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Hausse des attaques d’ingénierie sociale dans le secteur des services d’assistance informatique en santé

Le ministère américain de la santé et des services sociaux (HHS) a récemment publié une alerte à destination des opérateurs de services d’assistance informatique dans le secteur de la santé, signalant une augmentation notable des attaques d’ingénierie sociale. Ces attaques, particulièrement sophistiquées, visent à détourner des fonds vers des comptes bancaires contrôlés par les attaquants.

Selon le bureau de la sécurité de l’information du HHS et le centre de coordination de la cybersécurité du secteur de la santé, les acteurs de la menace procèdent souvent par appel téléphonique, se faisant passer pour des employés des services financiers de l’entreprise ciblée. Ils parviennent à usurper les numéros de téléphone pour qu’ils affichent un indicatif régional qui semble local.

L’alerte précise que ces individus sont capables de fournir des informations personnelles sensibles validant leur fausse identité, telles que les derniers chiffres du numéro de sécurité sociale et d’autres données démographiques, obtenues via des sites de réseautage professionnel ou des violations de données précédentes.

Exploitation des failles de sécurité

L’attaquant prétend souvent que son téléphone est endommagé et qu’il ne peut ni passer d’appels ni recevoir des jetons de vérification multifactorielle (MFA). Cette même ruse est utilisée, depuis quelques semaines, sur WhatsApp. Des parents reçoivent de leur présumé enfant un message sur WhatsApp leur indiquant un changement de numéro. N’y répondez pas, il s’agit d’un piège.

Pour le secteur de la santé, cette ruse l’amène à convaincre le service d’assistance d’enregistrer un nouveau dispositif pour l’accès MFA, permettant ainsi l’accès non autorisé aux ressources de l’entreprise. Une fois cet accès obtenu, les attaquants redirigent les paiements bancaires vers des comptes sous leur contrôle, avant de transférer les fonds à l’international.

Implications pour la sécurité des informations financières

Les attaquants ciblent ensuite les informations de connexion aux sites des payeurs et modifient les instructions ACH pour que les paiements soient redirigés vers des comptes américains qu’ils contrôlent. Ces actions sont souvent suivies par l’accès aux comptes de messagerie des employés, d’où ils envoient des instructions modifiées aux processeurs de paiement.

Le HHS note que des tactiques similaires ont été utilisées par le groupe de menace connu sous le nom de Scattered Spider lors d’une attaque de ransomware contre une organisation du secteur de l’hôtellerie et du divertissement en septembre 2023. De plus, l’usage potentiel d’outils d’usurpation d’identité vocale basés sur l’IA a été signalé comme une complication supplémentaire dans ces attaques.

Mesures recommandées pour renforcer la sécurité

Pour contrer ces menaces, le HHS recommande plusieurs stratégies de mitigation. Parmi celles-ci, l’utilisation de Microsoft Authenticator et/ou Google Authenticator avec correspondance de numéros pour l’authentification, ne plus utiliser les SMS comme option MFA, la sécurisation de l’enregistrement MFA et SSPR en exigeant une authentification depuis un réseau approuvé, et le blocage de l’accès externe aux fonctionnalités d’administration de Microsoft Azure et Microsoft 365 via une stratégie d’accès conditionnel.

Social Engineering : les cybercriminels profitent de la nature humaine

Les cybercriminels profitent de la nature humaine, révèle l’édition 2016 du rapport Data Breach Investigations Report de Verizon.

L’édition 2016 du rapport Data Breach Investigations Report de Verizon montre que les cybercriminels recourent à des schémas d’attaques familiers et exploitant les failles de la nature humaine, notamment à travers des méthodes de phishing et de ransomware.

Plusieurs tendances remarquées les années précédentes se stabilisent et restent valables, parmi lesquelles :

  • On retrouve des motivations financières ou d’espionnage dans 89% de toutes les attaques
  • Dans la plupart des cas, ce sont des vulnérabilités connues et non corrigées qui sont exploitées, alors que des correctifs existent et sont disponibles depuis des mois voire des années. Les 10 vulnérabilités connues les plus fréquentes se retrouvent dans 85% des cas de compromissions réussies.
  • 63% des compromissions de données avérées sont imputables à l’utilisation de mots de passe volés, faciles à deviner ou de mots de passe par défaut qui n’ont pas été modifiés
  • 95% des cas de compromissions et 86% des incidents de sécurité ont été perpétrés en suivant l’un ou l’autre des neuf scénarios recensés comme les plus fréquents
  • Les attaques par ransomware augmentent de 16% par rapport à 2015
  • Il est navrant de constater que des mesures de défense pourtant basiques font toujours défaut dans de nombreuses entreprises

« Les entreprises, forces de sécurité et organisations gouvernementales font preuve d’une volonté forte de devancer les cybercriminels, et le Data Breach Investigations Report revêt pour cela une importance croissante », commente Chris Formant, président de Verizon Enterprise Solutions. « Les contributions et collaborations rassemblées au sein du DBIR, apportées par des organisations du monde entier, sont plus que jamais nécessaires pour bien appréhender l’état des menaces. Et la compréhension est la première étape de l’action. »

Les pratiques de phishing de plus en plus préoccupantes

Les pratiques de phishing, qui font qu’un utilisateur reçoit un e-mail qui lui apparaît légitime de la part d’une source frauduleuse, se sont nettement intensifiées par rapport à l’an dernier. Ce qui est alarmant, c’est que les messages de phishing ont été ouverts dans 30% des cas, contre 23% dans le rapport 2015, et que dans 13% de ces cas le destinataire a aussi ouvert la pièce jointe ou cliqué sur le lien délétère, provoquant l’activation du malware et ouvrant ainsi les portes aux cybercriminels.

Ces dernières années, le phishing était le scénario d’attaque privilégié du cyber espionnage. Il s’est maintenant généralisé, au point d’entrer dans la composition de 7 des 9 scénarios d’incidents les plus fréquents recensés dans l’édition 2016 du rapport. Cette technique d’une grande efficacité présente de nombreux avantages, dont un délai de compromission très court et la possibilité de cibler des individus et des entreprises spécifiques.

A la liste des erreurs humaines s’ajoutent celles commises par les entreprises elles-mêmes. Ces erreurs, labellisées dans la catégorie « Erreurs diverses », constituent le scénario n°1 des incidents de sécurité dans le rapport de cette année. Dans 26% des cas, ces erreurs impliquent l’envoi d’informations sensibles à la mauvaise personne. Mais on trouve aussi d’autres types d’erreurs de la même catégorie : pratiques inappropriées de destruction des informations internes, mauvaise configuration des systèmes IT, et perte ou vol d’actifs de la société, comme les PC portables et smartphones.

La nature humaine : la base d’une attaque informatique

« On peut dire qu’un sujet central est commun aux constatations de ce rapport : l’élément humain », déclare Bryan Sartin, directeur exécutif de l’équipe Verizon RISK à DataSecurityBreach.fr. « Malgré les avancées de la recherche en sécurité informatique et la disponibilité d’outils et de solutions de cyber détection, nous continuons de déplorer les mêmes erreurs depuis plus de dix ans. Alors que faire ? »

Les chercheurs spécialistes de la sécurité de Verizon soulignent aussi la grande rapidité avec laquelle les cybercriminels perpétuent leurs attaques. Dans 93% des cas, il faut à peine quelques minutes à des hackers pour compromettre des systèmes, et dans 28% des cas ils parviennent à exfiltrer des données en quelques minutes seulement.

Comme pour l’édition 2015 du rapport DBIR, les compromissions de terminaux mobiles et d’objets de l’Internet des objets (IoT) ne sont pas très représentées.  Mais le rapport signale qu’il existe bien des tentatives visant à démontrer la faisabilité de ces compromissions (proof of concept), et que ce n’est qu’une question de temps avant qu’une compromission à grande échelle se produise qui impacte les mobiles et terminaux IoT, ce qui signifie que les entreprises ne doivent pas relâcher leur vigilance en termes de protection des smartphones et des objets de l’IoT.

Il est important de noter également que les attaques d’applications Web sont devenues le vecteur n°1 des cas de compromissions de données, et que 95% des compromissions d’applis Web avaient des motivations financières.

Progression de l’attaque en trois volets

L’édition 2016 du rapport alerte sur le risque d’être victime d’un nouveau type d’attaque en trois volets qui se répète avec une grande régularité. De nombreuses entreprises ont fait les frais de telles attaques :

  • La nature humaine – Envoi d’un e-mail de phishing avec un lien pointant vers un site web malveillant ou une pièce jointe infectée
  • Un malware est téléchargé sur le PC de la victime et il ouvre la voie à d’autres malwares utilisés pour rechercher des informations secrètes et confidentielles à usurper (cyber espionnage) ou pour chiffrer des fichiers en vue de demander une rançon. Très souvent, le malware vole les identifiants d’accès à diverses applications au moyen d’enregistreurs de frappe.
  • Les droits d’accès dérobés servent à s’infiltrer davantage et perpétrer de nouvelles attaques : se connecter à des sites web de tiers, de banque en ligne ou de e-commerce, par exemple.

« L’objectif est de comprendre le mode opératoire des cybercriminels », déclare Bryan Sartin à datasecuritybreach.fr. « C’est en maîtrisant les scénarios des attaques que nous pourrons mieux les détecter, les prévenir et y répondre. » Téléchargez le rapport.

Quand l’escroc informatique se prend pour un mentaliste

Le CERT-FR, cellule gouvernementale en charge de la sécurité informatique des infrastructures étatiques, a constaté une recrudescence de techniques d’ingénierie sociale (Social Engineering) où un escroc se fait passer pour un agent appartenant à un service de support technique.

Comme le rappel le CERT France, deux méthodes principales sont employées pour contacter une victime potentielle. D’abord l’appel à froid « cold call ». L’escroc appelle directement sa victime en prétendant être le technicien d’un service de support informatique. Il utilise alors des techniques d’ingénierie sociale en expliquant à la victime que son ordinateur est sujet à des comportements suspects. Une technique vieille comme le monde. Kevin Mitnick, hacker mythique, s’en était fait une spécialité dans les années 80. En janvier dernier, une société du sud de la France se voyait « détourner » pas moins de 17 millions d’euros via l’ingénierie sociale.

Autre possibilité, la publicité en ligne. Certains pirates utilisent les moteurs de recherche pour référencer de fausses entreprises de support informatique. Un utilisateur à la recherche d’une solution à un problème technique pourra être tenté de rentrer en contact avec ces fausses sociétés. La victime mise en confiance est incitée à payer pour une assistance ou un produit. Dans certains cas, le prétendu technicien peut faire installer à l’utilisateur ciblé des logiciels de prise de contrôle à distance (tel que LogMeIn) sur ses équipements.

Depuis peu, le même type d’escroquerie a été constaté pour les terminaux mobiles. Le manque de connaissances, de formations, d’informations et la naïveté des victimes permet aux voleurs de prendre le contrôle de l’ordinateur, de la connexion ou d’un terminal. Nous vous parlions, l’année dernière, de faux antivirus commercialisés en Belgique. « Un technicien de support informatique légitime, explique le CERT France, n’est pas censé amener l’utilisateur à installer un quelconque outil supplémentaire sur un poste de travail, ni à lui demander d’identifiants et de mots de passe d’authentification« .

Pour s’en protéger, il suffit de faire preuve de la plus grande prudence vis-à-vis des appels téléphoniques provenant de services de support alors que ceux-ci n’ont pas été sollicités. Ne pas hésiter à être « paranoïaque et solliciter, dans un cadre professionnel, uniquement les services de supports internes à l’entreprise ou à l’organisation.

 

 

Méfiez-vous de l’ingénierie sociale, l’outil préféré des escrocs

L’ingénierie sociale est sournoise car elle exploite notre tendance naturelle à vouloir nous rendre utile. Les escrocs peuvent également jouer sur les émotions humaines, telles que la peur et la compassion. Voici quelques astuces employées par les escrocs pour soutirer des informations confidentielles, et comment vous en protéger. Vous êtes au bureau et un électricien vient résoudre un problème, ou votre téléphone sonne et c’est votre FAI qui vous informe d’un problème avec votre compte.

C’est dans la nature humaine de coopérer, non ? Vous laissez l’électricien entrer et le laissez faire ce qu’il doit faire. Vous répondez aux questions posées par le représentant du service clientèle afin de vérifier votre identité. Malheureusement, au lieu de vous rendre utile, vous êtes désormais victime de l’ingénierie sociale. L’électricien a installé un routeur pirate ou des caméras de surveillance dans votre bureau. Le faux représentant du service clientèle connaît vos données personnelles, les informations de votre compte ou encore votre numéro de carte bancaire.

L’ingénierie sociale désigne les techniques utilisées par des individus pour conduire d’autres individus à effectuer certaines tâches ou révéler certains types d’information. Les cybercriminels et les voleurs profitent du désir humain naturel de se rendre utile et de croire ce que les gens disent. Ces escrocs n’ont pas besoin d’employer de techniques de piratage sophistiquées ni de logiciels malveillants exploitant une vulnérabilité logicielle, quand il leur suffit simplement d’envoyer une pièce jointe malveillante par email et demander au destinataire d’ouvrir le fichier.

L’ingénierie sociale n’est pas quelque chose de nouveau ; les escrocs et leurs escroqueries élaborées ont existé de tout temps. Ce qui est nouveau, c’est la quantité d’information que les escrocs peuvent recueillir sur leurs victimes ciblées avant même d’attaquer. Grâce aux réseaux sociaux, ils peuvent trouver toutes sortes d’information, par exemple le lieu de travail de leurs victimes ciblées, les noms de leurs collègues, l’école où elles ont étudié, et même le dernier endroit où elles sont parties en vacances. Ils peuvent déterminer l’organigramme de l’entreprise ou les types de logiciels qu’elle utilise. Ils peuvent exploiter toutes ces informations pour convaincre une victime qu’ils disent la vérité.

Il est dans la nature humaine d’aider
Defcon, la plus grande conférence de pirates, organise tous les ans une compétition de type « capture du drapeau » en s’aidant de l’ingénierie sociale. Les participants ont quelques semaines pour étudier une société ciblée. De grandes entreprises telles qu’Apple, Johnson & Johnson et d’autres, ont été ciblées les années précédentes. Le jour de la compétition, les concurrents entrent dans une cabine, appellent une personne de la société, et tentent de lui faire révéler des « drapeaux », tels que la version du navigateur utilisé dans l’entreprise ou le type de logiciel installé sur son ordinateur. Les candidats prétendent généralement être des collègues d’un autre bureau essayant de recueillir des informations pour le PDG, et avoir vraiment besoin d’aide parce qu’ils sont complètement dépassés. La plupart du temps, les gens veulent aider et proposent librement des informations.

La peur est lucrative
Les escrocs sont passés maîtres de l’alarmisme. Une escroquerie courante consiste à appeler de la part d’un service d’assistance technique ou similaire en raison d’un problème sur l’ordinateur de l’utilisateur. L’appelant demande à l’utilisateur de taper quelques commandes standard sur l’ordinateur et explique que le résultat obtenu témoigne de la présence de programmes malveillants ou d’autres problèmes graves. À ce stade, l’utilisateur est convaincu que quelque chose ne va pas bien et communique son numéro de carte bancaire au « représentant » pour résoudre le problème.

Vérifiez vérifiez, et vérifiez encore
Si quelqu’un appelle en prétendant être d’une qualité officielle, demandez des preuves. Demandez un numéro de poste afin de pouvoir rappeler cette personne. Si la personne prétend être un employé d’un autre bureau ou d’un fournisseur, demandez une information vous permettant de confirmer son identité. S’il s’agit d’un policier, demandez son numéro de badge. Si ces personnes sont légitimes, elles vous fourniront les informations demandées sans hésitation. Ne cédez pas à la pression « vous avez quelques minutes pour agir ». Vous avez toujours le temps de réfléchir et de vérifier.

Méfiez-vous toujours des situations dans laquelle vous êtes activement contacté au sujet d’un problème. Aucune entreprise légitime ne vous demandera votre mot de passe, et le gouvernement enverra toujours une lettre pour les communications officielles. Et si vous recevez soudainement un appel d’un ami ou d’un parent prétendant être bloqué dans un pays étranger et ayant besoin que vous leur envoyez de l’argent au plus vite, ne leur faite pas simplement confiance parce qu’il ou elle connaît le nom de vos frères et sœurs ou le nom de votre chien.

Soyez conscient de ce que vous communiquez en ligne, et réglez les paramètres de contrôle de votre confidentialité. Il existe certaines informations que vous ne devriez jamais communiquer en ligne, telles que votre mot de passe, les réponses aux questions de sécurité (comme le nom de jeune fille de votre mère) ou votre numéro de sécurité sociale. Vous pouvez toujours vous rendre utile, mais prenez le temps de douter et de tout évaluer. Une petite dose de scepticisme n’a jamais fait de mal, et peut faire une énorme différence lorsqu’il s’agit de cybercriminalité. (Par Thierry Karsenti, Directeur Technique Europe – Check Point Software Technologies)

 

Social engineering à 17 millions d’euros

Plusieurs entreprises françaises ponctionnées de centaines de milliers d’euros via des pirates informatiques adeptes du social engineering. Le social engineering est vieux comme le monde. L’étude sociale d’une cible permet de tout connaitre sur sa vie afin de réussir à lui extraire des informations, des secrets ou tout simplement de l’argent.

Plusieurs entreprises du sud de la France viennent de vivre cette mauvaise aventure. Elles ont été ponctionnées de 800.000 à … 17 millions d’euros. Toujours la même méthode. Les escrocs récoltent des centaines d’informations sur l’entreprise, les collaborateurs : adresses, emails, photos, … L’idée, faire une parfaite cartographie de la cible. Dans la police, cette technique est baptisé « faire l’environnement ».

Une fois les informations en main, Google, Facebook et le web sont de précieux alliés dans ce genre d’escroquerie, les voleurs n’ont plus qu’à faire croire à une transaction qui doit rester secrète. Un mensonge qui peut prendre plusieurs semaines, mais qui semble payant !

La juridiction interrégionale spécialisée de Bordeaux (Jirs) est sur les dents et tente de remonter la piste. Le journal Sud-Ouest indique que les voyous font virer l’argent sur des comptes de transit, à Chypre, au Danemark ou en Lettonie. Ensuite, des petites mains, des « mules », retirent l’argent pour le renvoyer en Chine et en Israël. La Jirs, quand elle est alertée à temps, semble pouvoir bloquer l’attaque. Dans l’affaire des 17 millions, une partie de la somme a pu être récupérée.