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Cyberattaque dans les Hauts-de-Seine : la menace invisible qui paralyse les collectivités

Une attaque informatique « de grande ampleur » a paralysé les services numériques du conseil départemental des Hauts-de-Seine ce mardi matin, plongeant l’administration dans le flou technologique.

Une attaque informatique « de grande ampleur » a paralysé les services numériques du conseil départemental des Hauts-de-Seine ce mardi matin, plongeant l’administration dans le flou technologique.

Ce mardi à 10 heures, le département des Hauts-de-Seine a annoncé sur ses réseaux sociaux être victime d’une cyberattaque d’envergure, touchant l’ensemble de ses systèmes d’information. Ce nouvel incident, qui s’ajoute à une série d’agressions informatiques subies par plusieurs collectivités locales de la région parisienne, souligne la vulnérabilité croissante des institutions publiques face à des menaces numériques toujours plus sophistiquées. Alors que les équipes techniques s’activent encore pour identifier l’origine et l’impact de l’attaque, une question se pose : les collectivités sont-elles suffisamment armées pour affronter ces assauts digitaux ?

Une administration à l’arrêt

Ce mardi matin, c’est par un message sobre mais alarmant que le conseil départemental des Hauts-de-Seine a informé ses administrés : ses services numériques ont été brutalement désactivés à la suite d’une cyberattaque. Dans un communiqué diffusé peu après, l’administration évoque une attaque « de grande ampleur » ayant contraint à couper « l’ensemble des systèmes d’information et des moyens de communication habituels » pour une durée encore indéterminée. La nature exacte de l’agression, ses auteurs potentiels et les failles exploitées n’ont pas été dévoilés, laissant place à une incertitude totale.

À 18 heures, soit huit heures après la révélation publique de l’attaque, la situation demeurait inchangée. « La phase de diagnostic est toujours en cours« , indiquait alors le service de communication du département. Derrière cette formule se cache une réalité : sans accès à ses outils numériques, une administration moderne voit la majorité de ses activités paralysée. De la gestion des dossiers à la communication avec les usagers, tout repose aujourd’hui sur l’informatique.

« L’ensemble des systèmes d’information et des moyens de communication habituels ont été désactivés pour une période indéterminée », précisait le conseil départemental dans un communiqué publié en milieu de journée.

Un contexte régional tendu

Loin d’être un cas isolé, cette cyberattaque s’inscrit dans une série noire qui frappe depuis plusieurs années les collectivités locales en Île-de-France. Le conseil départemental des Hauts-de-Seine avait déjà été confronté à une intrusion informatique en 2023. Cette attaque, bien que moins sévère selon les dires de l’époque, avait contraint l’institution à couper temporairement certains services, notamment téléphoniques. Les données personnelles n’avaient pas été compromises, assurait alors l’administration.

Mais d’autres collectivités voisines n’ont pas toujours eu cette chance. En novembre 2022, c’est le département de Seine-et-Marne qui voyait ses réseaux informatiques mis hors service à la suite d’une cyberattaque. Il lui avait fallu plusieurs semaines pour retrouver une activité normale. Plus récemment encore, la ville de Bois-Colombes a subi une attaque dans la nuit du 31 janvier au 1er février 2024. Les conséquences avaient été telles qu’un partenariat stratégique fut rapidement conclu entre la Métropole du Grand Paris et le campus Cyber de Puteaux, dans l’objectif de renforcer les défenses numériques des collectivités territoriales.

Un phénomène en pleine expansion

Loin d’être anecdotiques, ces attaques traduisent un phénomène de fond : la montée en puissance du cybercrime ciblant les entités publiques. Selon un rapport publié en février dernier, une commune sur dix en France affirme avoir été victime d’une cyberattaque au cours des douze derniers mois. Cette statistique, en forte progression par rapport aux années précédentes, illustre l’ampleur de la menace. Des villes comme Chaville ou Saint-Cloud, déjà touchées en 2022, en ont fait les frais.

Ce qui motive les cybercriminels n’est pas toujours clair. Il peut s’agir de rançongiciels, qui visent à extorquer de l’argent en échange de la restitution des données volées ou chiffrées. Mais dans certains cas, les motivations peuvent être politiques ou liées à l’espionnage. Quelle que soit la cause, le résultat est souvent le même : des semaines, voire des mois, de paralysie partielle des services, des dépenses imprévues et une perte de confiance des citoyens.

Une commune sur dix en France a été victime d’une cyberattaque au cours de l’année écoulée, selon une étude publiée en février.

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Des réponses encore balbutiantes

Face à cette nouvelle donne, les collectivités locales cherchent à s’organiser. Le partenariat évoqué entre la Métropole du Grand Paris et le campus Cyber est un exemple de réaction institutionnelle à un risque devenu systémique. Ce campus, installé à Puteaux, se présente comme un centre névralgique de l’expertise en cybersécurité, rassemblant acteurs publics, entreprises privées et chercheurs.

Mais la tâche est immense. La majorité des collectivités locales ne disposent ni des ressources humaines ni des budgets pour assurer une cybersécurité de haut niveau. Le coût moyen d’une cyberattaque pour une collectivité territoriale peut s’élever à plusieurs centaines de milliers d’euros, sans compter les pertes indirectes liées à l’interruption des services publics. Pour les petites communes, souvent dépourvues de direction informatique propre, la prévention et la réponse aux attaques relèvent du casse-tête.

Le plan national de cybersécurité, lancé en 2021 par le gouvernement français, avait pour ambition d’accompagner les collectivités dans leur transformation numérique sécurisée. Pourtant, les résultats peinent à suivre. Beaucoup d’élus locaux pointent du doigt la complexité des dispositifs d’aides, jugés trop technocratiques. D’autres dénoncent un manque de formation et de sensibilisation à la sécurité numérique, aussi bien pour les agents publics que pour les élus.

Les cyberattaques n’épargnent plus aucune strate de l’administration. Et pourtant, dans bien des cas, les collectivités découvrent leur vulnérabilité une fois l’attaque survenue, jamais avant. Ce qui soulève une inquiétude légitime : combien d’entre elles sont actuellement infiltrées sans le savoir ? Combien de failles dorment encore dans les systèmes, prêtes à être exploitées ?

Le prix du numérique

L’attaque contre les Hauts-de-Seine met une nouvelle fois en lumière le paradoxe auquel sont confrontées les administrations publiques : la course à la numérisation des services, encouragée au nom de la modernité et de l’efficacité, s’accompagne de risques technologiques considérables. La dépendance croissante aux systèmes informatiques transforme chaque faille de sécurité en bombe à retardement.

La collectivité départementale s’efforce désormais de rétablir l’accès à ses applications et réseaux. Mais ce type d’accident, outre le coût financier qu’il engendre, produit un effet délétère sur la confiance du public. Dans un monde où la transparence, l’accessibilité et la réactivité sont devenues les maîtres mots de la gestion publique, un écran noir sur les systèmes numériques devient vite un symbole d’impuissance.

Alors que la cybersécurité ne cesse de gagner en importance, cette dernière attaque dans les Hauts-de-Seine vient rappeler que les collectivités locales, malgré leurs efforts, demeurent des cibles de choix. Et qu’à l’ère du tout numérique, la guerre invisible qui se joue dans les câbles et les serveurs pourrait bien devenir l’un des plus grands défis des administrations publiques françaises.

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