le Patch Tuesday de Microsoft, devenu un rendez-vous incontournable, vient rythmer la sécurité des systèmes d’exploitation et des logiciels professionnels. Et celui de mai 2025 n’a pas dérogé à la règle : entre les correctifs de vulnérabilités critiques, les exploits déjà utilisés activement et une poussée technologique du côté de l’intelligence artificielle, la cuvée de ce mois se révèle particulièrement dense. Elle exige des entreprises comme des particuliers une attention soutenue et une application rapide des correctifs. Car cette fois, le danger ne plane pas seulement : il est déjà à l’œuvre.

Une avalanche de failles comblées… et cinq Zero Day

Microsoft annonce avoir corrigé pas moins de 72 vulnérabilités (CVE) dans sa mise à jour mensuelle de mai, dont cinq sont classées Zero Day. Ces dernières désignent des failles de sécurité activement exploitées avant même que le correctif ne soit disponible, ce qui les rend particulièrement dangereuses. Si, selon le classement officiel, elles ne sont que de niveau « Important », l’application d’un modèle de priorisation basé sur les risques les fait passer sans hésitation au niveau « Critique ».

Parmi ces vulnérabilités, on retrouve notamment une faille dans le pilote Ancillary Function Driver de WinSock (CVE-2025-32709), permettant une élévation de privilèges en local pour obtenir un accès Administrateur. Cette brèche affecte toutes les versions de Windows Server depuis 2012. Confirmée comme étant exploitée sur le terrain, elle reçoit un score CVSS 3.1 de 7,8.

Dans la même veine, deux autres failles critiques (CVE-2025-32706 et CVE-2025-32701), touchant le système de fichiers journaux communs de Windows, permettent une élévation de privilèges jusqu’au niveau SYSTEM. Là encore, elles concernent l’ensemble des versions de Windows, avec une exploitation active confirmée.

Un autre Zero Day (CVE-2025-30400) cible la bibliothèque du Gestionnaire de fenêtrage Microsoft, rendant vulnérables Windows 10, Server 2016 et toutes les versions ultérieures. Enfin, la cinquième faille critique (CVE-2025-30397) affecte le moteur de scripts Microsoft et permet l’exécution de code sur le réseau.

Cinq vulnérabilités Zero Day activement exploitées sont corrigées, toutes liées à l’OS Windows, et considérées comme critiques par les experts malgré leur évaluation initiale comme « importantes ».

CVE-2025-30397
Type : Corruption de mémoire dans le moteur de script
Conditions : Nécessite l’usage du mode Internet Explorer dans Microsoft Edge, une authentification côté client, et un clic sur un lien malveillant
Gravité réelle : Faible exploitation à large échelle à cause des nombreuses contraintes
Contexte : Peu de vulnérabilités similaires ces dernières années, sauf CVE-2024-38178, exploitée activement en août 2024

Des failles déjà connues, mais pas encore corrigées

Deux autres vulnérabilités font aussi l’objet d’un correctif, bien qu’elles aient déjà été divulguées publiquement. La première, une exécution de code à distance (CVE-2025-30397) dans Visual Studio, affecte les versions 2019 et 2022. Sa dangerosité reste modérée pour l’instant, car sa maturité est jugée « non prouvée » et son exploitabilité « peu probable ».

La deuxième concerne une faille d’usurpation d’identité (CVE-2025-26685) dans Microsoft Defender for Identity, qui pourrait permettre à un pirate d’imiter un utilisateur sur un réseau adjacent. Là encore, la menace reste théorique, mais la divulgation publique impose de s’en prémunir rapidement.

Ce Patch Tuesday ne se limite pas à la correction de failles : il inaugure également une évolution fonctionnelle importante dans Windows 11 et Server 2025. La mise à jour mensuelle pèse désormais près de 4 Go, un volume inhabituel qui s’explique par l’intégration de trois nouvelles fonctions basées sur l’intelligence artificielle.

Parmi elles, Recall, conçue pour faciliter la mémoire utilisateur à travers des rappels contextuels intelligents, Click to Do, un système d’automatisation des tâches courantes inspiré des macros intelligentes, et une version améliorée de Windows Search, désormais capable d’interpréter des requêtes complexes en langage naturel.

Ces ajouts répondent à la volonté de Microsoft d’intégrer l’IA plus profondément dans l’expérience utilisateur de Windows, dans un contexte où la concurrence — notamment avec Apple et Google — s’intensifie sur le terrain des assistants intelligents.

La mise à jour de mai introduit trois fonctions IA dans Windows, alourdissant le programme d’installation à près de 4 Go. Un changement qui marque un tournant vers des OS toujours plus intelligents.

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CVE-2025-30400
Type : Él evation de privilèges dans Desktop Window Manager (DWM)
Contexte : 26 vulnérabilités similaires dans DWM depuis 2022, mais seules deux autres exploitées comme zero-days (CVE-2024-30051, CVE-2023-36033)
Particularité : Faible visibilité d’exploitation active, mais DWM reste une cible fréquente

Adobe : 39 vulnérabilités corrigées, dont 33 critiques

Le Patch Tuesday ne concerne pas uniquement Microsoft. Adobe s’est également illustré avec la publication de 13 mises à jour couvrant un total de 39 CVE. Parmi elles, 33 sont classées comme critiques, soulignant une fois encore la fragilité de certains logiciels largement utilisés dans les milieux professionnels et créatifs, notamment Photoshop, Acrobat et ColdFusion.

Bien que les détails de chaque faille ne soient pas tous publics, Adobe incite les utilisateurs à appliquer les correctifs sans attendre. Comme pour Microsoft, plusieurs des failles corrigées peuvent permettre l’exécution de code arbitraire, avec des conséquences potentiellement dévastatrices si elles sont exploitées.

Pour les administrateurs système et les responsables de la sécurité informatique, ce Patch Tuesday de mai représente un défi de taille. Les correctifs sont nombreux, les priorités claires, mais la complexité croissante des environnements à maintenir rend leur déploiement délicat. Il ne s’agit plus seulement de corriger des failles : il faut aussi tester, valider, s’assurer que les nouvelles fonctionnalités IA n’introduisent pas d’instabilité ou de conflit avec des systèmes existants.

La pression est d’autant plus forte que les menaces ne sont plus théoriques. Les cinq failles Zero Day prouvées démontrent que des cybercriminels sont déjà à l’œuvre. Dans un contexte géopolitique tendu et face à la recrudescence des attaques par ransomwares, les entreprises savent que chaque jour gagné dans l’application des correctifs peut représenter des milliers d’euros économisés… ou évités en rançon.

CVE-2025-32701 & CVE-2025-32706
Type : Élévation de privilèges dans le pilote CLFS (Common Log File System)
Exploitabilité : Exploitées activement en post-compromission, probablement dans des campagnes de cyberespionnage ou de ransomware
Contexte : 33 failles dans CLFS depuis 2022, dont 6 zero-days activement exploités. Ces deux CVE s’inscrivent dans une tendance inquiétante

Vers une automatisation de la cybersécurité ?

L’ampleur de ce Patch Tuesday soulève une question essentielle : comment faire face durablement à une telle fréquence et complexité de mises à jour ? Les géants du secteur misent de plus en plus sur l’automatisation, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique pour anticiper les failles et accélérer leur résolution. Mais ces outils nécessitent eux-mêmes des ressources et une gouvernance solides.

À terme, faudra-t-il déléguer entièrement les mises à jour à des systèmes intelligents autonomes ? Ou conserver une supervision humaine pour garder le contrôle des choix techniques et des risques éthiques associés à l’IA ?

Le mois de mai 2025, avec son Patch Tuesday dense et riche en nouveautés, illustre la double tendance actuelle : une sécurité toujours plus pressante et une technologie toujours plus complexe. Entre vulnérabilités critiques et assistants dopés à l’IA, l’équilibre devient aussi stratégique qu’ardu à maintenir.

CVE-2025-32709
Type : Élévation de privilèges dans afd.sys, le pilote associé à l’API WinSock
Usage : Typiquement utilisé après compromission initiale, pour renforcer les privilèges d’un attaquant
Contexte : 10 failles similaires depuis 2022, souvent exploitées comme zero-days dans des contextes post-intrusion

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Zoom muscle sa cybersécurité avec son Bug Bounty 2024

Près de 1 000 experts en cybersécurité ont collaboré avec Zoom pour identifier des failles critiques, réduisant de 90 % le temps de correction et renforçant la défense de ses outils de communication.

Dans un contexte où les cybermenaces évoluent à un rythme effréné, la course à la sécurité numérique s’intensifie. Zoom, acteur majeur des communications unifiées, vient de publier les résultats 2024 de son programme de Bug Bounty. Ce dispositif, qui récompense la découverte responsable de failles de sécurité, a mobilisé près de 1 000 chercheurs à travers le monde, permettant à la plateforme d’opérer une nette avancée dans la sécurisation de ses produits. En seulement un an, le délai de résolution des vulnérabilités critiques a chuté de plus de 90 %, un record pour l’entreprise.

Un tournant stratégique face à l’enjeu cyber

L’année 2024 aura marqué un changement de cap dans la stratégie de cybersécurité de Zoom. Consciente que sa croissance fulgurante depuis 2020 l’a rendue vulnérable à de nombreuses menaces, la société s’est engagée dans une collaboration d’envergure avec la communauté internationale des hackers éthiques. Grâce à sa coopération étroite une plateforme de coordination des programmes de Bug Bounty [comme Yes We Hack ou encore Yogosha], Zoom a pu élargir le champ de recherche de failles à une diversité d’experts, issus aussi bien du secteur académique que de la sécurité offensive. Résultat : plusieurs centaines de vulnérabilités identifiées via HackerOne, analysées et corrigées dans un délai considérablement réduit par rapport aux années précédentes.

Ce gain d’efficacité est particulièrement spectaculaire en matière de failles critiques. Entre février 2024 et janvier 2025, leur résolution a été accélérée de manière drastique. Là où certaines corrections prenaient plusieurs semaines, les équipes de Zoom sont aujourd’hui capables d’apporter une réponse adaptée en quelques jours. Cette performance, qui tient autant à l’efficacité du programme qu’à l’implication des chercheurs, marque une rupture par rapport aux standards du secteur.

Une participation record, des résultats concrets

La participation des chercheurs en sécurité à travers le monde a doublé par rapport à l’année précédente, avec près de 1 000 contributeurs ayant activement participé à la détection des failles. Zoom, qui s’appuie sur une architecture complexe mêlant vidéoconférence, collaboration en ligne et intégration cloud, a vu dans ce vivier de talents une opportunité de durcir ses défenses sur tous les fronts. Les vulnérabilités découvertes n’étaient pas que théoriques : elles ont donné lieu à des correctifs majeurs déployés dans les systèmes de production.

Parmi les améliorations notables, on trouve un renforcement des mécanismes d’authentification sur l’ensemble des services, un durcissement des points d’accès API contre les vecteurs d’attaque émergents, un affinement des permissions au sein des outils collaboratifs ainsi qu’un meilleur contrôle des accès aux données dans l’infrastructure cloud. Autant de chantiers techniques qui témoignent de la complexité du défi, mais aussi de la volonté de Zoom de ne laisser aucun angle mort.

« La résolution des failles critiques a été réduite de 90 % en un an, un record pour la plateforme. »

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Diversification des approches et spécialisation des profils

Le succès du programme repose également sur sa structuration multi-niveaux. Zoom n’a pas misé sur un modèle unique, mais a préféré orchestrer une série de dispositifs adaptés à différents profils de chercheurs. Le programme public “VDP” (Vulnerability Disclosure Program) a ouvert les portes à toute la communauté mondiale des white hats. En parallèle, un programme privé a été lancé, ciblant des fonctionnalités spécifiques et permettant des tests en conditions quasi réelles. Les chercheurs VIP, sélectionnés pour leur expertise pointue, ont travaillé sur les systèmes critiques de l’écosystème Zoom.

Enfin, les challenges spécialisés ont constitué une forme de compétition ciblée sur des technologies émergentes, à l’image des outils d’intelligence artificielle ou des nouveaux services de réalité augmentée que l’entreprise développe. Cette segmentation stratégique permet à Zoom de tirer parti d’un large éventail de compétences, tout en s’assurant que les tests effectués répondent aux besoins spécifiques de chaque produit ou service.

Cette organisation a permis d’identifier non seulement des failles inattendues, mais aussi des zones de friction dans les flux d’utilisation, offrant un retour d’expérience précieux aux équipes produit. Zoom estime ainsi que son approche Bug Bounty constitue désormais un maillon essentiel de son processus de développement sécurisé.

Une dynamique encouragée par les résultats

La reconnaissance du travail des chercheurs n’est pas restée symbolique. Zoom a activement valorisé les contributions les plus importantes, avec un système de récompenses ajusté en fonction de la gravité des failles. Le meilleur contributeur de 2024 a ainsi identifié 12 vulnérabilités majeures, renforçant la crédibilité du programme et incitant d’autres experts à s’impliquer. Certains participants ont même atteint le statut de “chercheur élite”, une distinction attribuée aux profils les plus réguliers et pertinents du programme.

Porté par ces résultats, Zoom a déjà annoncé les grandes lignes de l’évolution de son programme pour 2025. L’un des axes majeurs sera l’élargissement du périmètre des tests à l’ensemble des nouvelles offres produits, incluant notamment les fonctionnalités à base d’IA générative ou les futures applications immersives. Le budget alloué aux récompenses sera lui aussi revu à la hausse, avec une augmentation prévue dans toutes les catégories de failles.

En parallèle, Zoom mise sur l’automatisation du triage des rapports de vulnérabilités grâce à l’intelligence artificielle, afin d’accélérer l’analyse initiale et de prioriser les actions plus efficacement. Des événements internationaux sont également au programme : ils réuniront les meilleurs chercheurs lors de “live hacking events” pour renforcer la sécurité sur des technologies de pointe. Cette approche proactive témoigne d’une volonté d’ancrer la sécurité dans la culture même de l’innovation.

Sandra McLeod, Chief Information Security Officer de Zoom, résume ainsi cette stratégie : « Cette approche nous permet de mobiliser les talents adéquats dans des environnements de test adaptés, ce qui garantit des résultats concrets en matière de sécurité. » Une vision résolument collaborative et orientée vers l’agilité, dans un domaine où la vitesse d’exécution est devenue cruciale.

La cybersécurité comme levier de confiance

Au-delà des aspects techniques, le Bug Bounty s’impose comme un levier de confiance. Pour une plateforme utilisée quotidiennement par des millions d’utilisateurs dans le monde entier, l’assurance d’un environnement sécurisé est devenue un critère de choix incontournable. En se dotant d’un tel programme, Zoom adresse non seulement les enjeux actuels de cybersécurité, mais anticipe aussi les exigences réglementaires croissantes en matière de protection des données.

Alors que les cyberattaques continuent de se multiplier et de se professionnaliser, l’exemple de Zoom montre que l’ouverture, la transparence et la coopération peuvent constituer des armes redoutablement efficaces. En mobilisant les compétences de milliers de chercheurs dans le monde, l’entreprise n’a pas seulement colmaté des brèches : elle a posé les bases d’une cybersécurité vivante, adaptative, en perpétuelle évolution.

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