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APT29 : la Russie piège le web avec des attaques « watering hole »

Une fausse page Cloudflare, un clic de routine, et l’espionnage commence. Les attaques de l’APT29 révèlent comment Moscou transforme les sites légitimes en armes numériques.

Le groupe APT29, lié au renseignement extérieur russe (SVR), a mis en place une nouvelle campagne d’attaques « watering hole » dévoilée par Amazon. En compromettant des sites populaires, ils ont piégé aléatoirement une partie des visiteurs avec de fausses pages de sécurité imitant Cloudflare. Derrière cette ruse, l’objectif n’était pas de voler des mots de passe mais d’exploiter l’authentification Microsoft pour obtenir un accès persistant aux comptes. L’opération illustre l’évolution constante des méthodes de l’APT29, déjà impliqué dans des campagnes contre universitaires, ONG et opposants russes. Elle met en évidence une stratégie de collecte de renseignement à grande échelle, jouant sur la confiance des internautes.

La patience des prédateurs

Le groupe APT29, aussi appelé Midnight Blizzard, n’agit pas comme un simple collectif cybercriminel. Ses opérations sont attribuées au Service de renseignement extérieur russe (SVR), héritier des réseaux d’espionnage de la guerre froide. Désormais, les agents ne déposent plus de messages secrets sous un banc public. Ils infiltrent des sites fréquentés chaque jour par des internautes ordinaires et attendent patiemment que leurs cibles idéales se présentent.

Amazon a révélé que cette opération récente reposait sur une stratégie de long terme. Plutôt que d’attaquer un seul organisme, les pirates ont compromis plusieurs sites de confiance, laissés en apparence intacts. Puis, ils ont installé un mécanisme sélectif : seuls 10 % des visiteurs étaient redirigés vers une fausse page Cloudflare, ce qui rendait la manœuvre difficile à détecter. Le reste du trafic continuait normalement, réduisant fortement les soupçons.

Ce choix tactique traduit la sophistication de l’APT29 : ils ne cherchent pas la masse mais la précision. L’approche aléatoire permet de collecter des profils variés, parmi lesquels certains deviennent de véritables cibles stratégiques.

L’art technique et psychologique

Le danger de l’APT29 ne réside pas uniquement dans ses liens présumés avec le SVR, mais dans sa maîtrise conjointe de la technique et de la psychologie des victimes. Le code malveillant, soigneusement analysé par Amazon, utilisait un encodage base64 pour échapper aux détections automatiques. Des cookies étaient placés pour éviter qu’un utilisateur redirigé une première fois le soit de nouveau, ce qui aurait éveillé les soupçons.

La copie des pages de vérification Cloudflare était parfaite : couleurs, logos, interface. Aux yeux d’un internaute pressé, tout semblait légitime. Mais le but n’était pas de capturer des identifiants saisis dans un formulaire. L’APT29 exploitait un mécanisme légal de Microsoft : le « device code authentication ». En incitant les victimes à autoriser un nouvel appareil, ils obtenaient un accès direct et durable aux comptes Microsoft des cibles, avec courriels, documents et données sensibles incluses.

Cette approche illustre une tendance croissante : détourner les fonctionnalités existantes plutôt que créer des malwares visibles. Le faux se mêle au vrai, et c’est l’utilisateur, confiant, qui ouvre lui-même la porte.

Un jeu du chat et de la souris permanent

Amazon a tenté de neutraliser l’opération en supprimant les domaines piégés. Mais l’APT29 a immédiatement rebondi, transférant ses infrastructures vers un autre fournisseur cloud et enregistrant de nouveaux noms de domaine, dont « cloudflare.redirectpartners.com ». Cette réactivité explique pourquoi ils figurent parmi les acteurs les plus persistants du cyberespionnage mondial.

Ce n’est pas une première. En octobre 2024, Amazon avait déjà interrompu une tentative d’usurpation de ses propres services par le groupe russe. En juin 2025, Google avait signalé des campagnes de phishing contre chercheurs et critiques du Kremlin. Chaque épisode montre une adaptation rapide, une volonté d’apprendre de ses échecs et une extension progressive du champ d’action.

L’APT29 ne vise pas une opération unique. Il perfectionne un modèle, teste ses armes numériques, observe les réactions adverses et prépare déjà la prochaine vague.

Le facteur humain au cœur de la manœuvre

Cette campagne ne se distingue pas par une complexité technique extrême. Elle se distingue par sa capacité à exploiter la confiance. Les sites étaient authentiques. Les pages de sécurité paraissaient ordinaires. Les demandes d’autorisation venaient de Microsoft.

Tout reposait sur un principe simple : inciter les gens à suivre ce qui semblait être la procédure normale. C’est pourquoi la formation en cybersécurité atteint vite ses limites. Expliquer qu’il faut « se méfier de tout » reste théorique. En pratique, un employé cherchant un document ou un particulier voulant lire ses courriels cliquera souvent sans réfléchir. C’est cette normalité apparente qui rend l’attaque redoutable.

Derrière, les conséquences dépassent la simple compromission d’un compte personnel. L’échantillon aléatoire de victimes peut contenir des fonctionnaires, des contractants de la défense, des journalistes ou des militants. Autant de profils qui intéressent directement Moscou dans une logique de renseignement.

Cette campagne montre que la guerre de l’information ne passe plus uniquement par les réseaux diplomatiques ou militaires. Elle s’insinue dans les gestes banals du numérique quotidien. La vraie question est donc la suivante : jusqu’où les acteurs étatiques comme l’APT29 peuvent-ils exploiter la routine des internautes avant que les systèmes de défense collectifs ne s’adaptent ?

Amazon déjoue une attaque sophistiquée d’APT29

Amazon a bloqué une opération de watering-hole d’APT29, visant à subtiliser des identifiants Microsoft grâce à des sites compromis, du JavaScript obfusqué et des redirections sélectives.

Amazon a neutralisé une campagne d’APT29, groupe lié au renseignement russe, qui exploitait des sites web compromis pour piéger des connexions Microsoft. Les assaillants utilisaient du JavaScript obfusqué et des mécanismes de redirection conditionnelle afin de tromper une partie des visiteurs. Près de 10 % du trafic était renvoyé vers des domaines contrôlés par l’attaquant, imitant Cloudflare pour capter les identifiants via le flux d’authentification par code d’appareil de Microsoft. Amazon a isolé les instances malveillantes et collaboré avec Microsoft et Cloudflare pour interrompre les infrastructures frauduleuses. Aucun système AWS n’a été compromis. Cette opération illustre le raffinement technique d’APT29 et la réponse coordonnée nécessaire pour contrer ces campagnes.

Attaque sur des sites légitimes

En août, plusieurs sites web authentiques ont été piégés par l’ajout d’un script JavaScript malveillant. Ce code, fortement obfusqué, recourait à l’encodage base64 pour masquer ses fonctions et compliquer l’analyse. Sa mission : déterminer si l’utilisateur devait être redirigé vers une infrastructure contrôlée par APT29. Seule une minorité de visiteurs, environ 10 %, était ciblée, réduisant le risque de détection. Les victimes aboutissaient sur un domaine imitant une vérification Cloudflare, notamment findcloudflare[.]com. Cette fausse étape permettait d’exploiter le flux d’authentification par code de périphérique de Microsoft et d’intercepter les tentatives de connexion.

L’activité a été repérée sur des instances EC2 utilisées à des fins malveillantes. Amazon a immédiatement isolé ces serveurs, bloqué leurs communications et engagé une coopération avec Cloudflare et Microsoft. Ensemble, ils ont procédé à la désactivation rapide des domaines frauduleux. Chaque fois qu’APT29 tentait de rétablir son infrastructure avec de nouveaux serveurs ou domaines, l’alliance technique permettait une coupure immédiate. Amazon a assuré qu’aucun système interne n’avait été touché par la campagne.

Tactiques techniques et sophistication

Les techniques employées confirment le niveau avancé d’APT29. Le JavaScript obfusqué rendait son contenu difficile à déchiffrer, dissimulant les instructions de redirection. Des redirections côté serveur permettaient d’alterner les comportements selon l’adresse IP, l’agent utilisateur ou le fuseau horaire du visiteur. L’usage de cookies servait à limiter la fréquence des redirections, empêchant un analyste de reproduire facilement le scénario d’attaque. Cette approche réduisait fortement les traces visibles et rendait l’infection plus persistante. Enfin, la rotation d’infrastructures, avec migration rapide entre domaines et serveurs compromis, ajoutait une résilience opérationnelle. Ces choix tactiques révèlent un objectif clair : espionner durablement sans attirer l’attention des défenses automatisées.

APT29, affilié au SVR russe, multiplie les campagnes contre les cibles stratégiques. Après des tentatives de phishing imitant AWS en 2024 et une campagne contre chercheurs et universitaires en 2025, le groupe renforce ses méthodes. Le recours à l’obfuscation avancée et aux redirections sélectives montre une stratégie d’ingénierie discrète, adaptée aux environnements cloud et aux services massivement utilisés. L’objectif reste constant : collecter des identifiants pour pénétrer des réseaux sensibles.

Les autorités américaines ont saisi deux domaines utilisés par le service de renseignement russe SVR (APT29/Cozy Bear) dans une vaste campagne de piratage. En mai 2021, les attaquants ont compromis un compte de l’USAID sur Constant Contact pour envoyer près de 3 000 e-mails piégés à plus de 150 organisations dans 24 pays. Les liens redirigeaient vers theyardservice[.]com, qui distribuait un malware installant Cobalt Strike. Les communications passaient aussi par worldhomeoutlet[.]com. Déjà en mai 2018, les États-Unis avaient saisi des domaines liés au botnet VPNFilter d’APT28. Microsoft a mené des actions similaires en 2018 et 2021.

L’affaire démontre la capacité d’APT29 à développer des outils furtifs et l’importance d’une veille proactive pour détecter l’obfuscation et les redirections conditionnelles. Jusqu’où ces techniques d’évasion, à la frontière entre espionnage discret et attaques massives, peuvent-elles encore progresser face aux systèmes de défense automatisés ?

Breach Salesloft Drift : Cloudflare, Zscaler et Palo Alto touchés

Un piratage via l’intégration Salesloft Drift-Salesforce a compromis plusieurs géants de la cybersécurité. Des tokens OAuth volés ont ouvert l’accès à des données sensibles.

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Un acteur malveillant a exploité une faille dans l’intégration Salesloft Drift-Salesforce pour siphonner des tokens OAuth et refresh. L’attaque, détectée en août 2025, a touché des entreprises majeures, dont Cloudflare, Zscaler et Palo Alto Networks. Les données volées incluent identités, contacts, contenus de support et même des identifiants de services critiques. L’incident interroge sur la sécurité des intégrations SaaS et l’exposition croissante des chaînes logicielles.

Un piratage sophistiqué ciblant les intégrations Salesforce

Entre le 8 et le 18 août 2025, un groupe baptisé UNC6395 a exploité l’intégration entre Salesloft Drift et Salesforce pour dérober massivement des tokens OAuth. Ces jetons permettaient d’accéder directement à des environnements Salesforce, ouvrant un accès sans authentification supplémentaire à de multiples données.

Les tokens, une fois volés, ont servi à exfiltrer des informations sensibles de plusieurs clients Salesforce. Parmi les organisations ciblées figurent des acteurs critiques du secteur cyber, dont Zscaler, Cloudflare et Palo Alto Networks. D’autres éditeurs comme Tanium et SpyCloud figurent aussi sur la liste des victimes confirmées.

Les attaquants ont ciblé les champs de support et les données clients stockées dans Salesforce. Selon les premières analyses, l’accès concernait à la fois des informations personnelles (noms, emails, numéros de téléphone) et des données techniques ou organisationnelles (clés AWS, tokens Snowflake, identifiants internes). Google Threat Intelligence Group (GTIG) attribue cette campagne à UNC6395, tout en soulignant l’absence de preuves solides reliant l’opération au collectif ShinyHunters, pourtant prompt à revendiquer la responsabilité.

 

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Des données sensibles exposées chez les leaders de la cybersécurité

Chez Cloudflare, les assaillants ont pu consulter des tickets de support, comprenant noms, coordonnées de clients et contenus des échanges. Certaines informations techniques soumises par des utilisateurs, comme des logins, ont également été exposées.

Zscaler a confirmé le vol de données relatives aux licences produits, aux postes occupés par ses clients et aux numéros de téléphone professionnels. Les échanges de support, parfois détaillés, faisaient partie du lot.

Chez Palo Alto Networks, les intrusions ont permis d’accéder aux données de comptes de vente internes, ainsi qu’à certains cas de support contenant des informations sensibles.

L’ampleur exacte du volume exfiltré n’a pas été chiffrée publiquement, mais plusieurs entreprises reconnaissent la possibilité que des credentials techniques aient été compromis. Salesforce a de son côté averti que les attaquants pouvaient avoir récupéré des clés AWS et des identifiants de services cloud critiques.

Si ces informations étaient exploitées pour une intrusion secondaire, les conséquences pourraient être majeures. La compromission d’intégrations SaaS utilisées par des milliers d’entreprises illustre la difficulté croissante à protéger les chaînes de confiance logicielles.

Réponses d’urgence et interrogations persistantes

Face à l’attaque, Salesforce et Salesloft ont immédiatement désactivé l’application Drift, révoqué les tokens associés et retiré Drift de l’AppExchange. Les entreprises touchées ont lancé des investigations internes, notifié leurs clients et enclenché des rotations massives de clés et tokens.

Cloudflare, Zscaler et Palo Alto Networks affirment que les systèmes centraux de leurs infrastructures n’ont pas été atteints. Les exfiltrations se limiteraient aux données Salesforce accessibles via Drift. Cependant, la confiance des clients reste mise à l’épreuve, d’autant que l’exploitation de tokens OAuth confère aux assaillants une persistance difficile à détecter.

Google GTIG rappelle que les campagnes d’UNC6395 se caractérisent par une exploitation rapide des intégrations SaaS et par un usage intensif de tokens volés. Leur mode opératoire témoigne d’une compréhension fine des environnements cloud modernes.

L’affaire soulève une question centrale : comment contrôler la prolifération d’applications tierces connectées aux environnements critiques, quand chacune d’elles peut devenir une porte d’entrée invisible ? Le piratage Salesloft Drift rappelle la fragilité des chaînes SaaS : une seule application compromise peut entraîner la fuite de données sensibles chez des acteurs mondiaux de la cybersécurité. L’enjeu stratégique devient clair : comment redéfinir la gestion des intégrations cloud pour éviter que le maillon faible ne compromette tout un écosystème ?

Selon 6Sens, environ 110 entreprises en France utilisent Salesloft (contre 390 au Royaume-Uni, 286 au Canada) .

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