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Executive Order on Enhancing Safeguards for United States Signals Intelligence Activities

Les Etats-Unis et l’Union européenne bientôt au diapason concernant le transfert des données personnelles ?

Le décret signé le 7 octobre dernier par le président américain, Joe Biden, concernant le transfert des données personnelles permet de renforcer les mesures garantissant la confidentialité et la protection des libertés civiles et des données personnelles de résidents européens transférées vers les États-Unis (Executive Order on Enhancing Safeguards for United States Signals Intelligence Activities).

Pour mémoire, le dispositif du Privacy Shield avait été invalidé en 2020 par la justice européenne (CJUE 16 juillet 2020 arrêt dit « Schrems II »), qui avait jugé que les atteintes portées à la vie privée des personnes dont les données personnelles sont traitées par les entreprises et opérateurs soumis à la législation américaine étaient disproportionnées au regard des exigences de la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union européenne.

Il s’agissait ni plus ni moins de restaurer la confiance entre l’Union européenne et les Etats-Unis concernant leurs flux transfrontaliers de données personnelles. Ce décret devrait permettre à la Commission européenne d’initier la procédure menant à une décision d’adéquation, dont l’objectif à terme serait de reconnaître l’adéquation de la législation américaine avec les exigences de législation européenne en matière de protection des données personnelles. (Réactions de Corinne Khayat et Anne-Marie Pecoraro, Avocate associée au cabinet UGGC).

La nouvelle loi sur la vérification de l’âge pourrait causer une menace pour la sécurité des données

Le Parlement français a approuvé à l’unanimité, jeudi 9 juillet 2020, l’introduction d’un système national de vérification de l’âge pour les sites pornographiques, quelques mois après que le président Emmanuel Macron s’est engagé à protéger les enfants contre de tels contenus.

Dans le cadre d’une loi plus générale sur la violence domestique, le Sénat a décidé en juin d’introduire un amendement exigeant que les sites web pornographiques mettent en place un mécanisme de vérification de l’âge.

Afin de faire respecter la loi, le CSA, l’autorité de régulation française de l’audiovisuel, se verra attribuer de nouveaux pouvoirs pour contrôler et sanctionner les entreprises qui ne se conforment pas à la loi – les sanctions pourraient aller jusqu’à bloquer l’accès aux sites web en France par une injonction du tribunal.

Le choix des mécanismes de vérification de l’âge sera laissé aux plateformes. Mais les législateurs ont suggéré d’utiliser la vérification par carte de crédit, un système d’abord adopté par le Royaume-Uni, qui a envisagé des dispositifs similaires pour contrôler l’accès à la pornographie mais a dû les abandonner fin 2019 en raison de difficultés techniques et de préoccupations liées à la protection de la vie privée. L’Italie a également approuvé un projet de loi similaire fin juin 2020, qui a suscité les mêmes inquiétudes quant à sa faisabilité et à sa conformité avec les lois de l’UE.

Vie privée et vérification de l’âge : des défis considérables pour la sécurité

D’ores et déjà, de nombreuses voix s’élèvent et s’inquiètent des effets collatéraux que ces mesures pourraient avoir sur la sécurité et la protection de la vie privée en ligne.

PornHub a récemment été victime d’une attaque malveillante qui a duré un an. En 2012, une violation du système YouPorn a révélé les adresses électroniques, les noms d’utilisateur et les mots de passe d’un million de clients. La même année, des pirates informatiques se sont introduits dans Digital Playground, divulguant 73 000 données et numéros d’utilisateurs, dates d’expiration et codes de sécurité pour 40 000 cartes de crédit. Les journaux de chat et les données de connexion de 800 000 abonnés de Brazzers ont été divulgués en 2016. MindGeek, concepteur de tous ces sites, a subi brèche après brèche de sécurité ces dernières années.

Le système de vérification de l’âge permettra à MindGeek d’accéder à un nouveau filon unique de données rentables : des informations sur les sites pornographiques auxquels les utilisateurs du système se connectent sur le web. Le concepteur ne verra pas votre identifiant, mais il connaîtra votre adresse e-mail et votre mot de passe, des données qu’il a déjà compromises à plusieurs reprises par le passé. La vérification de l’âge crée donc un risque très réel de fuite ou de piratage d’une base de données sur les préférences sexuelles et l’historique de navigation dans le porno de plusieurs millions de personnes, liée à leurs identifiants.

Les informations relatives à la sexualité sont privées pour une raison. De nombreuses personnes ont des secrets à garder, et les conséquences d’une atteinte à la vie privée peuvent être catastrophiques. La violation des données du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison en est un exemple qui donne à réfléchir. Le site n’a pas réussi à sécuriser les données des utilisateurs, ce qui a entraîné une violation qui a conduit à un scandale pour les politiciens et les PDG, à du chantage, à une fraude d’identité et à deux suicides.

Il n’y a pas que les personnalités publiques qui risquent de souffrir en cas de violation à grande échelle des données pornographiques. Les membres les plus marginalisés de la société ont également beaucoup à craindre. Le type de relations sexuelles que nous affectionnons et dont nous fantasmons peut représenter un enjeu extraordinairement important pour ceux qui sont victimes d’homophobie et de transphobie. Il n’existe pas de lois protégeant les droits des adeptes du BDSM contre la discrimination, et dans certains pays, les pratiques sexuelles privées peuvent entraîner le licenciement.

Comme le souligne de son côté Harold Li, vice-président d’ExpressVPN : « Demander à des sites pour adultes de collecter des identifiants pour la vérification de l’âge est une catastrophe en matière de confidentialité des données. Les systèmes de vérification de l’âge collecteraient une quantité énorme de données personnelles et sensibles sur vos habitudes et préférences – des données qui pourraient être utilisées de manière inappropriée, consultées ou faire l’objet de fuites. »

En vertu des nouvelles lois, les internautes seront tenus de prouver leur âge pour accéder à des sites web à contenu adulte. Cela pourrait signifier le partage d’informations personnelles telles que le passeport, le permis de conduire, le numéro de téléphone ou les informations relatives à la carte de crédit avec des plateformes de vérification de l’âge tierces, ou l’achat d’un passeport-porno auprès de fournisseurs agréés.

Cependant, de nombreuses études ont déjà démontré que ce type de plateformes était régulièrement la cible d’attaques ou rencontrait des failles de sécurité. Qu’il s’agisse d’un simple Adware ou d’extorsion après avoir piraté une webcam, le problème soulevé par cette nouvelle loi semble majeur.

Comment vous prémunir contre les risques de violation de votre vie privée ?

Saviez-vous que votre fournisseur d’accès Internet (FAI) peut voir à tout moment ce que vous faites en ligne. Qu’il s’agisse d’effectuer des achats, de se renseigner sur des problèmes de santé, d’organiser des vacances ou de consulter votre compte bancaire, chacune de vos actions sur Internet créent une piste numérique de données qui peut brosser un tableau très détaillé de vous…

Les FAI voient une myriade d’informations basées sur vos activités, telles que les recherches que vous effectuez, les sites web que vous visitez, les articles que vous lisez, vos e-mails, vos messages instantanés, les fichiers que vous téléchargez, etc.

Désormais, pour  protéger votre vie privée en ligne, il suffira d’utiliser un VPN pour contourner ces limitations. Les VPN vous permettent de préserver votre vie privée et votre anonymat en ligne en créant un réseau privé sécurisé à partir de n’importe quelle connexion Internet à laquelle vous accédez, qu’il s’agisse de la connexion Wi-Fi de votre domicile ou d’un hotspot Wi-Fi public.

Equifax : le piratage à plus de 1,4 milliard de perte

Le piratage informatique a un vrai coût qu’il est difficile de quantifier tant les ramifications venant s’y greffer ne se découvrent pas du jour au lendemain. Un exemple avec le piratage de 2017 de la compagnie Equifax. Deux ans après l’intrusion, la facture ne cesse de gonfler.

Le piratage informatique est déjà psychologiquement difficile à vivre pour toute personne et entreprise impactée par cette malveillance. L’aspect financier l’est encore plus, d’autant que la facture peut continuer à gonfler durant des mois, des années. La banque Equifax en fait les frais depuis 2017. Entre mai et juillet 2017, un pirate s’est invité dans ses informations. Quelques mois plus tard, la société américaine spécialisée dans les crédits à la consommation, révélait une infiltration informatique et le vol des données personnelles d’environ 150 millions de clients.

Elle ne s’était même pas rendue compte du vol. C’est le Department of Homeland Security (DHS) qui informait la société d’une vulnérabilité logicielle ayant permis la ponction.

1,4 milliard de perte depuis 2017

Le dernier Comité d’Entreprise a annoncé une perte de 1.4 milliard de dollars. Perte liée à ce piratage. Cerise sur le gâteau, la société de crédit doit faire face à plusieurs centaines de procès devant des tribunaux Américains, canadiens, Anglais, sans oublier le FTC de l’Oncle sam. Le CEO a tenté de rassurer les actionnaires en indiquant, par la bouche du directeur général, Mark Begor, que plusieurs plaintes avaient été levée via des accords de règlement avec certains recours collectifs et enquêteurs du gouvernement.

Bref, l’assureur a payé ! Il reste encore 2 500 plaintes de consommateurs, des recours collectifs internationaux et nationaux, des litiges entre actionnaires et des actions en justice intentées par des gouvernements et des villes américaines (clientes Equifax). A noter que l’enquête sur ce piratage est toujours en cours aux USA et à l’étranger.

Plus de 2 500 plaintes

Début mai, un groupe de membres du Congrès a présenté un nouveau projet de loi proposant certaines modifications réglementaires qui imposeraient des peines plus lourdes pour toutes les infractions futures liées aux données des américains. Cette modification exige aussi des inspections de cybersécurité et une obligation d’indemnisation des consommateurs en cas de vol de données. La loi propose qu’un bureau de la cybersécurité soit mis en place à la FTC.

Il aurait pour mission d’inspecter et superviser la cybersécurité des structures telles que les agences de notation. Du côté des pénalités, imposer des sanctions obligatoires en matière de responsabilité pour les violations impliquant des données. Une pénalité de base de 100 dollars pour chaque consommateur pour lequel un élément personnel (PII) compromis. 50$ pour chaque PII supplémentaire.

En vertu de ce projet de loi, Equifax aurait payé une amende d’au moins 1,5 milliard de dollars.

Californie : une loi interdit les mots de passe trop légers

Finis les mots de passe de type 123456, password, admin, 000 … C’est ce que vient de décider l’Etat de La Californie via une loi qui contraint les entreprises à fournir des mots de passe sérieux dés la sortie d’usine.

La Californie vient de décider que toutes les entreprises capables de proposer des objets connectés (IoT) seront dans l’obligation de le faire avec un mot de passe sérieux dès la sortie d’usine. A partir de 2020, ce qui laisse le temps aux sociétés locales de régler leurs configurations respectives, fini les mots de passe de type 123456, 0000, admin, welcome, password ou… rien.

Les nouvelles règles de ce projet de loi décidé par le gouverneur Jerry Brown indiquent que chaque appareil sera équipé d’un mot de passe unique, préprogrammé. L’autre option, la plus rapide à mettre en place, obliger les utilisateurs à mettre en place un mot de passe fort.

Peu de détails supplémentaires sur la façon dont spécifiquement les vendeurs vont devoir s’y prendre pour sécuriser leurs produits. Petit détail, de taille, la loi n’oblige pas les fabricants à publier de nouvelles améliorations pour accroître la sécurité de leur technologie, par exemple en envoyant régulièrement des correctifs de sécurité faciles à installer pour les vulnérabilités connues.

Pour conclure, saluons quand même ce premier pas vers une sécurisation des comportements des consommateurs qui oublient bien trop souvent de modifier leurs identifiants de connexion.

Parmi les autres obligations, la Loi sur l’amélioration de la cybersécurité de l’internet des objets, qui obligerait les entreprises à fournir certaines assurances quant à la sécurité des appareils IoT vendus au gouvernement fédéral. En 2016, la société GData avait analysée 12 000 routeurs domestiques en 2016 a démontré que 15% des périphériques utilisaient des mots de passe particulièrement faibles.

La sécurité des objets connectés dans une motion aux Pays-Bas

Les Pays-Bas viennent d’adopter une motion imposant aux fabricants d’ objets connectés (IoT) des tests de sécurité informatique.

Voilà une loi traitant de la sécurité des objets connectés qui fait tendre l’oreille. Les Pays-Bas viennent de valider une motion qui impose des tests de piratage à l’encontre des objets connectés vendu dans le pays. Bref, l’Internet of Things (IoT) pris au sérieux et d’une maniérè sécuritaire. C’est l’idée du sénateur Maarten Hijink qui demande au gouvernement et aux entreprises d’organiser des « pentests », des tests de sécurité, afin de tester les appareils connectés. Il y a quelques mois, la Chambre des députés avait réclamé au gouvernement d’agir sur ce même thème, la sécurité des objets connectés. Dans cette nouvelle motion, l’état est inviter à des actions proactives, comme le « hack éthique » dont la mission est d’améliorer la sécurité des objets, donc des utilisateurs.

N’utilisez plus les outils US, Trump va vendre vos informations

Le Congrès Américain vient de donner le feu vert qui permet aux opérateurs télécoms US de vendre vos informations.

Vous utilisez un service Télécom/Internet américain ? Souriez, vos historiques concernant les sites que vous avez visité, les applications que vous avez utilisé, vos recherches dans un moteur de recherche ou encore le contenu de vos mails, santé et data financières pourront être revendues aux plus offrants.

Les fournisseurs d’accès à Internet n’attendent plus qu’une signature du président Trump avant qu’ils ne soient libres de prendre, de partager et même de vendre votre historique 2.0… sans votre permission. La résolution a été adoptée par le sénat, la semaine dernière. Le Président élu Trump n’a plus qu’à finaliser le massacre. Car, comme l’explique The Verge, les FAI le faisaient déjà de manière « discrète », voici une loi qui valide définitivement ce pillage et la revente des informations.

« Les fournisseurs de services comme AT & T, Comcast, etc. pourront vendre les renseignements personnels au meilleur enchérisseur sans votre permission« , a déclaré la représentante Anna Eshoo (D-CA).

Autant dire que les données que les utilisateurs non américains laissent sur des services hébergés par des entreprises de l’Oncle Sam sont purement et simplement en danger de finir dans des mains tierces sans même que vous le sachiez.

La reconnaissance d’un « droit du sampling » en faveur de Madonna

Jeudi 2 juin 2016, la chanteuse Madonna a remporté une nouvelle victoire, non pas de la musique mais sur le plan judiciaire. En effet, elle avait été accusée par la maison de disque VMG Salsoul d’avoir abusé de l’art du « sampling » qui consiste à incorporer un très court extrait de la musique d’un autre dans son propre morceau.

En l’espèce, c’est dans sa version pour radio de la chanson « Vogue » sortie en 1990 que la Madonne a repris à cinq reprises un sampling d’une mélodie de cuivres extraite du morceau « Ooh I Love it (Love Break) » du Salsoul Orchestra, une groupe de funk américain qui étais sorti au début des années 80’. C’est le producteur de cette dernière chanson qui avait collaboré avec Madonna pour enregistrer ce qui est ensuite devenu un tube planétaire.

Sampling : la légitimité de l’action contre Madonna en vertu du droit d’auteur
La magistrate Susan Graber n’a pas remis en cause le fait que même de courts extraits de morceaux, qui pourraient donc potentiellement servir à d’autres artistes sampleurs, sont protégées par le droit d’auteur. C’est pourquoi elle est revenue sur la décision des juges du fond qui avaient considéré que les poursuites engagées par la maison de disque étaient déraisonnables.

Cependant, la juge a estimé que « le grand public [ne pouvant pas] de détecter l’origine des cuivres », le groupe Salsoul Orchestra n’avait aucune légitimité à réclamer des royalties, c’est-à-dire des redevances au titre de l’utilisation par Madonna d’une partie de leur morceau.

Des limites apportées au droit d’auteur en faveur de la créativité musicale
C’est donc de manière très concrète que cette affaire a été abordée. On part du postulat que tout artiste peut s’opposer au sample de ses chansons, mais sa demande ne sera accueillie que si le public est en mesure de faire un lien direct entre les deux morceaux. L’atteinte au droit d’auteur n’est donc pas automatique, ce qui est très favorable à la création musicale.

En effet, cette décision montre qu’à partir du moment où un artiste créé une œuvre musicale assez originale pour qu’on ne puisse pas détecter l’utilisation d’un sample, alors il n’a pas à verser de royalties au titulaire des droits d’auteur sur le morceau original. A l’inverse, l’artiste qui en quelques sortes ne camoufle pas assez le sample à travers sa propre création de telle sorte qu’on peut reconnaître l’origine du court extrait repris devra rémunérer l’auteur original.

Sampler n’est pas forcément plagier : Une solution française déjà établie
Cette décision américaine fait écho à une jurisprudence établie en France depuis une affaire qui avait confronté Les inconnus à Maceo Parker en 1993 et qui a été confirmée par un arrêt du 5 juillet 2000 du Tribunal de grande instance de Paris. Les juges français ont en effet considéré que « le caractère reconnaissable de l’emprunt par un auditeur moyen » constitue le critère de qualification de l’acte de contrefaçon quand le sample n’a pas fait l’objet d’une autorisation préalable. Cela permet de concilier les intérêts des artistes samplés comme des artistes sampleurs.

En conclusion, il est à espérer que l’alignement des États-Unis sur la solution française entrainera l’avènement d’un véritable « droit au sample » dans le monde. Les artistes recourent de plus en plus, et ce depuis l’apparition du Hip Hop, à cette technique et les sanctionner à ce titre lorsqu’ils ont fait un sérieux effort de création serait préjudiciable à l’ensemble de l’industrie musicale. (Par Maitre Antoine Chéron, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC, fondateur du cabinet ACBM).

7 ans de prison et 750000€ d’amende pour les réseaux de contrefacteurs en France

Vêtements, produits de luxe, dvd, films, albums de musique… Les réseaux de contrefacteurs en bande organisée, comme un portail diffuseur de liens torrents reliés à des copies illicites risquent 7 ans d’emprisonnement et 750.000€ d’amende.

L’Union des Fabricants (Unifab), association française de lutte anti-contrefaçon qui œuvre depuis plus de 140 ans pour la protection et la promotion du droit de la propriété intellectuelle, et ses 200 entreprises adhérentes issues de tous les secteurs d’activité, se félicitent de l’adoption en Commission Mixte Paritaire (CMP) de l’amendement concernant l’aggravation des sanctions en matière de contrefaçon en bande organisée, portant les peines encourues pour les contrefacteurs, de 5 ans et 500.000€,  à 7 ans d’emprisonnement et 750.000€ d’amende.

Les discussions dans le cadre du projet de loi lutte contre le terrorisme, entamées à l’Assemblée Nationale et poursuivies au Sénat, ont abouti à une véritable avancée,  dans la protection des œuvres de l’esprit qui sont, il est important de le rappeler, les piliers de la tradition, du savoir-faire, de l’économie, de la création, et de la sécurité des consommateurs.

Réseaux de contrefacteurs

Cette disposition, qui demeure à l’adoption finale et définitive du texte, s’inscrit dans la droite ligne des 10 recommandations formulées par l’Unifab à l’occasion de la sortie de son rapport sur le lien direct entre « contrefaçon et terrorisme » remis officiellement au Ministre des Finances et des Comptes Publics M. Michel Sapin le 28 janvier dernier.

« Aujourd’hui nous célébrons une véritable et authentique victoire, une avancée spectaculaire, qui provoquera une réelle prise de conscience dans l’application des peines à leur plus juste niveau. Je ne peux que féliciter et remercier les acteurs majeurs de cette initiative, et particulièrement le président du Comité National Anti-Contrefaçon (CNAC) et Sénateur des Français à l’étranger M.Richard Yung, qui, grâce à un engagement sans faille a permis de réévaluer le cadre répressif de la propriété intellectuelle pour être en phase avec l’échelle des peines des délits similaires… » déclare Christian Peugeot, Président de l’Unifab.

Alors que la France, leader en matière de protection des droits de propriété intellectuelle, renforce son système répressif concernant les activités liées aux réseaux de contrefacteurs, le tribunal populaire de Putuo, à Shanghai vient de condamner un revendeur, sur une célèbre plateforme chinoise de e-commerce, à fermer sa boutique en ligne et à cesser d’utiliser frauduleusement la marque « Bonpoint ». Le contrefacteur a été condamné à payer 35.000 yuans, et, fait surprenant, à exprimer publiquement ses excuses dans le journal local Xinmin.

Projet de loi pour interdire le chiffrement indéchiffrable

Interdire le chiffrement indéchiffrable ! Pour aider les forces de l’ordre dans leurs taches, deux sénateurs proposent un nouveau projet de loi qui souhaite contrôler le chiffrage des données.

Ce qui est bien avec les hommes politiques est qu’ils ont de la suite dans les idées dès qu’il s’agit de marquer leur nom dans l’histoire, ou dans les pages des journaux. Les sénateurs Richard Burr et Dianne Feinstein (Californie) ont bien l’intention de marquer de leur empreinte l’histoire US.

Les deux politiques peaufinent la version préliminaire d’un projet de loi Sénatorial qui aurait pour effet d’interdire le chiffrement indéchiffrable. Cette loi exigerait des entreprises qu’elles apportent le moyen de déchiffrer téléphone et ordinateur dès que les autorités le souhaiteront.

Les deux sénateurs n’ont pas encore annoncé la date de présentation de ce projet de loi. Ils ne le feront peut-être jamais. Leur coup médiatique étant réussi, ils sont dans les journaux !

Apple vs. FBI : suite et fin ?

Apple vs. FBI – Suites du jugement rendu mardi 16 février par la Cour fédérale du Riverside en Californie, dans lequel cette dernière exigeait de la multinationale « une assistance technique raisonnable » au FBI afin de lui permettre d’accéder au contenu crypté de l’iPhone d’un des auteurs présumés de la fusillade de San Bernadino.

Il semblerait que le gouvernement qui parallèlement à ce jugement poursuivait ses efforts pour accéder au contenu de l’iPhone soit arrivé à ses fins. Le FBI contacté par un tiers serait sur le point de parvenir à accéder (si ce n’est déjà le cas) aux données de l’iPhone. S’en est suivie la levée d’une audience qui devait se tenir ce mardi. Le test de la viabilité de méthode fera l’objet d’un rapport d’évaluation et sera prochainement communiqué au juge en charge de l’affaire, Sheri Pym.

Il y serait parvenu sans l’aide d’Apple. Dans une telle hypothèse, la personne à l’origine de cette méthode pourrait néanmoins s’exposer à des poursuites judiciaires. Selon Robert Enderle, expert en technologies, il pourrait s’agir de John McAfee (créateur de l’anti-virus éponyme), ou d’un ancien employé d’Apple. En France, cette personne aurait pu être poursuivie sur le fondement des articles L 323-1 et suivants du Code pénal qui incriminent l’accès ou le maintien frauduleux dans un système automatisé de traitement des données. S’il s’agit d’un ancien employé d’Apple, il pourrait se voir opposer la clause de confidentialité présente dans son ancien contrat de travail.

Apple vs. FBI

En réalité, il serait surprenant qu’Apple ne soit pas intervenu. La version des faits telle qu’avancée par le gouvernement américain constituerait un juste milieu et permettrait à Apple de collaborer avec le FBI tout en maintenant son image de garant des libertés fondamentales auprès des consommateurs. En effet, depuis le jugement du 16 février dernier, la multinationale était dans une position ambigüe puisque si fournir au FBI un moyen pour accéder au contenu de l’iPhone permet de démontrer qu’Apple participe à lutter contre le terrorisme, a contrario cela engendrerait une menace de sécurité pour ses clients.

Depuis l’affaire Snowden qui avait révélé une collecte massive des données par la NSA dépassant le cadre sécuritaire, les sociétés américaines surfant sur cette vague d’indignation ont fait de la sécurité des données un véritable argument marketing. Si l’inviolabilité des téléphones rassure les consommateurs, les autorités regrettent qu’elle puisse aider la criminalité. Cette affaire ravive ainsi le débat sur la nécessité d’accéder aux contenus en vue de lutter contre le terrorisme d’une part et de renforcer la sécurité des données, d’autre part. D’un point de vue informatique, le premier suppose l’introduction d’une faille de sécurité dans le programme au moyen notamment des backdoors (ou « portes dérobées »), tandis que le second vise à rendre le logiciel infaillible à toute intrusion tierce.

Dans l’un comme dans l’autre cas, l’impact en termes d’image est négatif pour Apple. Il semble qu’elle s’en soit néanmoins sortis de cette confrontation Apple vs. FBI. Ainsi, lundi dernier alors que le FBI affirmait détenir une méthode viable pour accéder aux données de l’iPhone, Tim Cook déclarait que « nous devons décider en tant que nation quel pouvoir devrait avoir le gouvernement sur nos données et notre vie privée ».

En France, le projet renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement qui sera prochainement en discussion devant le Sénat, complète l’article L 230-1 du Code pénal qui permet aux autorités judiciaires de désigner toute personne morale ou physique en vue d’accéder à des données chiffrées. Ce faisant, il disposera désormais en son dernier alinéa que « le fait, pour un organisme privé, de refuser de communiquer à l’autorité judiciaire requérante enquêtant sur des crimes ou délits terroristes (…) des données protégées par un moyen de cryptologie dont il est le constructeur, est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 350 000 euros d’amende », l’amende étant portée au quintuple concernant les personnes morales. (Par Maitre Antoine Chéron, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC, fondateur du cabinet ACBM.)

Technique et légalité des émulateurs de jeux vidéo

La nostalgie des années passées ne touche pas uniquement le monde de la mode ou de la musique !

La nostalgie des années passées ne touche pas uniquement le monde de la mode ou de la musique, celui de l’informatique et des jeux vidéo n’est pas en reste. Alors que les grandes entreprises informatiques et éditrices de jeux vidéo comme Sony ou Nintendo investissent des sommes colossales en R&D afin de mettre au point des appareils de haute technologie, il se développe un marché moins officiel qui est celui des logiciels émulateurs destinés à faire revivre des vieux jeux vidéo « abandonnés » par leurs éditeurs ou qui sont devenus commercialement obsolètes. L’émulateur est défini comme le logiciel ou programme permettant de simuler sur une machine le fonctionnement d’une autre. Plusieurs sites Internet proposent de rendre compatibles des ordinateurs récents avec d’anciens jeux vidéo. Les jeux vidéo d’une ancienne console qui ne fonctionnaient qu’avec des ordinateurs de l’époque (environnement MS-DOS) deviendront compatibles avec par exemple des périphériques graphiques, carte son et écran fonctionnant sous Windows XP.

Quid de la légalité des émulateurs au regard du droit d’auteur
Le développement de ce marché caché a fait si l’on peut dire des émules puisque Nintendo lui-même a stratégiquement choisi d’intégrer des émulateurs dans sa Wii, permettant à cette console d’accueillir des jeux édités pour d’anciennes consoles Nintendo. Mais si Nintendo dispose du droit de modifier ses propres logiciels, il n’en va pas de même du développeur qui sans aucun droit sur le jeu vidéo ou logiciel présent à l’intérieur de la console créé un programme permettant de simuler les composants du logiciel d’une console. En effet, modifier le Bios d’un logiciel constitue un acte de contrefaçon aux droits d’auteur portant sur ce logiciel. Cela est particulièrement vrai depuis l’arrêt de l’Assemblée plénière de la Cour de cassation du 7 mars 1986 considérant que le logiciel était une œuvre de l’esprit protégeable (protection du droit à la paternité et à l’exploitation de l’œuvre).

Mais qui sont les bénéficiaires de cette protection contre les actes de contrefaçon et ici singulièrement contre les logiciels émulateurs ?
Le droit d’auteur français étant un droit personnaliste, l’œuvre de l’esprit est relativement bien protégée et sauf les exceptions du droit à la décompilation, des logiciels libres ou lorsqu’il y a eu renoncement aux droits d‘auteur, ces œuvres ne sont jamais libres de droits durant le temps de protection prévu par l‘article L.123-1 du Code de la propriété intellectuelle (qui est de 70 ans après le décès de l’auteur de l‘œuvre).

Peu importe par conséquent les doutes récurrents en jurisprudence sur la qualification juridique à retenir du logiciel. Qu’il s’agisse d’une œuvre collective (bien souvent une personne morale en est l’instigatrice) ou d’une œuvre de collaboration entre plusieurs auteurs, les droits d’auteur sur le logiciel sont garantis pendant 70 ans après le décès de l’auteur. Ce droit d’exclusivité profitera donc aux ayants droits de chacun des auteurs en cas de qualification d’œuvre de collaboration du logiciel. Ce droit de protection bénéficiera également en cas de qualification d’œuvre collective du logiciel aux associés d’une entreprise ayant cessé son activité pour une raison quelconque (départ en retraite du dirigeant, liquidation etc…).

Il en résulte donc que les développeurs d’émulateurs ne pourront pas en cas de contentieux, invoquer devant le juge le décès de l’auteur ou l’abandon par une société éditrice de ses droits sur le logiciel reproduit. Tout acte de reproduction du logiciel ou de ses composants est  normalement soumis à l’autorisation de l’éditeur en vertu de l‘article L.122-6 du Code de la propriété intellectuelle.

Justification de l’émulateur par l’exclusivité de décompilation ?
La seule possibilité envisageable en cas de litige reste celle de l’exclusivité de décompilation prévue à l’article L.122-6-1 du CPI, exception légale aux droits d’auteur prévue afin de garantir une concurrence saine entre éditeurs de logiciels en permettant une interopérabilité entre différents logiciels. Les conditions de mise en œuvre de ce droit à décompilation sont très strictes et il est peu probable que les émulateurs de logiciels puissent entrer dans cette exception.

Décompiler un logiciel (ou ingénierie inverse) consiste à le désassembler afin d’en connaître les données et les instructions qui en permettent le fonctionnement, en vue de retraduire le code objet pour remonter au code source. Toutefois, entre les différentes phases de conception et les éléments qui composent le logiciel, il est difficile de déterminer ce qui est protégeable par le droit d’auteur. Si les fonctionnalités d’un logiciel ne sont pas protégeables selon la Cour européenne (CJUE, 2 mai 2012,  SAS Institute Inc. c/ World Programming Ltd), les travaux préparatoires de conception du logiciel tels que les plans électroniques sont eux susceptibles d’une protection par le droit d’auteur.

L’une des conditions essentielles pour décompiler légalement est d’être un utilisateur légitime du logiciel. La cour d’appel de Paris a rappelé que les développeurs de linkers, dispositifs permettant de lire des jeux vidéo piratés sur la console DS de Nintendo, étaient responsables d’actes de contrefaçon au motif pris qu’ils n’étaient pas des utilisateurs légitimes (Paris, 26/09/2011 affaires Nintendo).

L’émulateur de logiciel n’est donc pas en harmonie avec le droit d’auteur sauf lorsque les auteurs, éditeurs ou les ayants droits de ces derniers ont manifesté leur volonté de ne plus exploiter leurs droits et hormis ce cas, on est en présence d’actes de contrefaçon en cas de reproduction du logiciel ou de décompilation à d’autres fins que celle d’interopérabilité. (Par Maitre Antoine Chéron, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC)

La CNIL lance un ultimatum à Facebook

Le leader mondial des réseaux sociaux tant décrié pour ses pratiques en matière de données à caractère personnel, va-t-il enfin plier face à la CNIL ? Le G29 est à l’assaut de Facebook depuis mars 2015. La France est la première à se prononcer sur le cas du site internet. (Par Maitre Antoine Chéron, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC)

Dans une décision du 26 janvier 2016, la CNIL a mis en demeure Facebook de se conformer à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978. Eu égard à « la gravité des manquements constatés et de l’atteinte consécutive aux intérêts et libertés fondamentaux des personnes concernées », la CNIL a choisi d’en faire la publicité.

Elle reproche tout d’abord à Facebook, de suivre la navigation des internautes non-titulaires d’un compte, sur des sites tiers. Pour ce faire, le réseau social dépose un cookie sur le terminal de chaque personne ayant visité une page Facebook publique. L’article 32-II de la loi Informatique et Libertés dispose que la mise en place de cookies sur le terminal d’un utilisateur implique le consentement préalable de ce dernier, ce qui n’est pas le cas en l’espèce.

Il est également fait grief au réseau social de ne pas recueillir le consentement exprès des internautes au moment de la collecte et du traitement des données relatives à leurs opinions politiques ou religieuses, et à leur orientation sexuelle. S’agissant de données sensibles, Facebook aurait dû solliciter de la CNIL une autorisation antérieurement à la réalisation dudit traitement ou de la personne concernée son consentement.

De plus, elle relève que le site internet ne met pas à disposition des utilisateurs un mécanisme qui permettrait à ces derniers de s’opposer à la combinaison des données à caractère personnel à des fins publicitaires. Or, un tel traitement de données est soumis à l’article 7 de la loi Informatique et Libertés qui prévoit qu’à défaut d’obtenir le consentement de la personne concernée, le traitement n’est autorisé que s’il entre dans l’une des situations ci-après énoncées : s’il est effectué dans le respect d’une obligation légale incombant au responsable du traitement ; pour sauvegarder la vie de la personne concernée ; dans le cadre de l’exécution d’une mission de service public ; en vue de l’exécution d’un contrat ou de mesures précontractuelles ; si le responsable du traitement poursuit un intérêt légitime. La Politique d’utilisation des données de Facebook précise que l’utilisation des données à leur disposition permet de présenter des publicités pertinentes. Le traitement qu’elle réalise est donc contraire à l’article précité.

Enfin la CNIL constate que Facebook continue à transférer les données provenant de l’Union européenne vers les Etats-Unis sur la base du Safe Harbor, lequel a été invalidé le 6 octobre 2015 par la Cour de justice de l’Union européenne. Depuis lors, il n’est plus possible aux entreprises de procéder à des transferts de données à caractère personnel sur le fondement dudit accord. Cependant, le 3 février dernier le G29 a déclaré que les entreprises pourraient dans l’attente de l’entrée en vigueur  l’« EU-US Privacy Shield » (ou « bouclier de l’Union européenne et des Etats-Unis pour la protection de la vie privée »), continuer à exporter les données des citoyens européens vers les Etats-Unis sans être inquiétées. Il semblerait donc que Facebook ne sera pas sanctionné sur ce point.

Le réseau social a trois mois pour adopter les mesures propres à pallier ce défaut de conformité à la loi Informatique et Libertés. Passé ce délai, la présidente de la CNIL pourra désigner un rapporteur. Ce dernier peut être amené le cas échéant à proposer à la formation restreinte de la CNIL, le prononcé d’une sanction à l’encontre de Facebook.

Parallèlement, les autres CNIL du G29 (Belgique, Allemagne, Espagne et Pays-Bas) continuent leurs investigations. D’autres mises en demeure et sanctions pourraient bientôt tombées. [En Belgique, par exemple, les cookies FB ne peuvent plus suivre les Belges, ND DataSecurityBreach.fr]

Le Royaume-Uni veut stocker l’historique Internet des utilisateurs

Un pas de plus dans les idées nauséabondes de cyber surveillance. Le législateur britannique se penche sur une idée folle, garder en mémoire l’historique Internet des utilisateurs.

Imaginez, dans 20 ans, n’importe quelle personne autorisée (ou non) pourra connaitre vos habitudes de surfs. Votre passion à visiter Cam4 et autres Youporn. De troller comme un sauvage dans Call of Duty. De passer votre temps à regarder des chats sur la toile. De la science fiction ? Le gouvernement
Britannique se penche depuis novembre sur une nouvelle loi, légitimant la cyber surveillance de masse. Bref, une loi qui doit autoriser et légaliser ce que faisait déjà les 007 locaux depuis les années 60.

Par exemple, l’article 94 de la Loi sur les télécommunications élargit les capacités de surveillance. Les
FAI auront obligation de stocker la liste de tous les sites que les internautes britanniques ont visité lors des 12 derniers mois. Ils vont bien finir par imposer la communication des bookmarks à ce rythme là !

Pour répondre à la communication de masse du gouvernement de David Cameron, l’association dédiée à la protection des droits de l’homme Open Rights Group lance une opération de crowdfunding pour récolter 20,000 livres sterling afin de communiquer, elle aussi, sur ces aberrations législatives.

En 2014, l’Europe indiquait déjà la disproportion de certains articles de loi dédiés à la surveillance de masse des sujets de sa Gracieuse Majesté. En juillet 2015, la Haute Cour du Royaume-Uni a également statué que la loi DRIPA, l’état d’urgence britannique depuis 2014, poussée par le parlement sans aucun examen approprié, était illégale selon le droit européen lié aux droits de l’homme.

Protéger son site web c’est possible, même s’il s’agit d’un site « banal ».

Consciemment ou pas, il est toujours plus aisé de s’inspirer du travail des autres que de créer ex-nihilo son propre site web (tant en termes d’apparence que de process ou de fonctionnalités). Pour autant, la frontière entre l’inspiration et la reproduction est parfois mince et souvent génératrice de risques. D’autant plus que l’actualité judiciaire attire notre attention sur la faculté ouverte aux entreprises d’empêcher la reproduction des éléments de leurs sites, au-delà de la protection classique par la propriété intellectuelle.

Lorsqu’il s’agit de protéger une création, le premier reflexe est d’avoir recours à la protection au titre des droits d’auteurs. Un site Internet est effectivement une œuvre de l’esprit au sens du code de la propriété intellectuelle et entre donc dans le champ d’application de la protection.  Mais, pour bénéficier de cette protection, le site web doit nécessairement revêtir un caractère original, c’est-à-dire refléter la personnalité de son auteur.

Dans les faits, une telle originalité peut être caractérisée lorsque les différents éléments du site sont combinés selon une certaine présentation qui procède d’une recherche esthétique (non imposée par un impératif fonctionnel), conférant au site une physionomie particulière le distinguant d’autres sites du même secteur d’activité et révélant un effort créatif. Dans une telle situation, le titulaire des droits peut envisager une action sur le fondement de la contrefaçon. Cependant, l’expérience nous montre que peu de sites web sont en mesure de démontrer une telle originalité. Et, fort de ce constat, nombreux sont ceux qui pense pouvoir s’approprier le travail des autres sous prétexte qu’il n’est pas original. Mais, l’actualité judiciaire nous montre que d’autres actions sont envisageables, et permettent de protéger efficacement un site internet même s’il n’a rien d’original.

L’essor de la protection du site internet par l’action en parasitisme
Pour mémoire, le parasitisme vise un comportement économique par lequel une personne s’immisce dans le sillage d’une autre afin de tirer profit, sans en supporter les coûts, de ses efforts et de son savoir-faire, et ce indépendamment de tout risque de confusion. Fondée sur la responsabilité délictuelle, l’action en parasitisme permet de protéger la valeur économique de son travail et notamment de son site internet. Or, sur ce fondement juridique, le caractère original ou non du travail n’a aucune importance. Le Tribunal de Commerce de Paris vient de l’affirmer clairement dans une décision du 28 septembre 2015 : le parasitisme économique d’un site internet peut être retenu malgré l’existence de sites ressemblant à celui objet du litige ou malgré son caractère banal.

Ce jugement précise également que cette protection ne concerne pas seulement l’aspect esthétique du site, mais également son fonctionnement (cheminement de la commande, choix des messages, paiements et modes de livraison, …).

Rappelons en outre que le Tribunal de Commerce de Paris a déjà jugé que reproduire (ou même s’inspirer) les conditions générales de ventes d’un site Internet, sans la moindre contrepartie financière est un acte de parasitisme (jugement du 22 juin 2012). Si aucune originalité n’est à démontrer, il faut néanmoins pouvoir prouver que les éléments copiés ont résulté d’un véritable travail et ont engendré un coût de réalisation. Il n’est évidemment pas possible de reprocher à un concurrent de s’approprier un actif que l’on a soit même obtenu sans effort, sans coût. L’action en parasitisme est en plein essor dans le cadre de notre activité judiciaire notamment car sa mise en œuvre est aisée pour celui qui maitrise le sujet. Il est donc très important d’être conscient de cette situation et être attentif sur le sujet. Ce qui peut se traduire en pratique à se poser régulièrement la question suivante : les éléments objet d’une inspiration, outre leur originalité éventuelle, ont-ils pu engendrer un réel coût de développement ? … (Maitre Jérémie Courtois du Cabinet Cornet Vincent Segurel – bureau de Lille)

L’Europe veut punir le simple fait de fournir un lien vers du contenu protégé

Pour faire payer les moteurs de recherches qui diffusent des liens vers des contenus illicites ou protégés par les droits d’auteurs, l’Union Européenne souhaite sanctionner les liens vers des contrefaçons.

La député européenne Julia Reda, membre du Parti Pirate, vient d’expliquer sur son blog que l’Union Européenne serait en train de se pencher sur un nouveau moyen de faire disparaître de la toile les liens renvoyant vers des contrefaçons de films, mp3, … mais aussi d’articles de presse protégés par le droit d’auteur.

Bref, le moindre lien vers un contenu protégé par le droit d’auteur pourrait être sanctionné par la justice. Cette loi, comme le précise Huse in writting a aussi pour mission de faire payer Google et compagnie dès que les moteurs de recherche indexent des contenus protégés, comme des articles de presse. Imaginez, un blog, qui diffuse automatiquement (ou non) des liens vers des articles. Cette loi Européenne pourrait sanctionner le blogueur. « Cela ouvre la voie à une censure généralisée et sans frontières. » indique AHW.

On va rire quand Google, en réponse, ne référencera plus aucun article de presse. Cette proposition législative doit être présentée au printemps 2016. (Ipkitten)

Faudra-t-il, bientôt, fournir son identité pour posséder un drone ?

Jeudi 29 octobre, le Parlement européen de Strasbourg a adopté un rapport sur les drones qui pose les bases d’une prochaine législation européenne pour encadrer leur utilisation.

Certes la future réglementation européenne aura pour ambition de répondre aux inquiétudes justifiées concernant la sécurité mais tentera aussi de donner à cette filière émergente les moyens de se développer dans un cadre respectueux des citoyens et des espaces aériens. Cette filière des drones est en pleine évolution, et il est du rôle de la Commission européenne de l’appuyer tout en l’encadrant. Il est ainsi prévu qu’un volet législatif européen soit ouvert dans le futur paquet aérien qui sera présenté par la commission en décembre prochain. En effet, il n’y pas moins de 14 législations nationales (plus ou moins contraignantes) parmi les 28 pays de l’Union européenne, et la France fut l’une des premières à légiférer.

Ce rapport entend assurer la traçabilité de l’ensemble des engins, mais aussi des exploitants et propriétaires comme conditions sine qua none à toute utilisation. C’est une bonne chose car l’on a pu voir lors du survol des centrales nucléaires françaises que nous étions incapables d’en retrouver les pilotes. Il faut mettre en place un système d’immatriculation qui permettra d’identifier facilement les drones, et même à distance si possible. Les risques terroristes font craindre une véritable menace sur la sécurité du parc nucléaire français, pouvant provoquer un black-out électrique ou même un accident nucléaire majeur, comme nous avions pu le démontrer dans une lettre au gouvernement français… restée sans réponse.

Il est aussi prévu d’assurer une meilleure navigabilité pour les drones avec un partage de l’espace aérien clair. Il faudra surtout bien distinguer les usages récréatifs et professionnels, et donner des autorisations différentes à leurs utilisateurs.

Les eurodéputées Karima Delli et Michèle Rivasi (écologistes) concluent que « Ce rapport est dans la droite ligne des préoccupations écologistes, et appelle clairement à l’interdiction des survols des zones nucléaires mais aussi des zones chimiques à risque. Nous avons de plus obtenu la garantie d’une protection efficace des données de l’ensemble des citoyens européens afin que la liberté de chacun soit assurée« .

La législation est pourtant claire sur ce sujet. Le survol de zone publique, industrielle est déjà interdite ou faisant face à des règles très précises. Dans une commune, par exemple, seul un arrêté municipal peut autoriser, ou non, le survol d’un drone.

Nouvelle loi en Russie impose la sauvegarde de toutes les données

Internet – Collecte de données obligatoire pour les entreprises Russes.

Une nouvelle loi russe, adoptée mardi 1er septembre 2015, oblige les entreprises à stocker les données qu’elles recueillent sur les citoyens russes. Des données collectées officiellement sur le territoire Russe. La nouvelle loi a créé de l’incertitude chez les entreprises et suscite des craintes sur la surveillance et la vie privée. D’autant qu’un site Internet russe qui reçoit des visiteurs de France, Chine ou États-Unis collectera et sauvegardera aussi les dites données.  La loi russe pourrait impacter plus d’un million d’entreprises locales. Certains experts craignent que cette nouvelle législation soit une tentative du gouvernement russe d’accéder à des informations personnelles à des fins de sécurité et de surveillance. Un détail loin d’être négligeable qui a du effleurer l’esprit de Vladimir Poutine ! [FT]

La Chine renforce sa loi dédiée au cyber crime

La Chine vient va promulguer une nouvelle loi dédiée à la cyber sécurité. Pékin veut plus de coopération internationale pour contrer les pirates et renforcer ses moyens de réponse.

Le gouvernement Chinois a décidé de prendre le taureau par les cornes et souhaite arrêter les pirates qui, via son sol, attaqueraient toute la planète. Bref, Pékin en a marre d’être montré du doigt par les Etats-Unis et autres gouvernements du monde qui l’accusent d’orchestrer des attaques numériques. L’Assemblée Populaire Nationale (APN) a adopté cette nouvelle loi cyber défense. Zheng Shuna, vice-présidente de la Commission des affaires législatives de l’APN a indiqué que cette la loi était nécessaire car « la situation de la sécurité nationale de la Chine était de plus en plus difficile« . Cette nouvelle législation indique vouloir « développer la sécurité des informations rentrantes et sortantes du pays ; le renforcement des capacités scientifique de la Chine, ainsi que le renforcement de la coopération internationale« . Un moyen aussi pour la Chine de renforcer le contrôle des logiciels rentrant sur son territoire.

Pendant ce temps…

Les pirates chinois soupçonnés du piratage de milliers de dossiers de fonctionnaires de l’Oncle Sam auraient, aussi, mis la main sur les dossiers personnels d’agents du FBI. Une fuite qui pourrait avoir des implications de sécurité nationale. 35.000 agents fédéraux américains travaillent pour le FBI.

Le Sénat a adopté les conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif au renseignement

Au cours de la séance du 23 juin 2015, le Sénat a adopté les conclusions de la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi relatif au renseignement. La CMP avait adopté plusieurs dispositions dans la rédaction issue des travaux du Sénat.

Ainsi, les dispositions du Sénat visant à garantir les libertés publiques ont été maintenues. Il s’agit notamment de la définition du respect de la vie privée qui implique le secret des correspondances, protection des données personnelles et l’inviolabilité du domicile ; la possibilité pour toute personne souhaitant vérifier qu’aucune technique de renseignement n’est mise en oeuvre de manière irrégulière à son encontre de saisir la CNCTR (Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement) sans avoir à démontrer un “intérêt direct et personnel” à agir ; – la limitation à deux mois de la durée d’autorisation de mise en oeuvre des techniques particulières de renseignement portant sur les données de connexion ; la possibilité pour le Conseil d’Etat de statuer en référé en premier et dernier ressort dans le cadre de contentieux sur la mise en oeuvre des techniques de renseignement.

En outre, l’administration pénitentiaire ne pourra pas utiliser les techniques de recueil de renseignement et la computation du délai de conservation des renseignements se fera à partir du recueil de la donnée et non de son exploitation. En commission mixte paritaire, sénateurs et députés se sont accordés sur le délai de conservation des données recueillies par les techniques de renseignement, fixé à 30 jours pour les interceptions de correspondances, à 120 jours pour les renseignements collectés dans le cadre de la captation d’images ou de données informatiques, à quatre ans pour les données de connexion et à six ans pour les données cryptées.

En séance, lors de la lecture des conclusions de CMP, le Sénat a adopté l’amendement n° 8 du Gouvernement qui supprime une disposition adoptée par la commission mixte paritaire et qui prévoyait que le Premier ministre pouvait autoriser le recours aux techniques de renseignement sans avis préalable de la CNCTR lorsque leur mise en œuvre ne concerne ni un Français, ni un résident habituel en France.

Ce texte sera adopté définitivement si l’Assemblée nationale adopte les conclusions de la commission mixte paritaire dans les mêmes termes le 24 juin 2015.

Le Parti Pirate dénonce la surveillance généralisée

Le Parti Pirate s’inquiète fortement de l’adoption mardi 10 décembre par le Sénat de la loi de programmation militaire et en particulier des articles 13 et suivants, relatifs à la surveillance. Il appelle à manifester samedi 21 décembre à 15h place de la République à Paris pour dénoncer les dérives des démocraties et honorer les lanceurs d’alertes et tous celles et ceux qui résistent.

La loi de programmation militaire contient en effet pour nous Pirates une atteinte grave aux libertés individuelles en France, qui n’est pas sans rappeler les mesures « d’exceptions » votées aux États-Unis qui durent depuis plus de douze ans. Elle élargit sensiblement les pouvoirs des services de renseignement en omettant sciemment toute garantie démocratique et juridique.

En effet, les administrations pourront désormais surveiller n’importe qui sans autre prétexte qu’une vague suspicion de délit, se permettant ainsi d’écouter les conversations, de surveiller les déplacements et de manière générale, d’épier et d’enregistrer sans limite nos moindres mots, faits et gestes sans même la consultation d’un magistrat. Délibérément flou, ce texte permet au gouvernement de placer tout citoyen dans un état de surveillance permanent.

Cette loi s’inscrit dans la continuité des lois LOPPSI, grâce auxquelles l’État a pu mettre en place en France, de vastes réseaux de vidéosurveillance dont de récentes affaires nous ont largement démontré l’inutilité en matière de sécurité du public. Ainsi, sacrifiant les libertés individuelles sur l’autel de la paranoïa sécuritaire, le gouvernement français suspecte les citoyens qu’il a le devoir de protéger. Cette loi en rend caduque une autre qui, pourtant, a été si fondamentale qu’elle est longtemps aller « sans dire » : Article 9 du code civil : « Chacun a droit au respect de sa vie privée. »

« Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. […] Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers. » Montesquieu, L’Esprit des Lois.

Même son de cloche pour la Quadrature du net. Une grave atteinte aux libertés et aux droits fondamentaux entérinée au Parlement. Malgré l’importante mobilisation citoyenne et les nombreuses critiques [1] exprimées à son encontre, le Sénat vient d’adopter le projet de loi [2] relatif à la programmation militaire et ses dangereuses dispositions sans aucune modification. Cette adoption conforme par les sénateurs met un terme au travail parlementaire sur ce texte : seul le Conseil constitutionnel peut à présent empêcher l’application de ces dispositions attentatoires aux libertés fondamentales des citoyens. La Quadrature du Net appelle solennellement les parlementaires à déposer une saisine du Conseil constitutionnel pour que ce dernier se prononce sur la conformité de cette loi à la Constitution. ***

En adoptant le projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 2014 à 2019 sans aucune modification, les sénateurs viennent de mettre un terme aux travaux législatifs du Parlement sur ce dossier. Malgré les nombreux avertissements exprimés tant par les organisations citoyennes [3] que par des autorités publiques [4], le texte adopté aujourd’hui permet :
– la capture en temps réel d’informations et de documents (qui « peuvent être recueillis sur sollicitation du réseau et transmis en temps réel par les opérateurs aux agents mentionnés ») auprès aussi bien des hébergeurs que des fournisseurs de service.
– de requérir ou capturer des « informations ou documents traités ou conservés par leurs réseaux ou services », et non plus seulement des données de connexion.
– l’élargissement de la liste des administrations qui peuvent requérir ces interceptions ou captures, par exemple au ministère de l’économie et du budget.
– l’élargissement des finalités de ces mesures à la sauvegarde du « potentiel scientifique et économique de la France » et à la prévention « de la criminalité ou de la délinquance organisées ».

À ce stade de la procédure, seul le Conseil constitutionnel peut encore empêcher l’application de ces mesures ouvrant la porte à une surveillance généralisée des informations et communications sur Internet. Celui-ci ne pourra examiner la constitutionnalité du texte adopté cet après-midi qu’avec une saisine de 60 parlementaires, du Premier Ministre, ou du Président de la République. La Quadrature du Net appelle solennellement les élus des deux chambres du Parlement à entendre l’appel des citoyens, et à déposer au plus vite une demande de contrôle de constitutionnalité.

« Dans le contexte des révélations d’Edward Snowden sur l’espionnage massif et généralisé des citoyens, il est choquant de voir le Parlement adopter un texte qui entérine l’état d’exception et permet de violer la vie privée des citoyens. Les élus doivent entendre l’appel de la société civile et saisir le Conseil constitutionnel avant l’application de ces mesures attentatoires aux libertés fondamentales » déclare Philippe Aigrain, cofondateur de La Quadrature du Net.

* Références *
1. https://www.laquadrature.net/fr/pcinpact-surveillance-du-net-deluge-de-contestations-contre-le-patriot-act-francais
2. http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0251.asp
3. Par exemple par l’AFDEL, la Fédération internationale des droits de l’Homme, ou La Quadrature du Net.
4. Notamment par le Conseil National du Numérique et la CNIL.

Des mesures renforcées pour la lutte contre la cybercriminalité

Une nouvelle directive européenne (n° 2013-40/UE du 12 août 2013) relative aux attaques contre les systèmes d’information est entrée en vigueur le 3 septembre 2013. Elle remplace et renforce une décision-cadre du Conseil de l’Union (2005/222/JAI) du 24 février 2005, qui avait déjà pour principal objectif de renforcer la coopération entre les autorités judiciaires des Etats membres grâce à un rapprochement de la législation pénale sanctionnant la cybercriminalité. Donatienne Blin, avocat au département Informatique & réseaux de Courtois Lebel, explique quelles vont être ces nouvelles règles. Les attaques contre les systèmes d’information constituent une menace croissante au sein de l’Union et plus généralement à l’échelle mondiale. Les progrès technologiques permettent aux hackers de construire des méthodes de plus en plus sophistiquées, susceptibles de provoquer des dommages économiques considérables : interruption de l’activité de l’entreprise, perte ou altération de données confidentielles ou personnelles…

L’existence de lacunes et de disparités dans les différentes législations des Etats membres en matière d’attaques contre les systèmes d’information risque d’entraver la lutte contre la cybercriminalité et de ralentir la coopération policière et judiciaire européenne. La directive 2013-40/UE renforce donc les mesures mises en place par la décision-cadre de 2005, avec pour objectif de lutter plus efficacement contre les attaques informatiques au niveau européen. En synthèse, la directive fixe les règles minimales concernant la définition des infractions pénales et les sanctions pénales applicables et améliore la coopération entre les autorités compétentes des Etats membres.

Les infractions pénales mieux définies S’agissant de la mise en place de « règles minimales », on citera :

I – L’adoption de définitions communes s’agissant des éléments constitutifs des infractions pénales suivantes (Art. 3 à 6) :

– accès illégal à un système d’information  – atteinte illégale à l’intégrité d’un système

– atteinte illégale à l’intégrité des données  – interception illégale de ces données ;

II – l’incrimination de la production, de la vente et de l’obtention des outils (programmes) ou dispositifs (code d’accès) conçus pour commettre l’une de ces infractions précitées  (Art.7) ;

III – l’incrimination du fait « d’inciter à commettre » lesdites infractions, d’y participer ou de s’en rendre complice (Art. 8) ;

DSB – le principe de « sanctions effectives, proportionnées et dissuasives » à mettre en place par les Etats membres : des peines d’emprisonnement minimum sont imposées par la directive (Art.9) ;

V – la présence de circonstances aggravantes en cas d’attaque de grande ampleur commise par des organisations criminelles (notamment dans le cas des réseaux dit « zombie »), en cas de préjudice grave, lorsque les attaques sont menées contre une « infrastructure critique » d’un état membre, ou encore en cas d’usurpation d’identité numérique (Art.9) ;

VI – la mise en cause de la responsabilité et la sanction des personnes morales, lorsque les infractions sont commises pour leur compte par toute personne qui exerce un pouvoir de direction (Art.10) ; VII – la responsabilité et la sanction des personnes morales, lorsque « l’absence de surveillance et de contrôle » aura rendu possible l’une des infractions précitées commise pour son compte par ses salariés (Art.10 et 11).

La directive insiste en effet sur le fait qu’il est nécessaire de « garantir des niveaux de protection appropriés contre les menaces et les vulnérabilités pouvant être raisonnablement identifiées » : la responsabilité de la personne morale devra donc être engagée dès lors que celle-ci n’a pas, « de toute évidence », assuré un niveau de protection suffisant contre les cyberattaques commises pour son compte (Considérant 26).

Des dispositions contraignantes pour les entreprises Les dispositions des articles 10 et 11 sont donc particulièrement contraignantes à l’égard des entreprises, à qui il revient d’apporter la preuve de leurs diligences en matière de surveillance et de protection contre les cyberattaques commises par leurs propres salariés.

Pour s’exonérer de leur responsabilité, celles-ci devront donc démontrer cumulativement :

A –  que la vulnérabilité ou la menace ne pouvait pas être raisonnablement identifiée ou anticipée (soit au regard de l’état de l’art, soit au regard des moyens déployés par l’auteur de l’attaque pour dissimuler ses actes au sein de l’entreprise) ;

B – avoir mis en œuvre en interne des mesures préventives, à la fois juridiques (dispositions spécifiques dans la charte informatique par exemple) et techniques (logiciel de surveillance et de contrôle) de protection contre les cyberattaques susceptibles d’être commises par leurs employés.

La coopération entre Etats membres est renforcée S’agissant de la coopération entre Etats membres, la directive prévoit :

A – la mise en place de réseaux de coopération et de partenariat pour permettre l’échange d’informations, destinées à prévenir et à combattre la cybercriminalité ;

B – que les Etats membres doivent désormais disposer « d’un point de contact national opérationnel », et recourir, au niveau européen, au « réseau existant de points de contact opérationnels » (art. 13) ;

C – que ces réseaux devront être disponibles 24h/24 et 7j/7 ; de plus, des procédures pour répondre aux demandes urgentes sous huit heures devront être mises en place par les Etats membres (Art.13).

La France devra transposer les dispositions imposées par cette directive au plus tard le 4 septembre 2015.  Par le Cabinet d’avocats d’affaires français Courtois Lebel pour DataSecurityBreach.fr.

Le Parlement européen ouvre la porte à la répression au nom du droit d’auteur dans TAFTA

La commission « commerce international » (INTA) du Parlement européen a adopté une résolution [1] sur l’accord commercial EU-US proposé –  le “Trans-Atlantic Free Trade Agreement” (TAFTA), aussi appelé le “Transatlantic Trade and Investment Partnership” (TTIP). Continuer la lecture de Le Parlement européen ouvre la porte à la répression au nom du droit d’auteur dans TAFTA