La menace quantique sur la cryptographie et la réponse de Google Cloud

L’avancée continue de l’informatique quantique expérimentale soulève des inquiétudes quant à la sécurité des systèmes de cryptographie à clé publique les plus utilisés dans le monde. Une fois suffisamment développés, ces ordinateurs quantiques pourraient briser ces algorithmes, menaçant la confidentialité des données et l’intégrité des transactions numériques.

Depuis août 2024, les nouvelles normes de cryptographie post-quantique (PQC) du National Institute of Standards and Technology (NIST) permettent aux entreprises technologiques d’amorcer leur transition vers des solutions plus sûres. Google Cloud vient d’annoncer la prévisualisation de signatures numériques quantiquement sûres (FIPS 204/FIPS 205) dans son service Google Cloud Key Management Service (Cloud KMS) pour les clés logicielles. Cette annonce marque une étape importante dans la stratégie post-quantique de Google, qui inclut également ses modules de sécurité matérielle (Cloud HSM) et l’ensemble de son infrastructure de chiffrement.

Une stratégie post-quantique déployée sur plusieurs fronts

Dès 2016, l’entreprise a commencé à tester la PQC dans Chrome, puis en 2022, elle a commencé à l’utiliser pour protéger ses communications internes. Depuis, elle a mis en place plusieurs mesures pour renforcer ses protections, notamment dans ses serveurs de centres de données et dans les connexions entre Chrome Desktop et ses services comme Gmail et Cloud Console.

Désormais, Google Cloud KMS s’oriente vers une sécurisation totale contre les menaces quantiques. Cela inclut le support des algorithmes PQC standardisés par le NIST (FIPS 203, FIPS 204, FIPS 205 et futurs standards) en logiciel et en matériel. Cette approche vise à permettre aux clients de Google Cloud d’importer et d’échanger des clés de manière sécurisée, d’exécuter des opérations de chiffrement et de déchiffrement et de générer des signatures numériques résistantes aux futures attaques quantiques.

Une transition vers une infrastructure cryptographique transparente

Dans le but de garantir une transparence totale et une auditabilité de son code, Google mettra à disposition les implémentations logicielles de ces standards pour Cloud KMS en open source. Elles seront intégrées aux bibliothèques cryptographiques ouvertes BoringCrypto et Tink, développées par Google. Cette initiative vise à permettre aux entreprises et aux experts en sécurité d’analyser ces algorithmes et de les intégrer à leurs propres solutions de sécurité.

De plus, Google collabore activement avec les fournisseurs de modules de sécurité matérielle (HSM) et les partenaires de Google Cloud External Key Manager (EKM) afin d’assurer une migration réussie vers une cryptographie post-quantique pour tous les clients de Google Cloud.

Lancement des signatures numériques quantiquement sûres dans Cloud KMS

Une avancée majeure de cette stratégie est l’introduction des signatures numériques quantiquement sûres dans Cloud KMS. Cette nouvelle fonctionnalité permet aux clients d’utiliser l’API Cloud KMS pour signer numériquement des données et vérifier les signatures à l’aide d’algorithmes PQC standardisés par le NIST. Cette évolution est essentielle pour aider les entreprises à tester et intégrer ces nouvelles méthodes dans leurs flux de travail avant leur adoption élargie.

Les nouvelles signatures numériques de Cloud KMS offrent deux algorithmes PQC récents : ML-DSA-65 (basé sur les réseaux euclidiens, spécifié dans FIPS 204) et SLH-DSA-SHA2-128S (une signature basée sur le hachage sans état, définie dans FIPS 205). Ces signatures sont conçues pour résister aux attaques des futurs adversaires disposant d’ordinateurs quantiques capables de casser les systèmes cryptographiques classiques.

Google remplace l’authentification par SMS par un code QR plus sécurisé

Aprés le quantique, les mots de passe et la double authentification. Google prévoit de modifier son système d’authentification en deux étapes (2FA) en abandonnant l’envoi de codes par SMS au profit d’un code QR. Cette nouvelle mesure vise à renforcer la sécurité des comptes et à limiter les risques liés à l’interception des SMS.

Le système actuel repose sur l’envoi d’un code à six chiffres par SMS pour vérifier l’identité de l’utilisateur. Cependant, Google estime que ce procédé présente des failles, notamment la possibilité d’interception des SMS par des cybercriminels. Ces derniers peuvent utiliser diverses techniques comme l’attaque par SIM swapping ou le phishing pour obtenir ces codes et compromettre les comptes des utilisateurs.

Bien que la vérification en deux étapes par SMS reste préférable à une absence totale de protection, elle demeure vulnérable à des attaques sophistiquées. Google cherche donc à améliorer la protection des comptes en adoptant une méthode plus robuste.

Le code QR, une alternative plus fiable ?

L’alternative envisagée par Google repose sur l’utilisation d’un code QR. Concrètement, lorsqu’un utilisateur tente de se connecter à son compte Google sur un nouvel appareil, il devra scanner un code QR avec son smartphone. Cette approche, similaire à celle utilisée par l’application Itsme, offre plusieurs avantages : Contrairement aux SMS, les codes QR ne transitent pas par un réseau mobile potentiellement vulnérable.  Un simple scan permet une authentification rapide sans nécessité de mémoriser ou de saisir un code. L’authentification par QR nécessite un accès physique à l’appareil de l’utilisateur, ce qui complique grandement les tentatives d’usurpation.

Google et la lutte contre les faux comptes

Outre l’amélioration de la sécurité individuelle, Google espère aussi limiter la création massive de faux comptes Gmail utilisés pour envoyer du spam ou mener des campagnes de phishing. Actuellement, les criminels peuvent générer des milliers de comptes en automatisant la réception et l’insertion de codes SMS. L’utilisation d’un code QR pour valider un compte complique ces pratiques et renforce la fiabilité des comptes créés.

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Trump dynamite la protection des données : vers un open bar numérique ?

La récente décision de l’administration Trump de démanteler le Privacy and Civil Liberties Oversight Board (PCLOB) marque un tournant critique dans les relations transatlantiques en matière de protection des données.

Depuis des années, l’Europe tente de résister aux assauts américains sur la protection des données. Mais si vous pensiez que la bataille était déjà un champ de ruines, Trump vient d’arriver avec un bulldozer. Le président républicain supprime les dernières barrières juridiques qui protégeaient les citoyens étrangers contre la collecte et l’exploitation massive de leurs informations personnelles par les entreprises américaines.

Une privacité numérique déjà en miettes

Le Cloud Act et le Patriot Act avaient déjà sérieusement entaillé la vie privée numérique. Le Privacy Shield, censé encadrer le transfert des données entre l’Europe et les États-Unis, a été invalidé deux fois (2015 et 2020) par la Cour de justice de l’UE pour non-respect du RGPD et des droits fondamentaux. Aujourd’hui, les entreprises européennes qui utilisent AWS, Microsoft ou Google verront leurs données encore plus exposées.

L’IA américaine et la surveillance globale

Les données collectées alimenteront directement les modèles d’intelligence artificielle made in U.S.A. Grok 3, le dernier-né d’Elon Musk, s’entraîne déjà sur tous les échanges de X (ex-Twitter) et sur les informations exfiltrées par ses DOGE kids. Si demain, plus aucune restriction ne protège les données étrangères, ce sont des milliards d’informations personnelles qui nourriront ces modèles et renforceront les capacités de surveillance de l’État américain.

Les implications sont immenses. Non seulement les entreprises privées américaines, mais également le gouvernement des États-Unis, auront accès à une quantité illimitée de données européennes. Une surveillance renforcée s’installe, avec un contrôle accru sur les flux d’informations, les transactions commerciales et même les interactions sociales.

Le Royaume-Uni : un précédent inquiétant

Apple a annoncé ne plus pouvoir proposer de chiffrage avancé sur son cloud au Royaume-Uni, une décision qui, selon la presse américaine, ferait suite à une demande des autorités britanniques d’accéder aux données de ses utilisateurs. L’entreprise californienne affirme qu’elle n’a jamais mis en place de « porte dérobée » ou de « clé principale », mais le gouvernement britannique aurait demandé un accès aux données stockées sur le cloud, au nom de la sécurité nationale.

Cette affaire illustre comment les gouvernements exercent une pression croissante sur les entreprises technologiques pour accéder aux informations privées des citoyens. Les utilisateurs britanniques d’Apple qui n’avaient pas activé la fonction « protection avancée des données » (ADP) ne pourront plus le faire. Ceux qui l’ont déjà activée devront la désactiver sous peine de voir leurs services réduits.

Conséquences directes : Une réduction drastique des protections pour les données personnelles. Une augmentation du risque de surveillance gouvernementale. Une remise en cause du chiffrement des sauvegardes iCloud, des photos, notes et mémos vocaux.

L’Europe doit-elle enfin se défendre ?

L’UE et la Suisse sont-elles prêtes à faire face ? Voient-elles seulement le vent tourner ? Quand nos échanges, nos décisions, nos savoirs deviennent une matière première pour d’autres, ce n’est plus seulement une fuite, c’est une perte de souveraineté.

L’Union européenne, face à l’invalidation du Privacy Shield, peine à trouver une solution. Le RGPD, bien que strict, se heurte aux réalités technologiques et à la puissance des géants américains du numérique. Le risque est immense : une dépendance totale au cloud américain, et donc une vulnérabilité accrue face à la collecte massive des données européennes.

Faut-il enterrer définitivement l’idée d’un Privacy Shield 3 ou est-ce le moment de sortir du piège d’un cloud américain en mode open bar ?

Ce qui se joue ici n’est pas qu’une question de vie privée, mais bien de survie numérique. L’Europe doit-elle se résoudre à devenir une colonie digitale des États-Unis, ou peut-elle encore défendre sa souveraineté ?

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Cyberattaques en 2025 : une menace grandissante et des attaques toujours plus rapides

La cybersécurité fait face à une évolution sans précédent des menaces. Selon le rapport 2025 de l’Unit 42 de Palo Alto Networks, les cyberattaques sont plus rapides, sophistiquées et impactantes que jamais.

En 2025, les entreprises du monde entier doivent redoubler de vigilance face à des cybermenaces en constante mutation. Le rapport annuel sur la réponse aux incidents de l’Unit 42 révèle une évolution marquante des tactiques employées par les cybercriminels. Avec plus de 500 cyberattaques majeures analysées dans 38 pays, ce document met en lumière une tendance croissante aux perturbations intentionnelles des opérations plutôt qu’au simple vol de données. Plus alarmant encore, les attaquants se montrent toujours plus rapides, réussissant à exfiltrer des données en quelques minutes seulement. Alors que les entreprises renforcent leurs dispositifs de sécurité, les cybercriminels perfectionnent leurs stratégies. Comment répondre à ces nouvelles menaces et quelles mesures adopter pour limiter les risques ?

Une évolution vers la perturbation intentionnelle

L’Unit 42 met en évidence une transformation majeure des objectifs des cyberattaques. Alors que le vol de données était historiquement l’une des principales motivations des attaquants, 86 % des incidents en 2024 ont engendré des interruptions d’activité ou des atteintes à la réputation des entreprises concernées. Cette tendance traduit un changement de paradigme : désormais, la perturbation est une arme d’extorsion à part entière.

Les cybercriminels déploient des attaques sophistiquées visant à paralyser les activités d’une organisation en provoquant des pannes systémiques. Ces interruptions coûtent cher, tant sur le plan financier que sur celui de la confiance des clients et partenaires. Une attaque bien orchestrée peut engendrer des pertes de plusieurs millions d’euros et nuire durablement à l’image d’une entreprise. Cette stratégie de sabotage illustre une mutation profonde des motivations des cyberattaquants, qui exploitent les faiblesses des infrastructures informatiques modernes pour maximiser leur impact.

La vitesse d’exfiltration des données s’accélère

Le rapport 2025 de l’Unit 42 souligne une accélération frappante des cyberattaques. Dans 25 % des incidents analysés, les attaquants ont exfiltré des données en moins de cinq heures, une vitesse trois fois plus rapide qu’en 2021. Plus alarmant encore, dans 20 % des cas, l’exfiltration a eu lieu en moins d’une heure.

Cette rapidité est favorisée par plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’automatisation des attaques permet aux cybercriminels d’utiliser des outils d’intelligence artificielle et des algorithmes avancés pour voler des données à une vitesse inégalée. Ensuite, l’exploitation des failles systémiques est devenue une stratégie récurrente, les vulnérabilités des systèmes cloud et des chaînes d’approvisionnement offrant des points d’entrée privilégiés pour une infiltration rapide. De plus, les attaquants ont affiné leur connaissance des systèmes informatiques ciblés, leur permettant de cartographier précisément les infrastructures avant de lancer leurs offensives, optimisant ainsi l’efficacité de leurs actions malveillantes. Le Social Engineering a gagné du terrain comme le stipule le rapport.

Des techniques d’attaque toujours plus sophistiquées

L’Unit 42 observe une diversification et une sophistication croissante des cyberattaques. Parmi les principales évolutions relevées :

Les cybercriminels déplacent désormais leurs exfiltrations de données vers le cloud. Dans 45 % des cas analysés, les informations volées sont stockées dans des infrastructures cloud, compliquant leur détection et leur récupération par les entreprises victimes. Par ailleurs, les navigateurs web représentent une surface d’attaque de plus en plus exploitée. En effet, 44 % des incidents impliquent des activités malveillantes utilisant les navigateurs des employés, souvent via des campagnes de phishing réalisées avec des techniques avancées. De plus, les attaques multi-vectorielles deviennent la norme, 70 % des cyberattaques exploitant simultanément plusieurs failles dans le but de contourner les défenses des entreprises.

Comment répondre à ces menaces croissantes ?

Face à cette escalade des menaces, l’Unit 42 préconise plusieurs mesures pour renforcer la cybersécurité des organisations :

Les entreprises doivent adopter le modèle Zero Trust, qui consiste à limiter la confiance implicite et à vérifier systématiquement les accès et identités des utilisateurs. Il est aussi essentiel de renforcer la sécurité des environnements cloud en surveillant et corrigeant rapidement les mauvaises configurations ainsi que les vulnérabilités identifiées. En parallèle, l’amélioration de la visibilité et de la réponse aux incidents passe par une centralisation et une analyse en temps réel des journaux d’activités afin d’identifier et de neutraliser les menaces plus rapidement. Enfin, l’automatisation de la détection et de la réponse aux incidents grâce à l’intelligence artificielle s’avère indispensable pour lutter efficacement contre ces nouvelles formes de cyberattaques.

Vers un futur où la cyberrésilience est essentielle

L’année 2025 marque une nouvelle ère pour la cybersécurité, où la rapidité et la complexité des cyberattaques obligent les organisations à repenser leurs stratégies de défense. Si les entreprises s’adaptent en améliorant leur capacité de détection et de réponse, les attaquants trouvent toujours de nouvelles failles à exploiter.

La question reste ouverte : les entreprises seront-elles capables de maintenir une longueur d’avance sur des cybercriminels de plus en plus sophistiqués ?

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Un Centre de Cybersécurité de Pointe Inauguré à Redu/Transinne

Le pôle spatial et cyber Galaxia de Redu/Transinne en province de Luxembourg accueille désormais un centre de cybersécurité de pointe, intégrant un laboratoire de cryptographie quantique et un cyber range avec simulateur de crise.

Mis en place en collaboration avec la firme belge Nexova, spécialisée en solutions d’ingénierie et de cybersécurité, le cyber range est une plateforme offrant aux organisations des scénarios d’attaque et de défense réalistes. Cet outil permet au personnel de vivre des expériences pratiques en cas d’attaque simulée, notamment dans le cadre de la directive NIS2. De plus, il offre la possibilité de tester et de déployer de nouvelles défenses sans impacter l’architecture réelle des systèmes.

Le cyber range est une plateforme d’émulation qui aide à comprendre le comportement des systèmes de défense internes, à anticiper les problèmes, à tester les correctifs et mises à jour, ainsi qu’à proposer des exercices et formations pratiques. Selon Axel Legay, expert en IA et cybersécurité chez Nexova, « 80% à 90% des cyberattaques sont d’origine humaine ou liées à des perturbations dans l’environnement humain ».

Pour répondre à ces défis, Nexova a développé l’outil CITEF, capable de créer une émulation réaliste des environnements IT et OT d’une organisation. Cet outil intègre des environnements de formation et de test, et génère des scénarios d’entraînement personnalisés basés sur l’intelligence artificielle.

Un Laboratoire de cryptographie quantique innovant

En partenariat avec Thales, le site de Redu/Transinne a également inauguré un laboratoire dédié à la cryptographie quantique. Gilles Brassard, cryptographe canadien et co-inventeur du premier protocole de cryptographie quantique BB84 en 1984, souligne que « l’arrivée de l’ordinateur quantique permettra de déjouer n’importe quelle sécurité puisque toutes les communications transmises et cryptées pourront être décryptées ».

Ce laboratoire offre un espace aux chercheurs, ingénieurs et experts pour développer des solutions innovantes visant à sécuriser les communications numériques en exploitant les principes de la physique quantique. L’objectif est de construire le réseau d’information du futur et de garantir une sécurisation complète des communications. Starion Group, spécialisée en ingénierie spatiale, a déjà manifesté son intérêt pour participer à ce projet, notamment pour étudier la sécurisation des données satellitaires et développer un bouclier quantique protégeant les systèmes d’échange de données.

Un Écosystème propice au développement

Ce projet, fruit d’un investissement de 10 millions d’euros dans le cadre du Plan de Relance de la Wallonie, bénéficie de la proximité du Centre européen de sécurité et d’éducation spatiale (ESEC). Ce centre se positionne comme une référence en matière de cybersécurité. L’Agence spatiale européenne (ESA) joue un rôle de catalyseur, avec pour objectif que ce centre de référence soit piloté par l’industrie.

La mise en place de ce centre de cybersécurité à Redu/Transinne représente une avancée majeure pour la région wallonne. Il offre aux entreprises et organismes publics les outils nécessaires pour renforcer leur résilience face aux cybermenaces croissantes. En combinant expertise locale et partenariats stratégiques, ce centre aspire à devenir un pilier essentiel de la cybersécurité en Europe.

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Le Forum économique mondial de Davos marqué par une hausse des attaques DDoS

Le Forum économique mondial de Davos 2024 a été marqué par une hausse significative des attaques DDoS. Il a été observé plus de 1 400 attaques ciblant les infrastructures suisses, doublant ainsi le volume enregistré en décembre.

Chaque année, le Forum économique mondial (WEF) de Davos attire des chefs d’État, des dirigeants d’entreprise et des figures influentes du monde entier. Cet événement, où se discutent les grandes orientations économiques et géopolitiques, est aussi une cible privilégiée des cyberattaques. Entre le 20 et le 24 janvier 2024, une activité DDoS inhabituelle a été détectée par l’équipe ASERT de NETSCOUT. Plus de 1 400 attaques ont été recensées, visant principalement les infrastructures télécoms et cloud suisses. Ces attaques ont culminé à 426 Gbps, mettant en évidence l’implication possible de groupes hacktivistes comme NoName057(16), connu pour ses campagnes de cyber-perturbation. Cet article décrypte cette vague d’attaques, ses méthodes et ses cibles, tout en soulignant les enjeux de cybersécurité lors d’événements d’envergure mondiale.

Le 21 janvier, NoName s’attaque à l’Italie, l’Ukraine, la Suisse ! – Capture Datasecuritybreach.fr

L’augmentation des attaques DDoS : Une menace persistante

Durant les cinq jours du Forum, ASERT a observé une activité DDoS environ deux fois plus importante qu’en décembre. Cette augmentation a été particulièrement marquée aux moments clés de l’événement, notamment lors des interventions de figures politiques de premier plan.

« Les attaques DDoS lors d’événements internationaux ne sont pas un hasard. Elles cherchent à perturber les communications et à envoyer un message politique ou idéologique. »

Le 19 janvier, la veille de l’ouverture du Forum, une attaque de 426 Gbps a ciblé un grand fournisseur suisse. Son objectif probable ? Tester l’efficacité des méthodes employées avant d’intensifier les actions les jours suivants.

Chiffres clés DDoS

Le nombre total d’attaques DDoS a augmenté de 20 % par rapport à 2023. L’Ukraine arrive en tête des pays les plus touchés, avec 2 052 attaques signalées, principalement organisées par des groupes pro-russes comme NoName057(16). DataSecurityBreach.fr a pu constater que les plateformes de commerce en ligne et sites web d’organisations (9 %), secteur financier (8,9 %), ainsi que d’autres industries, notamment le transport (7 %), les médias et Internet (7 %), et la fabrication (6,9 %). NoName057(16) s’est imposé comme l’acteur de menace principal dans les secteurs les plus touchés.

Au cours de l’année écoulée, NoName057(16) a connu une transformation majeure, formant plus d’une douzaine d’alliances stratégiques avec divers groupes hacktivistes pro-russes et pro-palestiniens. Ce passage de l’isolement à la collaboration a renforcé ses capacités opérationnelles et élargi son influence. Sans surprise, NoName057(16) a de nouveau dominé le domaine, surpassant largement les autres groupes en tant qu’attaquant le plus agressif. Depuis janvier 2023, le groupe a revendiqué 8 150 cyberattaques.

Chronologie des attaques DDoS observées

19 janvier : Une répétition avant l’événement

Avant même le début officiel du WEF, ASERT a détecté une attaque de 426 Gbps visant un fournisseur de services suisses. Elle s’est appuyée sur le DNS Reflection Amplification, une technique courante pour saturer une bande passante et tester la robustesse des infrastructures.

20 janvier : Des anomalies dès l’ouverture

À 15h20 UTC, alors que les premières sessions commençaient, une attaque atteignant 24 Gbps a été enregistrée. Contrairement à la veille, plusieurs vecteurs d’amplification ont été utilisés, rendant l’attaque plus difficile à contrer.

21 janvier : L’intensification des assauts

Cette journée a marqué un tournant, avec un volume croissant d’attaques précédant une allocution politique majeure. Les cybercriminels ont modifié leur approche, optant pour des attaques TCP ciblées et des inondations DNS sur UDP/53 et TCP/53.

22 janvier : Des attaques plus furtives

Bien que la bande passante utilisée ait été moindre, la sophistication des attaques a augmenté. Les méthodes TCP RST/SYN flood et TCP SYN/ACK amplification ont généré un flot de petits paquets difficilement filtrables.

23-24 janvier : Une fin sous tension

Si le 23 janvier fut relativement calme, le dernier jour du Forum a vu une résurgence des attaques DDoS, prolongeant leur effet plusieurs heures après la fin des discussions.

Qui sont les responsables ? Focus sur NoName057(16)

Les attaques observées portent la signature de groupes hacktivistes, notamment NoName057(16), affilié aux intérêts russes. Le blog ZATAZ avait été le premier a parlé de ces pirates devenus aujourd’hui des adeptes du DDoS. Ce collectif est connu pour ses attaques contre des entités politiques et économiques occidentales via leur projet DDoSia. Le groupe privilégie généralement les attaques HTTP flooding pour submerger les sites web, mais cette fois-ci, il a opté pour des méthodes TCP-based, corroborant les observations d’ASERT.

L’analyse des attaques DDoS montre qu’elles ont principalement visé les infrastructures critiques. Le secteur des télécommunications a absorbé près de la moitié des attaques, ce qui souligne l’importance de renforcer les défenses de ces infrastructures, particulièrement lors d’événements internationaux.

Les motivations derrière ces attaques sont multiples : démonstration de force, revendication politique, voire simple opportunisme. ZATAZ expliquait d’ailleurs que certains participants aux opérations de Noname057(16) profitaient des DDoS pour louer leur propre solution de cyberattaque ! Toutefois, une leçon essentielle se dégage : les événements internationaux nécessitent des stratégies de cybersécurité renforcées.

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