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Google muscle Drive avec une IA anti-ransomware

Google ajoute une nouvelle barrière dans Drive : une IA dédiée à stopper le ransomware avant la restauration. Objectif : limiter les dégâts une fois l’antivirus contourné.

Google lance une nouvelle protection dans Drive pour Windows et macOS, destinée à bloquer les attaques de ransomware avant qu’elles ne paralysent tout un réseau. Contrairement aux solutions classiques centrées sur le malware, l’outil repose sur une IA entraînée à détecter les comportements suspects, comme le chiffrement massif de fichiers. Dès alerte, la synchronisation cloud s’interrompt et les données passent en quarantaine. Présentée comme une « nouvelle couche » par Luke Camery, responsable produit chez Google Workspace, la solution complète antivirus et restauration, sans les remplacer. Disponible en bêta ouverte, elle sera intégrée sans surcoût dans la majorité des abonnements Workspace.

Une nouvelle couche face aux rançongiciels

Les ransomwares ont démontré les limites des protections classiques. Les antivirus stoppent une partie des menaces, mais les attaquants réussissent régulièrement à franchir cette barrière. Les solutions de restauration existent, mais elles restent coûteuses et lourdes pour les équipes IT. C’est dans cet interstice que Google place sa nouvelle défense.

« Nous ne remettons pas en cause l’efficacité des acteurs traditionnels, mais force est de constater que l’approche actuelle ne suffit pas », résume Luke Camery. Selon lui, l’erreur du statu quo consiste à ne pas intégrer de détection comportementale en amont de la restauration. L’outil Drive se veut donc une couche distincte, un filet de sécurité supplémentaire, destiné à stopper une attaque en cours avant que le chiffrement ne devienne irréversible.

Le principe est simple : supposer que l’antivirus a échoué, puis intervenir. Google compare cela à une maison protégée par des serrures et des assurances, mais dépourvue d’alarme. Avec ce dispositif, l’alarme se déclenche dès qu’un intrus tente de verrouiller toutes les portes.

Une IA entraînée sur des millions d’exemples

Le cœur de la solution est un modèle d’intelligence artificielle personnalisé. Entraîné sur des millions de cas de ransomware, il ne cherche pas à identifier un code malveillant précis mais à reconnaître des schémas de comportement. L’exemple type : un processus qui tente de chiffrer brutalement de nombreux fichiers.

Dès qu’un tel comportement est repéré, Drive suspend immédiatement la synchronisation avec le cloud. Les fichiers potentiellement compromis sont alors isolés, placés dans une forme de quarantaine. L’objectif est d’empêcher la propagation et de préserver des copies saines.

Cette logique de surveillance permanente et réactive place la solution au-dessus d’un antivirus classique et en dessous d’un outil de restauration. Elle se veut complémentaire : non pas un remplacement, mais une barrière intermédiaire.

En cas d’attaque détectée, l’utilisateur reçoit une alerte sur son poste ainsi qu’un e-mail détaillant les étapes à suivre. Un assistant permet ensuite de restaurer facilement une version non contaminée des fichiers. La démonstration fournie par Google montre un processus aussi simple que de récupérer un document effacé dans la corbeille Windows, sans recours à des outils externes ni réinstallation complexe.

Côté administrateurs, les informations remontent dans la console Admin. Ils disposent d’un journal d’audit et peuvent ajuster la configuration. La fonctionnalité sera activée par défaut, mais les responsables IT gardent la possibilité de désactiver la détection ou la restauration si nécessaire.

L’outil est dès aujourd’hui accessible en bêta ouverte. Il sera intégré sans frais supplémentaires dans la plupart des abonnements Google Workspace commerciaux. Google espère ainsi réduire l’impact des ransomwares qui, malgré les efforts combinés des solutions antivirus et des services de sauvegarde, continuent de frapper organisations publiques et privées.

Un groupe de pirates lié à la Corée du Nord vole des fichiers de valeur en s’appuyant sur Google Drive

Des chercheurs ont analysé une porte dérobée sophistiquée, jusqu’alors inconnue et utilisée par le groupe de pirates ScarCruft. Baptisée Dolphin la porte dérobée dispose d’un large éventail de fonctionnalités d’espionnage, notamment la surveillance des lecteurs et des appareils portables, l’exfiltration de fichiers de valeur, l’enregistrement des frappes de clavier, les captures d’écran et le vol d’identifiants dans les navigateurs. Ses fonctions sont réservées à des cibles sélectionnées sur lesquelles la porte dérobée est déployée, après une compromission initiale à l’aide de malwares moins avancés. Dolphin détourne des services de stockage dans le Cloud, spécifiquement Google Drive, pour les communications de commande et de contrôle.

ScarCruft, également connu sous le nom d’APT37 ou Reaper, est un groupe d’espionnage qui opère depuis au moins 2012. Il se concentre principalement sur la Corée du Sud, mais d’autres pays asiatiques ont également été visés. ScarCruft semble s’intéresser principalement aux organisations gouvernementales et militaires, ainsi qu’aux entreprises de différents secteurs liés aux intérêts de la Corée du Nord.

« Après avoir été déployé sur des cibles sélectionnées, le malware parcourt les lecteurs des systèmes compromis à la recherche de fichiers de valeur et les exfiltre vers Google Drive. La possibilité de modifier les paramètres des comptes Google et Gmail des victimes afin de réduire leur sécurité, vraisemblablement pour maintenir l’accès au comptes Gmail pour les auteurs de la menace, est une fonctionnalité inhabituelle présente dans les versions antérieures de la porte dérobée, » explique Filip Jurčacko, le chercheur chez ESET qui a analysé la porte dérobée Dolphin.

En 2021, ScarCruft a mené une attaque de type « watering-hole » contre un journal en ligne sud-coréen consacré à la Corée du Nord. L’attaque se composait de plusieurs éléments, dont l’exploitation d’une vulnérabilité Internet Explorer et un shellcode menant à une porte dérobée appelée BLUELIGHT.

Dans les études précédentes, la porte dérobée BLUELIGHT était décrite comme l’objectif final. Cependant, lors de l’analyse approfondie de l’attaque, une seconde porte dérobée plus sophistiquée déployée sur des victimes sélectionnées via cette première porte dérobée. « Nous avons nommé celle-ci Dolphin, d’après un chemin PDB trouvé dans l’exécutable » continue M. Jurčacko.

Depuis la découverte initiale de Dolphin en avril 2021, les chercheurs ont observé de multiples versions de cette porte dérobée, comprenant des améliorations et des techniques pour échapper à sa détection.

Tandis que la porte dérobée BLUELIGHT effectue une reconnaissance de base et une évaluation de la machine compromise après infection, Dolphin est plus sophistiquée et se déploie manuellement uniquement sur des cibles sélectionnées. Les deux portes dérobées sont capables d’exfiltrer des fichiers à partir d’un chemin spécifié dans une commande, mais Dolphin parcourt également activement les lecteurs et exfiltre automatiquement les fichiers ayant des extensions intéressantes.

La porte dérobée collecte des informations de base sur la machine ciblée, notamment la version du système d’exploitation, la version du malware, la liste des produits de sécurité installés, le nom de l’utilisateur et le nom de l’ordinateur. Par défaut, Dolphin parcourt tous les lecteurs fixes (disques durs) et non fixes (USB), crée des listes de dossiers, et exfiltre les fichiers selon leur extension. Dolphin recherche également les appareils portables, tels que les smartphones, via l’API Windows Portable Device. La porte dérobée vole les identifiants dans les navigateurs. Elle est également capable d’enregistrer les frappes et de faire des captures d’écran. Enfin, elle place ces données dans des archives ZIP chiffrées avant de les téléverser sur Google Drive.