Archives de catégorie : DDoS

Citadel, WinSpy, Zeus … La fuite du code source de Citadel annonce des jours sombres sur Internet ?

Citadel, WinSpy, Zeus … La fuite du code source de Citadel annonce des jours sombres sur Internet ? Il nous aura fallu pas moins de 4 jours pour décortiquer le contenu d’un fichier zip dédié au code malveillant Citadel. 1.9 Go de données diffusées sur certains espaces underground russes.

Un fichier zip comprenant le code source de l’outil pirate Citadel mais aussi des dizaines d’autres outils pirates et malveillants. Nous ne parlons pas de l’analyse technique, qui demande beaucoup trop de ressources, mais uniquement de chaque code source, images, textes, exécutables.

Deux gros dossiers. Le premier avec les codes source de Citadel (source builder plugins). Un seconde dossier, comportant 57 répertoires (ayant eux mêmes des centaines de codes, outils, …) et 53 fichiers rar ou bruts de décoffrage avec autant de la malveillance numérique à revendre.

Un monstre informatique proposant Loader Hook (un keylogguer) ; Zeus 2.0.8.9 ; WinSpy 17 sans parler de mystérieux fichiers textes traitant d’un certain Igor. Sans parler de cet outil qui permet d’envoyer des SMS via Skype, sans parler de ces outils d’OCR capable de retranscrire les textes vues à l’écran ou dans de simples images ; un pack dédié à BitCoin ou encore des exploits pour Windows Seven. A noter aussi une série de ver, des worms (comme Blacj JW, ndlr zataz.com) avec code source et exécutables.

Citadel, WinSpy, Zeus … La fuite du code source de Citadel annonce des jours sombres sur Internet ? L’augmentation des attaques constatées ces derniers jours n’annonce rien de bon cet été !

Le pirate de SpamHaus arrêté dans un bunker informatique

La police espagnole aurait arrêté l’auteur du piratage informatique de SpamHaus, un informaticien de 35 ans. Jeudi dernier, la police espagnole a arrêté un informaticien Néerlandais de 35 ans,  Sven Olaf Kamphuis, accusé d’être l’auteur du piratage informatique ayant visé SpamHaus. Un DDoS d’une telle ampleur que certains experts expliquaient que l’Internet avait ressenti, un peu, la secousse numérique malveillante.

Arrêté à son domicile de Granollers, banlieue de Barcelone, la police ibérique explique être tombé dans une maison transformée en véritable bunker informatique. L’homme a été présenté au tribunal de Madrid. Placé en prison, il attend son extradition vers les Pays-Bas. Une enquête internationale avait été lancée après ce Déni Distribué de Service ressenti aux USA, aux Pays-Bas et Royaume Uni. Une fiche Europol avait été lancée contre Sven Olaf Kamphuis. L’homme se déplaçait dans une camionnette qu’il utilisait comme un bureau informatique mobile. A première vue, le pirate a cru jouer au plus malin avec une tentative de Social Engineering bancale.

La police espagnole a expliqué qu’il s’était d’abord présenté comme un diplomate, puis comme le ministre des Télécommunications et des Affaires étrangères de la république Cyberbunker. Dans ce « bunker » (sic!), deux ordinateurs portables et des disques durs ont été saisis. Bref, pas de quoi crier à la cyber guerre ! Vous remarquez la photographie du présumé pirate, arborant le tee-shirt du Parti Pirate. Autant dire que l’amalgame est intéressant à visionner.

Cyber-attaques d’entreprises : de plus en plus d’inquiétude

Datasecuritybreach.fr a reçu une étude indépendante, commandée par Corero Network Security, leader mondial des systèmes de défense contre les attaques par déni de service (DoS/DDoS) et les intrusions en première ligne de défense, qui indique que les entreprises redoutent plus que jamais de devenir la cible d’attaques par déni de service distribué (DDoS).

Cette enquête réalisée auprès d’entreprises britanniques révèle que 41% des responsables informatiques sont « très » ou « extrêmement » préoccupés et craignent d’être victimes d’une attaque, contre 29% en 2012. Réalisée par l’Institut de sondages Vanson Bourne, l’enquête compare l’attitude de 100 moyennes et grandes entreprises, au cours des deux dernières années. Ce sondage dévoile également que le nombre d’entreprises ayant eu à faire face à des attaques a atteint 25% en 2013, contre 18% en 2012. Les responsables informatiques du secteur financier sont les plus inquiets. Actuellement, 56% d’entre eux expriment un niveau de préoccupation élevé ou extrême contre 28% l’année dernière.

Une impression de protection trompeuse 31% des personnes interrogées disent avoir déjà mis en place une technologie anti-DDoS spécialisée. 36% déclarent ne compter que sur leur pare-feu pour les protéger des attaques DDoS et ne projettent pas d’accroître leur protection. Par contre, 24% disent avoir l’intention d’acquérir une technologie anti-DDoS spécifique en plus du pare-feu en place.

Les analystes s’accordent à penser que les entreprises estiment être protégées contre les attaques ciblées comme les DDoS, alors qu’en fait, elles se réfèrent à des technologies de sécurité traditionnelles. Il semblerait que beaucoup comprennent l’évolution des menaces actuelles mais surestiment leur propre capacité à les contrer.

Fun, argent et espionnage Une évolution majeure par rapport au sondage de l’année dernière, porte sur les motivations des attaques. En 2012, les motifs politiques ou stratégiques étaient le plus souvent invoqués. C’était la principale motivation pour 33% des personnes interrogées. En 2013, 36% des sondés estiment également que c’est « juste pour rire ». Cependant, les motivations varient radicalement d’un secteur économique à l’autre. Les secteurs de la distribution et des finances considèrent que l’extorsion d’argent est la motivation principale des attaques, le secteur industriel pour sa part invoque unanimement les raisons politiques. Une autre conclusion intéressante de l’enquête est la variété des attaques ciblées et leur sophistication croissante. 33% des attaques ciblées sont des attaques DDoS de la couche applicative, 37% des attaques volumétriques et 30% des attaques d’un autre type ou des attaques zero-day. Emmanuel Le Bohec, Regional Manager de Corero Network Security en France, commente à Data Security Breach : « Il est intéressant de noter qu’en dépit de l’augmentation significative de protection contre les attaques par déni de service au cours de l’année passée, les responsables informatiques redoutent plus que jamais la menace d’une attaque. Il ressort en outre clairement de cette enquête que les responsables IT n’appréhendent toujours pas la variété et la sophistication des attaques DDoS ainsi que les risques pris par leurs entreprises en faisant confiance à leur seul pare-feu pour les protéger. »

Cyber-attaques : la menace s’amplifie, la résistance s’organise

Dire que les attaques par DDoS (Déni de Service Distribué) sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves est une lapalissade. La menace est diffuse, souvent discrète, mais bien réelle. La gravité du phénomène est difficile à cerner avec précision, mais on peut affirmer que la plupart des grandes entreprises et administrations ont subi des intrusions. Plusieurs études révèlent en effet que 65 à 70 % des entreprises ont été victimes de cyber-attaques ciblées en 2012. Une enquête de Ponemon Institute aux Etats-Unis dévoile que l’année dernière, les deux tiers des banques et entreprises du secteur financier  ont été frappées par des attaques DDoS. Pourtant, seules 17% d’entre elles se disent bien protégées.

L’alerte est donnée Autrefois, servant exclusivement dans les tentatives d’intrusion pour désactiver des équipements réseau ou sécurité, puis plus récemment utilisées comme moyen d’expression idéologique par les Anonymous – bien que ce but annoncé puisse parfois laisser dubitatif – les cyber-attaques apparaissent désormais comme un problème beaucoup plus grave et plus global, devenu surtout géopolitique et économique. Bien que peu d’entreprises admettent encore publiquement en être la cible, certains éléments montrent qu’il s’agit d’un phénomène généralisé. La question est assez préoccupante pour que l’administration américaine ait donné l’alerte et milite activement pour une meilleure protection des infrastructures du pays En effet, les États-Unis, particulièrement concernés, prennent la chose très au sérieux. Les responsables des services de renseignement ont récemment fait part au Sénat de la vulnérabilité de la nation face au cyber-espionnage, au cyber-crime et à la destruction des réseaux informatiques, à la suite d’attaques menées par certains états, par les cyber-terroristes, les cybercriminels ou encore les hacktivistes. En France, on note un certain retard de prise de conscience de la menace malgré l’alerte donnée par Jean-Marie Bockel et la montée en puissance de l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI), appartenant aux services du Premier Ministre. Dans son rapport, le sénateur critique les moyens alloués par l’Etat pour se défendre contre des attaques informatiques de grande ampleur et contre une cyber-guerre. On ne peut que s’inquiéter de cette situation. Bercy, l’Elysée – tout comme des institutions publiques de plusieurs pays – n’ont-ils pas déjà été l’objet d’attaques ?

Le risque du chaos La lutte contre les cyber-attaques s’inscrit dans une conception globale de défense. Elle est aujourd’hui devenue prioritaire, au même titre que la lutte contre le terrorisme ou la prolifération nucléaire, et tout ce qui risque de mettre en cause la sécurité nationale. La remise prochainement au gouvernement du Livre blanc « Sécurité & Défense 2013 » insiste bien, à la fois sur cette nécessité et sur le retard pris par la France. Des mesures de protection propres aux activités socio-économiques doivent être prises, tout comme elles le sont pour la sécurité du territoire ou la garantie des institutions. Cela devrait se traduire en particulier par la prise de dispositions rendant obligatoire la mise en place d’outils de sécurité sur les systèmes d’information. L’attaque des systèmes d’information ne pourrait-elle pas conduire à la prise de commande des organes vitaux de la Nation, via les fameux Opérateurs d’Importance Vitale (OIV), menant au chaos dans les transports, l’énergie, la distribution, les médias et la finance ? Cette éventualité est prise très au sérieux et ne relève pas d’un scenario de film catastrophe.

Data Securit Breach se pose la question : Mensonge ou aveuglement ? Devons-nous craindre un manque de moyens de défense face à la multiplication des agressions subies par les entreprises ? On observe une lente mobilisation des Etats et une prise de conscience encore très limitée des entreprises dans le monde. Beaucoup, lorsqu’elles n’y sont pas obligées, ne signalent pas les attaques qu’elles subissent, craignant pour leur image. Ce qui est potentiellement dangereux pour leurs clients, leurs partenaires… et tous ceux qui échangent régulièrement avec elles. La prise de conscience n’est pas partagée par tous et le déni des attaques s’apparente à l’aveuglement, allant même jusqu’au mensonge sur la gravité des faits.

Aux Etats-Unis, les 27 plus grandes entreprises américaines cotées en bourse, ont nié avoir enregistré des pertes financières importantes à cause des attaques subies. Cela est contraire aux affirmations des autorités fédérales américaines pour lesquelles des milliards de dollars de secrets confidentiels ont été dérobés par ce biais. Le décalage s’explique. Les sociétés déclarent qu’elles ont été attaquées mais minimise les conséquences.

Le rapport Bockel préconise également l’obligation de déclarer les attaques importantes du système d’information. Informer qu’on a été attaqué est sans aucun doute une démarche responsable. Bien qu’elles soient encore trop peu, on note que de plus en plus d’entreprises prennent vraiment conscience des dangers du piratage informatique, en révélant les tentatives des hackers pour infiltrer leurs réseaux et dérober des données sensibles. C’est le cas par exemple d’EADS et ThyssenKrupp, qui selon Der Spiegel ont été les cibles, l’année dernière, de cyber-attaques venues de Chine. Officiellement, EADS confirme qu’il s’agit d’une « attaque standard » sans conséquence. Mais pour l’hebdomadaire allemand, la cyber-attaque a été jugée suffisamment importante pour que le groupe aéronautique et aérospatial civil et militaire alerte le gouvernement allemand.

Le cyber-espionnage s’amplifie Les attaques DDoS augmentent en fréquence mais aussi en gravité. Au-delà des attaques impliquant un très gros débit, ce sont surtout les attaques par déni de service applicatif qui ont le vent en poupe. Plus faciles à mettre en œuvre, plus discrètes, elles n’en sont pas moins dévastatrices et représentent désormais entre 60 et 80% des attaques, selon les études. Et la tendance ne semble pas prête à s’inverser. Mais le plus important est de comprendre que les attaques par déni de service, quel que soit leur type, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. L’attaque vise en réalité à pénétrer le réseau de l’entreprise-cible. D’ailleurs, les entreprises sont les premières visées car détentrices de brevets, de données personnelles, financières, géographiques, météorologiques, sanitaires… Et, chaque attaque par déni de service majeure a donné lieu par la suite, à une seconde vague prenant la forme d’une divulgation d’informations volées au moment de l’attaque. Comme si, au cas où les effets du DDoS n’auraient pas été suffisamment remarqués et la réputation de l’entreprise entachée, l’attaquant voulait s’assurer que ses actions éclatent bien au grand jour et soient révélées au plus grand nombre. Chaque entreprise, PME ou grand compte, est une cible potentielle pour les criminels informatiques. A la demande de Corero Network Security, le Ponemon Institute a mené une enquête. 650 professionnels de l’informatique et de la sécurité, représentant 351 banques dont les plus importantes au monde, ont été interrogés. Il s’avère que 64% des professionnels sondés révèlent que leur banque a subi de multiples attaques DDoS en 2012 et 78% d’entre eux s’attendent à ce que le phénomène persiste voire s’amplifie. Les attaques DDoS et les attaques zero-day –  qui exploitent une vulnérabilité jusqu’alors inconnue – sont les menaces les plus graves. On observe d’ailleurs de plus en plus la combinaison des deux. Une personne sur deux interrogées dans le cadre de l’enquête, déclare que la pénurie de personnels compétents, le manque de technologies de sécurité efficaces et l’insuffisance de ressources budgétaires sont les obstacles majeurs qui empêchent de contrer les attaques par déni de service distribué.

Toute entreprise connectée à Internet peut subir une attaque DDoS. Pourtant, on s’aperçoit avec inquiétude que la grande majorité des organisations compte sur des solutions inefficaces (parce que non conçues pour cela) comme les anti-virus et les pare-feu pour se protéger contre ces attaques par DDoS.

Chaque technologie doit pouvoir jouer son rôle Face à ce danger omniprésent, l’inquiétude est légitime. Nos entreprises sont-elles bien préparées à contrer les attaques de nouvelle génération ? Font-elles les bons choix techniques et stratégiques de défense ? Des solutions nouvelles existent pour résister à la déferlante des attaques DDoS, des attaques ciblées, des botnets, des attaques force-brute et empêcher la fuite et le vol de données. Datasecuritybreach.fr vous rappelle qu’il s’agit d’unités qui filtrent les flux et éliminent le trafic de l’attaque avant qu’il ne frappe le réseau et sans que le trafic légitime ne soit ralenti ou bloqué. Parce que les attaques DDoS visent de plus en plus fréquemment la couche applicative du système d’information, une nouvelle approche est nécessaire pour se défendre. La technologie traditionnelle des pare-feu, proxies et IPS détectant sur signatures, n’a pas été conçue pour arrêter les attaques visant la couche applicative et cherchant à simuler des acteurs légitimes. Les attaquants le savent.

De plus, l’attaque par DDoS n’est parfois qu’une diversion pour pénétrer sur le réseau et effectuer une invasion plus insidieuse. Pour ce faire, les pirates ciblent le pare-feu, mis en place par l’organisation pour se protéger et qu’ils utilisent contre elle ! Aussi convient-il de disposer une première ligne de défense – moyen simple pour bloquer le trafic indésirable avant qu’il n’atteigne le pare-feu et l’IPS – laissant ces derniers faire le travail pour lequel ils ont été conçus. Pourquoi s’en priver ? Les attaques n’arrivent pas qu’aux autres. Par Emmanuel Le Bohec, pour Data Security Breach, Regional Manager chez Corero Network Security.

Vers une Union européenne de la Sécurité Informatique …

Est-il temps d’inventer une « échelle de Richter » des incidents de sécurité ? Alors qu’un projet de Directive a été présenté par Neelie Kroes, commissaire européenne chargée de la société numérique et au moment où le Conseil et le Parlement européens doivent discuter de ce nouveau texte, François Lavaste, Président de NETASQ, acteur de la sécurité informatique revient pour DataSecurityBreach.fr sur cette nouvelle directive.

L’objectif de cette nouvelle Directive européenne vise à renforcer le niveau de sécurité des systèmes d’information européens et ce, de façon homogène. Au programme, la mise en place, dans chaque état membre, d’une infrastructure complète en matière de cybersécurité et une obligation de notification des violations de la sécurité des données personnelles sur 6 secteurs « cibles » qui sont les services financiers, les services internet clés, l’énergie, la santé, les transports et les administrations publiques.   Alors que l’on pouvait s’attendre, par exemple, à une obligation visant à inciter les éditeurs de logiciels à « patcher» les codes défectueux, ou à des obligations pour les acteurs de la filières de mettre en place des mesures de prévention ou de sensibilisation en matière de sécurité des données et des systèmes, le texte ne prévoit, a priori, rien sur ces sujets pour le moment. « Les États membres veillent à ce que les administrations publiques et les acteurs du marché notifient à l’autorité compétente les incidents qui ont un impact significatif sur la sécurité des services essentiels qu’ils fournissent ».

Que recouvre exactement cette notion d’incidents ayant “un impact significatif” sur la SSI ?

La sécurité informatique est, de manière assez surprenante, un domaine qui n’a pas encore inventé ou imposé son « échelle de Richter ». Il existe des indices de gravité pour les vulnérabilités (faible, modéré, important, critique) mais ceux-ci sont assez basiques. Certaines entreprises de sécurité, inspirées probablement par les niveaux d’alerte du plan VIGIPIRATE en France ou par ceux du NTAS (National Terrorism  Advisory System) aux Etats-Unis, publient leur propre échelle de menace (basse, medium, élevée, extrême par exemple). Ces indicateurs sont souvent subjectifs et précèdent les incidents potentiels. Cependant après un incident, aucune « échelle » de gravité n’est véritablement communément admise et utilisée. On pourrait imaginer qu’une telle échelle « a posteriori » de la gravité d’un incident de sécurité serait utile pour rapidement mettre en place, pour les victimes prévenues, les mesures à prendre et pour que les médias positionnent ces évènements de manière la plus objective possible.

Un DDoS géant perturbe Internet

Une attaque informatique à l’encontre d’un spécialiste de la lutte contre les spams perturbe l’Internet. Spamhaus, une entité basée en Suisse qui s’est donnée pour mission de publier des « listes noires » de serveurs utilisés dans des diffusions massives de spams, des courriels non sollicités. 80% des blocages des pourriels seraient réussis grace à SpamHaus. Depuis quelques jours, une attaque de type DDoS (Dénis Distribués de Service) perturbe le fonctionnement de SpamHaus… et du réseau des réseaux. Matthew Prince, de chez CloudFlare, indique n’avoir jamais vue une attaque prendre une telle ampleur. Tout a débuté la semaine derniére, les Suisses ont placé dans la liste noire du moment le site internet néerlandais Cyberbunker. Motif, le portail serait un repére de pirates et autres spammeurs. « Spamhaus n’a pas été en mesure de prouver ses allégations » indique CyberBunker.

Le New York Times fait parler un « porte-parole » des pirates assaillants. Sven Olaf Kamphuis indique que l’attaque est en représaille contre Spamhaus, qui « abuse de son influence« . L’attaque DDoS a une telle impacte qu’elle aurait « freinée » le débit web, en Europe. A l’AFP Johannes Ullrich, de l’institut de technologie américain SANS, explique que cette attaque est dix fois plus puissantes que les derniérs DDoS enregistrés. Il est vrai que se manger 300 gigabytes de données par seconde, ca à de quoi bloquer des serveurs ! Data Security Breach trouve que le plus inquiétant n’est pas l’attaque en elle même, mais sa facilité de mise en place. Les pirates ont tout simplement profité des vulnérabilités des serveurs DNS. Bilan, chaque attaque est multipliée par 100. Voir Open Resolver Project pour en savoir plus.

Internet a-t-il failli être coupé par une attaque de grande ampleur ?

A cette question que tout le monde se pose en ce moment, la réponse est oui. Avec les attaques qui ont eu lieu récemment et on encore lieu à certaines échelles, Internet a été, tout au moins, déstabilisé pendant plusieurs heures. Que vous ayez un téléphone portable en 3G, un ordinateur pour surfer sur votre site préféré ou voulu recevoir des mails d’outre atlantique, vous avez peut être tous senti à plus ou moins grande échelle des ralentissements.

L’attaque informatique derrière cette déstabilisation est connue, mais n’avait jamais été menée à cette ampleur. Les DDOS et plus spécifiquement les DrDOS sont des attaques par amplification de trafic, ou pour faire simple, les attaquants utilisent des serveurs et des réseaux mal configurés comme des amplificateurs. Ils transforment une ou plusieurs connexions de tailles honorables (mais que tout le monde peut s’offrir pour quelques dizaines d’euros par mois) en canons à trafic de très grande ampleur. Pour prendre une image plus parlante, cela revient à transformer une balle de pistolet en une pluie de munitions. Avec une telle arme, pour chaque « balle » tirée à l’origine, plusieurs centaines de milliers de projectiles arrivent à destination…

Il est important de comprendre cependant qu’aussi puissantes soient ces attaques, elles sont temporaires par essence. Leurs durées de vie se comptent en heures, en dizaines d’heures au maximum, Internet n’est donc pas en risque d’être définitivement « cassé » mais en risque d’être très embouteillé, pendant un long moment. Une question de fond demeure, ces embouteillages dureront-ils très longtemps et seront-ils fréquents ou bien les autorités vont-elles réagir et forcer la prise de mesures concrètes ?

Le laxisme et l’avidité au cœur du problème

Car ce qui rend possible ces attaques, ce sont deux problèmes fondamentaux, tous deux possibles à régler. En effet, ces attaques sont rendues possibles par des serveurs mal configurés. Cette fois-ci ce sont les serveurs DNS qui sont concernés, l’un des services indispensable au fonctionnement d’Internet, qui convertit les noms (comme www.datasecuritybreach.fr) en adresse numériques (dites IP) compréhensibles par les ordinateurs et serveurs. En l’occurrence, ces DNS « ouverts » étaient parfois laissés accessibles en tant que service à la communauté, souvent laissés ouverts par d’autres administrateurs moins compétents par manque de connaissance ou de temps.  Mais auparavant, c’était les protocoles utilisés par les serveurs de jeux sur Internet et d’autres sources sont également possibles à exploiter par les pirates. Le point commun à tous ces supports d’attaques est que les personnes ayant soit développé soit déployé ces services ont mal configuré leurs serveurs et permis à ces attaques d’avoir lieu.

Le second problème est lui très matériel. Il y a des grands bénéficiaires à ces flux démesurés. Pour commencer par le point important, ces attaques ne devraient pas exister et sont simplissimes à bloquer. Il suffit à chaque entité participant au réseau Internet de n’acheminer que les paquets légitimes, provenant réellement de son réseau. Actuellement ce n’est pas le cas. En effet, de très nombreux opérateurs (dont les plus grands Français, Allemands et US) ne filtrent pas les paquets transitant par leurs réseaux et acheminent des paquets qu’ils savent illégitimes.

Ces attaques reposent sur un mécanisme central clé : le fait que l’adresse source, l’identité numérique de l’attaquant est faussée. Cette méthode, appelée le spoofing, est laissée libre à l’utilisation de chacun alors qu’il n’est que normal et logique que chacun ne transporte que les paquets réellement issus de son réseau. Cela revient exactement au même que de transporter des valises d’inconnus que l’on vous aurait remis à l’aéroport. Pourquoi le font-ils ? Car les opérateurs de niveau 2 se facturent le trafic envoyés entres eux. En résumé, plus ils envoient de trafic, plus ils facturent le voisin qui reçoit ce trafic. DataSecurityBreach.fr le confirme, c’est donc une raison très monétaire qui les motive plus qu’une très théorique impossibilité technique derrière laquelle ils se cachent pour ne pas résoudre le problème.

La guerre des boutons 2.0

Cette attaque est par bien des aspects uniques. Unique car elle a visé les plus gros « tuyaux » d’Internet (les tiers 1), ce qui est atypique et à bien failli couper tout le réseau pendant quelques heures. Elle est aussi unique par la violence et son ampleur. A notre connaissance, aucune attaque n’avait encore atteint une telle ampleur, avec près de 300 Gbps de trafic vu par les grands opérateurs par moment. Les plus gros points d’échange d’Internet n’acceptent que 100 Gbps, là où cette attaque a dépassé les 300 Gbps par endroits dans le réseau mondial…

Cela représente, disons 1 million de voitures circulant sur une route où l’on en attend 100 000 en général au grand maximum. C’est l’équivalent de plusieurs dizaines de milliers de connexions ADSL classiques qu’il faudrait réunir à plein débit à un instant donné pour atteindre un tel volume. Un très gros canon à paquet donc et cela n’est encore qu’une partie du trafic maximal généré par cette attaque. Unique enfin par sa cible et son origine. Pour une cause qui ne nécessite très probablement pas une telle Vendetta, le spam, Internet a été déstabilisé quelques heures. On ne règle pas les bagarres de gamins dans une cours de récré à coup de taser et de flashball, on ne règle pas un différend avec Spamhaus avec une DDOS de cette taille, cela est déraisonnable.

Unique, cette attaque à malheureusement de grande chance de ne pas le rester car rien n’est fait à l’heure actuelle par les autorités pour forcer des configurations plus efficaces des réseaux opérateurs et des services clef d’Internet. Les solutions sont connues, la volonté de les appliquer manque. Elle ne restera pas unique car mener une telle attaque n’est pas extrêmement complexe, les méthodes sont connues et les personnes capables de les mener se comptent en dizaines de milliers dans le monde, à minima. Bien sûr la très grande majorité d’entre elles sont des personnes raisonnables, mais il suffit d’une seule en l’occurrence pour atteindre un tel résultat…

La structure de base d’internet la rend résiliente à beaucoup de dangers différents, mais d’un autre côté,  certains points clés sont toujours très fragiles et les milieux underground le savent …

Moi vouloir tuer Internet L’architecture principale du DNS peut être mise à terre. Ce n’est pas chose aisée mais un DDOS massif peut la faire plier et donc casser le système de résolution de nom et le processus de diffusion, entrainant ainsi un situation très inconfortable. Le second point que je voulais souligner est que la faille dévoilée par Dan Kaminsky durant l’été 2008 est encore présente sur presque un quart des DNS mondiaux et permet une attaque par cache poisoning, aussi simple que redoutablement efficace.

BGP. Cette partie est aussi sensible et fragile. Les membres de la DFZ (Default Free Zone) sont supposés se faire confiance les uns aux autres les yeux fermés. Nous prenons des routes depuis d’autre AS et diffusons notre routage aux autres membres…Mais si des paquets étranges sont envoyés dans le pré-carré, ils peuvent faire chuter l’ensemble, comme par exemple ce fameux mois d’août 2010, durant lequel le Ripe à mener une expérience qui tourna mal, brisant ainsi beaucoup de routes et dérangeant une partie du trafic Internet pour plusieurs minutes. Les Chinois ont aussi commis leur « erreur », générant un des plus spectaculaires détournements de trafic de l’histoire d’Internet. Il est dit que c’était une erreur (par ceux qui l’ont commise 🙂 ) mais il apparait tout de même comme rien de moins que le plus large et important piratage jamais réalisé sur internet, montrant une fois encore que les piliers d’Internet peuvent encore facilement « trembler sur leurs bases.

L’IPV4 est le plus fondamental des protocoles d’Internet. Il est présent depuis des décennies et à été attaqué de tellement de façon différentes que je ne peux imaginer donner un chiffre pertinent à fournir dans cet article. Quelques points sont cependant sûr concernant IPV4, le protocole est utilisé partout (moins de 8% d’internet est prêt pour IPV6), il comporte de nombreuse erreurs de conceptions, il permet de nombreuse attaque par DDOS, spoofing, sniffing et chacun l’implémente « à sa sauce ». Tout cela fait d’IPV4 le plus utilisé des protocoles de niveau 3 du monde et, bien entendu, le plus connu, testé, reversé et attaqué…

Une lutte de pouvoirs ?

CloudFlare après sa méga panne plongeant des centaines de milliers de sites dans le noir le plus total avait bien besoins d’une énorme publicité. En aidant cette fois des « gentils », c’est pour eux l’occasion rêvée pour redorer cette image ternie. Il n’y a pas que les attaques qui peuvent être amplifiées, il y a aussi les paroles. Oui, car contrairement à ce que raconte certains ahuris, le trafic Internet en Europe n’a pas bougé d’un pouce : chiffres à l’appui. Quant aux évènements, il s’agit bien d’un règlement de compte entre Spamhauss et de véritables cybercriminels aguerris qu’il vaut mieux éviter de chicaner, même pour plaisanter.

Spamhauss est sauvé, CloudFlare devient un super-héros auprès des gentils mais laisse une ouverture béante aux whitecollars du CB-31337 qui ne se font pas prier pour récupérer habillement l’histoire en diabolisant à nouveau Spamhauss (ouvertement critiqué pour avoir le cul entre deux chaises et pour ses méthodes de cowboys) et gagnant ainsi de nouveaux clients. Si vous n’avez pas encore compris, Internet va bien, très bien même. Business is business… Cependant ça démontre une nouvelle fois les faiblesses connues qui peuvent (mais ça ce n’est pas nouveau, disons « qu’ils osent ») être utilisées dans d’autres types d’attaques. Avec ces escarmouches, ils ne font que frapper du poing, peut être un avertissement comme tu le soulignes,… ou simplement une évaluation. Ces gens là ont largement la capacité de mener des offensives nettement supérieures (avec dégâts). A mon sens, il faut se souvenir d’une chose très importante : il n’est pas possible d’évaluer les capacités offensives avec certitude de l’ensemble des acteurs en présence car ils sont connectés indirectement avec divers milieux, autres que l’underground traditionnel. Ils peuvent changer de facette l’espace d’un instant et devenir un bras armé. Mettez une dose d’agences de renseignements, une pincée de politiques… et très franchement, je doute que les moyens déployés, même extra-ordinaires, depuis les claques Estoniennes, Géorgiennes,… suffisent à contre-carrer des attaques disons.. hors normes. Quoiqu’ils pourront certainement mener des investigations, compter les morceaux et tenter de recoller ce puzzle bordélique mais ça sera définitivement trop tard. Rassurez-vous, tant qu’il y aura des enjeux financiers, rien de tout cela n’arrivera. (Avec NBS-SYSTEM)