SPAMPIONSHIP des douze pays émettant le plus de spams

Comme chaque trimestre, Sophos mesure le volume de spam envoyé dans le monde et publie le résultat des douze pays ayant émis le plus de spam.

Imaginez qu’un cybercriminel puisse à l’autre bout du monde et à n’importe quel moment, dicter les actions de votre ordinateur. Il exécuterait ou téléchargerait, comme vous, des programmes. Il visiterait les mêmes sites, cliquerait sur les mêmes liens, remplirait les mêmes formulaires, posterait les mêmes commentaires. Il ouvrirait les mêmes dossiers, corrigerait les mêmes documents, visualiserait les mêmes tableaux d’entreprise. Il se connecterait au même réseau social que vous.

N’importe quel ransomware que vous installeriez par erreur et qui effacerait toutes vos données, il pourrait l’installer volontairement. Voici exactement ce que peuvent faire les cybercriminels lorsque votre ordinateur est infecté par un vers (bot), également appelé zombie. Cette expression signifie que n’importe quel escroc peut prendre la main sur votre ordinateur, à votre insu, et lui ordonner à peu près n’importe quelle action, qui sera fort probablement illégale. Cependant, les zombies sont très connus pour une chose en particulier : l’envoi de spam.

Un PC personnel, avec une connexion internet personnelle peut facilement émettre jusqu’à 5 millions de spams par semaine et faire la promotion illégale de produits et de services obscurs, tout en dissimulant des malwares dans les pièces jointes. Ceci signifie que si nous cartographions les pays d’origine des spams, nous cartographions également ceux des zombies.

Pourquoi ces chiffres sont-ils importants ?
Si votre pays est en tête du classement sur le graphique des pays émetteurs de spams, cela signifie qu’il sera également en tête de celui recensant « là-où-les-cybercriminels-peuvent-faire-ce-qu’ils-souhaitent ». Pour le reste du monde, c’est une mauvaise nouvelle : cela signifie qu’il reçoit des tonnes de spams de votre part. C’est une mauvaise nouvelle pour vous également puisque cela fait peser un risque sur vos informations personnelles, vos finances et même votre identité. Soyons clairs : nous ne tentons pas de savoir quel pays compte le plus grand nombre de spammeurs ou de cybercriminels.

C’est la grande problématique autour du spam : la plupart des personnes qui relaient les emails d’une campagne de spams ne sont absolument pas des cybercriminels. Ils servent, malgré eux, de relais à un escroc qui agit probablement à partir d’un autre pays. Il est évidemment assez injuste de classer les pays en fonction du volume de spams qu’ils émettent : en effet, des pays très peuplés comme la Chine, ou extrêmement bien connectés, comme les USA arriveront indéniablement en tête des classements. Le classement des douze pays qui émettent le plus de spams est exactement le même qu’en Q2 2014 (avril, mai, juin). Comme on peut le voir, le bas du classement a quelque peu changé mais c’est à peu près tout. Les choses deviennent plus réalistes, et plus intéressantes, lorsque l’on divise le volume de spam d’un pays par le nombre approximatif d’habitants de ce même pays.

Nous avons désormais une évaluation du nombre de spams par personne. Il faut évidemment prendre un peu de distance par rapport à ce tableau, car bien entendu, tout le monde souhaite perdre le SPAMIONSHIP. Cependant, s’il nous fallait sélectionner le pays gagnant, car en réalité perdant, ce serait la Biélorussie qui continue de descendre dans le classement. Après avoir occupé la première place de Q2 2013 à Q1 2014, au trimestre dernier, la Biélorussie est descendue à la seconde place, pour atteindre la neuvième ce trimestre. La Biélorussie se place désormais derrière les six pays qui étaient dans les douze premiers au dernier classement. Ceci signifie que le pays a réussi à réduire considérablement son émission de spam, plutôt que d’avoir bénéficié d’une augmentation du volume dans d’autres pays. C’est un bon résultat. Cependant, dans sa globalité, le SPAMPIONSHIP nous rappelle deux choses importantes : Le spam est un problème d’envergure mondiale ; La prévention contre le spam démarre dans son propre pays. Choisissez donc de ne pas contribuer au problème, mais plutôt à sa solution. Tuez un zombie aujourd’hui !

Cyber sécurité et protection des données personnelles : en avant marche !

Deux jambes qui se doivent d’être coordonnées. Telles sont, d’un côté, la « cyber sécurité », et de l’autre la « protection des données personnelles ». Car si la liste des entreprises victimes de cyberattaques continue de s’allonger – Ebay, Orange et Domino’s Pizza ne sont qu’un échantillon des cibles atteintes en 2014 – il est évident que les moyens de lutte à privilégier doivent être aussi efficaces que respectueux, dans leur mise en œuvre, des règles en matière de protection des informations privées. Délicat équilibre.

Les autorités européennes ont déjà fait d’importants progrès en matière de cybercriminalité. Une  directive relative aux attaques contre les systèmes d’information a ainsi été adoptée en 2013, alors que des textes sur la protection du secret d’affaire, ainsi que sur l’identification électronique et les services de confiance pour les transactions électroniques ont été proposés au Parlement européen. Dernier en date : la directive sur la protection des systèmes d’information (NIS) – que la loi de programmation militaire française avait largement anticipée – a été adoptée en mars 2014. Les « opérateurs d’importance vitale » (IOV) se voient notamment imposer quelques obligations en matière de prévention et de notification des « incidents ».

Les solutions qui permettent de répondre de la manière la plus efficace possible à ces nouvelles obligations existent aussi. Certaines permettent ainsi de valider en quelques heures seulement la véracité d’un incident, d’identifier son origine, le chemin emprunté, l’agresseur et d’évaluer son impact… sachant qu’aujourd’hui le délai moyen actuel de découverte et d’identification d’une attaque se compte plutôt en semaines ou en mois ! Enfin, Bruxelles avance aussi sur la question des données personnelles – les discussions sur la directive dédiée devraient ainsi aboutir en 2015.

Reste que la coordination entre les deux jambes pourrait être améliorée. Le fait par exemple qu’il faille encourager le chiffrage des données pour sécuriser les informations personnelles, comme le recommande l’Agence Européenne de Cybersécurité ENISA, est incontestable. Mais les flux chiffrés sont aussi des voies d’accès privilégiées… pour les pirates. Quelles sont alors les conditions que les entreprises et organisations doivent respecter pour utiliser des outils de déchiffrage tout en respectant les impératifs en matière de protection des données personnelles ? A ce jour, aucun texte public – loi, règlement ou simple communication des autorités – ne répond clairement à la question. Rien non plus sur les règles internes à mettre en place pour utiliser des solutions d’enregistrement des données – qui permettent de « rembobiner le film » en cas d’attaque et donc d’identifier rapidement l’agresseur- tout en respectant les impératifs de protection des informations des individus. Résultat : certaines entreprises et organisations hésitent à se protéger…

Clarifier les conditions de mise en œuvre des solutions efficaces en matière de cybersécurité. Telle pourrait être une des priorités des nouvelles instances européennes. Pour faire de plus grands pas.(Par Dominique Loiselet, Directeur Général France Blue Coat)