Une attaque informatique au printemps a privé Co-op de 274 millions € de revenus, perturbé ses approvisionnements et exposé les données personnelles de 6,5 millions de membres.
Le distributeur britannique Co-op a révélé que la cyberattaque d’avril lui a coûté 206 M£ (274 M€) de revenus, touchant principalement son activité alimentaire. L’incident a entraîné des rayons vides, des systèmes mis hors ligne et la compromission des données de ses 6,5 millions de membres. Selon l’entreprise, les pertes directes de profit se chiffrent à 80 M£ (107 M€). L’enquête a conduit à l’arrestation de quatre personnes, dont un mineur, soupçonnés d’être liés au groupe criminel Scattered Spider. Co-op affirme avoir évité le verrouillage complet de ses systèmes grâce à une déconnexion préventive de ses réseaux, mais reste marqué par un affaiblissement de sa compétitivité face à ses rivaux.
Un réseau fragilisé par l’attaque
L’attaque a été détectée en avril. Pour limiter sa propagation, Co-op a choisi de couper volontairement ses systèmes centraux, ce qui a réduit immédiatement la disponibilité des produits en magasin. Les semaines suivantes, les clients ont constaté des rayons vides et des promotions suspendues. Le rapport semestriel précise que l’activité alimentaire a été la plus affectée. La direction a reconnu que la concurrence a profité de la situation pour capter une partie de la clientèle. Malgré la poursuite des ventes, la rentabilité a plongé, avec un manque à gagner de 80 millions de £ (107 millions €) rien que sur le premier semestre.
⚠️ Êtes-vous une proie facile ?⚠️ ️
Scanner de menaces ZATAZ -> identifiez vos expositions avant l’attaque✅ Scanner mes risques
Confidentiel • Instantané • Sécurisé • 100 % Made in France
Un mode opératoire attribué à Scattered Spider
Les enquêteurs soupçonnent que les attaques visant Co-op, M&S et Harrods soient reliées au groupe Scattered Spider, une constellation de jeunes pirates actifs dans l’intrusion de réseaux d’entreprises. Quatre suspects ont été arrêtés en juillet, dont un adolescent. Cette proximité entre acteurs très jeunes et attaques de grande ampleur illustre la difficulté à anticiper l’origine des menaces. Le mode opératoire évoqué s’inscrit dans la tendance des assaillants à viser simultanément plusieurs cibles commerciales, exploitant les dépendances technologiques de la distribution moderne.
Des données massivement compromises
Bien que Co-op ait évité un verrouillage complet par rançongiciel, la fuite de données a touché l’ensemble de ses 6,5 millions de membres. Les informations personnelles compromises alimentent désormais la crainte d’un usage ultérieur par des groupes criminels pour de l’usurpation d’identité ou du chantage. La direction a insisté sur le fait que les équipes ont travaillé sans relâche pour restaurer les opérations et protéger les infrastructures. Mais la perte de confiance reste un enjeu majeur. Dans un secteur où la fidélisation repose sur la sécurité perçue des systèmes de paiement et des données clients, l’atteinte est autant réputationnelle que financière.
L’affaire Co-op souligne la vulnérabilité des chaînes de distribution aux attaques coordonnées et la porosité croissante entre cybercriminalité juvénile et opérations structurées. La question demeure : jusqu’où les enseignes britanniques sont-elles capables d’anticiper de telles menaces et de protéger durablement leurs données sensibles ?
Les pirates du groupe DragonForce affirment avoir volé les données de 20 millions de membres de la coopérative britannique Co-op, malgré les démentis initiaux de l’entreprise.
Alors que la cybersécurité est devenue un enjeu majeur pour les entreprises du monde entier, une nouvelle attaque d’envergure secoue le Royaume-Uni. Le géant britannique de la distribution, Co-op, a été victime d’un piratage informatique attribué au groupe DragonForce, un collectif notoire dans le milieu du rançongiciel. Ce dernier affirme avoir exfiltré d’importantes quantités de données sensibles, concernant à la fois des employés et des clients de l’entreprise. Malgré une communication initiale rassurante de la part de Co-op, les révélations faites à la BBC par les pirates eux-mêmes, accompagnées de preuves concrètes, jettent une lumière inquiétante sur l’ampleur réelle de la brèche.
DragonForce, connu pour ses opérations d’extorsion numérique, a contacté la BBC pour fournir des captures d’écran de son message initial envoyé au chef de la cybersécurité de Co-op. Ce message, daté du 25 avril, a été transmis via Microsoft Teams, une méthode de communication inhabituelle mais révélatrice du niveau d’infiltration atteint par le groupe. Dans un geste encore plus audacieux, les pirates ont ensuite tenté un appel direct au responsable de la sécurité de Co-op, cherchant vraisemblablement à forcer une négociation ou à démontrer leur contrôle sur les systèmes internes.
L’entreprise a dans un premier temps minimisé l’incident, déclarant qu’aucune donnée client ne semblait avoir été compromise. Mais quelques jours plus tard, face à l’accumulation de preuves, Co-op a dû reconnaître que des acteurs malveillants avaient bel et bien eu accès à des informations appartenant à des membres actuels et passés. Les pirates, quant à eux, affirment avoir mis la main sur les données de 20 millions de membres inscrits au programme de fidélité de Co-op — un chiffre que la société n’a pas confirmé, alimentant ainsi la confusion et les spéculations.
« Les pirates ont eu accès aux identifiants du personnel, à 10 000 dossiers clients, aux numéros de carte de membre, noms, adresses et coordonnées personnelles », rapporte la BBC.
Si l’on en croit les informations transmises par DragonForce, la portée de l’attaque dépasse de loin ce que l’on craignait. Les hackers disent avoir infiltré les équipes internes de l’entreprise, récupérant notamment les identifiants de connexion de plusieurs employés. Ils auraient aussi exfiltré au moins 10 000 dossiers clients contenant noms, adresses postales, adresses e-mail, numéros de téléphone et numéros de carte de membre Co-op. La BBC précise qu’elle a pu consulter un échantillon de ces données et qu’après vérification, celles-ci ont été détruites.
Veille ZATAZ : adoptée et approuvée par 96 % de nos abonnés !
Co-op a toutefois tenu à rassurer ses membres : selon un porte-parole, les informations volées n’incluraient ni les mots de passe, ni les coordonnées bancaires, ni les données de carte de crédit. Les informations relatives aux transactions ou aux services souscrits par les clients seraient également épargnées. Un soulagement relatif pour les consommateurs, mais qui ne dissipe pas l’inquiétude sur la gestion de la crise par l’entreprise.
Cette affaire relance le débat sur la transparence des entreprises victimes de cyberattaques. Car si Co-op a fini par admettre l’intrusion, son refus de confirmer l’ampleur exacte du vol de données alimente les doutes. Pour les experts en cybersécurité, cette stratégie de communication minimaliste est risquée. Elle nuit à la confiance des clients et pourrait exposer l’entreprise à des sanctions réglementaires, notamment dans le cadre du RGPD européen, qui impose des délais stricts et des obligations de notification en cas de fuite de données personnelles.
DragonForce, qui a également revendiqué une attaque récente contre M&S et affirmé avoir tenté de pirater Harrods, fonctionne selon un modèle bien rodé. Le groupe diffuse ses outils via un réseau d’affiliés, en échange d’un pourcentage sur les rançons obtenues. Cette approche de la cybercriminalité, qui rappelle les logiques de start-up, lui permet de multiplier les attaques tout en diversifiant ses cibles. Les experts estiment que le groupe est constitué majoritairement d’adolescents anglophones, animés à la fois par des motivations financières et une forme de défi idéologique envers les grandes entreprises.
Les canaux de communication utilisés par DragonForce, notamment Telegram et Discord, jouent un rôle central dans leur stratégie. Ils y diffusent les preuves de leurs attaques, publient des listes de victimes et parfois même des données volées, exerçant ainsi une pression publique sur les organisations ciblées. Cette tactique s’avère redoutablement efficace : l’exposition médiatique incite certaines entreprises à céder au chantage pour éviter que leurs informations confidentielles ne soient divulguées sur Internet.
La question de savoir si Co-op a reçu une demande de rançon demeure floue. L’entreprise ne s’est pas exprimée sur ce point, mais le message envoyé via Microsoft Teams laisse penser que les pirates cherchaient à ouvrir un canal de négociation. Refuser de répondre publiquement à cette question pourrait s’expliquer par le souhait de ne pas encourager d’autres attaques similaires, ou par la simple volonté de limiter les retombées médiatiques.
Au-delà du cas Co-op, cette cyberattaque illustre une évolution préoccupante du paysage numérique. Les cybercriminels n’hésitent plus à cibler des structures de grande envergure, à compromettre leurs systèmes internes et à se servir des médias pour amplifier leur pouvoir de nuisance. Dans un contexte où les données personnelles constituent un actif stratégique, les entreprises doivent redoubler de vigilance, investir dans des dispositifs de protection plus robustes et surtout adopter une posture de transparence active dès qu’une faille est détectée.
D’un point de vue juridique, le vol présumé de données de millions de clients pourrait entraîner des poursuites et des sanctions. Si le chiffre de 20 millions de personnes concernées venait à être confirmé, il s’agirait d’une des violations de données les plus importantes qu’ait connues le Royaume-Uni ces dernières années. À l’échelle européenne, les conséquences seraient tout aussi significatives, notamment en matière de régulation et de cybersécurité.
Dans ce climat tendu, les entreprises sont appelées à repenser leurs protocoles de réponse aux incidents, à renforcer la formation de leurs employés et à mettre en place des dispositifs de surveillance avancés. La collaboration avec les autorités judiciaires et les experts en cybersécurité devient également essentielle pour contenir les dégâts, identifier les auteurs et prévenir de nouvelles intrusions.
La cyberattaque contre Co-op agit donc comme un électrochoc. Elle met en lumière les failles d’un système encore trop vulnérable face à des pirates toujours plus organisés, inventifs et audacieux. Elle rappelle également aux consommateurs l’importance de la vigilance numérique : changer régulièrement ses mots de passe, surveiller ses relevés bancaires et être attentif aux communications inhabituelles sont devenus des gestes de prudence élémentaires.
Alors que les menaces numériques s’intensifient et que les groupes comme DragonForce gagnent en influence, une question essentielle demeure : comment les entreprises peuvent-elles regagner la confiance du public et garantir la sécurité de nos données dans un monde de plus en plus connecté ?
Harrods a confirmé une cyberattaque
Après des incidents similaires subis par M&S et Co-op, ce qui en fait le troisième grand détaillant britannique ciblé en quelques jours. Le grand magasin de luxe Harrods a confirmé la cyberattaque. « Nous avons récemment été confrontés à des tentatives d’accès non autorisé à certains de nos systèmes », a pu lire DataSecuritybreach.fr dans un communiqué publié par l’entreprise. « Notre équipe de sécurité informatique expérimentée a immédiatement pris des mesures proactives pour assurer la sécurité des systèmes et, par conséquent, nous avons restreint l’accès à Internet sur nos sites aujourd’hui.«
En réponse à l’attaque, l’entreprise a « restreint l’accès à Internet sur ses sites« , mais le site de Harrods est resté en ligne. Harrods n’a pas fourni de détails techniques sur les attaques, et il n’est pas clair s’il a subi une violation de données.
Vous voulez suivre les dernières actualités sur la cybersécurité ? Pour rester informé sur les enjeux de cybersécurité, abonnez-vous à notre newsletter.
Petites entreprises, grandes menaces : restez informés, restez protégés