Tous les articles par Damien Bancal

Damien Bancal, expert reconnu en cybersécurité Damien Bancal est une figure incontournable de la cybersécurité, reconnu à l’international pour son expertise et son engagement depuis plus de 30 ans. Fondateur de ZATAZ.com en 1989 (et DataSecurityBreach.fr en 2015), il a fait de ce média une référence majeure en matière de veille, d’alertes et d’analyses sur les cybermenaces. Auteur de 17 ouvrages et de plusieurs centaines d’articles pour des médias comme Le Monde, France Info ou 01net, il vulgarise les enjeux du piratage informatique et de la protection des données personnelles. Lauréat du prix spécial du livre au FIC/InCyber 2022, finaliste du premier CTF Social Engineering nord-américain (2023), et vainqueur du CTF Social Engineering du HackFest Canada (2024), il est reconnu pour sa capacité à allier pratique du terrain et transmission pédagogique. Le New York Times ou encore Le Big Data ont salué son parcours, et l’agence Tyto PR l’a classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023. Il est aujourd’hui 9ᵉ influenceur cyber en Europe. Chroniqueur à la radio et à la télévision (France Info, RTL, M6, Medi1...), il est également réserviste citoyen au sein de la Gendarmerie Nationale (Lieutenant-Colonel - Unité Nationale Cyber) et de l'Éducation Nationale (Hauts-de-France). Médaillé de la Défense Nationale (Marine) et des réservistes volontaires, il poursuit son engagement au travers de son entreprise veillezataz.com, lancée en 2022.

Faille critique SessionReaper : Adobe Commerce sous haute menace

Adobe alerte sur la faille SessionReaper (CVE-2025-54236) qui menace Adobe Commerce et Magento. Exploitable via l’API REST, elle expose directement les comptes clients à une prise de contrôle.

Aprés Apple et Microsoft, Adobe a publié un avis de sécurité concernant CVE-2025-54236, surnommée SessionReaper. La vulnérabilité, notée 9,1/10 au CVSS, touche Adobe Commerce, Magento Open Source et Adobe Commerce B2B. Exploitable via l’API REST, elle permet à un attaquant de s’emparer de comptes clients. Aucun cas d’exploitation n’a été détecté pour l’instant, mais l’éditeur insiste sur l’urgence d’appliquer le correctif VULN-32437-2-4-X. Les environnements cloud bénéficient de règles WAF temporaires, mais seul le patch garantit une protection durable. Découverte par le chercheur blaklis, la faille illustre la fragilité des plateformes e-commerce face aux attaques ciblant directement les données utilisateurs et leurs parcours transactionnels.

SessionReaper, une faille critique révélée

SessionReaper, identifiée sous CVE-2025-54236, résulte d’une validation insuffisante des entrées dans l’API REST d’Adobe Commerce. Selon Adobe, un acteur malveillant pourrait détourner cette faiblesse pour prendre la main sur des comptes clients. L’éditeur a publié son avertissement sous la référence APSB25-88 et attribue à la faille une sévérité de 9,1 sur 10 dans l’échelle CVSS.

Le risque principal réside dans la compromission directe des données clients, un scénario particulièrement dangereux pour des plateformes marchandes. La faille affecte les versions 2.4.9-alpha2 et antérieures d’Adobe Commerce et de Magento Open Source, ainsi que la branche 1.5.3-alpha2 et antérieures d’Adobe Commerce B2B. Le module Custom Attributes Serializable, utilisé entre les versions 0.1.0 et 0.4.0, est également concerné.

Pour Adobe, il s’agit d’une vulnérabilité critique, non exploitée pour l’heure, mais dont le potentiel destructeur impose une réaction rapide des administrateurs. L’entreprise prévient que son assistance sera limitée en cas de retard dans l’application des correctifs.

Le correctif et ses conditions de déploiement

Le correctif officiel est publié sous l’identifiant VULN-32437-2-4-X. Il doit être appliqué sans délai sur toutes les instances vulnérables. Les utilisateurs du module Custom Attributes Serializable doivent quant à eux migrer vers la version 0.4.0 ou supérieure, via la commande Composer appropriée.

Adobe propose un outil de vérification, le Quality Patches Tool, qui permet de confirmer l’application effective du patch. La commande de contrôle fournit un statut « Applied » une fois le correctif installé, apportant aux administrateurs la certitude de disposer d’une protection active.

Pour les clients hébergés dans l’environnement Commerce Cloud, Adobe a mis en place des règles de Web Application Firewall destinées à bloquer les tentatives d’exploitation connues. Ces mesures sont toutefois qualifiées de temporaires et ne dispensent pas du déploiement du correctif officiel. Les clients de services managés sont invités à contacter leur Customer Success Engineer afin d’obtenir un accompagnement spécifique.

Un signal fort pour l’écosystème e-commerce

La faille a été signalée par le chercheur indépendant blaklis, qui a révélé à Adobe le fonctionnement de SessionReaper. L’éditeur souligne qu’aucun cas d’exploitation active n’est documenté. Cependant, le scénario théorique reste préoccupant : un assaillant qui obtiendrait le contrôle de comptes clients pourrait accéder à des informations sensibles, détourner des transactions ou lancer des fraudes massives.

Ce type de vulnérabilité démontre la valeur stratégique des données clients pour les cyberattaquants. Les plateformes de commerce électronique constituent des cibles privilégiées en raison des volumes financiers et des informations personnelles qu’elles centralisent.

L’urgence de la mise à jour découle autant du niveau de criticité technique que de l’attrait économique de telles données sur le marché noir. La diffusion rapide du correctif vise à réduire la fenêtre de tir potentielle avant que des groupes malveillants ne développent un code d’exploitation opérationnel.

Chine : signalement en urgence des cyberattaque

La Chine impose dès novembre 2025 un délai d’une heure pour déclarer les incidents de cybersécurité graves, renforçant ainsi son contrôle sur les réseaux et infrastructures critiques.

Pékin introduit une réglementation stricte obligeant les opérateurs à signaler sous une heure tout incident « particulièrement grave » de cybersécurité. L’Administration chinoise du cyberespace (CAC) supervise cette mesure, qui reflète une intensification de la surveillance étatique après plusieurs affaires sensibles, dont une sanction contre Dior à Shanghai pour transfert illégal de données. Le dispositif, applicable dès le 1er novembre 2025, définit des seuils précis pour classer la gravité des attaques ou pannes et prévoit des sanctions financières lourdes en cas de manquement.

Signalement accéléré des cyberincidents

Les nouvelles règles imposent un signalement d’urgence en cas d’attaque majeure. Les opérateurs de réseau doivent informer les autorités en une heure. Celles-ci transmettent ensuite l’alerte à l’Administration nationale du cyberespace et au Conseil d’État dans un délai de trente minutes. Les incidents sont classés en quatre niveaux, « particulièrement grave » étant le plus critique. Cette catégorie inclut des cyberattaques ou pannes affectant les portails gouvernementaux, les infrastructures vitales ou les sites d’information nationaux pendant plus de 24 heures, ou encore une panne de six heures touchant l’ensemble d’une infrastructure.

La réglementation couvre aussi les atteintes à grande échelle aux services publics, de transport ou de santé. Sont concernés les cas où plus de 50 % d’une province ou plus de 10 millions de citoyens voient leur quotidien perturbé. Les violations massives de données entrent également dans ce champ, dès lors qu’elles affectent plus de 100 millions de personnes ou causent un préjudice financier supérieur à 100 millions de yuans (13 millions d’euros).

Critères renforcés pour les attaques

Les cyberattaques massives affichant du contenu interdit sur un site gouvernemental ou un portail d’information majeur constituent une menace prioritaire si elles persistent plus de six heures ou atteignent une audience d’un million de vues. Elles sont aussi considérées critiques si le contenu est partagé plus de 100 000 fois sur les réseaux sociaux.

Le niveau « grave » concerne les attaques perturbant les sites d’administrations locales ou provinciales plus de six heures, ou les infrastructures essentielles pendant plus de trois heures. Des fuites de données touchant plus de 10 millions de personnes, ou un million dans une grande ville, relèvent aussi de cette catégorie.

Chaque opérateur doit remettre sous 30 jours un rapport détaillé décrivant causes, réponses et enseignements après un incident. Cette exigence prolonge la loi chinoise sur la cybersécurité de 2017 et les textes complémentaires de 2016 et 2021 sur la protection des infrastructures critiques.

Vers des sanctions plus lourdes

En parallèle, le Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale étudie un durcissement des sanctions. Les opérateurs d’infrastructures critiques négligents pourraient être sanctionnés de 500 000 à 10 millions de yuans (66 000 à 1,32 millions €). Les responsables directs encourraient jusqu’à 1 million de yuans (132 000 €).

Les opérateurs de réseau qui omettent d’empêcher la diffusion de contenus interdits s’exposeraient à des amendes de 50 000 à 500 000 yuans (≈ 6 600 à 66 000 €). Ce projet de loi traduit une volonté de responsabiliser les acteurs du numérique tout en consolidant le contrôle centralisé de la cybersécurité.

La Chine fait de la rapidité de réaction un enjeu national de cybersécurité. Reste à savoir si cette obligation de signalement instantané renforce réellement la résilience technique, ou surtout le contrôle étatique sur les flux numériques.

Apple colmate 77 failles dans macOS et 27 dans iOS

Apple publie ses nouveaux systèmes iOS, iPadOS et macOS, corrigeant plus de cent vulnérabilités. Mais l’entreprise reste discrète sur leur gravité et sur tout signe d’exploitation active.

Apple vient de déployer iOS 26, iPadOS 26 et macOS 26, corrigeant 27 failles sur mobiles et 77 sur ordinateurs. Les correctifs couvrent aussi Safari, watchOS, visionOS et Xcode. Contrairement à son intervention d’août face à une attaque sophistiquée, Apple n’évoque cette fois aucun cas d’exploitation en cours. Des failles critiques, notamment dans PackageKit et StorageKit, pourraient pourtant permettre l’obtention de privilèges root sur macOS. L’entreprise reste fidèle à sa ligne de communication minimaliste, sans détail de sévérité. En parallèle, les appareils plus anciens restent bloqués sur iOS 18.7 ou macOS 15.7, recevant uniquement des correctifs de sécurité majeurs.

Nouveaux correctifs, anciennes inquiétudes

Apple a diffusé lundi ses nouveaux systèmes d’exploitation numérotés selon l’année de sortie, une nouveauté présentée comme une simplification. iOS 26 et iPadOS 26 corrigent 27 vulnérabilités, tandis que macOS 26 en traite 77. Certaines failles touchaient l’ensemble des plateformes, confirmant la proximité croissante entre les architectures mobiles et ordinateurs.

La nouvelle interface dite « liquid glass » attire l’attention côté design, mais l’enjeu principal demeure la cybersécurité. Les utilisateurs d’appareils lancés avant 2019, non compatibles avec ces versions, doivent se tourner vers iOS 18.7, iPadOS 18.7 ou macOS 15.7, mises à jour de maintenance centrées sur les vulnérabilités critiques.

Un contraste avec les correctifs d’urgence

Le mois dernier, Apple avait dû réagir en urgence face à une attaque qualifiée d’« extrêmement sophistiquée », exploitant la faille CVE-2025-43300 contre des cibles précises. Depuis janvier, cinq vulnérabilités zero-day activement exploitées ont été corrigées, preuve de l’intérêt constant des attaquants pour l’écosystème Apple. Sept de ces failles ont même été intégrées au catalogue des vulnérabilités exploitées tenu par la CISA, soulignant leur criticité pour les infrastructures sensibles.
Cette fois, aucun signe d’attaque en cours n’a été rapporté.

L’absence d’indicateur de sévérité dans les bulletins Apple est classique pour la Grosse Pomme. Contrairement à d’autres éditeurs, la firme se contente d’énumérer les failles, sans notation selon le CVSS, limitant la visibilité des responsables sécurité.

Failles critiques sur macOS

Deux vulnérabilités corrigées dans macOS attirent particulièrement l’attention des chercheurs : CVE-2025-43298 (PackageKit) et CVE-2025-43304 (StorageKit). Leur exploitation pourrait offrir à un attaquant un accès root, ouvrant la voie à une compromission totale du système.

Côté iOS, le volume de corrections reste notable, mais aucune faille n’inspire de crainte immédiate, selon Childs. Le contraste est frappant : si le risque d’exploitation n’est pas confirmé, la surface d’attaque reste considérable. En complément, Apple a publié sept correctifs pour Safari 26, 19 pour watchOS 26, 18 pour visionOS 26 et cinq pour Xcode 26, preuve de l’ampleur des vulnérabilités touchant tout l’écosystème.

Avec plus de cent vulnérabilités corrigées mais sans alerte d’exploitation active, Apple continue de pratiquer une communication minimaliste. La question reste entière : comment évaluer la criticité des failles Apple en l’absence de notation officielle ?

Une faille sur le portail cloud de SonicWall expose les pare-feu

Une attaque par force brute a compromis le portail MySonicWall.com, exposant des fichiers de configuration de pare-feu et mettant en cause la sécurité interne du fournisseur lui-même.

SonicWall a confirmé une attaque contre son portail cloud MySonicWall.com ayant exposé des fichiers de configuration de pare-feu appartenant à ses clients. Moins de 5 % des installations seraient concernées, selon l’entreprise. Les cybercriminels ont obtenu ces données via une série d’attaques par force brute ciblant les comptes clients. Si les mots de passe étaient chiffrés, les fichiers contenaient aussi des informations sensibles sur l’architecture réseau, ouvrant la voie à de futures exploitations. Cet incident souligne les faiblesses structurelles de SonicWall, déjà critiqué pour des vulnérabilités à répétition. L’affaire illustre un risque systémique : la compromission directe d’un système géré par un fournisseur de cybersécurité, avec des répercussions sur la confiance de tout son écosystème.

Systèmes compromis chez le fournisseur

L’attaque ne visait pas directement les équipements installés chez les clients, mais le portail MySonicWall.com. Ce point change la nature du problème : le défaut ne provient pas d’un produit exposé en périphérie réseau, mais d’un service centralisé sous la responsabilité de SonicWall. Selon Bret Fitzgerald, directeur de la communication mondiale, les attaquants ont exploité une série d’attaques par force brute compte par compte pour accéder à des fichiers de sauvegarde stockés en ligne. Moins de 5 % de la base installée de pare-feu était concernée.

Ces fichiers contenaient des mots de passe chiffrés, mais aussi des détails sur la configuration des réseaux, les règles de sécurité et les politiques appliquées. Pour des attaquants, ces informations constituent une cartographie technique facilitant des intrusions futures. Une compromission du fournisseur lui-même affecte directement la confiance des clients dans l’ensemble de son écosystème.

Des risques durables pour les clients

SonicWall a rapidement désactivé la fonctionnalité de sauvegarde cloud et engagé une société de réponse à incident pour analyser l’attaque. L’entreprise affirme n’avoir détecté aucune fuite publique des fichiers compromis, mais reconnaît un risque en aval pour les organisations concernées. Les clients impactés sont invités à réinitialiser leurs identifiants, contenir toute activité suspecte et renforcer leur surveillance des journaux d’événements.

DataSecurityBreach.fr rappelle que les informations dérobées peuvent rester exploitables sur le long terme. Même si les mots de passe sont modifiés, la connaissance de l’architecture réseau, des politiques de filtrage et des règles internes fournit aux adversaires un avantage tactique. Pour Sanchez, la simple réinitialisation de comptes ne suffit pas à réduire la portée d’un tel vol d’informations.

L’entreprise assure avoir notifié les autorités, ses clients et ses partenaires. Elle insiste sur une politique de transparence totale et promet de nouvelles communications à mesure que l’enquête progresse.

Un historique de vulnérabilités récurrentes

Cet incident survient dans un contexte défavorable pour SonicWall. Depuis fin 2021, ses produits figurent à 14 reprises dans le catalogue des vulnérabilités activement exploitées de la CISA américaine. Neuf de ces failles ont été associées à des campagnes de rançongiciel, dont une vague récente attribuée au groupe Akira avec environ 40 attaques recensées.

Ces antécédents renforcent les doutes sur la solidité des pratiques de sécurité internes de SonicWall. Les cybercriminels n’exploitent plus seulement des failles logicielles présentes dans les équipements, mais cherchent désormais à infiltrer directement les services opérés par le fournisseur. Cette évolution accentue la pression sur un acteur déjà fragilisé par les critiques répétées de la communauté cybersécurité.

La question dépasse le cas SonicWall. De nombreux fournisseurs proposent à leurs clients de stocker leurs configurations dans des portails cloud pour des raisons de commodité. Cette centralisation offre aussi une surface d’attaque supplémentaire, qui peut transformer un service de gestion en vecteur d’exposition massif.

La compromission du portail MySonicWall met en lumière une faille critique : lorsque la vulnérabilité se situe au cœur d’un service opéré par le fournisseur de cybersécurité, l’ensemble de la chaîne de confiance s’en trouve menacé. La vraie question est désormais de savoir si SonicWall, et d’autres acteurs du secteur, sauront instaurer des garde-fous solides pour protéger les données qu’ils centralisent eux-mêmes.

Meta accusée de graves manquements en cybersécurité

Un ex-employé de WhatsApp accuse Meta d’avoir ignoré des failles critiques et d’avoir réprimé ses alertes. L’affaire implique Mark Zuckerberg et relance le débat sur la transparence des géants du numérique.

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Attaullah Baig, ancien ingénieur de WhatsApp, affirme que des centaines de salariés pouvaient accéder sans restriction aux données sensibles des utilisateurs. Il accuse Meta d’avoir violé un accord conclu avec la FTC en 2020, de ne pas avoir signalé ces risques à la SEC et de l’avoir licencié après ses alertes. L’entreprise conteste, évoquant un collaborateur de faible niveau et mal noté. Mais le procès, qui met en cause directement Zuckerberg, soulève une question centrale : la gouvernance interne de Meta est-elle compatible avec la sécurité des données de milliards d’usagers ?

Des accusations directes contre la gouvernance de Meta

L’affaire débute par une série de découvertes que Baig dit avoir faites au sein de WhatsApp. Selon lui, des centaines d’ingénieurs disposaient d’un accès illimité aux informations personnelles des utilisateurs. Cet accès, décrit comme injustifié et incontrôlé, contreviendrait frontalement à l’engagement pris par Meta en 2020 devant la Federal Trade Commission (FTC). L’accord, conclu après plusieurs scandales liés à la vie privée, imposait un contrôle strict des accès internes et une responsabilisation accrue des dirigeants.

Baig soutient que non seulement ces obligations n’ont pas été respectées, mais que l’entreprise aurait sciemment fermé les yeux sur les vols de comptes. Les signalements de compromission d’identités numériques, fréquents sur WhatsApp, auraient été minimisés dans la communication interne et externe. L’ingénieur affirme aussi que Meta a manqué à ses devoirs de transparence envers la Securities and Exchange Commission (SEC) en omettant de déclarer ces risques dans les documents officiels remis aux investisseurs. Cette omission pourrait être assimilée à une fraude boursière.

Selon sa plainte, Baig a personnellement alerté Mark Zuckerberg, directeur général de Meta, et Will Cathcart, patron de WhatsApp. Plutôt que de traiter les failles, il décrit une réaction hostile : dénigrement de ses performances, microgestion intrusive et démantèlement des fonctionnalités de sécurité conçues par son équipe. Estimant avoir été victime de représailles, il a ensuite saisi la SEC. Peu après, il a été licencié.

Aujourd’hui, l’ancien ingénieur réclame sa réintégration, des compensations financières et un procès devant jury. Pour Meta, l’affaire ne repose sur rien : les représentants du groupe affirment que Baig n’était pas un responsable sécurité mais un simple manager de développement logiciel de niveau junior, dont les résultats jugés médiocres justifiaient le licenciement.

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Entre obligations réglementaires et enjeux stratégiques

L’aspect juridique de l’affaire repose sur deux points clés : le respect de l’accord FTC de 2020 et la communication à la SEC. L’accord imposait à Meta un dispositif de contrôle interne renforcé, notamment sur la gestion des accès aux données personnelles. Tout manquement à ces obligations pourrait exposer l’entreprise à de lourdes sanctions.

La SEC, de son côté, sanctionne toute dissimulation d’informations pouvant influencer les investisseurs. Si les accusations de Baig sont confirmées, Meta pourrait être poursuivie pour avoir présenté une image trompeuse de sa maîtrise des risques liés à la sécurité et à la confidentialité.

Au-delà du droit, le dossier révèle la tension permanente entre impératifs économiques et exigences de cybersécurité. WhatsApp, propriété de Meta depuis 2014, compte plus de deux milliards d’utilisateurs. Toute faille ou compromission massive aurait un impact mondial. L’accusation d’accès incontrôlé à grande échelle questionne directement la capacité du groupe à protéger les données sensibles, alors même que son modèle repose sur la confiance des utilisateurs et des annonceurs.

La défense de Meta s’appuie sur des éléments factuels : le département du Travail américain a déjà rejeté une plainte antérieure de Baig, estimant que son licenciement ne relevait pas de représailles. Pour l’entreprise, il s’agit donc d’un contentieux personnel monté en épingle. Mais le fait que l’affaire cite explicitement Mark Zuckerberg met sous tension la communication du groupe.

Cybersécurité et renseignement : une faille stratégique

L’accusation centrale, celle d’un accès illimité aux données utilisateurs par un trop grand nombre d’ingénieurs, mérite une lecture stratégique. Dans toute organisation numérique, la gestion des accès est l’un des piliers de la cybersécurité. Multiplier les accès sans justification augmente mécaniquement les risques d’abus, d’espionnage industriel ou d’ingérences étatiques.

Pour une plateforme mondiale comme WhatsApp, utilisée aussi bien par des particuliers que par des entreprises, des ONG ou des responsables politiques, la question prend une dimension de renseignement. L’hypothèse qu’un nombre élevé d’employés ait pu explorer les données personnelles ouvre la possibilité d’une exploitation malveillante interne ou externe.

Les services de renseignement, qui suivent de près les pratiques des grandes plateformes, s’intéressent à ce type de faille. Une infrastructure comptant des milliards d’utilisateurs représente une cible idéale pour l’espionnage, qu’il soit mené par des acteurs étatiques ou criminels. Les accusations de Baig, si elles se vérifient, signifieraient que Meta aurait facilité malgré elle la tâche de tout acteur souhaitant infiltrer ses systèmes.

La portée de l’affaire dépasse donc largement le cas d’un licenciement contesté. Elle interroge sur la gouvernance de la donnée au sein d’une entreprise devenue un nœud stratégique de communication mondiale.

Une crise de confiance pour Meta ?

Le groupe de Menlo Park se trouve à nouveau confronté à une crise de confiance. Depuis Cambridge Analytica, Meta traîne une réputation fragile en matière de protection des données. Chaque révélation ou accusation relance les doutes sur sa capacité à garantir la confidentialité.

Pour les régulateurs, cette affaire pourrait devenir un test. Si le procès confirme les accusations, la FTC et la SEC seraient contraintes de durcir encore leur contrôle. Si, au contraire, les arguments de Meta l’emportent, le cas illustrerait la difficulté pour un lanceur d’alerte interne de se faire entendre dans un groupe tentaculaire.

Dans les deux scénarios, l’impact est réel : la question de la sécurité des données chez Meta reste ouverte. La mention directe de Zuckerberg dans le dossier montre que la responsabilité personnelle des dirigeants est désormais au cœur des débats.

La cybersécurité, longtemps traitée comme une fonction technique, devient ici un enjeu de gouvernance et de confiance publique. Dans un monde où la donnée est ressource stratégique, chaque faille non traitée peut se transformer en crise globale.

Au-delà du conflit personnel entre un ex-ingénieur et son employeur, l’affaire Baig révèle les tensions profondes qui traversent les géants du numérique : comment concilier croissance, gouvernance et sécurité dans un environnement où la donnée est devenue cible de convoitises multiples ? La justice américaine devra déterminer si Meta a failli à ses obligations. Mais la question qui reste est plus large : si même un acteur central comme WhatsApp ne parvient pas à maîtriser ses accès internes, quels garde-fous restent aux utilisateurs et aux États face aux risques d’ingérence ?

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Sources

Septembre : Zero Day en amont, Patch Tuesday plus calme

Deux Zero Day Android, une faille WhatsApp et une vulnérabilité WinRAR ont marqué septembre. Le Patch Tuesday s’annonce plus sobre, mais Windows et Adobe restent des priorités.

Le mois de septembre a été rythmé par plusieurs vulnérabilités Zero Day découvertes avant le Patch Tuesday : deux failles critiques dans Android, une brèche dans WhatsApp et une autre dans WinRAR. Microsoft publie ensuite 81 correctifs, dont huit jugés critiques et deux déjà divulgués publiquement. Adobe diffuse en parallèle neuf mises à jour couvrant 22 CVE, dont certaines touchant Acrobat Reader, ColdFusion et Premiere Pro. Malgré un Patch Tuesday relativement calme, la pression reste forte : l’exploitation active des Zero Day, conjuguée à une attaque de la chaîne d’approvisionnement via Drift AI et Salesforce, rappelle l’ampleur de la surface de menace.

Zéro Day avant le Patch Tuesday

Les jours précédant le Patch Tuesday de septembre ont été agités. Deux vulnérabilités critiques dans Android (CVE-2025-38352 et CVE-2025-48543) ont été exploitées activement. Elles s’ajoutent à une faille Zero Day dans WhatsApp (CVE-2025-55177) et à une vulnérabilité similaire dans WinRAR (CVE-2025-8088). Ces quatre incidents suffisent à reconfigurer l’agenda des équipes de sécurité. Parallèlement, une attaque visant la chaîne d’approvisionnement a touché l’agent conversationnel Drift AI, exposant des données de clients Salesforce. L’ensemble illustre la multiplication des vecteurs d’attaque, allant des applications mobiles aux logiciels tiers en passant par les intégrations cloud.

Microsoft a corrigé 81 nouvelles vulnérabilités ce mois-ci, dont huit classées critiques. Parmi elles figurent cinq exécutions de code à distance, deux élévations de privilèges et une divulgation d’informations, toutes affectant Windows ou Office. Deux vulnérabilités avaient déjà été rendues publiques. La première, CVE-2025-55234, concerne le protocole SMB de Windows. Elle offre une élévation de privilèges et affiche un score CVSS de 8,8. Microsoft la classe comme importante, avec un niveau de maturité de code non prouvé. La seconde, CVE-2024-21907, est liée à Newtonsoft.Json et touche SQL Server 2016 à 2019. Elle permet un déni de service à distance, selon l’usage de la bibliothèque. Là encore, l’évaluation du risque recommande de la traiter comme importante. Ces deux divulgations montrent que les failles connues circulent rapidement, augmentant le risque d’exploitation opportuniste.

Mises à jour Adobe et priorités de septembre

Adobe a publié neuf mises à jour couvrant 22 CVE, dont 12 critiques. Les produits concernés incluent Acrobat Reader, Premiere Pro, After Effects, Commerce, ColdFusion, Experience Manager, Dreamweaver et deux outils de modélisation 3D. Adobe attribue une priorité 1 à ColdFusion et une priorité 2 à Commerce. Les autres mises à jour sont classées en priorité 3, donc moins urgentes. La hiérarchisation proposée par Adobe renvoie à l’usage intensif de certaines plateformes en production. Pour ce mois de septembre, les équipes de sécurité doivent donc d’abord traiter les Zero Day détectées avant le Patch Tuesday. Ensuite, elles peuvent planifier les mises à jour Microsoft et Adobe dans le cadre des opérations de maintenance mensuelles. L’absence de nouvelles Zero Day dans le Patch Tuesday allège la charge immédiate, mais l’intensité des incidents précédents rappelle que la vigilance ne peut pas se relâcher.

La séquence de septembre montre un contraste entre l’intensité des Zero Day découvertes avant le Patch Tuesday et la relative stabilité des correctifs officiels. Une question demeure : les équipes de sécurité peuvent-elles maintenir une priorisation efficace face à la convergence des menaces mobiles, logicielles et cloud ?

Data Act : nouvelles règles européennes dès le 12 septembre 2025

À partir du 12 septembre 2025, le Data Act entre en application. Ce règlement européen bouleverse l’accès, le partage et la portabilité des données, avec des enjeux clés en cybersécurité.

Le Data Act, règlement européen adopté en 2023, deviendra pleinement applicable le 12 septembre 2025. Son objectif : redonner aux utilisateurs, particuliers comme professionnels, le contrôle des données générées par les objets connectés et services numériques. Le texte impose aux entreprises de garantir un accès simple, gratuit et lisible aux données, d’assurer la portabilité entre prestataires de cloud et de revoir leurs contrats selon des clauses équitables (FRAND). En cas d’urgence publique, les autorités pourront exiger certains accès, tandis que les demandes étrangères seront strictement encadrées. Les sanctions atteignent 20 M€ ou 4 % du chiffre d’affaires mondial. Les acteurs du numérique doivent adapter leurs systèmes, contrats et produits sans délai.

Accès et partage des données

Le principe fondateur du Data Act repose sur l’accès généralisé aux données issues des objets connectés. Les utilisateurs, qu’ils soient particuliers ou entreprises, pourront consulter et réutiliser les données qu’ils produisent. Les fabricants et fournisseurs de services associés auront l’obligation de les mettre à disposition gratuitement, dans des formats structurés et interopérables. L’utilisateur pourra également décider de partager ces informations avec un tiers de son choix, sans restriction contractuelle. Cette évolution vise à rééquilibrer les rapports de force dans l’économie des données, où les détenteurs d’infrastructures ont jusqu’ici concentré l’essentiel de la valeur et du contrôle. Pour la cybersécurité, la multiplication des flux de données soulève toutefois des défis : garantir un accès sécurisé, tracer les transmissions et prévenir les usages abusifs.

Les relations contractuelles entre entreprises devront s’aligner sur une grille équitable. Le règlement impose des conditions dites FRAND (Fair, Reasonable and Non-Discriminatory). Les clauses jugées abusives sont interdites, et une présomption de non-discrimination s’applique désormais. L’objectif est d’empêcher qu’un acteur dominant n’impose unilatéralement des conditions défavorables à ses partenaires. Cela concerne directement les licences de données, les CGV et les accords de prestation liés au cloud. La Commission prévoit de publier des modèles contractuels types pour guider les entreprises. Pour les directions juridiques, c’est un chantier majeur : sécuriser les engagements, anticiper les litiges, et intégrer dès aujourd’hui une logique de partage contrôlé. En arrière-plan, cette normalisation contractuelle vise aussi à limiter les risques d’exploitation économique des données sensibles.

Portabilité et changement de prestataire

Le Data Act introduit un droit effectif à la portabilité des données. Les utilisateurs pourront changer de fournisseur de cloud, SaaS ou IaaS sans supporter de coûts supplémentaires. La migration devra être techniquement possible en 30 jours maximum. À partir de janvier 2027, les frais liés à cette opération seront totalement interdits. Cette mesure ouvre le marché et renforce la concurrence entre prestataires, souvent critiqués pour leurs pratiques de verrouillage. Elle oblige les acteurs à développer des interfaces standardisées et documentées pour faciliter le transfert. Sur le plan cyber, la portabilité massive accroît l’exposition : plus de mouvements de données signifient plus de vecteurs potentiels pour les attaques. Les équipes techniques devront intégrer chiffrement, journalisation et protocoles robustes pour limiter les risques.

Le Data Act impose aux entreprises une refonte de leurs systèmes et contrats. Les obligations techniques, juridiques et organisationnelles exigent une adaptation rapide. La question centrale reste : les mécanismes de portabilité et de partage seront-ils compatibles avec un niveau élevé de cybersécurité ?

Le Data Act s’applique dès septembre 2025. Accès, portabilité et contrats : un tournant européen majeur aux forts enjeux cyber et économiques.

Microsoft publie enfin le code source historique de BASIC 6502

Après des décennies de rumeurs et de copies non officielles, Microsoft ouvre le code source de son BASIC pour processeur MOS 6502, pierre angulaire de l’informatique personnelle.

Microsoft a mis en accès libre le code source de son interpréteur BASIC pour processeur MOS 6502. Longtemps resté dans l’ombre, accessible uniquement via des fuites ou des archives, il est désormais disponible sous licence MIT. Ce langage, porté en 1976 et adopté dès 1977 par Commodore pour ses ordinateurs PET, VIC-20 et Commodore 64, a contribué à démocratiser l’informatique personnelle. Le dépôt GitHub publié par Microsoft inclut près de 7 000 lignes d’assembleur, des notes historiques et des commits rétrodatés. Ce geste éclaire les origines de l’entreprise et la centralité du BASIC dans son modèle économique initial, tout en offrant à la communauté un patrimoine technologique à explorer et réinventer.

Un langage fondateur libéré

Microsoft a publié le code source de la version 1.1 de son BASIC pour le processeur MOS 6502, une première dans l’histoire de l’entreprise. Écrit en assembleur, le fichier compte 6 955 lignes et reprend les améliorations proposées par l’ingénieur de Commodore John Feagans, ainsi que par Bill Gates lui-même, en 1978. Cette mouture correspond à ce que les utilisateurs des Commodore PET connaissaient sous l’appellation BASIC V2. Jusqu’à présent, il n’existait qu’à travers des copies non officielles, des disquettes de musée ou des projets de rétro-ingénierie.

Le dépôt GitHub mis en ligne sous licence MIT autorise une réutilisation sans restriction, y compris commerciale. Microsoft y a ajouté des commits artificiellement datés d’« il y a 48 ans » et des notes explicatives retraçant l’évolution du langage. L’entreprise redonne ainsi vie à un élément clé de son ADN technologique.

Du prototype Altair aux millions de Commodore

Le premier BASIC de Microsoft a été conçu en 1975 pour l’Altair 8800, un ordinateur équipé du processeur Intel 8080. Ce travail fondateur a été réalisé par Bill Gates et Paul Allen. Dès 1976, avec l’aide de Rick Weiland, le langage est porté sur le MOS 6502, un processeur qui allait s’imposer dans l’histoire de l’informatique.

En 1977, Commodore obtient une licence pour 25 000 $ (≈ 23 000 €). Le BASIC est alors intégré aux PET, puis aux VIC-20 et Commodore 64. Ces deux derniers modèles atteignent des ventes de masse, propulsant le langage et l’entreprise américaine sur le devant de la scène. La stratégie de licences de Microsoft trouve là son premier socle économique solide, bien avant l’ère MS-DOS et Windows.

Le code révèle également une attention extrême portée à l’efficacité mémoire. Sur des systèmes 8 bits limités, la gestion des chaînes, l’arithmétique en virgule flottante et le ramasse-miettes représentaient des défis techniques cruciaux. Des « Easter Eggs » signés Bill Gates, dissimulés dans certaines étiquettes du code (STORDO, STORD0), attestent d’une pratique déjà courante de signatures cachées dans les logiciels.

Le processeur MOS 6502 a équipé des machines devenues emblématiques : Apple II, consoles Atari 2600, Nintendo NES et toute la gamme Commodore. Sa simplicité d’architecture et son faible coût l’ont rendu incontournable. Ce processeur reste un symbole pour les passionnés qui continuent à le reproduire en FPGA, à créer des émulateurs et à imaginer de nouvelles éditions de machines historiques comme le Commodore 64.

Le geste de Microsoft s’inscrit dans cette dynamique patrimoniale. En mettant à disposition ce code, l’entreprise offre à la communauté non seulement une ressource technique, mais aussi une pièce d’histoire. L’initiative résonne avec l’engouement croissant pour l’archéologie numérique et les expérimentations rétro-informatiques.

BASIC a façonné l’accès à l’informatique personnelle : du curseur clignotant sur l’écran d’un Commodore aux projets de réédition en 2025, son empreinte reste intacte. La publication du code sous licence libre garantit sa transmission et son adaptation, loin des contraintes propriétaires d’autrefois.

La mise en ligne du BASIC 6502 dépasse l’acte symbolique. Elle rappelle comment un langage compact et efficace a façonné l’économie et la culture de Microsoft. Elle pose aussi une question contemporaine : dans un monde dominé par les logiciels propriétaires et les plateformes fermées, quelle place reste-t-il pour la transmission libre des codes fondateurs ?

Le Congrès américain veut prolonger la loi clé sur le partage cyber

Une commission du Congrès a validé la prolongation de la loi de 2015 sur le partage d’informations cyber, outil central pour sécuriser les échanges entre entreprises privées et gouvernement.

La loi américaine sur le partage d’informations cyber, adoptée en 2015 après le piratage massif de l’Office of Personnel Management, arrive à expiration le 30 septembre. Une commission de la Chambre a approuvé son renouvellement via le WIMWIG Act, qui prolongerait le dispositif de dix ans. Le texte protège les entreprises de poursuites lorsqu’elles transmettent des renseignements sur des menaces informatiques aux autorités fédérales. S’il est jugé crucial pour la coopération public/privé, le processus de révision suscite des critiques sur la transparence et alimente un débat politique autour du rôle de l’agence CISA, accusée par certains élus républicains de censure en matière de désinformation.

Un cadre légal en sursis

Adoptée en 2015, la loi Cybersecurity and Information Sharing Act (CISA) autorise les acteurs privés à transmettre des renseignements sur des cybermenaces aux autorités fédérales sans crainte de poursuites. Elle devait expirer le 30 septembre. La commission de la Sécurité intérieure de la Chambre a validé mercredi une extension baptisée WIMWIG Act, pour Widespread Information Management for the Welfare of Infrastructure and Government. Cette reconduction de dix ans doit désormais être examinée en séance plénière.

L’adoption initiale de la loi avait marqué un tournant après l’onde de choc provoquée par la fuite massive des données de l’Office of Personnel Management en 2015, qui avait exposé les informations de plus de 21 millions de fonctionnaires. L’affaire avait levé les dernières résistances nées des révélations d’Edward Snowden en 2013 sur les abus de surveillance. Depuis, la loi a permis d’ancrer une coopération jugée essentielle entre infrastructures critiques et gouvernement fédéral.

Des amendements techniques contestés

Le renouvellement du texte a été examiné sans opposition frontale sur le fond. Mais le démocrate Bennie Thompson, élu du Mississippi et chef de file minoritaire, a dénoncé une procédure expéditive. Selon lui, le président de la commission Andrew Garbarino, républicain de New York, a « écourté inutilement » les discussions, la version publique n’ayant été dévoilée que deux jours avant l’examen.

Plusieurs amendements techniques ont été intégrés sans provoquer de débat majeur. Les critiques se sont concentrées sur la méthode, révélant les tensions partisanes autour du dossier, plus que sur la substance du dispositif de partage d’informations lui-même.

Le sujet le plus sensible reste le rôle de l’agence Cybersecurity and Infrastructure Security Agency (CISA). Certains élus républicains redoutent que cette structure fédérale, au cœur du dispositif, ne serve d’outil pour limiter la liberté d’expression. Ces craintes, relayées par le sénateur Rand Paul, président républicain de la commission sénatoriale de la Sécurité intérieure, pourraient peser lors de l’examen au Sénat. Paul, défenseur intransigeant du premier amendement, a annoncé vouloir insérer des garanties interdisant toute action assimilée à de la censure.

Les critiques s’appuient sur les campagnes menées par la CISA autour des élections de 2020, lorsqu’elle avait travaillé avec les plateformes en ligne pour contrer la désinformation. Pour ses détracteurs, ces actions auraient exercé une pression inconstitutionnelle sur des entreprises privées, aboutissant à la suppression de contenus jugés favorables aux conservateurs. Garbarino a confirmé avoir échangé avec Paul sur un texte en préparation visant directement l’agence, sans préciser s’il s’agissait d’un amendement au WIMWIG Act ou d’une proposition distincte.

Le renouvellement du cadre de partage d’informations cyber reste perçu comme indispensable pour protéger les infrastructures critiques. Mais les débats sur le rôle de la CISA et la crainte d’une dérive vers la censure pourraient-ils freiner l’adoption finale d’un dispositif pourtant jugé vital par les acteurs du renseignement et de la cybersécurité ?

Google sous pression après une menace du collectif Scattered LapSus Hunters

Un collectif cybercriminel exige le licenciement de deux experts sécurité de Google. Sans preuve d’intrusion, la menace illustre une nouvelle tactique d’intimidation contre les équipes de renseignement.

Le collectif Scattered LapSus Hunters, réunissant trois groupes de pirates connus, menace Google de divulguer des données internes si deux de ses experts en cybersécurité ne sont pas renvoyés. Cette demande inédite, relayée sur Telegram, cible directement les équipes de Threat Intelligence de l’entreprise. Aucune preuve d’intrusion n’a été présentée à ce jour, mais la menace intervient après une fuite récente liée à un prestataire Salesforce ayant touché des données de contacts professionnels. Google n’a pas confirmé de compromission ni réagi publiquement à cet ultimatum. L’affaire met en lumière les pressions croissantes exercées sur les géants technologiques et le rôle clé de leurs cellules de renseignement cyber.

Origines et méthodes du collectif

Les Scattered LapSus Hunters se présentent comme une alliance de trois acteurs notoires de la cybercriminalité : Scattered Spider, LapSus$ et ShinyHunters. Chacun s’est déjà illustré par des attaques marquantes contre de grandes entreprises technologiques. Scattered Spider est réputé pour ses campagnes de social engineering et ses opérations de rançongiciels. LapSus$ s’est fait connaître en piratant Microsoft, NVIDIA et d’autres géants du secteur. ShinyHunters, pour sa part, a bâti sa réputation en volant et en revendant des bases de données issues de plateformes comme Wattpad ou Tokopedia. Personne ne s’est encore imaginé « publiquement » qu’ilm s’agirait peut-être de la même personne, cachait depuis peu sous ces trois signatures.

Cette coalition revendique aujourd’hui une stratégie atypique : exiger non pas une rançon financière, mais le renvoi de deux employés de l’équipe de Threat Intelligence de Google. Une telle démarche suggère que ces analystes mènent activement des enquêtes susceptibles de nuire aux opérations des cybercriminels. Les noms n’ont pas été divulgués, mais le ciblage personnel constitue une escalade significative dans la confrontation entre acteurs malveillants et équipes de défense.

Alerte après une fuite via Salesforce

La menace survient quelques semaines après un incident impliquant l’écosystème de Google. En août, l’un des groupes liés au collectif a exploité une faille chez Salesforce, prestataire externe de Google, pour accéder à des données de contacts professionnels. Les systèmes centraux de l’entreprise n’ont pas été compromis, mais l’événement a permis aux attaquants de récupérer des informations exploitables pour des campagnes de phishing et de vishing à grande échelle.

Face à ce risque accru, Google a diffusé une recommandation mondiale de réinitialisation de mots de passe, visant ses 2,5 milliards d’utilisateurs Gmail. Ce geste illustre la sensibilité de la menace, même lorsque la compromission ne touche pas directement les infrastructures internes. Les cybercriminels misent sur ces brèches périphériques pour multiplier les angles d’attaque.

À ce stade, Google n’a publié aucun communiqué officiel en réponse à l’ultimatum des Scattered LapSus Hunters. L’entreprise semble attendre d’éventuelles preuves tangibles avant d’ajuster sa posture publique. Complyer à une exigence visant des employés serait inédit et risquerait de créer un précédent dangereux, incitant d’autres groupes à recourir à l’extorsion ciblée.

Cette situation constitue un test pour les grandes entreprises technologiques. Elles doivent arbitrer entre discrétion stratégique, communication transparente envers leurs utilisateurs et protection de leurs équipes de renseignement. Si les pirates publient un jour des preuves crédibles d’intrusion, Google sera contraint d’activer ses protocoles de divulgation et de confinement. En attendant, l’épisode illustre la montée en puissance des tactiques de pression psychologique sur les défenseurs, autant que sur les infrastructures techniques.