Root écope de 900 000 € d’amende pour avoir exposé les données de 45 000 clients

New York vit une série de piratages informatiques qui met à mal des millions d’habitants et étudiants de la Grosse Pomme. Nouveau cas aprés l’Université de New-York, une faille de sécurité dans le système de devis de Root. Une cyber attaque vieille de plusieurs mois qui a permis à des pirates d’accéder aux informations personnelles de 45 000 New-Yorkais. L’entreprise vient d’être condamnée à une forte amende.

L’entreprise d’assurance automobile Root, qui ne propose pas de services à New York, a néanmoins permis à des cybercriminels d’exploiter une faille dans son système de devis en ligne, entraînant la fuite de numéros de permis de conduire et d’autres informations sensibles. Cette attaque s’inscrit dans une série d’incidents similaires ayant ciblé le secteur de l’assurance, exposant des milliers de clients à des risques de vol d’identité.

Une faille de sécurité massive exploitée par des cybercriminels

Root permettait aux consommateurs d’obtenir une estimation de prix pour une assurance automobile via son site internet. Le système de devis utilisait une fonction de pré remplissage qui complétait automatiquement certains champs avec des informations sensibles, y compris les numéros de permis de conduire. Une fois le devis généré, le système créait un fichier PDF contenant les informations du client, y compris le numéro de permis de conduire en texte brut. Cette faille a permis à des cybercriminels d’automatiser le processus de collecte de données en utilisant des bots.

En janvier 2021, Root a découvert que des acteurs malveillants exploitaient cette vulnérabilité pour collecter massivement des informations personnelles. Les pirates ont utilisé ces données pour déposer des demandes frauduleuses de prestations de chômage pendant la pandémie de COVID-19. L’enquête du Bureau de la procureure générale (OAG) a révélé que Root n’avait pas mis en place de mesures de sécurité adéquates pour empêcher l’accès automatisé par des bots. L’entreprise n’a pas non plus identifié la vulnérabilité de son système de préremplissage ni sécurisé les fichiers PDF générés par le système.

La procureure générale Letitia James a déclaré que l’incapacité de Root à protéger ces informations sensibles représentait une violation grave des normes de sécurité des données. Elle a souligné que cette négligence avait directement exposé des milliers de New-Yorkais à des risques de vol d’identité. Selon l’enquête, Root n’avait pas effectué de contrôles de sécurité réguliers sur son système, ni mis en place de protocoles pour détecter et bloquer les attaques automatisées.

Une sanction financière et des mesures de sécurité renforcées

En plus de l’amende de 975 000 dollars, Root a accepté de mettre en place une série de mesures pour renforcer la sécurité de ses systèmes. L’entreprise devra mettre en place un programme de sécurité complet pour garantir la protection des informations sensibles de ses clients. Elle devra également surveiller en permanence les accès à ses systèmes et mettre en place un protocole d’alerte pour signaler toute activité suspecte. Root s’est engagée à renforcer ses procédures d’authentification et à effectuer régulièrement des audits de sécurité pour identifier et corriger les vulnérabilités potentielles.

Il aura fallu une condamnation pour que l’entreprise se penche sur la base de sa cybersécurité ? Les compagnies d’assurance collectent une quantité massive de données sensibles et doivent assumer la responsabilité de protéger ces informations contre les cybermenaces.

Une série de mesures contre le secteur de l’assurance

Cette amende s’inscrit dans une série d’actions menées par le bureau de la procureure générale contre le secteur de l’assurance. En novembre 2024, GEICO et Travelers avaient accepté de payer 5,1 millions de dollars après avoir été accusées d’avoir laissé des failles dans leurs systèmes de sécurité, facilitant le vol d’informations personnelles de milliers de New-Yorkais. En décembre 2024, Noblr a conclu un accord de 500 000 dollars avec le bureau de la procureure générale après avoir été accusée de pratiques de sécurité insuffisantes. En mars 2025, Letitia James a également engagé des poursuites contre Allstate Insurance, accusée d’avoir compromis les informations de plus de 165 000 clients à cause de failles de sécurité dans son système en ligne.

Letitia James s’est imposée comme une figure clé dans la protection de la vie privée des New-Yorkais face aux cybermenaces. Son bureau a également pris des mesures dans d’autres secteurs. En octobre 2024, un accord de 2,25 millions de dollars a été obtenu auprès d’un prestataire de soins de santé pour une fuite de données médicales. En août 2024, une coalition multirégionale dirigée par Letitia James a obtenu 4,5 millions de dollars d’une société de biotechnologie pour avoir échoué à protéger les données sensibles des patients. En juillet 2024, le bureau de la procureure générale a lancé deux guides sur la protection de la vie privée en ligne pour aider les entreprises et les consommateurs à mieux gérer la confidentialité de leurs données.

Violation massive de données à la Pennsylvania State Education Association : plus de 500 000 personnes affectées

La Pennsylvania State Education Association (PSEA) a été victime d’une violation de données qui a exposé les informations personnelles de plus de 500 000 personnes. Cette attaque, revendiquée par le groupe de rançongiciels Rhysida, soulève de graves préoccupations concernant la sécurité des données dans le secteur de l’éducation publique.

La PSEA, un syndicat influent représentant les enseignants, les professionnels du soutien à l’éducation et le personnel scolaire de Pennsylvanie, a confirmé qu’une attaque informatique avait compromis les données de 517 487 personnes. L’incident, survenu aux alentours du 6 juillet 2024, a été détecté après qu’un acteur malveillant a réussi à s’introduire dans le réseau informatique de l’association. Après plusieurs mois d’enquête, la PSEA a officiellement révélé la nature et l’étendue de la faille le 18 février 2025, confirmant que des informations sensibles avaient été compromises. Un mois plus tard, ils alertaient les personnes potentiellement impactées. Soit 8 mois aprés l’attaque !

Une attaque d’envergure visant des informations critiques

Le mode opératoire des cybercriminels suggère une attaque soigneusement préparée, ciblant des informations personnelles sensibles. Les données compromises incluent les noms complets des membres de la PSEA, associés à une ou plusieurs informations sensibles : numéro de sécurité sociale, date de naissance, numéro de permis de conduire, numéros de comptes bancaires, identifiants de connexion, informations de paiement (y compris le code PIN et la date d’expiration), numéros de passeport, informations d’assurance maladie et données médicales.

La sophistication de cette attaque repose sur la diversité des données compromises, donnant aux cybercriminels une marge d’exploitation importante. La capacité à combiner ces informations pourrait permettre la mise en place de fraudes bancaires, d’usurpations d’identité ou encore d’attaques ciblées contre les personnes concernées. La PSEA a rapidement pris des mesures pour sécuriser son réseau et renforcer ses protocoles de sécurité. Cependant, le caractère massif de la fuite souligne une vulnérabilité structurelle dans la protection des données au sein du secteur de l’éducation publique.

« PSEA a connu un incident de sécurité le 6 juillet 2024 ou aux alentours de cette date, qui a impacté notre environnement réseau. Après une enquête approfondie et un examen minutieux des données concernées, achevés le 18 février 2025, nous avons déterminé que les données acquises par l’acteur non autorisé contenaient des informations personnelles appartenant à des personnes dont les informations étaient contenues dans certains fichiers de notre réseau« , précise la notification officielle publiée par la PSEA. L’enquête, c’est surtout l’accès aux données diffusées par les pirates ?

Le communiqué ajoute que l’association a « pris les mesures nécessaires, au mieux de nos capacités et de nos connaissances, pour garantir la suppression des données volées par l’acteur non autorisé« . Cette formulation laisse entendre que la PSEA a pu négocier avec le groupe de rançongiciels Rhysida, une hypothèse renforcée par le retrait ultérieur de la PSEA du site de fuite du groupe criminel sur le dark web.

Rhysida : un groupe de rançongiciels redouté

Le groupe Rhysida est apparu sur la scène cybercriminelle en 2023 et s’est rapidement imposé comme l’un des collectifs de ransomware les plus actifs au monde. Rhysida cible principalement les institutions publiques, les établissements de santé, les services éducatifs et les infrastructures critiques. Le mode opératoire du groupe consiste à infiltrer les réseaux informatiques par des techniques d’ingénierie sociale, souvent via des attaques de type hameçonnage (phishing) ou par l’exploitation de vulnérabilités dans des logiciels non mis à jour.

Une fois le réseau compromis, Rhysida utilise un logiciel de cryptage pour bloquer l’accès aux fichiers sensibles. Les attaquants réclament alors une rançon, souvent en cryptomonnaie, en échange de la clé de déchiffrement. Si la victime refuse de payer ou tarde à répondre, le groupe menace de publier les données volées sur son site de fuite hébergé sur le dark web. Cette double menace — paralysie des systèmes et publication des données — place les victimes dans une situation délicate, poussant souvent les institutions à négocier discrètement avec les attaquants.

Dans le cas de la PSEA, Rhysida a revendiqué l’attaque le 9 septembre 2024, exigeant une rançon de 20 bitcoins (environ 720 000 euros au taux de change de septembre 2024). Peu après, le nom de la PSEA a disparu du site de fuite du groupe, laissant penser qu’un accord financier a été trouvé. Bien que la PSEA n’ait pas confirmé avoir payé la rançon, la suppression des données du site de Rhysida renforce cette hypothèse.

Cyberattaque sur le bureau du procureur général de Virginie : le groupe Cloak revendique la responsabilité

Le groupe de ransomware Cloak a revendiqué la responsabilité de la cyberattaque qui a frappé le bureau du procureur général de Virginie en février dernier. L’attaque a forcé les autorités à désactiver les systèmes informatiques, perturbant le fonctionnement de l’institution et exposant potentiellement des données sensibles.

En février 2025, une cyberattaque sophistiquée a été détectée au sein du bureau du procureur général de Virginie, provoquant l’arrêt immédiat des systèmes informatiques internes, y compris les services de messagerie et de VPN. Face à l’ampleur de la faille, les responsables ont dû revenir temporairement à des procédures manuelles, utilisant des documents papier pour assurer la continuité du service. Steven Popps, procureur général adjoint en chef, a décrit l’attaque comme « particulièrement complexe », soulignant le niveau de sophistication des techniques employées par les assaillants. L’incident a été immédiatement signalé au FBI, à la police d’État de Virginie et à l’Agence des technologies de l’information de Virginie (VITA), qui ont ouvert une enquête pour évaluer l’ampleur des dégâts et identifier la source de l’attaque.

Le bureau du procureur général de Virginie est resté très discret sur la nature exacte de la brèche, refusant de divulguer des détails précis sur les systèmes compromis ou les types de données potentiellement volées. Cependant, le 20 mars 2025, le groupe Cloak a ajouté le bureau du procureur général de Virginie à la liste de ses victimes sur son site de fuite hébergé sur le dark web. Le groupe a déclaré que le délai de négociation avec les autorités avait expiré et a affirmé avoir volé 134 Go de données sensibles lors de l’attaque.

Des captures d’écran de certains fichiers volés avaient été publiées comme preuve initiale du piratage. Désormais, l’ensemble des 134 Go de données est accessible en téléchargement sur la plateforme de fuite du groupe. La divulgation de ces fichiers fait craindre une potentielle exposition de documents juridiques sensibles, de communications internes, et d’informations confidentielles concernant des enquêtes en cours. Cette fuite massive pourrait avoir des conséquences majeures sur le fonctionnement du bureau du procureur général, tout en compromettant la sécurité des affaires traitées par l’institution.

Cloak : un groupe de ransomware organisé et expérimenté

Le groupe Cloak est actif depuis au moins 2023. Selon un rapport de la société de cybersécurité Halcyon, le groupe aurait déjà ciblé plus d’une centaine d’organisations, principalement en Europe et en Asie. L’Allemagne figure parmi les cibles privilégiées du groupe, mais les attaques se sont également étendues à d’autres pays, touchant divers secteurs économiques, notamment la santé, l’immobilier, la construction, l’informatique, l’agroalimentaire et la production industrielle. Cette diversification des cibles témoigne de la capacité d’adaptation du groupe et de la sophistication de ses méthodes d’attaque.

Le mode opératoire de Cloak repose en grande partie sur l’acquisition d’accès réseau par l’intermédiaire de courtiers d’accès initiaux (Initial Access Brokers, IAB) ou par des techniques d’ingénierie sociale. Les méthodes employées incluent le hameçonnage (phishing), les publicités malveillantes (malvertising), les kits d’exploitation de vulnérabilités et les téléchargements furtifs (drive-by downloads) déguisés en mises à jour légitimes de logiciels, comme les installateurs de Microsoft Windows. Cette capacité à manipuler le comportement des utilisateurs par des techniques psychologiques et technologiques rend les attaques particulièrement difficiles à détecter avant qu’elles ne soient en cours d’exécution.

Cloak utilise une variante du ransomware ARCrypter, dérivée du code source du ransomware Babuk, qui avait fuité en 2021. Une fois le réseau infiltré, le ransomware chiffre les fichiers sensibles, rendant leur accès impossible sans une clé de déchiffrement. Les attaquants exigent ensuite une rançon, souvent en cryptomonnaie, en échange de cette clé. Si la victime refuse de payer ou tarde à réagir, Cloak menace de divulguer publiquement les données volées sur le dark web, comme ce fut le cas dans l’attaque contre le bureau du procureur général de Virginie.

Une attaque qui soulève des questions sur la sécurité des institutions publiques

L’attaque contre le bureau du procureur général de Virginie met en lumière la vulnérabilité des infrastructures informatiques des institutions publiques face à des menaces cyber de plus en plus agressives. Les institutions gouvernementales, souvent dotées de systèmes informatiques vieillissants et de protocoles de sécurité obsolètes, sans parler de la mise à la porte de milliers de fonctionnaires aux USA par l’administration TRUMP, constituent des cibles privilégiées pour les groupes de ransomware. La capacité des attaquants à paralyser les opérations critiques du bureau du procureur général démontre le niveau de préparation et de sophistication de Cloak.

Les conséquences potentielles de cette attaque sont multiples. Outre la compromission des dossiers juridiques en cours, le vol de données pourrait entraîner une manipulation de certaines affaires sensibles. Les communications internes du bureau, y compris les stratégies de défense et les éléments à charge dans des procédures judiciaires, pourraient également être utilisées comme levier par des acteurs malveillants.

Steven Popps, procureur général adjoint, a déclaré que le bureau s’efforce de restaurer ses systèmes et de renforcer ses mesures de sécurité. Les autorités de Virginie collaborent étroitement avec le FBI et la police d’État pour identifier les auteurs de l’attaque et évaluer l’ampleur des dommages causés. Cependant, dans la mesure où Cloak opère depuis des juridictions étrangères, les possibilités d’arrestation ou de sanction directe restent limitées.

Rakuten face à une vague d’escroqueries par hameçonnage : les clients appelés à renforcer leur sécurité

Rakuten Securities a récemment alerté ses clients sur une augmentation inquiétante des escroqueries par hameçonnage ayant entraîné des connexions et des transactions non autorisées. L’entreprise exhorte ses clients à renforcer la sécurité de leurs comptes pour faire face à cette menace croissante.

Depuis la fin de l’année dernière, les cyberattaques ciblant le secteur financier se sont intensifiées, exposant les investisseurs à des risques accrus. Rakuten Securities, l’un des plus grands courtiers en ligne, a constaté une augmentation spectaculaire des cas d’hameçonnage (phishing) conduisant à des transactions boursières non autorisées. Les victimes se retrouvent souvent piégées après avoir reçu des messages frauduleux ressemblant à des communications officielles. Cette situation met en lumière les vulnérabilités du système financier numérique et la nécessité de renforcer les mesures de sécurité pour protéger les investisseurs.

Une montée en puissance des attaques ciblées

Le 21 mars 2025, Rakuten Securities a publié une déclaration officielle sur sa page d’accueil, attirant l’attention de ses clients sur la gravité de la situation. L’entreprise a signalé une hausse significative des demandes de renseignements concernant des connexions suspectes à des comptes de trading et des transactions effectuées sans l’autorisation des titulaires.

« Depuis la fin de l’année dernière, nous avons reçu de nombreuses demandes de renseignements de la part de clients concernant des connexions non autorisées« . Cette augmentation des signalements reflète une tendance inquiétante dans le secteur financier, où les attaques informatiques se professionnalisent et ciblent des comptes à fort potentiel de rendement.

Parmi les cas signalés, certains clients ont découvert que des actions chinoises avaient été achetées à leur insu. Cette situation laisse supposer une tentative de manipulation des cours boursiers par des criminels cherchant à exploiter les fluctuations de titres peu liquides. Ce type de fraude est particulièrement difficile à détecter, car il repose sur des transactions en apparence légitimes, dissimulées au sein de volumes de trading importants.

La stratégie des criminels : sophistication et adaptation

Les escroqueries par hameçonnage sont devenues de plus en plus sophistiquées. Les cybercriminels utilisent des méthodes avancées pour inciter les investisseurs à divulguer leurs identifiants de connexion. Des faux emails, des messages texte et des appels téléphoniques imitant les communications officielles de Rakuten Securities sont employés pour tromper les victimes.

Ces techniques d’hameçonnage ne se contentent plus de demander des identifiants de connexion. Elles exploitent également des méthodes d’ingénierie sociale pour obtenir des informations sensibles supplémentaires, comme les codes de vérification envoyés par SMS.

Les criminels s’adaptent rapidement aux nouvelles mesures de sécurité. Ils exploitent les failles comportementales des utilisateurs et utilisent l’intelligence artificielle pour personnaliser leurs attaques.

L’une des stratégies les plus fréquentes consiste à pousser la victime à télécharger une application ou un fichier infecté. Une fois installé, le logiciel malveillant permet aux attaquants d’intercepter les données de connexion en temps réel et de contourner les dispositifs de sécurité tels que l’authentification à deux facteurs (2FA).

Des transactions boursières suspectes : la menace d’une manipulation du marché

Le rapport de Rakuten Securities met en évidence une tendance inquiétante : les attaques ciblent non seulement des comptes individuels, mais également des portefeuilles d’actions spécifiques. Les actions chinoises semblent être une cible privilégiée des criminels.

En achetant des titres peu liquides à l’insu des investisseurs, les attaquants parviennent à influencer temporairement le cours de ces actions. En gonflant artificiellement la demande, ils provoquent une hausse des prix, leur permettant de vendre ensuite ces titres à profit avant que le marché ne corrige l’anomalie.

Cette tactique, connue sous le nom de « pump and dump« , est particulièrement redoutable dans un contexte de marché volatil. Les actions chinoises, souvent cotées à la fois sur les bourses asiatiques et internationales, offrent un terrain propice à ce type de manipulation. Les criminels peuvent ainsi exploiter les écarts de cotation entre différentes places boursières pour maximiser leurs profits.

Le fait que des actions chinoises soient spécifiquement ciblées suggère une coordination entre plusieurs acteurs criminels. Cela pourrait être le signe d’une tentative de manipulation de grande ampleur.

Une menace persistante dans le secteur financier

Les incidents signalés s’inscrivent dans une tendance plus large de cybercriminalité ciblant les institutions financières. Les services de courtage en ligne sont particulièrement vulnérables en raison du volume élevé de transactions et de la valeur des portefeuilles détenus par leurs clients.

Les plateformes de trading sont devenues une cible de choix pour les cybercriminels, attirés par la perspective de gains rapides et la possibilité de blanchir des fonds par le biais de transactions complexes. Les cryptomonnaies jouent également un rôle clé dans ces opérations, offrant aux criminels un moyen d’échapper aux contrôles traditionnels.

Dans un contexte de marché de plus en plus interconnecté, la question demeure : les plateformes de trading seront-elles capables de combler le fossé technologique face à des attaquants toujours plus sophistiqués ?

Chrome sous attaque : une faille critique exploitée dans une campagne de cyber espionnage

Une faille zero-day dans Google Chrome a été découverte par Kaspersky. Exploitée dans une campagne d’espionnage en cours, elle permet de contourner les protections de sécurité du navigateur.

Mi-mars 2025, une nouvelle offensive sophistiquée vient ébranler les défenses du navigateur le plus utilisé au monde. L’entreprise de cybersécurité Kaspersky a levé le voile sur une vulnérabilité critique dans Google Chrome, identifiée sous le nom de CVE-2025-2783. Cette faille, jusqu’alors inconnue, permettait aux attaquants de s’affranchir des mécanismes de protection de la sandbox, cette zone sécurisée censée contenir les menaces. Mais plus inquiétant encore : elle faisait déjà l’objet d’une exploitation active dans le cadre d’une opération d’espionnage ciblée.

Les chercheurs ont observé une vague d’infections débutant par des courriels d’hameçonnage savamment personnalisés. Une simple interaction — cliquer sur un lien — suffisait à déclencher l’enchaînement de l’attaque. Aucun téléchargement, aucune installation requise. En un clic, le système de la victime était compromis.

Baptisée « Operation ForumTroll« , cette campagne visait des profils bien définis : journalistes, chercheurs universitaires et membres d’institutions gouvernementales russes. Le subterfuge ? Des invitations à consulter le forum géopolitique « Primakov Readings« , un événement réel, dont les organisateurs n’avaient évidemment rien à voir avec l’affaire. Les liens piégés redirigeaient d’abord vers une version malveillante du site, avant de renvoyer — une fois l’exploit terminé — vers la véritable page. Discrétion assurée, détection contournée.

« Une sophistication rare, digne d’acteurs étatiques »

L’analyse du code malveillant laisse peu de place au doute : l’attaque ne visait pas à propager un rançongiciel ou à voler des données financières. Il s’agissait clairement d’un outil de surveillance avancé, typique d’une opération de cyber espionnage menée sur le long terme. Dans le jargon, on parle d’APT — Advanced Persistent Threat —, des menaces conçues par des groupes très organisés, souvent liés à des États.

« Cette vulnérabilité se distingue des dizaines de failles que nous avons découvertes au fil des ans« , souligne Boris Larin. Ce dernier insiste sur la capacité inédite de l’exploit à désactiver les barrières de la sandbox de Chrome sans laisser de trace visible. Une prouesse technique rare, nécessitant des moyens considérables. L’exploitation de la faille n’était qu’une pièce d’un puzzle plus vaste, impliquant au moins un autre exploit, encore non identifié, permettant l’exécution de code à distance (RCE).

L’un des aspects les plus troublants de cette attaque réside dans sa capacité à se fondre dans le décor numérique. Les liens malveillants étaient éphémères, générés de manière à ne rester actifs que quelques minutes après l’envoi du mail. Ce système rendait leur détection extrêmement difficile, même pour les logiciels de sécurité les plus performants. La charge utile (le malware) était livrée discrètement, sans déclencher d’alerte visible pour l’utilisateur.

Un correctif publié, mais l’enquête se poursuit

L’équipe de sécurité de Google a publié un correctif en date du 25 mars 2025, corrigeant la vulnérabilité CVE-2025-2783.

Ces attaques successives mettent en lumière une réalité préoccupante : les navigateurs web sont devenus l’un des vecteurs d’attaque privilégiés par les cybercriminels. Leur omniprésence sur les ordinateurs, combinée à leur accès aux données sensibles (identifiants, historique, sessions ouvertes), en fait des portes d’entrée idéales. Et bien que Google Chrome bénéficie d’un système de sécurité parmi les plus avancés, aucune solution n’est infaillible face aux menaces de niveau étatique.

L’apparition de failles zero-day — ces vulnérabilités inconnues des éditeurs et non encore corrigées — est particulièrement redoutée. Exploitées dans le silence, elles permettent des attaques fulgurantes, souvent indétectables jusqu’à ce qu’un expert lève le voile sur leur existence. Des 0day qui connaissent un vrai business, souvent orchestré dans l’ombre des claviers comme pour cette recherche d’un « jour zéro » pour Telegram pour 4 millions de dollars.

Les zero-days sont des armes numériques de haute précision. Lorsqu’elles sont déployées dans un contexte d’espionnage, elles ne visent pas nécessairement la quantité, mais la qualité des cibles. On cherche à infiltrer les bonnes personnes, pas les masses.

Un jeu d’échecs numérique aux ramifications géopolitiques

Si aucune attribution officielle n’a encore été formulée concernant l’Operation ForumTroll, les indices pointent vers un groupe disposant d’une expertise technique rare et d’un objectif clairement défini : surveiller certaines élites intellectuelles et administratives russes. Ce type de ciblage ciblé, couplé à une infrastructure très éphémère, est typique des opérations étatiques cherchant à éviter tout retentissement médiatique.

Dans le contexte actuel de tensions géopolitiques croissantes, l’usage de cyberattaques comme outils d’influence, de renseignement ou de déstabilisation est désormais monnaie courante. Les forums internationaux, les think tanks et les médias indépendants deviennent des cibles autant que des vecteurs d’information. Et dans ce paysage mouvant, chaque faille non corrigée devient une opportunité pour ceux qui savent la manier.

Alors que les failles zero-day deviennent des instruments d’espionnage de plus en plus perfectionnés, une question demeure : combien d’entre elles sommeillent encore dans le code de nos navigateurs préférés, prêtes à être exploitées dans l’ombre ?