Babar n’est peut-être pas un code malveillant Français

Les experts du G DATA SecurityLabs ont analysé le code malveillant mentionné par les documents du CSEC, communiqués par Edward Snowden. Avec l’analyse de Babar, les experts du G DATA SecurityLabs confirment les informations dévoilées par les documents d’Edward Snowden sur l’existence d’un énième outil d’espionnage étatique. Mais l’origine française, avancée par le Communication Security Establishment Canada (CSEC) dans les documents dévoilés, ne peut toutefois pas être confirmée.

Environ un an après que l’opération SNOWGLOBE ait été publiquement mentionnée pour la première fois par le journal Le Monde, des experts en sécurité ont mis la main sur des échantillons de codes malveillants qui correspondent aux descriptions faites par le Communication Security Establishment Canada (CSEC).

Analyse détaillée de Babar

Le G DATA SecurityLabs publie la première analyse du code nommé Babar. Après les premières révélations sur EvilBunny, Babar est maintenant le second composant identifié en relation avec l‘opération SNOWGLOBE, provenant vraisemblablement des mêmes développeurs. Les fonctionnalités de Babar vont de l’enregistrement de frappes claviers, du presse papiers jusqu’aux conversations audio.

Des documents de Snowden comme base de travail

La révélation de l’existence d’un autre spyware étatique est faite en mars 2014, lorsque Le Monde publie des informations secrètes datant de 2011. Mais ces informations ne révèlent qu’une petite partie de l’histoire. En janvier 2015, le journal allemand Der Spiegel publie une autre série de documents qui donne plus d’informations sur ce que le Communication Security Establishment Canada (CSEC) a identifié: l‘opération Snowglobe. Découverte en 2009, cette campagne repose sur trois «implants» différents, deux nommés „Snowball“ et un plus sophistiqué, découverts mi-2010 et prénommé „Snowman“. Selon la diapositive 22, « le CSEC évalue, avec certitude modérée, Snowglobe comme un CNO [Opération Réseau Cyber] parrainé par un État, et dirigé par une agence de renseignement française.« 

Plusieurs codes malveillants en jeu

Avec l’analyse de Babar et d’EvilBunny, les experts du G DATA SecurityLabs ont trouvé des échantillons correspondants aux descriptions du CSEC. EvilBunny et Babar correspondent à deux des trois implants mentionnés. Le nombre de similitudes entre EvilBunny et Babar montre que ces deux codes sont issus des mêmes développeurs. De plus, les analyses laissent penser que les échantillons sont des versions plus récentes que celle décrite par le CSEC.

Origine non confirmée

Mais les experts ne peuvent pas confirmer l’information concernant l’origine des codes malveillants. Les informations du CSEC sont en partie confirmées dans les analyses du code, mais aucune preuve formelle n’a été trouvée. Même si un grand nombre de questions restent sans réponse, ces analyses marquent un pas important dans la validation des diapositives dévoilées.

Cyber-sécurité : éviter la menace interne en surveillant les portes du royaume

Les récentes cyberattaques de grande envergure telles que le récent « cyber hold-up » via le malware Carbanak à l’encontre des établissements bancaires ou encore celle qui a permis la révélation de la fraude fiscale HSBC par son ex-informaticien Hervé Falciani, rappellent que les menaces internes sont de plus en plus présentes. Les hackers ne cessent d’affiner leurs techniques de piratage pour garder une longueur d’avance sur les mesures mises en place par les organisations. Leur atout majeur : le manque manifeste de vigilance autour des pratiques en interne de la plupart des organisations. La tâche des hackers s’en trouve donc simplifiée, puisque des techniques simples et classiques pour infiltrer les comptes à hauts pouvoirs de l’entreprise suffisent à bouleverser toute une structure.

Aujourd’hui, les pirates s’infiltrent insidieusement dans les systèmes et s’y installent aussi longtemps que nécessaire pour récolter les données qu’ils convoitent. Les techniques varient et si elles se renouvellent, les vieux schémas restent de mise. Dans le cas de HSBC par exemple, très semblable à l’affaire Snowden, la révélation des Swissleaks a été perpétrée par un ex-informaticien de la banque hongkongaise ayant eu accès aux données des clients en situation de fraude fiscale. Au-delà des clauses de confidentialité auxquelles sont soumis les employés d’une entreprise, ce cas de figure rappelle la nécessité de surveiller les accès des employés aux données de l’entreprise, et notamment à celles qui ne dépendent pas de leur champ d’intervention. Il en est de même pour tout individu extérieur à l’organisation.

De plus, une surveillance accrue de l’activité en interne peut permettre de détecter des tentatives d’intrusion en cours. En effet, l’attaquant motivé trouvera coûte que coûte un moyen de s’infiltrer dans le système et un minimum d’attention permet parfois aux employés d’identifier ces tentatives qui ne sont pas toujours discrètes. La récente cyberattaque relative au malware Carbanak confirme que les hackers développent des méthodes de plus en plus sophistiquées pour rendre leurs faux emails aussi crédibles que possibles. Dans le cas de Carbanak, les attaquants ont pu copier un ver informatique inséré dans la pièce jointe de mails personnalisés et se frayer un chemin jusqu’aux caméras de sécurité des banques visées. Ils ont ainsi pu visionner les vidéos et copier l’ensemble des démarches des employés pour accéder aux comptes des clients.

La sensibilisation des équipes internes permet d’éviter ce type de situations comme cela a été récemment le cas pour Le Monde où les employés ont détecté plusieurs tentatives d’intrusion conduites via des techniques de phishing, de mails de spams et de dénis de services ; leur mobilisation combinée à un système de sécurité efficace ont contribué à détecter les signes précurseurs d’une attaque et à stopper les hackers avant qu’il ne soit trop tard. Car une fois à l’intérieur du système, les hackers se concentrent sur le détournement et l’exploitation des comptes utilisateurs. Ils se tournent notamment vers les comptes administrateurs détenant des accès privilégiés aux données critiques, qui sont en général encore moins bien surveillés que les comptes des employés, constituant ainsi une zone d’ombre privilégiée par les hackers pour agir sur le long terme en toute discrétion. Ils peuvent ainsi se déplacer à travers le réseau, accéder aux systèmes critiques et exfiltrer les données préalablement volées.

Aujourd’hui, les employés tendent à devenir un point d’entrée incontournable pour les attaques ciblées, il est donc indispensable que les organisations tiennent compte de la menace interne et surveillent à la fois les points d’entrées sensibles, respectent les bonnes pratiques et restent en alerte face aux signaux précurseurs d’attaques. Quel que soit l’objectif final d’une cyberattaque, les chemins empruntés sont souvent les mêmes, sachant que les hackers visent la plupart du temps la voie royale que sont les comptes à privilèges pour parvenir à leurs fins. (Par Olivier Mélis, Country Manager France chez CyberArk pour DataSecurityBreach.fr)

Les techniques de persuasion utilisées par les cybercriminels

92 % des employés français, 80 % à travers le monde, se sont déjà fait piéger par des menaces informatiques et notamment par des tentatives d’hameçonnage. DataSecurityBreach.fr vous alerte très souvent sur les techniques de persuasion utilisées par les pirates informatiques. Intel Security vient de diffuser un rapport sur les méthodes de substitution des données sensibles utilisées par les cybercriminels sont de plus en plus proches de celles utilisées dans le monde réel et notamment des techniques de vente et d’escroquerie. Prenez garde à votre sécurité en ligne !

« Piratage de l’OS humain », le nouveau rapport d’Intel Security, élaboré avec le soutien du Centre Européen de lutte contre la cybercriminalité d’Europol, présente les techniques utilisées dans les récentes cyberattaques, ainsi que les méthodes de manipulations des hackers pour rendre les collaborateurs d’entreprises complices/acteurs d’actes de cybercriminalité.

Publié quelques jours après la révélation d’une cyberattaque qui a touché plus de 100 banques à travers le monde et causé aux alentours de 900 millions d’euros de dégâts, ce rapport démontre toute l’importance d’une prise de conscience collective et souligne la nécessité d’éduquer les collaborateurs aux méthodes de persuasion appliqués par les hackers dans le monde numérique. Dans l’exemple cité, les attaques de phishing ciblées ont permis l’ouverture de brèches au sein de ces réseaux bancaires, démontrant ainsi la faiblesse intrinsèque du « pare-feu humain ». A titre de comparaison, l’étude Threat Report d’Intel Security a permis, en septembre dernier, de révéler que 92 % des employés français n’étaient pas en mesure d’identifier un courriel de phishing sur sept.

« L’analyse de nombreux cas d’usurpation de données nous montre qu’aujourd’hui, le facteur humain est le plus souvent la clé qui permet aux hackers d’agir. En les manipulant, ils les incitent à prendre des mesures qui facilitent l’infection des systèmes par des logiciels malveillants », commente Raj Samani, Directeur Technique EMEA d’Intel Security et conseiller auprès du Centre européen de lutte contre la cybercriminalité d’Europol.

« Aujourd’hui, les cybercriminels n’ont pas nécessairement besoin de savoir-faire technique pour atteindre leurs objectifs. Certains logiciels malveillants peuvent infecter les ordinateurs en y accédant directement par emails. Ces attaques ciblées manipulent les victimes et les incitent à ouvrir des pièces jointes, prétendument légitimes, ou à cliquer sur un lien qui semble provenir d’une source sûre », indique Paul Gillen, directeur des opérations du Centre Européen de lutte contre la cybercriminalité.

Sur l’année 2014, il a été répertorié une augmentation spectaculaire du nombre d’URL malveillantes soit plus de 30 millions de liens suspects. Cette augmentation peut être attribuée à la fois à une forte hausse du nombre de liens de phishing ainsi qu’à une utilisation plus commune des URL courts qui cachent, souvent, des sites Web malveillants. Cette tendance est d’autant plus inquiétante que 18 % des utilisateurs visés par un email de phishing cliquent sur ce lien malveillant et deviennent ainsi victimes de la cybercriminalité.

Le rapport pointe du doigt le fait que deux tiers des emails mondiaux sont des spams qui visent à soutirer des informations et de l’argent à leurs destinataires. Face à ce constat, il est d’autant plus important que les consommateurs et les collaborateurs d’entreprises soient informés des techniques de phishing et d’escroquerie couramment utilisées dans le monde numérique.

« Aujourd’hui, les cybercriminels sont devenus de très bons psychologues, capables de jouer sur le subconscient des employés en s’appuyant notamment sur un grand nombre de tactiques de « vente » souvent utilisées dans la vie quotidienne. Pour garder une longueur d’avance sur les cybercriminels et réduire le risque d’être l’une des victimes de la cybercriminalité, les entreprises doivent non seulement optimiser leurs processus et compter sur la technologie mais aussi former leurs personnels pour pallier à la brèche dans ce qu’on nomme ‘l’OS humain’ », conclut Raj Samani.

Il n’a jamais été plus important de former les individus à la sécurité et à la politique de leur entreprise en matière de protection des données. Paradoxalement, une étude récente publiée par Enterprise Management Associates1 a révélé que seulement 56 % des employés avaient suivi une formation à la politique de sécurité de l’entreprise.

Les six leviers d’influence des cybercriminels dans le monde numérique

1. Réciprocité des échanges : Les gens ont tendance à se sentir obligés de répondre une fois qu’ils reçoivent quelque chose.

2. Rareté de l’offre : Les individus sont motivés par l’obtention de ce qu’ils croient être une ressource rare ou une offre limitée dans le temps et peuvent ainsi s’exposer plus facilement au cybercrime. Par exemple, un faux courriel envoyé par une banque demandant à l’utilisateur d’accepter une demande suspecte afin d’éviter la désactivation de son compte dans les 24 heures peut avoir tendance à inciter au clic.

3. Cohérence des engagements : Une fois engagée dans une démarche, la victime choisit très souvent de tenir ses promesses pour rester cohérente et éviter de paraître peu voire non fiable. Par exemple, un pirate peut se présenter en tant qu’un membre de l’équipe SI de l’entreprise et, après avoir fait en sorte qu’un employé s’engager à respecter tous les processus de sécurité, lui demander d’effectuer une tâche suspecte sur son poste, qui semblerait être conforme aux exigences de sécurité.

4. Appréciation et amitié : Les tentatives d’hameçonnage sont plus productives lorsque le cybercriminel réussit à gagner la confiance de la victime. Pour endormir la méfiance, un pirate pourrait notamment essayer d’entrer en contact, soit par téléphone soit en ligne, et « charmer » au préalable sa victime potentielle.

5. Respect de l’autorité : Les gens ont tendance à se conformer à une figure d’autorité. Les directives dans un mail prétendument envoyé de la part d’un PDG de l’entreprise sont plus susceptibles d’être suivies par un employé.

6. L’effet de masse : Les gens ont tendance à se conformer à la majorité. Par exemple, si un courriel de phishing est prétendument envoyé à un groupe de collègues, plutôt qu’à un seul destinataire, la victime potentielle de l’attaque se sent davantage rassurée et est plus susceptible de croire que le mail provient d’une source sûre.

1 Source : Enterprise Management Associates