Archives par mot-clé : souveraineté numérique

OVHcloud lance sa Quantum Platform dans le cloud européen

OVHcloud dévoile une plateforme dédiée aux ordinateurs quantiques, une étape stratégique qui vise à démocratiser l’accès aux technologies de calcul avancé via une offre opérée entièrement en Europe.

Le communiqué fait état de la mise à disposition d’une infrastructure Quantum-as-a-Service permettant d’exploiter, dès son lancement, une première machine fournie par Pasqal et destinée à accueillir au moins huit systèmes quantiques d’ici deux mille vingt-sept. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique européenne de souveraineté technologique, où les outils de calcul quantique deviennent un élément central pour anticiper les besoins industriels, scientifiques et sécuritaires. OVHcloud s’appuie sur un écosystème déjà structuré autour de plusieurs émulateurs quantiques et ambitionne d’accompagner les organisations publiques et privées vers les usages de demain en simplifiant l’accès à une puissance autrefois réservée à des infrastructures spécialisées.

Une plateforme tournée vers la démocratisation du calcul quantique

Selon le document, OVHcloud positionne son offre comme une passerelle pour favoriser l’adoption de ces technologies émergentes par les entreprises et les institutions. Le groupe rappelle que les capacités quantiques permettent de traiter des problématiques complexes qui échappent aux architectures classiques. L’accès à ces ressources via le cloud devient ainsi le levier principal pour ouvrir ces technologies à un public élargi.

La Quantum Platform offre une première intégration concrète à travers une unité de calcul de Pasqal. Ce système, basé sur une technologie d’atomes neutres, met à disposition cent qubits dès le lancement. L’objectif affiché est de permettre aux organisations d’explorer les cas d’usage quantiques, d’évaluer les gains potentiels et de préparer progressivement leur transition vers des environnements où le calcul quantique viendra se combiner aux capacités traditionnelles.

L’orientation consiste à fournir un environnement unique dans lequel le quantique s’insère sans bouleverser les infrastructures existantes, réduisant les obstacles techniques et les coûts associés. La démarche se veut pragmatique et vise à transformer une technologie encore perçue comme expérimentale en un outil opérationnel accessible à la demande.

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Un écosystème en expansion autour des technologies quantiques

OVHcloud rappelle avoir initié sa stratégie quantique en deux mille vingt-deux en proposant un premier émulateur accessible dans un environnement spécialisé. Le communiqué indique que l’offre compte désormais neuf émulateurs, formant la gamme la plus complète disponible en Europe. Cette diversité a permis à près d’un millier d’utilisateurs d’explorer différents modèles de calcul et de tester des algorithmes avant leur exécution sur des machines physiques.

La mise en service de la première machine Pasqal dans le cadre de la Quantum Platform permet à OVHcloud d’étendre son positionnement en ajoutant une puissance quantique réelle à son catalogue. La disponibilité prochaine de plusieurs autres systèmes vise à élargir l’éventail technologique afin de couvrir les différentes approches développées par les acteurs européens. Selon le texte, sept des huit futures machines proviendront d’industriels européens, ce qui constitue un élément important pour renforcer une chaîne de valeur locale.

L’entreprise inscrit cette évolution dans une stratégie globale visant à bâtir un écosystème cohérent pour soutenir la recherche, l’expérimentation et le développement de cas d’usage industriels. L’ajout progressif des machines permettra aux utilisateurs de disposer d’une variété de technologies adaptées à des problématiques différentes, tout en conservant une interface unifiée au sein des infrastructures d’OVHcloud. Le communiqué souligne que cette dynamique participe à la construction d’un socle européen indépendant, capable d’opérer et de maintenir des infrastructures critiques liées au calcul quantique.

Une ambition de souveraineté numérique européenne

Le communiqué met en avant une double vision : démocratiser l’usage et garantir un ancrage souverain pour la chaîne technologique. L’intervention de la responsable du quantique au sein du groupe précise que cette offre fournit aux clients les moyens d’expérimenter les technologies de pointe dans un cadre maîtrisé. Le message s’inscrit dans la volonté d’accompagner les entreprises vers une montée en compétence progressive afin de les préparer aux mutations technologiques anticipées au cours des prochaines années.

Le dirigeant de Pasqal insiste sur la dimension stratégique de cette collaboration. Il évoque une étape majeure dans la construction d’une souveraineté numérique européenne en soulignant que l’ensemble de la chaîne, du matériel au cloud, pourra être développé et opéré à l’intérieur du continent. Cette déclaration souligne la volonté de créer une filière solide, indépendante et capable de rivaliser avec les acteurs internationaux.

La coopération annoncée vise à constituer un bloc technologique cohérent et compétitif. L’accès à une plateforme entièrement opérée sur le territoire européen est présenté comme un élément central pour assurer la maîtrise des données et des infrastructures sensibles. Les deux acteurs affichent un alignement stratégique visant à permettre aux entreprises publiques et privées d’accéder à des ressources critiques sans dépendre d’opérateurs extérieurs.

 

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La Quantum Platform marque une étape structurante dans le développement d’une capacité quantique européenne accessible via le cloud. L’intégration progressive de plusieurs machines et la volonté d’assurer une chaîne souveraine placent OVHcloud au cœur d’un mouvement visant à préparer les organisations aux défis technologiques émergents. Comment cette infrastructure influencera-t-elle les futures stratégies de calcul hybride et les politiques européennes liées à la souveraineté technologique ?

L’Espagne annule un contrat Huawei de 10 millions d’euros sur fond de pressions sécuritaires

Madrid a stoppé un contrat stratégique impliquant Huawei dans le réseau RedIRIS. Une décision dictée par la sécurité nationale et la crainte d’ingérences étrangères dans des infrastructures sensibles.

Le gouvernement espagnol a annulé un contrat de 9,8 millions € avec Telefónica, qui prévoyait l’installation d’équipements Huawei pour moderniser le réseau de recherche RedIRIS, utilisé par universités et Défense. Officiellement justifiée par l’autonomie stratégique, cette décision reflète aussi les pressions internationales concernant les risques liés aux fournisseurs chinois. L’annulation retarde le projet, augmente son coût et oblige à relancer la mise en concurrence. Si Madrid n’impose pas de veto explicite à Huawei, la décision marque un tournant dans la politique numérique espagnole. Elle interroge l’équilibre entre ouverture technologique et souveraineté cyber, dans un contexte de tensions croissantes entre Chine, États-Unis et Europe.

Sécurité nationale en ligne de mire

Le 29 août, le ministère espagnol de la Science et de l’Innovation a notifié à Telefónica l’annulation du contrat attribué pour équiper RedIRIS. Cette dorsale nationale relie plus de 500 institutions de recherche, dont le ministère de la Défense, et devait passer de 100 à 400 Gbps grâce à de nouveaux équipements fournis par Huawei. L’investissement prévu atteignait 9,8 millions €, financé par des fonds publics et européens.

Le gouvernement a invoqué la stratégie de « souveraineté numérique » et la nécessité de protéger les communications critiques. Cette justification masque à peine la pression exercée par les États-Unis, qui dénoncent depuis des années le risque d’espionnage inhérent aux technologies Huawei. Washington considère que la loi chinoise sur le renseignement oblige les entreprises locales à coopérer avec Pékin.

La décision espagnole ne constitue pas un bannissement officiel de Huawei. Contrairement à Londres ou Berlin, Madrid n’a pas établi de liste de fournisseurs à risque. Mais ce signal politique place Huawei dans une position défavorable pour tout futur appel d’offres public lié aux infrastructures sensibles.

Conséquences économiques et techniques

L’annulation ne reste pas sans coût. La procédure de relance entraîne des retards et oblige à revoir les budgets. Selon les projections, les offres alternatives de Nokia, Cisco ou Juniper dépasseront largement l’enveloppe initiale. Les experts évoquent une augmentation des coûts à plus de 12 millions €, en raison de la rareté des équipements et de l’urgence imposée.

Telefónica, qui avait remporté le marché en bonne et due forme, se retrouve dans une situation délicate. L’opérateur n’a pas commenté publiquement mais doit désormais renégocier avec de nouveaux fournisseurs, tout en absorbant les délais. Pour les chercheurs et le ministère de la Défense, cela signifie un report dans la modernisation de leurs communications stratégiques.

Ce surcoût illustre le dilemme auquel se confrontent de nombreux pays européens : privilégier la souveraineté technologique face à la dépendance chinoise implique souvent des dépenses supérieures. Or, l’Espagne n’avait pas anticipé ces surcoûts dans son budget initial.

Les États-Unis jouent un rôle clé dans cette affaire. Depuis l’administration Trump, Washington mène une campagne internationale pour restreindre Huawei, accusée de liens étroits avec Pékin. Les diplomates américains ont multiplié les avertissements auprès des alliés européens : intégrer des équipements chinois dans des réseaux stratégiques, c’est ouvrir une porte potentielle au renseignement chinois.

L’OTAN, dont l’Espagne est membre, a relayé ces inquiétudes. Les communications militaires et gouvernementales transitant par RedIRIS ne pouvaient, selon les experts américains, dépendre d’une technologie jugée « non fiable ». À Bruxelles, la Commission européenne a publié plusieurs recommandations encourageant les États membres à réduire leur exposition aux fournisseurs à haut risque, sans toutefois imposer de bannissement formel.

Certains pays ont choisi une approche radicale. Le Royaume-Uni a ordonné le retrait complet des équipements Huawei de son réseau 5G d’ici 2027. L’Allemagne a imposé un examen strict de sécurité pour chaque équipement critique, visant en pratique à exclure Huawei et ZTE. L’Espagne, en revanche, avait jusqu’ici adopté une ligne plus conciliante, préférant évaluer chaque projet au cas par cas. L’affaire RedIRIS démontre que cette position évolue.

Lois chinoises et soupçons d’espionnage

Le cœur des inquiétudes occidentales repose sur la loi chinoise sur le renseignement de 2017. Ce texte oblige toute entreprise enregistrée en Chine à collaborer avec les services de sécurité nationale, sur demande. Pour les agences occidentales, cela signifie que Huawei pourrait être contraint de fournir un accès à ses équipements, sans possibilité de refus ni de transparence.

Les risques évoqués ne concernent pas uniquement l’espionnage passif. Dans un scénario de conflit ou de crise diplomatique, l’insertion de portes dérobées pourrait permettre une interruption ciblée de réseaux stratégiques. Les experts parlent d’« armes dormantes » dissimulées dans le code ou les mises à jour logicielles.

Huawei réfute systématiquement ces accusations et souligne que jamais aucune preuve technique n’a démontré l’existence de telles portes dérobées. L’entreprise rappelle sa présence dans plus de 170 pays et affirme que son exclusion relève davantage de la rivalité technologique que de la cybersécurité objective. Néanmoins, la perception de risque suffit à influencer les choix politiques européens.

La décision espagnole a des répercussions bien au-delà de l’économie numérique. Elle s’inscrit dans un équilibre délicat entre deux pôles d’influence. D’un côté, la Chine est un partenaire commercial majeur pour l’Espagne, notamment dans les secteurs automobile et énergétique. De l’autre, Washington reste un allié stratégique incontournable en matière de défense et de renseignement.

Annuler un contrat Huawei, c’est envoyer un signal de proximité à l’OTAN et aux États-Unis, mais au prix d’une irritation probable à Pékin. La Chine pourrait réagir en freinant certains investissements ou en réduisant sa coopération économique. Dans un contexte où l’Espagne cherche à attirer des capitaux étrangers pour sa transition numérique, le calcul est risqué.

Sur le plan industriel, cette annulation renforce indirectement les positions de Nokia, Cisco et Juniper en Europe. Ces acteurs, souvent américains ou européens, apparaissent comme des alternatives plus sûres, bien qu’à un coût supérieur. Pour l’industrie espagnole des télécoms, cela signifie aussi une dépendance accrue à des fournisseurs occidentaux déjà fortement sollicités.

En annulant ce contrat, Madrid a fait le choix de la prudence stratégique, au détriment de la rapidité et de l’efficacité économique. La souveraineté numérique devient un axe central de la politique européenne, mais l’Espagne reste confrontée à une question cruciale : jusqu’où céder aux pressions de ses alliés sans rompre avec un partenaire commercial comme la Chine, qui détient des leviers économiques puissants ?