Enquête sur la diffusion de la propagande de l’État Islamique sur Internet

Des analystes d’une société américaine ont infiltré les deux principaux forums de l’EI sur le Deep & Dark web pour définir les plateformes de diffusion de contenus les plus populaires.

Entre janvier 2015 et décembre 2017, les analystes de Flashpoint ont infiltré et étudié les deux principaux forums de l’EI sur les réseaux du Deep & Dark web. Ces deux forums sont appelés « Forum 1 » et « Forum 2 » dans l’enquête présentée par Flashpoint. Les analystes de Flashpoint ont plus particulièrement analysé les liens URL partagés par les membres de ces deux forums – soit 290 000 liens sur le Forum 1 et 730 000 liens sur le Forum 2 (certains liens étant dupliqués sur les deux forums) – afin de définir les plateformes d’hébergement de contenus les plus populaires.

Archive.org, véritable « librairie » de l’Etat Islamique sur Internet

Comme le révèle le tableau ci-dessous, le site Archive.org est depuis plus de 3 ans, la plateforme d’hébergement de contenus extrémistes la plus utilisée par l’EI et ses partisans pour diffuser leur propagande. Archive.org est un site légitime qui est à l’origine un projet d’un spécialiste de l’intelligence artificielle du célèbre institut américain MIT et qui a pour objectif d’archiver le « Web » à l’intention des futures générations. Mais l’enquête de Flashpoint démontre que le site offre à l’Etat Islamique le meilleur moyen d’héberger des contenus sur la durée. En effet, même si certains contenus ont été effacés, de nombreux autres sont restés accessibles sur Archive.org durant les 3 ans de l’enquête.

Plusieurs célèbres plateformes sont également très populaires et positionnées en haut du top 10 des principales plateformes utilisées pour diffuser du contenu de propagande. Même si son utilisation a légèrement décliné entre 2015 et 2017, Youtube fait toujours parti du Top 5 de ces plateformes, tout comme Google. Il est tout de même à noter que même si Twitter et Youtube n’ont pas rendu public l’ensemble de leurs actions pour éradiquer les contenus extrémistes de leur plateforme, leurs efforts ont eu des résultats. Twitter a ainsi disparu du top 10 des plateformes les plus populaires.

D’après les messages récupérés par les analystes de Flashpoint sur les forums, le groupe EI semble regretter ce manque de présence sur Twitter. Dans un post publié sur le Forum 2 en janvier 2018, l’auteur d’un fil de discussion a partagé une capture d’écran d’un tweet qui déclarait, en langue arabe, que « l’une des plus grandes pertes de l’État islamique est la perte de ce que l’on appelait « Wilayat Twitter » (pouvant être traduit littéralement par « région administrative Twitter »).

Malgré cela, le groupe tente toujours en vain d’inciter ses partisans à revenir sur Twitter. Les analystes de Flashpoint citent par exemple un partisan de l’EI qui réagissait au tweet d’une capture d’écran soulignant la chute de l’utilisation de Twitter par l’EI, par un appel : « Nous vous demandons jour et nuit de revenir sur Twitter… »

Ce à quoi un autre partisan répondait (également traduit de l’arabe) : « Frère, cette tâche est impossible. J’ai moi-même eu plus de 120 comptes fermés sur Twitter. Parfois, trois comptes étaient fermés le même jour. Même si je n’étais pas aussi actif que d’autres comptes. Quelle est l’utilité d’un compte fermé une heure après son ouverture ? »

Telegram, un outil de diffusion efficace mais à l’audience trop limitée

L’enquête révèle que les unités médias de l’EI ont utilisé l’application de messagerie chiffrée Telegram de manière très efficace pour diffuser du matériel de propagande vers un public très ciblé. Néanmoins, la guerre de l’information leur impose de diffuser largement leurs messages pour qu’ils soient efficacement consommés par l’ensemble de leurs cibles (partisans, personnes vulnérables et radicalisables, voire même aux opposants de l’EI). Par conséquent, l’EI a besoin d’autres plates-formes pour diffuser la propagande.

L’un des principaux distributeurs de propagande de l’EI sur les réseaux, « Nashir News » a ainsi réalisé plusieurs tentatives pour s’implanter sur d’autres plates-formes, et encouragé les partisans à créer des comptes sur celles-ci pour redistribuer du contenu. Au cours de l’année 2017, le groupe a tenté d’établir des comptes sur Twitter et d’autres plateformes et agrégateurs de médias sociaux. En outre, le groupe a publié des messages via Telegram pour appeler les partisans à établir des comptes Twitter et à redistribuer du matériel de propagande. Malgré ces efforts, les comptes étaient généralement fermés dans les heures suivant leur ouverture.

Ken Wolf, Analyste Intelligence Senior de Flashpoint, l’un des principaux auteurs de l’enquête, explique : « Les géants mondiaux de la Tech sont confrontés au défi de la propagande extrémiste. Non content de voir leurs plateformes utilisées à des fins malveillantes, ils sont également sous le feu des critiques pour leur incapacité à éradiquer ce fléau. Depuis décembre 2017, plusieurs gouvernements européens ont annoncé des plans pour taxer les entreprises de la Tech qui n’éliminent pas le contenu extrémiste de leur site Web (UK, Allemagne, etc.). Des mouvements d’Hacktivisme attaquent également la présence de l’EI en ligne comme OpISIS qui signale, détourne ou prend le contrôle des comptes de propagande. Certains mouvements peuvent également représenter un risque pour les plateformes elles-mêmes comme ce fut le cas en 2015 lorsque le groupe AttackNodes a mis Archive.org hors service au moyen d’une attaque DDoS pour alerter sur les contenus de propagande que le site hébergeait ».

Ken Wolf conclut : « Même si la plupart des plateformes mettent en place des actions pour les stopper, ou qu’ils sont signalés, les djihadistes font preuve d’une grande adaptabilité et résilience dans leurs efforts pour distribuer leur propagande. Alors que la guerre continue et que l’Etat Islamique subi des pertes territoriales, Internet va certainement se développer encore plus pour diffuser le plus largement possible l’idéologie du groupe et pour élargir la base de soutien de l’EI. Pour ces raisons, accroitre l’efficacité des programmes visant à stopper la présence en ligne de l’EI doit être un objectif majeur pour lutter et vaincre l’Etat Islamique ».

Facebook annonce son entrée au conseil d’administration de l’Alliance FIDO

Alliance FIDO : Facebook rejoint d’autres grandes entreprises du secteur high-tech, de la finance et du commerce en ligne pour réduire la dépendance des utilisateurs vis-à-vis des mots de passe.

L’Alliance FIDO annonce l’entrée de Facebook au sein de son conseil d’administration. Le réseau social rejoint ainsi d’autres grands noms des secteurs des hautes technologies, des services financiers et du commerce en ligne, afin de concrétiser la vision stratégique de l’Alliance de réduire la dépendance des utilisateurs du monde entier vis-à-vis des mots de passe, grâce à une authentification plus forte et plus simple.

L’Alliance FIDO développe des spécifications d’authentification forte interopérables pour les plateformes informatiques, ainsi que les applications web et mobiles. Grâce à l’intégration de la technique de chiffrement à clé publique dans des outils d’authentification simples d’emploi, tels que les clés de sécurité ou la biométrie, l’approche proposée par l’Alliance FIDO se distingue par un plus haut niveau de sécurité, de confidentialité et de simplicité que les mots de passe et autres formes d’authentification forte.

« Les mots de passe faibles continuent de causer des problèmes inutiles qui pourraient être évités en déployant et en utilisant des techniques d’authentification forte sur une plus grande échelle. Nous sommes fiers de rejoindre le conseil d’administration de l’Alliance FIDO et d’aider ses membres à atteindre leur objectif : élargir et simplifier la disponibilité de l’authentification forte sur les navigateurs web, ainsi que sur les plateformes mobiles et de bureau », a déclaré Brad Hill, ingénieur logiciel, chez Facebook.

Malgré son arrivée toute récente au sein du conseil d’administration de l’Alliance, Facebook a joué un rôle actif en faveur de l’authentification préconisée par l’Alliance FIDO depuis janvier 2017 en permettant à ses 2 milliards d’utilisateurs quotidiens d’utiliser une clé de sécurité compatible FIDO pour s’identifier et accéder à leur compte.

Outre Facebook, de nombreux prestataires de services de premier plan, parmi lesquels Aetna, Google, PayPal, Samsung, Bank of America, NTT DOCOMO, Dropbox ou Github, mettent la technologie d’authentification FIDO à la disposition de leurs vastes bases d’utilisateurs. Le mois dernier, Google, Microsoft et Mozilla se sont ainsi engagés à prendre en charge la norme WebAuthn récemment annoncée dans leurs navigateurs, rendant l’authentification FIDO accessible aux internautes aux quatre coins du Web.

« Nous sommes heureux d’accueillir Facebook parmi les membres de notre conseil d’administration, a déclaré Brett McDowell, Directeur Exécutif de l’Alliance FIDO. Facebook est l’un des services web et mobiles les plus largement utilisés à travers le monde et, à ce titre, contribuera fortement à la mission de l’Alliance FIDO, à savoir proposer des expériences d’authentification à la pointe de l’innovation qui satisfont pleinement les utilisateurs, tout en résolvant les problèmes de sécurité liés à l’utilisation de mots de passe. »