Vodafone sanctionné de 45 millions d’euros pour violations graves de la protection des données

L’autorité allemande de protection des données inflige une amende historique à Vodafone pour des manquements graves liés à des pratiques commerciales frauduleuses et des failles de sécurité.

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Depuis l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD) en 2018, l’Union européenne a multiplié les sanctions contre les entreprises ne respectant pas les règles strictes imposées en matière de confidentialité et de sécurité. L’Allemagne, particulièrement vigilante sur ce terrain, vient de frapper fort en sanctionnant Vodafone à hauteur de 45 millions d’euros. En cause, des pratiques commerciales trompeuses menées par des agences partenaires de l’opérateur et des failles importantes dans ses systèmes d’authentification, qui ont exposé les données de ses clients. Une décision qui s’inscrit dans une tendance croissante de surveillance renforcée par les régulateurs européens, soucieux de garantir la confiance numérique des citoyens.

Un double manquement pointé par le régulateur

Le 3 juin 2024, le Bureau fédéral de la protection des données (BfDI), autorité allemande indépendante chargée de veiller au respect du RGPD, a annoncé avoir infligé à Vodafone une amende totale de 45 millions d’euros (51,2 millions de dollars). Cette décision découle de deux types d’infractions distinctes. D’abord, le régulateur a reproché à l’entreprise son absence de contrôle sur les agences de vente partenaires, responsables de pratiques qualifiées de « malveillantes ». Ensuite, il a dénoncé des « failles critiques » dans les procédures d’authentification de Vodafone, qui ont permis à des tiers non autorisés d’accéder à des profils de clients, notamment à travers le système eSIM.

Selon le communiqué publié par le BfDI, l’enquête a révélé que certaines agences partenaires, mandatées pour vendre des services au nom de Vodafone, ont abusé de leur position. Elles auraient manipulé les contrats, falsifié des données clients ou modifié les termes sans consentement, dans le but d’atteindre des objectifs commerciaux.

La seconde infraction, bien plus lourde sur le plan financier, concerne les mécanismes d’authentification utilisés par Vodafone dans son portail en ligne et via sa hotline. Le BfDI estime que ces systèmes présentaient des vulnérabilités importantes qui ont facilité l’accès non autorisé à des données personnelles sensibles.

« Les failles découvertes permettaient notamment à des tiers d’accéder illégalement aux profils eSIM des utilisateurs« , a précisé l’autorité dans son communiqué.

Cette deuxième série de manquements a justifié une sanction de 30 millions d’euros (34 millions de dollars), les services de l’État considérant que Vodafone n’avait pas pris les mesures minimales nécessaires pour garantir la confidentialité des informations. Or, le RGPD exige des entreprises qu’elles mettent en œuvre des technologies et des protocoles de sécurité rigoureux, dès la conception de leurs produits et services.

Réactions et mesures correctives

Face à ces accusations, Vodafone a reconnu des insuffisances dans ses systèmes de protection des données. Dans un communiqué publié le jour même de la sanction, l’entreprise a exprimé ses regrets et a indiqué avoir revu en profondeur ses procédures internes.

« Les actions des agences partenaires ont révélé des lacunes dans nos contrôles de protection des données« , a déclaré un porte-parole de Vodafone. « Nous regrettons que des clients aient été impactés négativement« .

« Les systèmes et les mesures en place à l’époque se sont révélés insuffisants« , ajoute l’entreprise, affirmant que la nouvelle direction a fait de la protection des données une priorité absolue.

Depuis le début de l’enquête menée par le BfDI, Vodafone affirme avoir renforcé de manière significative ses mesures de sécurité. Des audits internes ont été menés et des mécanismes d’authentification plus robustes ont été déployés sur ses plateformes. Le régulateur a confirmé que des « progrès notables » ont été constatés dans les mois ayant suivi le début de la procédure.

Cette sanction contre Vodafone s’inscrit dans un contexte européen marqué par une augmentation significative des sanctions liées à la protection des données personnelles. Les autorités européennes, coordonnées par le Comité européen de la protection des données (EDPB), appliquent désormais avec rigueur les dispositions du RGPD.

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En mai 2023, Meta avait été condamnée à une amende record de 1,2 milliard d’euros (1,37 milliard de dollars) pour des transferts de données jugés non conformes entre l’Union européenne et les États-Unis. Uber, de son côté, a écopé d’une sanction de 290 millions d’euros (330 millions de dollars) pour avoir transféré des données de conducteurs sans garanties suffisantes.

Pour Louisa Specht-Riemenschneider, la commissaire fédérale allemande à la protection des données, cette vigilance accrue est essentielle pour préserver la confiance du public. « La protection des données est un facteur de confiance pour les utilisateurs de services numériques et peut devenir un avantage concurrentiel », a-t-elle souligné dans un communiqué.

La responsable insiste également sur l’importance de la prévention, affirmant que « les entreprises doivent être en mesure de respecter la législation en matière de protection des données avant même que les violations ne surviennent ».

Une surveillance qui s’intensifie

L’affaire Vodafone illustre clairement les attentes grandissantes des régulateurs à l’égard des multinationales. Si la répression devient plus visible, c’est aussi parce que la société numérique génère des volumes de données toujours plus importants, augmentant ainsi les risques d’exploitation abusive ou de compromission.

En Allemagne, le BfDI multiplie depuis deux ans les contrôles sectoriels, notamment dans les télécommunications et les services bancaires. Ces secteurs traitent quotidiennement des données hautement sensibles, allant des informations d’identification jusqu’aux transactions financières. Toute faille ou dérive dans la gestion de ces données expose les entreprises à des sanctions sévères.

Vodafone, présent dans plus de 20 pays, n’est pas à sa première controverse en matière de gestion des données. En 2019, l’opérateur avait déjà été interpellé en Italie pour avoir laissé des agents commerciaux sous-traitants démarcher illégalement des clients, ce qui avait entraîné une sanction de 12 millions d’euros par le Garante per la protezione dei dati personali.

La répétition de ces incidents montre que la gestion des partenaires externes représente un maillon faible pour les grandes entreprises opérant dans plusieurs juridictions. C’est d’ailleurs un point d’attention majeur dans les audits RGPD, qui insistent sur la nécessité de responsabiliser l’ensemble de la chaîne de traitement des données, sous-traitants compris.

Un avertissement pour l’ensemble du secteur

Avec cette nouvelle sanction, le message du BfDI est clair : les entreprises qui ne surveillent pas leurs partenaires ou qui négligent la sécurité des données encourent des conséquences financières lourdes. Au-delà du montant de l’amende, c’est aussi l’image de l’entreprise qui en sort écornée, dans un contexte où la protection des données est devenue un critère de différenciation pour les consommateurs.

Les prochains mois diront si Vodafone parvient à restaurer la confiance et à faire oublier cet épisode. Pour l’heure, l’entreprise affirme avoir « fondamentalement revu ses systèmes et processus« , tout en assurant que la protection des données est désormais « une priorité de la direction« . Reste à savoir si ces mesures suffiront à prévenir de nouveaux incidents.

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