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Faille critique SessionReaper : Adobe Commerce sous haute menace

Adobe alerte sur la faille SessionReaper (CVE-2025-54236) qui menace Adobe Commerce et Magento. Exploitable via l’API REST, elle expose directement les comptes clients à une prise de contrôle.

Aprés Apple et Microsoft, Adobe a publié un avis de sécurité concernant CVE-2025-54236, surnommée SessionReaper. La vulnérabilité, notée 9,1/10 au CVSS, touche Adobe Commerce, Magento Open Source et Adobe Commerce B2B. Exploitable via l’API REST, elle permet à un attaquant de s’emparer de comptes clients. Aucun cas d’exploitation n’a été détecté pour l’instant, mais l’éditeur insiste sur l’urgence d’appliquer le correctif VULN-32437-2-4-X. Les environnements cloud bénéficient de règles WAF temporaires, mais seul le patch garantit une protection durable. Découverte par le chercheur blaklis, la faille illustre la fragilité des plateformes e-commerce face aux attaques ciblant directement les données utilisateurs et leurs parcours transactionnels.

SessionReaper, une faille critique révélée

SessionReaper, identifiée sous CVE-2025-54236, résulte d’une validation insuffisante des entrées dans l’API REST d’Adobe Commerce. Selon Adobe, un acteur malveillant pourrait détourner cette faiblesse pour prendre la main sur des comptes clients. L’éditeur a publié son avertissement sous la référence APSB25-88 et attribue à la faille une sévérité de 9,1 sur 10 dans l’échelle CVSS.

Le risque principal réside dans la compromission directe des données clients, un scénario particulièrement dangereux pour des plateformes marchandes. La faille affecte les versions 2.4.9-alpha2 et antérieures d’Adobe Commerce et de Magento Open Source, ainsi que la branche 1.5.3-alpha2 et antérieures d’Adobe Commerce B2B. Le module Custom Attributes Serializable, utilisé entre les versions 0.1.0 et 0.4.0, est également concerné.

Pour Adobe, il s’agit d’une vulnérabilité critique, non exploitée pour l’heure, mais dont le potentiel destructeur impose une réaction rapide des administrateurs. L’entreprise prévient que son assistance sera limitée en cas de retard dans l’application des correctifs.

Le correctif et ses conditions de déploiement

Le correctif officiel est publié sous l’identifiant VULN-32437-2-4-X. Il doit être appliqué sans délai sur toutes les instances vulnérables. Les utilisateurs du module Custom Attributes Serializable doivent quant à eux migrer vers la version 0.4.0 ou supérieure, via la commande Composer appropriée.

Adobe propose un outil de vérification, le Quality Patches Tool, qui permet de confirmer l’application effective du patch. La commande de contrôle fournit un statut « Applied » une fois le correctif installé, apportant aux administrateurs la certitude de disposer d’une protection active.

Pour les clients hébergés dans l’environnement Commerce Cloud, Adobe a mis en place des règles de Web Application Firewall destinées à bloquer les tentatives d’exploitation connues. Ces mesures sont toutefois qualifiées de temporaires et ne dispensent pas du déploiement du correctif officiel. Les clients de services managés sont invités à contacter leur Customer Success Engineer afin d’obtenir un accompagnement spécifique.

Un signal fort pour l’écosystème e-commerce

La faille a été signalée par le chercheur indépendant blaklis, qui a révélé à Adobe le fonctionnement de SessionReaper. L’éditeur souligne qu’aucun cas d’exploitation active n’est documenté. Cependant, le scénario théorique reste préoccupant : un assaillant qui obtiendrait le contrôle de comptes clients pourrait accéder à des informations sensibles, détourner des transactions ou lancer des fraudes massives.

Ce type de vulnérabilité démontre la valeur stratégique des données clients pour les cyberattaquants. Les plateformes de commerce électronique constituent des cibles privilégiées en raison des volumes financiers et des informations personnelles qu’elles centralisent.

L’urgence de la mise à jour découle autant du niveau de criticité technique que de l’attrait économique de telles données sur le marché noir. La diffusion rapide du correctif vise à réduire la fenêtre de tir potentielle avant que des groupes malveillants ne développent un code d’exploitation opérationnel.

Les entreprises ont du mal à identifier et à gérer les risques liés à la cybersécurité de leurs API

De nouvelles statistiques révèlent que si les API sont à l’origine de la majorité du trafic Internet, ces dernières demeurent en grande partie non sécurisées.

Un rapport consacré à la gestion et à la sécurité des API apporte quelques réponses sur la problématiques des API. Les conclusions démontrent que les entreprises tirent plus que jamais parti des API, une technologie qui sous-tend l’ensemble des applications et des sites les plus utilisés aujourd’hui. Or, cette surexploitation ouvre la porte à un nombre toujours plus important de menaces en ligne. Le rapport souligne l’écart entre l’utilisation des API par les entreprises et la capacité de celles-ci à sécuriser les données auxquelles les API accèdent.

Les API sont au cœur de l’univers numérique. Téléphones, montres connectées, systèmes bancaires et sites d’achat, toutes ces applications se reposent sur les API pour communiquer. Ces dernières peuvent aider les sites d’e-commerce à accepter les paiements, permettre aux systèmes médicaux de partager les données de leurs patients de manière sécurisée, voire permettre aux taxis et aux services de transport en commun d’accéder en temps réel aux données de circulation.

Toutes les entreprises d’aujourd’hui ou presque s’en servent pour développer des sites, des applications et des services de meilleure qualité et mieux les proposer à leurs clients. Malheureusement, les API non gérées ou non sécurisées représentent une mine d’or pour les acteurs malveillants à la recherche d’informations potentiellement sensibles.

Les API occupent une position centrale dans la manière dont les applications et les sites web fonctionnent. Elles constituent donc une cible privilégiée et relativement récente pour les pirates.

Gestion et à la sécurité des API

Même les secteurs les plus improbables connaissent des pics élevés de trafic lié aux API. L’intégration fluide proposée par ces dernières a poussé les entreprises de tous les secteurs à en tirer davantage parti, certaines plus rapidement que d’autres. Les secteurs de l’IdO, des trains, bus et taxis, des services juridiques, des jeux et du multimédia, ainsi que ceux de la logistique et de l’approvisionnement, détiennent la plus grande part de trafic lié aux API en 2023.

Le trafic lié aux API est à l’origine de la majorité du trafic Internet : les API dominent le trafic Internet dynamique autour du monde (57 %) et chaque région a observé une augmentation de leur utilisation au cours de l’année dernière. L’Afrique et l’Asie sont toutefois les premières régions à avoir massivement adopté les API et à constater la part de trafic la plus élevée en 2023.

Les API font face à un large éventail de menaces fréquentes et en augmentation constante. comme pour n’importe quelle fonction stratégique populaire hébergeant des données sensibles, les acteurs malveillants tentent d’exploiter tous les moyens nécessaires pour accéder à ces dernières. L’essor des API en termes de popularité a également entraîné une hausse du volume des attaques, les attaques par anomalie HTTP, par injection et par inclusion de fichiers étant les trois types d’attaques les plus couramment utilisés.

Les API « fantômes »

Les « Shadow API » constituent un moyen d’accès non sécurisé pour les acteurs malveillants. Les entreprises ont du mal à protéger ce qu’elles ne peuvent pas voir. Près de 31 % de points de terminaison d’API REST (l’endroit où une API se connecte aux logiciels) supplémentaires ont été identifiés grâce au Machine Learning (apprentissage automatique) plutôt que par l’intermédiaire d’identifiants fournis par les clients. En résumé, les entreprises ne disposent pas d’un inventaire complet de leurs API à l’heure actuelle.

Le Service Veille ZATAZ a pu repérer, il y a peu, des exploitations d’API par des pirates pour collecter de nombreuses informations [directes et indirectes] personnelles et professionnelles.

A noter que les solutions d’atténuation des attaques DDoS sont l’un des outils les plus efficaces pour protéger les API. Que les entreprises disposent d’une visibilité totale sur l’ensemble de leurs API ou non, les solutions d’atténuation des attaques DDoS peuvent les aider à bloquer les menaces potentielles. Un tiers (33 %) des mesures d’atténuation des menaces liées aux API ont été appliquées par des services de protection contre les attaques DDoS déjà en place.

« Les API sont des outils puissants permettant aux développeurs de créer des applications complexes et complètes afin de servir leurs clients, leurs partenaires et leurs collaborateurs, mais chaque API constitue une surface d’attaque potentielle devant être sécurisée », précise Melinda Marks, Practice Director, Cybersecurity chez Enterprise Strategy Group. « Comme le montre ce nouveau rapport, les entreprises ont besoin d’outils plus efficaces pour traiter la sécurité des API, comme une meilleure visibilité sur les API, des ressources permettant d’assurer l’authentification et l’autorisation entre les connexions, ainsi que de meilleurs moyens de protéger leurs applications contre les attaques. »

Les conclusions de ce rapport, notamment les statistiques mentionnées ci-dessus, se basent sur les schémas de trafic observés par le réseau mondial de Cloudflare entre le 1er octobre 2022 et le 31 août 2023.