Archives par mot-clé : ShyLock

Qui veut la peau de Roger Ramnit ?

La version 2 du code malveillant Ramnit fait surface sur la toile. Un logiciel pirate avide de données bancaires.

À la fin du mois de Février 2015, Europol, en collaboration avec plusieurs sociétés de sécurité informatique mettait fin à plusieurs serveurs (C&C) permettant de contrôler le botnet Ramnit. La police internationale parlait alors de 3 millions de pc infiltrés. Un an plus tard, Ramnit 2 sort son artillerie lourde. Pour l’équipe  X-Force de la Threat Intelligence Team d’IBM, Ramnit revient lentement sur ses terres sous une nouvelle version. Sa cible reste toujours les données bancaires.

Ramnit a fait ses débuts sur la scène de la cybercriminalité en 2010. Il est devenu le quatrième plus grand botnet dédié à la fraude financière à la fin de l’année 2014, derrière GameOver Zeus, Neverquest (Vawtrack) ou encore Shylock. Principalement destiné aux utilisateurs dans les pays anglo-saxons comme les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, le botnet a rapidement inquiété les autorités. En février 2015, avec l’aide de Microsoft, Symantec et Anubis Networks, le Centre d’Interpol dédié à la lutte contre la cybercriminalité (EC3) le centre de commandement de Ramnit était mis hors d’état de nuire. Même si des commandes envoyées par des ordinateurs infectés recherchent toujours à converser avec le C&C saisi par les autorités, les pirates se sont penchés sur une nouvelle version de Ramnit.

Ramnit v2, repensé intégralement
Les pirates ont repensé intégralement leur outil malveillant. Les experts en sécurité d’IBM affirment qu’il n’y a pas d’énormes différences entre l’ancienne version du cheval de Troie Ramnit et sa nouvelle monture, à l’exception de sa méthode d’infection. Alors que le Ramnit était diffusé par clé USB et P2P, Ramnit 2 est construit de maniére à diriger les potentielles victimes vers des pages web fabriquées pour l’occasion, ou infiltrées pour y cacher les kits d’exploits pirates.

Fait intéressant, le code source de Ramnit n’a jamais été diffusé et partagé dans le darknet. Un élément qui tenterait à laisser penser que Ramnit 2 a été écrit par le/les mêmes codeurs. Ramnit a permis d’attaquer plusieurs grandes banques au Canada, en Australie, aux États-Unis et en Finlande. (SoftMedia)

La guerre est ouverte contre ShyLock

Un consortium composé d’éditeur d’antivirus, d’agences de répression, dot la police Française, et de plusieurs entreprises du secteur bancaire a choisi de renforcer la lutte contre les cyber-attaques utilisant le trojan Shylock en s’attaquant directement aux serveurs et domaines utilisés par les criminels. L’éditeur de solution de sécurité informatique Kaspersky Lab a fourni son service d’intelligence informatique pour traquer les menaces et les logiciels malveillants.

Les 8 et 9 juillet 2014, les agences de répression ont pris des mesures pour désorganiser le système dont dépend Shylock pour fonctionner efficacement. Elles ont agi notamment pour saisir des serveurs qui forment le système de commande et de contrôle du trojan, et prendre le contrôle des domaines qu’utilise Shylock pour la communication entre les ordinateurs infectés.

L’opération, coordonnée par l’Agence nationale contre le crime (NCA) du Royaume-Uni, a rassemblé des partenaires des agences de répression et des secteurs privés, y compris Europol, le FBI, BAE Systems Applied Intelligence, Dell SecureWorks et l’agence de renseignement et de sécurité du Royaume-Uni (GCHQ), afin de combattre ensemble la menace.

Des enquêtes ont été lancées depuis le Centre européen de lutte contre la cybercriminalité (EC3) d’Europol à La Haye. Des enquêteurs du Royaume-Uni (NCA), des États-Unis (FBI), d’Italie, des Pays-Bas et de Turquie ont uni leurs forces pour coordonner l’opération dans leurs pays, de concert avec des homologues en Allemagne, en France et en Pologne. La coordination assurée par Europol a joué un rôle essentiel pour stopper les serveurs constituant le cœur des botnets, des logiciels malveillants et de l’architecture Shylock. Le CERT de l’UE a participé à l’action et diffusé des informations sur les domaines malveillants à ses confrères.

Lors de cette opération, des parties jusque-là inconnues de l’architecture de Shylock ont été découvertes, ce qui a permis de lancer immédiatement des actions de suivi et de les coordonner depuis le centre opérationnel de La Haye.

Shylock – nommé ainsi parce que son code contient des extraits du Marchand de Venise de Shakespeare – a infecté au moins 30 000 ordinateurs dans le monde exécutant Microsoft Windows. Des renseignements suggèrent que Shylock vise le Royaume-Uni plus que tout autre pays ; cependant, les États-Unis, l’Italie et la Turquie sont également dans le collimateur du code malveillant. On estime que les développeurs suspects sont basés dans d’autres pays.

Les victimes sont généralement infectées en cliquant sur des liens malveillants, puis amenées à leur insu à télécharger et exécuter le logiciel malveillant. Shylock cherche ensuite à accéder à des fonds détenus sur des comptes commerciaux ou de particuliers, et à les transférer aux contrôleurs criminels. Une opération qui a pu aider les cyber-investigateurs de première ligne, coordonnés par l’agence NCA du Royaume-Uni, et en présence sur place du FBI et de collègues d’Italie, de Turquie et des Pays-Bas, tout en établissant des liens virtuels vers des cyber-unités en Allemagne, en France et en Pologne.

« La NCA prend les devants en s’attaquant à une cyber-menace ciblant les entreprises et les particuliers dans le monde entier. Le but est de porter un coup violant à l’infrastructure de Shylock, et elle démontre comment nous utilisons des partenariats entre les divers secteurs, et outre les barrières nationales pour réduire la cybercriminalité » explique Andy Archibald, Deputy Director of the NCA’s National Cyber Crime Unit au Royaume-Uni.

Les campagnes de fraude bancaire ne sont plus des cas isolés. Nous avons assisté à une hausse considérable de ces types d’opérations malveillantes. Rien qu’en 2013, le nombre de cyber-attaques basées sur des logiciels malveillants conçus pour dérober des données financières a augmenté de 27,6 % pour atteindre les 28,4 millions.