Archives de catégorie : Justice

WeTransfer dans la tourmente : vos fichiers peuvent-ils vraiment être utilisés pour entraîner une IA ?

WeTransfer a récemment déclenché une vague d’indignation en modifiant discrètement ses conditions générales d’utilisation. En jeu : une licence d’exploitation massive sur vos fichiers… et potentiellement leur usage dans des intelligences artificielles.

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En juillet 2025, la plateforme de transfert de fichiers WeTransfer, prisée par des millions de créatifs, journalistes et professionnels, a discrètement mis à jour ses conditions générales d’utilisation. Une nouvelle clause a suscité une vive polémique : elle accordait à l’entreprise une licence étendue pour exploiter les fichiers transférés – incluant la possibilité de les modifier, reproduire, distribuer… voire les utiliser à des fins d’entraînement d’intelligence artificielle.

Face à une levée de boucliers sur Reddit, LinkedIn et dans les cercles créatifs, la société a fait machine arrière. Mais l’affaire soulève des questions cruciales : que devient réellement ce que vous transférez ? Et à quel prix pour votre confidentialité ?

Une licence qui va (très) loin

La version de juillet 2025 des CGU de WeTransfer stipulait que les utilisateurs concédaient une licence perpétuelle, mondiale, gratuite, transférable et sous-licenciable à l’entreprise sur tous les fichiers envoyés via la plateforme.

Dans le détail, cette licence permettait à WeTransfer de :

  • reproduire vos fichiers,

  • créer des œuvres dérivées,

  • les modifier,

  • les distribuer,

  • les afficher publiquement,

  • et même… les utiliser pour former ses propres modèles d’intelligence artificielle.

Autrement dit, vos projets de design, vos photos confidentielles, vos productions vidéos ou fichiers journalistiques pouvaient servir d’alimentation à une IA maison, sans votre consentement explicite… ni compensation.

« C’est totalement fou. On transfère nos rushs à nos clients, et là on apprend que WeTransfer peut les réutiliser comme bon lui semble ? » — témoignage d’un monteur freelance sur Reddit

Le retour de bâton : colère, buzz, et retrait partiel

La clause n’est pas passée inaperçue. Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été instantanées et virulentes :

  • Reddit a vu fleurir des topics avec des titres comme “WeTransfer just gave itself full rights to your files” ou “Alerte, ils veulent nourrir leur IA avec nos projets”.

  • LinkedIn a vu des appels au boycott, notamment du côté des créateurs de contenu et photographes professionnels.

  • Plusieurs juristes ont également pointé une potentielle incompatibilité avec le RGPD.

Résultat : à peine une semaine plus tard, WeTransfer a publié une mise à jour. La société y assure ne pas utiliser les fichiers des utilisateurs pour entraîner d’intelligence artificielle ni les monétiser auprès de tiers.

Mais — et c’est un point crucial — la licence d’utilisation étendue n’a pas été totalement retirée. Elle demeure, même sans l’usage de l’IA.

Action Description
Lire les CGU Avant chaque envoi, surtout pour les plateformes freemium.
Ne pas utiliser WeTransfer pour des fichiers sensibles Données clients, fichiers juridiques, créations inédites : passez votre tour.
Préférer un chiffrement en amont Crypter localement vos fichiers (ex : avec VeraCrypt, 7-Zip AES).
Opter pour des alternatives plus transparentes Par exemple : SwissTransfer (serveurs suisses), SpiderOak, Tresorit (protection juridique forte, pas de clause d’usage commercial). Le service Bluefiles est une alternative parfaite. (protection juridique forte, Français).
Suivre les mises à jour légales Les CGU changent vite et souvent. Mieux vaut les suivre comme on suit une météo instable.

⏳ Jusqu’où tolérerez-vous d’être piraté ?

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Sécurité : chiffrée, mais pas invisible

Sur le plan de la sécurité technique, WeTransfer communique volontiers sur sa conformité avec le RGPD et sur l’utilisation de mesures solides :

  • Chiffrement TLS et AES-256 pour les transferts.

  • Suppression automatique des fichiers après 48h ou selon durée choisie (jusqu’à 1 an si compte Pro).

  • Serveurs conformes aux clauses contractuelles types de l’UE pour les transferts hors EEE.

  • Audits et accès restreints au personnel autorisé.

Sur le papier, c’est rassurant. Mais une question subsiste : à quoi bon crypter si, contractuellement, l’entreprise se réserve le droit de consulter, modifier ou dupliquer le contenu ?

Autrement dit : la sécurité technique ne compense pas une politique de droits d’usage agressive.

Ce que dit le droit (et ce qu’il ne dit pas)

WeTransfer s’appuie sur un principe juridico-commercial courant dans le numérique : l’octroi de licence large pour assurer le bon fonctionnement du service. En clair, permettre à un serveur de copier temporairement un fichier, c’est techniquement une « reproduction ».

Mais là où beaucoup d’acteurs s’arrêtent à une licence limitée à l’exploitation nécessaire du service, WeTransfer avait franchi la ligne avec :

  • la possibilité de créer des œuvres dérivées,

  • l’autorisation de sous-licencier à des tiers,

  • l’usage dans des “produits, services ou technologies futurs”, ce qui inclut… l’IA.

Même après la suppression de la mention IA, ces points restent valides.

Un cas d’école sur le consentement numérique

L’affaire WeTransfer montre à quel point le texte des conditions générales n’est jamais anodin. Derrière un service pratique et populaire peut se cacher une stratégie d’exploitation des données, souvent camouflée dans des formulations juridiques d’apparence banale.

Cette tentative de licence “gloutonne” — et son retrait partiel sous pression — illustre :

  • le déséquilibre informationnel entre plateformes et utilisateurs ;

  • la fragilité de notre consentement numérique ;

  • l’importance d’une veille active sur les pratiques contractuelles, surtout pour les pros de la création, du journalisme et de la cybersécurité.

WeTransfer reste un outil rapide, intuitif, et pratique pour échanger de gros fichiers. Mais sa politique d’utilisation soulève des interrogations profondes sur la monétisation des données, le respect de la vie privée, et l’évolution des rapports de force entre utilisateur et plateforme.

En 2025, le cloud ne vaut pas que par sa vitesse de transfert. Il vaut aussi par ce qu’il nous fait perdre — ou garder — de nos droits fondamentaux sur nos propres données.

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Coup de frein sur la cybersécurité fédérale

La CISA perdrait près d’un tiers de son personnel dans le budget 2026 proposé par l’administration Trump, alors que les menaces numériques s’intensifient.

Alors que les cyberattaques d’origine étatique et les campagnes criminelles numériques s’intensifient à travers le monde, le gouvernement fédéral américain envisage une réduction majeure de sa principale agence de cybersécurité. La Cybersecurity and Infrastructure Security Agency (CISA) pourrait perdre près de 1 000 employés à temps plein dès le prochain exercice budgétaire, selon les documents officiels publiés vendredi 31 mai 2025. Une réorientation budgétaire majeure qui suscite de nombreuses inquiétudes dans le secteur de la sécurité numérique, tant au sein de l’administration que parmi les experts en cybersécurité.

Un recul budgétaire sans précédent pour la cybersécurité civile

Selon le supplément budgétaire détaillé dévoilé en fin de semaine par la Maison-Blanche, la CISA verrait son effectif passer de 3 292 à 2 324 employés dès le 1er octobre 2025, date de début de l’exercice fiscal 2026. Soit une baisse d’environ 30 %, qui s’accompagne d’une coupe nette dans les ressources financières de l’agence. Son budget total chuterait de 2,38 milliards de dollars à 1,89 milliard (soit environ 1,74 milliard d’euros), selon un document de justification budgétaire consulté par Nextgov/FCW. Cela représente une diminution de 495 millions de dollars (environ 455 millions d’euros) par rapport à l’année précédente. Bref, ce qui avait été promis en mars 2025 s’affiche officiellement comme DataSecurityBreach.fr vous l’écrivait à l’époque.

L’ensemble des lignes budgétaires principales, opérations cyber, engagement des parties prenantes, soutien aux missions, serait touché. L’un des pans les plus sensibles, l’Election Security Program, qui comptait 14 postes et un financement de 39,6 millions de dollars (environ 36,5 millions d’euros), serait tout simplement supprimé. Cette fermeture était anticipée depuis l’annonce par la CISA, en mars dernier, de la fin de son soutien à ce programme clé pour les administrations électorales locales et étatiques. Parallèlement, les efforts de formation et d’éducation à la cybersécurité perdraient 45 millions de dollars (environ 41 millions d’euros), et le National Risk Management Center, pilier de l’analyse des menaces contre les infrastructures critiques, verrait 35 postes supprimés ainsi que 70 millions de dollars de crédits en moins (environ 64 millions d’euros).

Bien que le financement des programmes de sécurité physique des infrastructures soit légèrement rehaussé, cela ne compense en rien les coupes dans les missions cyber, cœur d’activité de l’agence.

Un effet domino sur l’ensemble de l’écosystème cyber fédéral

La réduction envisagée ne se limite pas  (PDF) à la CISA. D’autres entités fédérales impliquées dans la cybersécurité sont également concernées. Le FBI, chargé de la lutte contre la cybercriminalité intérieure, perdrait près de 1 900 employés et verrait ses obligations financières diminuer de 560 millions de dollars (environ 515 millions d’euros).

La National Security Division du département de la Justice, qui supervise notamment les questions de surveillance électronique et de contre-espionnage, verrait son budget passer de 133 à 119 millions de dollars (environ 122 à 109 millions d’euros), une baisse accompagnée de la suppression de 19 postes. Autre victime collatérale : le Department of Energy. Son Office of Cybersecurity, Energy Security and Emergency Response, qui sécurise notamment le réseau électrique national, subirait une coupe de 222 à 179 millions de dollars (environ 204 à 165 millions d’euros), et une réduction de plus de 30 % de ses effectifs. La National Science Foundation, pilier du soutien à la recherche en informatique, verrait son financement plonger de 952 à 346 millions de dollars (environ 875 à 318 millions d’euros). Une chute drastique qui pourrait freiner l’innovation technologique dans le domaine de la cybersécurité.

Même la General Services Administration, responsable des achats et services numériques gouvernementaux, verrait ses fonds fondre de 335 à 217 millions de dollars (environ 308 à 199 millions d’euros). Au département du Trésor, l’Office of Terrorism and Financial Intelligence, clé dans la lutte contre les crimes financiers, subirait une réduction de 274 à 254 millions de dollars (environ 252 à 233 millions d’euros).

L’Office of the National Cyber Director, créé récemment pour coordonner la stratégie numérique fédérale, perdrait 2 millions de dollars (environ 1,8 million d’euros) mais conserverait ses 85 employés.

Des choix politiques marqués, des critiques en perspective

Les arbitrages budgétaires marquent un tournant dans la posture fédérale face aux menaces numériques. La CISA, créée en 2018 sous la première présidence Trump, est devenue ces dernières années l’un des visages publics de la réponse fédérale aux attaques cyber et aux interférences étrangères dans le processus démocratique. Son implication dans le démantèlement des théories de fraude électorale en 2020, et sa communication sur les menaces de désinformation, en ont fait une cible de l’ancien président.

Aujourd’hui, plusieurs directions opérationnelles de l’agence sont sans responsable permanent, tout comme la moitié des antennes régionales. Le climat interne est marqué par les incertitudes, notamment en raison du programme de démission différée offert aux employés, qui permet aux agents de quitter progressivement le service fédéral tout en restant rémunérés jusqu’à la fin de l’exercice en cours.

Le candidat désigné pour diriger la CISA (PDF), Sean Plankey, devra s’expliquer ce jeudi devant le Congrès, en même temps que Sean Cairncross, pressenti pour le poste de directeur national du cyber. Leur audition devrait donner lieu à des échanges nourris sur ces orientations budgétaires, avant que le Congrès ne statue sur les propositions de l’exécutif.

Des hausses ciblées et un statu quo pour certains organismes

Tous les organes fédéraux ne sont pas logés à la même enseigne. L’Intelligence Community Management Account, qui coordonne l’action des 18 agences de renseignement, obtiendrait une hausse modeste de ses crédits, passant de 687 à 700 millions de dollars (environ 632 à 644 millions d’euros).

La Privacy and Civil Liberties Oversight Board, instance chargée de surveiller les atteintes aux libertés publiques par les agences de renseignement, ne connaîtrait quasiment aucun changement en termes de personnel ou de financement. Elle est actuellement engagée dans une procédure judiciaire contre l’administration Trump, en lien avec la révocation de ses membres démocrates.

Vodafone sanctionné de 45 millions d’euros pour violations graves de la protection des données

L’autorité allemande de protection des données inflige une amende historique à Vodafone pour des manquements graves liés à des pratiques commerciales frauduleuses et des failles de sécurité.

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Depuis l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD) en 2018, l’Union européenne a multiplié les sanctions contre les entreprises ne respectant pas les règles strictes imposées en matière de confidentialité et de sécurité. L’Allemagne, particulièrement vigilante sur ce terrain, vient de frapper fort en sanctionnant Vodafone à hauteur de 45 millions d’euros. En cause, des pratiques commerciales trompeuses menées par des agences partenaires de l’opérateur et des failles importantes dans ses systèmes d’authentification, qui ont exposé les données de ses clients. Une décision qui s’inscrit dans une tendance croissante de surveillance renforcée par les régulateurs européens, soucieux de garantir la confiance numérique des citoyens.

Un double manquement pointé par le régulateur

Le 3 juin 2024, le Bureau fédéral de la protection des données (BfDI), autorité allemande indépendante chargée de veiller au respect du RGPD, a annoncé avoir infligé à Vodafone une amende totale de 45 millions d’euros (51,2 millions de dollars). Cette décision découle de deux types d’infractions distinctes. D’abord, le régulateur a reproché à l’entreprise son absence de contrôle sur les agences de vente partenaires, responsables de pratiques qualifiées de « malveillantes ». Ensuite, il a dénoncé des « failles critiques » dans les procédures d’authentification de Vodafone, qui ont permis à des tiers non autorisés d’accéder à des profils de clients, notamment à travers le système eSIM.

Selon le communiqué publié par le BfDI, l’enquête a révélé que certaines agences partenaires, mandatées pour vendre des services au nom de Vodafone, ont abusé de leur position. Elles auraient manipulé les contrats, falsifié des données clients ou modifié les termes sans consentement, dans le but d’atteindre des objectifs commerciaux.

La seconde infraction, bien plus lourde sur le plan financier, concerne les mécanismes d’authentification utilisés par Vodafone dans son portail en ligne et via sa hotline. Le BfDI estime que ces systèmes présentaient des vulnérabilités importantes qui ont facilité l’accès non autorisé à des données personnelles sensibles.

« Les failles découvertes permettaient notamment à des tiers d’accéder illégalement aux profils eSIM des utilisateurs« , a précisé l’autorité dans son communiqué.

Cette deuxième série de manquements a justifié une sanction de 30 millions d’euros (34 millions de dollars), les services de l’État considérant que Vodafone n’avait pas pris les mesures minimales nécessaires pour garantir la confidentialité des informations. Or, le RGPD exige des entreprises qu’elles mettent en œuvre des technologies et des protocoles de sécurité rigoureux, dès la conception de leurs produits et services.

Réactions et mesures correctives

Face à ces accusations, Vodafone a reconnu des insuffisances dans ses systèmes de protection des données. Dans un communiqué publié le jour même de la sanction, l’entreprise a exprimé ses regrets et a indiqué avoir revu en profondeur ses procédures internes.

« Les actions des agences partenaires ont révélé des lacunes dans nos contrôles de protection des données« , a déclaré un porte-parole de Vodafone. « Nous regrettons que des clients aient été impactés négativement« .

« Les systèmes et les mesures en place à l’époque se sont révélés insuffisants« , ajoute l’entreprise, affirmant que la nouvelle direction a fait de la protection des données une priorité absolue.

Depuis le début de l’enquête menée par le BfDI, Vodafone affirme avoir renforcé de manière significative ses mesures de sécurité. Des audits internes ont été menés et des mécanismes d’authentification plus robustes ont été déployés sur ses plateformes. Le régulateur a confirmé que des « progrès notables » ont été constatés dans les mois ayant suivi le début de la procédure.

Cette sanction contre Vodafone s’inscrit dans un contexte européen marqué par une augmentation significative des sanctions liées à la protection des données personnelles. Les autorités européennes, coordonnées par le Comité européen de la protection des données (EDPB), appliquent désormais avec rigueur les dispositions du RGPD.

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En mai 2023, Meta avait été condamnée à une amende record de 1,2 milliard d’euros (1,37 milliard de dollars) pour des transferts de données jugés non conformes entre l’Union européenne et les États-Unis. Uber, de son côté, a écopé d’une sanction de 290 millions d’euros (330 millions de dollars) pour avoir transféré des données de conducteurs sans garanties suffisantes.

Pour Louisa Specht-Riemenschneider, la commissaire fédérale allemande à la protection des données, cette vigilance accrue est essentielle pour préserver la confiance du public. « La protection des données est un facteur de confiance pour les utilisateurs de services numériques et peut devenir un avantage concurrentiel », a-t-elle souligné dans un communiqué.

La responsable insiste également sur l’importance de la prévention, affirmant que « les entreprises doivent être en mesure de respecter la législation en matière de protection des données avant même que les violations ne surviennent ».

Une surveillance qui s’intensifie

L’affaire Vodafone illustre clairement les attentes grandissantes des régulateurs à l’égard des multinationales. Si la répression devient plus visible, c’est aussi parce que la société numérique génère des volumes de données toujours plus importants, augmentant ainsi les risques d’exploitation abusive ou de compromission.

En Allemagne, le BfDI multiplie depuis deux ans les contrôles sectoriels, notamment dans les télécommunications et les services bancaires. Ces secteurs traitent quotidiennement des données hautement sensibles, allant des informations d’identification jusqu’aux transactions financières. Toute faille ou dérive dans la gestion de ces données expose les entreprises à des sanctions sévères.

Vodafone, présent dans plus de 20 pays, n’est pas à sa première controverse en matière de gestion des données. En 2019, l’opérateur avait déjà été interpellé en Italie pour avoir laissé des agents commerciaux sous-traitants démarcher illégalement des clients, ce qui avait entraîné une sanction de 12 millions d’euros par le Garante per la protezione dei dati personali.

La répétition de ces incidents montre que la gestion des partenaires externes représente un maillon faible pour les grandes entreprises opérant dans plusieurs juridictions. C’est d’ailleurs un point d’attention majeur dans les audits RGPD, qui insistent sur la nécessité de responsabiliser l’ensemble de la chaîne de traitement des données, sous-traitants compris.

Un avertissement pour l’ensemble du secteur

Avec cette nouvelle sanction, le message du BfDI est clair : les entreprises qui ne surveillent pas leurs partenaires ou qui négligent la sécurité des données encourent des conséquences financières lourdes. Au-delà du montant de l’amende, c’est aussi l’image de l’entreprise qui en sort écornée, dans un contexte où la protection des données est devenue un critère de différenciation pour les consommateurs.

Les prochains mois diront si Vodafone parvient à restaurer la confiance et à faire oublier cet épisode. Pour l’heure, l’entreprise affirme avoir « fondamentalement revu ses systèmes et processus« , tout en assurant que la protection des données est désormais « une priorité de la direction« . Reste à savoir si ces mesures suffiront à prévenir de nouveaux incidents.

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Un Yéménite accusé d’avoir lancé Black Kingdom contre des hôpitaux

Un ressortissant yéménite est accusé d’avoir orchestré une vaste campagne de cyberattaques avec le rançongiciel Black Kingdom, ciblant écoles, cliniques et entreprises aux États-Unis, depuis le Yémen.

Le ministère américain de la Justice a levé le voile sur un nouvel épisode inquiétant de la cyberguerre mondiale. Le 2 mai 2025, les autorités américaines ont annoncé l’inculpation de Rami Khaled Ahmed, un Yéménite de 36 ans, accusé d’avoir dirigé une campagne d’attaques informatiques via le ransomware Black Kingdom entre mars 2021 et juin 2023. Depuis Sanaa, la capitale du Yémen, Ahmed aurait mené une série d’opérations visant à extorquer des sommes en cryptomonnaie en paralysant des réseaux informatiques critiques, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services aux entreprises. Cette affaire, révélée dans un contexte de répression renforcée contre les cybercriminels à l’échelle internationale, soulève de nombreuses questions sur la coordination de la lutte contre la cybercriminalité, les failles persistantes dans les infrastructures numériques et les limites de la souveraineté judiciaire face à des menaces transnationales.

D’après l’acte d’accusation rendu public par le Département de la Justice américain (DoJ), Rami Khaled Ahmed aurait exploité une faille de sécurité critique baptisée ProxyLogon, découverte dans les serveurs Microsoft Exchange début 2021. Cette vulnérabilité, qui permet à un pirate de prendre le contrôle total d’un serveur sans authentification préalable, a été rapidement exploitée par de nombreux groupes malveillants à travers le monde. Dans le cas du Yéménite, elle aurait permis l’installation du ransomware Black Kingdom sur environ 1 500 systèmes informatiques, principalement aux États-Unis mais aussi dans d’autres pays.

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Parmi les cibles confirmées figurent une entreprise de services de facturation médicale à Encino, une station de ski dans l’Oregon, un district scolaire en Pennsylvanie et une clinique de santé dans le Wisconsin. Après avoir pénétré les réseaux, le malware procédait au chiffrement des données sensibles, empêchant tout accès pour les utilisateurs légitimes. Une note de rançon apparaissait ensuite sur les écrans des victimes, les invitant à transférer 10 000 dollars (environ 9 300 euros) en bitcoins à une adresse contrôlée par un complice. Un canal de communication par e-mail permettait aux victimes de prouver le paiement et de recevoir, potentiellement, une clé de déchiffrement.

« Black Kingdom est l’une des premières familles de ransomwares à avoir exploité ProxyLogon. Elle a marqué une étape dans la sophistication des attaques contre les systèmes Exchange Server« , a expliqué Microsoft dans une analyse publiée fin mars 2021.

Connue également sous le nom de Pydomer, la famille de ransomwares Black Kingdom n’est pas nouvelle dans le paysage des menaces cyber. Elle avait déjà été repérée dans des attaques utilisant une autre faille de sécurité majeure : celle du VPN Pulse Secure, référencée CVE-2019-11510. Ces vulnérabilités, connues et documentées, n’en restent pas moins redoutables, notamment lorsque les correctifs ne sont pas appliqués à temps par les administrateurs système.

Si Rami Khaled Ahmed est reconnu coupable, il risque une peine pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison fédérale aux États-Unis, soit cinq ans pour chacun des trois chefs d’accusation retenus contre lui : complot, dommage intentionnel à un ordinateur protégé, et menaces de dommage à un ordinateur protégé. Cependant, l’accusé réside toujours au Yémen, pays avec lequel les États-Unis n’ont pas de traité d’extradition en vigueur. Son arrestation dépendra donc de l’évolution des relations diplomatiques et sécuritaires dans la région.

Cette inculpation n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une vague plus large d’actions coordonnées menées par les autorités américaines pour lutter contre la cybercriminalité transnationale. Ces derniers mois, plusieurs arrestations ont été annoncées, illustrant la diversité et l’internationalisation des menaces numériques.

Parmi elles, celle d’Artem Stryzhak, un Ukrainien arrêté en Espagne en juin 2024, affilié au ransomware Nefilim. Extradé vers les États-Unis le 30 avril 2025, il est accusé d’avoir mené des cyberattaques depuis 2021, avec à la clé des demandes de rançon similaires à celles de Black Kingdom. Son procès pourrait également se solder par une peine de cinq ans de prison fédérale.

Dans un autre dossier très médiatisé, Tyler Robert Buchanan, citoyen britannique soupçonné d’appartenir au groupe Scattered Spider, a également été extradé depuis l’Espagne. Il fait face à des accusations de fraude électronique et d’usurpation d’identité, deux infractions couramment associées aux campagnes de phishing et aux compromissions de comptes à grande échelle.

Plus troublant encore : certaines ramifications de ces affaires convergent vers des réseaux aux pratiques encore plus sinistres.

Les noms de Leonidas Varagiannis, alias War, et de Prasan Nepal, alias Trippy, tous deux âgés d’à peine 20 ans, ont fait surface dans un scandale d’envergure. Les deux hommes, décrits comme les chefs du groupe 764, sont accusés d’avoir organisé la diffusion de contenus pédopornographiques en exploitant au moins huit mineurs. Leur groupe, 764, est affilié à une constellation de collectifs criminels appelés The Com, dont ferait également partie Scattered Spider. L’un des membres, Richard Anthony Reyna Densmore, a déjà été condamné à 30 ans de réclusion aux États-Unis en novembre 2024 pour exploitation sexuelle d’enfants.

Ces accusations interviennent dans le contexte d’une série d’annonces des autorités gouvernementales américaines contre diverses activités criminelles.

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Le ministère de la Justice a rendu public un acte d’accusation accusant le citoyen ukrainien Artem Stryzhak d’avoir attaqué des entreprises à l’aide du ransomware Nefilim depuis qu’il est devenu affilié en juin 2021. Il a été arrêté en Espagne en juin 2024 et extradé vers les États-Unis le 30 avril 2025. S’il est reconnu coupable de cette accusation, Stryzhak risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

Tyler Robert Buchanan, un ressortissant britannique soupçonné d’appartenir au célèbre groupe de cybercriminalité Scattered Spider, a été extradé d’Espagne vers les États-Unis pour répondre à des accusations de fraude électronique et d’usurpation d’identité aggravée. Buchanan a été arrêté en Espagne en juin 2024. Les accusations portées contre lui et d’autres membres de Scattered Spider ont été annoncées par les États-Unis en novembre 2024.

Leonidas Varagiannis (alias War), 21 ans, et Prasan Nepal (alias Trippy), 20 ans, les deux chefs présumés du groupe d’extorsion d’enfants 764, ont été arrêtés et accusés d’avoir dirigé et diffusé du matériel pédopornographique. Les deux hommes sont accusés d’avoir exploité au moins huit victimes mineures.

Richard Anthony Reyna Densmore, un autre membre du 764, a été condamné à 30 ans de prison aux États-Unis en novembre 2024 pour exploitation sexuelle d’un enfant. Les membres du 764 sont affiliés à The Com , un ensemble hétéroclite de groupes aux liens étroits qui commettent des crimes sexuels et violents à motivation financière. Scattered Spider fait également partie de ce groupe.

Le Réseau de lutte contre la criminalité financière (FinCEN) du Département du Trésor américain a désigné le conglomérat cambodgien HuiOne Group comme une « institution particulièrement préoccupante en matière de blanchiment d’argent » pour les réseaux transnationaux de cybercriminalité d’Asie du Sud-Est, car il facilite les escroqueries amoureuses et sert de plaque tournante essentielle au blanchiment des produits des cyberattaques perpétrées par la République populaire démocratique de Corée (RPDC). La licence bancaire de HuiOne Pay a été révoquée en mars 2025 par la Banque nationale du Cambodge.

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La CNIL alerte sur la sécurité des grandes bases de données

Les fuites massives de données en 2024 ont exposé les failles de sécurité des grandes bases contenant des millions de données personnelles. La CNIL émet ses consignes pour muscler la cybersécurité.

En 2024, la France a été le théâtre d’une vague inédite de violations de données personnelles. Ces incidents, souvent dus à des négligences techniques et à des pratiques de sécurité insuffisantes, ont mis en lumière la fragilité des systèmes traitant des volumes massifs d’informations comme a pu le prouver ZATAZ.COM dès septembre 2023. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a publié une série de recommandations destinées à renforcer les mesures de sécurité. Une démarche devenue cruciale, à l’heure où les bases de données numériques, qu’elles soient publiques ou privées, cristallisent un enjeu majeur de souveraineté, de confiance et de résilience numérique.

Des failles structurelles mises à nu par une année noire

L’année 2024 aura servi de révélateur brutal. Des millions de personnes ont vu leurs données personnelles exposées à la suite d’attaques informatiques ciblant aussi bien des organismes publics que des entreprises privées. Le site ZATAZ.COM, référence de l’actualité dédiée à la lutte contre la cybercriminalité, avait lancé l’alerte dès 2023. Ces fuites ne sont pas l’œuvre de cybercriminels d’élite, mais bien d’attaques dites « opportunistes », facilitées par des failles répétitives : comptes usurpés protégés par de simples mots de passe (les pirates ont exploité dans la plupart des cas des infos stealers), surveillance inexistante des intrusions (une veille qui ne doit pas être négligée), ou encore sous-traitants négligents. Selon les rapports de la CNIL, près de 80 % des violations majeures enregistrées proviennent d’identifiants compromis.

Ces lacunes soulignent un déséquilibre préoccupant : les systèmes manipulant les données de plusieurs millions d’individus ne bénéficient pas toujours des dispositifs de sécurité à la hauteur des risques encourus. Or, ces bases de données géantes – qu’il s’agisse de CRM, de services cloud ou de plateformes clients – concentrent une mine d’informations sensibles : identités, coordonnées, historiques de consommation, voire données bancaires.

80 % des violations massives en 2024 ont été rendues possibles par des identifiants volés et une absence d’authentification renforcée.

Des mesures à la hauteur des enjeux

Face à cette situation alarmante, la CNIL insiste sur la nécessité d’une « défense en profondeur » pour les grandes bases de données. Il ne s’agit plus seulement de protéger la périphérie d’un système, mais bien d’organiser sa sécurité de manière holistique. Cela inclut des couches successives de protection, une surveillance active, une journalisation rigoureuse des activités et une politique d’accès strictement contrôlée.

L’autorité rappelle que les articles 5.1.f et 32 du Règlement général sur la protection des données (RGPD) imposent aux responsables de traitement comme aux sous-traitants de garantir une sécurité adaptée à la nature des données traitées et aux menaces qui les guettent. Cela implique une mise à jour constante des dispositifs techniques, mais aussi une réflexion en amont sur les architectures et les processus organisationnels.

La CNIL recommande notamment l’intégration systématique de l’authentification multifacteur (2fa/mfa) pour tout accès à distance à des données massives. Elle pointe également l’importance de limiter les capacités d’extraction de données en cas d’intrusion, ainsi que la nécessité de mettre en place des dispositifs de journalisation performants permettant de détecter rapidement toute activité anormale.

Multifacteur et journalisation : piliers de la nouvelle sécurité

La double authentification constitue aujourd’hui un rempart incontournable face à l’explosion des attaques par hameçonnage ou par réutilisation d’identifiants compromis (credential stuffing). Ce dispositif, qui combine mot de passe et preuve de possession (comme un code envoyé sur un téléphone ou une application dédiée), réduit considérablement le risque d’accès frauduleux… mais n’empêche aucunement l’accumulation de données personnelles. Les pirates ont compris depuis bien longtemps comme accéder à des espaces privées via, par exemple, le social engineering.

La CNIL n’ignore pas les contraintes opérationnelles que peut engendrer sa mise en œuvre, notamment pour les structures peu dotées en ressources humaines ou techniques. Mais l’autorité considère cet effort comme proportionné aux risques encourus. Surtout, elle prévient que l’absence d’une telle mesure sur des bases sensibles pourra, à compter de 2026, justifier l’ouverture de procédures de sanction.

Autre axe fort : la journalisation des activités. Les responsables de traitement sont appelés à mettre en place une traçabilité fine des accès, actions et flux de données. L’objectif est double : détecter les intrusions le plus tôt possible et disposer d’éléments d’analyse en cas d’incident. Les logs doivent être conservés entre six mois et un an, selon des modalités qui garantissent leur intégrité et leur exploitation. L’enjeu n’est pas tant d’accumuler des volumes de données que de savoir les interpréter et d’agir rapidement. Des logs qui pourront permettre de savoir si l’ennemi ne vient pas de l’intérieur !

La CNIL exigera dès 2026 l’authentification multifacteur sur toutes les grandes bases de données accessibles à distance, sous peine de sanctions.

Former pour anticiper : la vigilance humaine en première ligne

La technique ne peut à elle seule garantir la sécurité des données. Les erreurs humaines, trop souvent à l’origine des incidents, doivent être anticipées. La CNIL encourage les entreprises à organiser régulièrement des sessions de formation et de sensibilisation adaptées à chaque profil d’utilisateur : employés, développeurs, prestataires, décideurs. Data Security Breach, par le biais de son fondateur, Damien Bancal, propose des rendez-vous de sensibilisation [contact]. L’implication des utilisateurs est cruciale. Dans bien des cas, un simple doute exprimé par un salarié aurait pu éviter une fuite. D’où l’importance de disposer de référents identifiés et de canaux de remontée d’alerte efficaces. La CNIL considère que l’absence de telles mesures constitue un manquement à part entière.

Un point de vigilance majeur concerne la chaîne de sous-traitance. Les bases de données de grande ampleur sont souvent hébergées ou gérées par des prestataires externes, parfois situés à l’étranger. La CNIL rappelle que le RGPD impose de formaliser, par contrat, l’ensemble des obligations sécuritaires, incluant les clauses sur les violations de données, l’usage de sous-traitants secondaires et la transparence sur les mesures techniques employées.

Le responsable de traitement reste, dans tous les cas, redevable du niveau de sécurité. Il lui revient de s’assurer que le prestataire respecte les recommandations de l’autorité, dispose des certifications nécessaires et se soumet à des audits réguliers. Cette exigence vaut aussi bien pour les sous-traitants directs que pour les fournisseurs cloud, très présents dans l’hébergement de données massives.

La CNIL recommande notamment d’annexer au contrat la politique de sécurité de l’information du prestataire, ainsi que les preuves de ses certifications. Elle insiste sur l’importance d’un suivi continu, et non ponctuel, du niveau de conformité du sous-traitant. Bref, rien de nouveau. Cela devrait être inclus depuis la mise en place du RGPD, en mai 2018 !

2025 : le virage de la fermeté

Avec son plan stratégique 2025-2028, la CNIL franchit un cap dans son approche de la cybersécurité. Elle annonce une intensification de ses contrôles, en ciblant plus particulièrement les structures manipulant des données à très grande échelle. Un accompagnement est prévu, mais la pédagogie laissera peu à peu place à une exigence renforcée de conformité.

L’autorité prévient : les entreprises ayant déjà connu des fuites et qui n’auraient pas renforcé leur sécurité s’exposent à des sanctions accrues. Le message est clair : les incidents passés doivent servir de leçon. Les organismes ont désormais à leur disposition tous les outils pour anticiper, prévenir et réagir.

Les sanctions, qui peuvent atteindre 10 millions d’euros ou 2 % du chiffre d’affaires mondial, ne sont pas une menace théorique. Elles ont déjà été prononcées par la CNIL à plusieurs reprises ces dernières années. À l’avenir, le non-recours à l’authentification multifacteur sur des bases critiques sera considéré comme une négligence inacceptable.

Vers une maturité numérique collective ?

Ce tournant amorcé par la CNIL marque une volonté claire de responsabiliser l’ensemble de l’écosystème numérique. À l’heure où les données personnelles deviennent une ressource stratégique, leur protection ne saurait être une option. Elle est le socle de la confiance numérique, et donc de la compétitivité des entreprises comme de la légitimité des institutions.

Mais une question demeure : les acteurs économiques, souvent contraints par des logiques de rentabilité et de rapidité, seront-ils prêts à consacrer les ressources nécessaires à cette sécurisation ? Et au-delà des injonctions, la culture de la cybersécurité peut-elle réellement s’ancrer durablement dans les pratiques quotidiennes des organisations surtout face à des pirates informatiques qui ont du temps pour réfléchir à comment rentrer chez vous !

OpenDNS coupé en Belgique : une bataille entre justice, streaming et liberté numérique

Depuis le 11 avril 2025, OpenDNS n’est plus accessible aux internautes belges, conséquence d’une décision judiciaire liée à la lutte contre le piratage. En toile de fond : DAZN, le streaming sportif et la neutralité technologique.

Le bras de fer entre les ayants droit du sport et les services de contournement numérique franchit une nouvelle étape en Belgique. OpenDNS, service alternatif de résolution DNS appartenant à Cisco, a suspendu ses activités dans le pays suite à une décision du tribunal de commerce francophone de Bruxelles. En cause : une plainte déposée par la plateforme DAZN contre des centaines de sites de streaming illégaux, accusés de diffuser sans autorisation des contenus sportifs. Cette décision judiciaire impose désormais à des services technologiques comme OpenDNS d’empêcher l’accès à ces plateformes illicites. Face à cette injonction, Cisco a choisi de retirer complètement son service DNS du territoire belge, soulignant un débat crucial sur la neutralité du Net.

DNS : la boussole d’Internet que l’on oublie trop souvent

Pour comprendre l’affaire, il faut d’abord saisir ce qu’est un DNS. Le Domain Name System (DNS) est un système fondamental d’Internet créé par David Ulevitch il y a bientôt 20 ans : il convertit les noms de domaine que nous tapons — comme datasecuritybreach.fr ou netflix.com — en adresses IP, compréhensibles par les machines. En d’autres termes, il s’agit d’un annuaire géant qui permet à nos navigateurs de retrouver les sites web. Sans DNS, il faudrait mémoriser les séries de chiffres correspondant à chaque site, une tâche irréalisable pour la plupart des internautes.

Traditionnellement, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) proposent leurs propres serveurs DNS. Mais de nombreux utilisateurs, pour des raisons de performance, de sécurité ou de confidentialité, préfèrent des services alternatifs comme OpenDNS, Cloudflare ou Google DNS. Ces services, souvent plus rapides, filtrent aussi les contenus malveillants, protègent contre les attaques et permettent de contourner certaines restrictions géographiques.

OpenDNS, racheté par Cisco en 2015 pour 635 millions de dollars (environ 595 millions d’euros), offrait une alternative rapide et sécurisée aux serveurs DNS traditionnels.

OpenDNS, justement, se distingue depuis sa création en 2006 par sa capacité à sécuriser les connexions et à accélérer la navigation. Depuis son acquisition par Cisco, géant américain des infrastructures réseau, le service est resté gratuit pour les particuliers. Mais c’est cette même accessibilité qui le rend aujourd’hui problématique dans le contexte juridique belge.

La plainte de DAZN : une lutte contre le piratage massif

DAZN, plateforme spécialisée dans la diffusion de compétitions sportives, a porté plainte devant la justice belge contre plusieurs centaines de sites diffusant illégalement ses contenus. Pour les ayants droit, ces plateformes représentent une perte de revenus colossale et menacent le modèle économique des retransmissions sportives, où les droits audiovisuels se chiffrent en milliards. Dazn a déjà agi, avec plus ou moins de réussites, en France, en Espagne, Etc.

C’est dans ce cadre que le tribunal a rendu une ordonnance obligeant les fournisseurs d’accès, mais aussi certains services de résolution DNS, à bloquer l’accès à une longue liste de sites jugés illégaux. Concrètement, cela signifie que des entreprises comme Cisco doivent manipuler leur infrastructure DNS pour empêcher les utilisateurs belges de se connecter à ces sites.

Or, pour Cisco, cette demande va à l’encontre de la neutralité technologique. Dans un communiqué, l’entreprise a exprimé son désaccord avec cette approche. Elle estime que la responsabilité d’un tel blocage devrait incomber aux hébergeurs ou aux plateformes de contenu, pas aux intermédiaires techniques comme les services DNS.

Plutôt que de modifier ses services pour répondre à cette obligation spécifique à la Belgique, Cisco a fait le choix radical de suspendre complètement l’accès à OpenDNS dans le pays. Une décision inédite, qui suscite de nombreuses réactions, tant sur le plan juridique que technologique.

Pour les défenseurs des libertés numériques, cette affaire illustre les dérives potentielles d’une régulation trop intrusive. Le fait qu’un service mondial soit contraint de modifier son fonctionnement à l’échelle d’un pays, voire de cesser ses activités, pose la question de la souveraineté numérique mais aussi de l’universalité d’Internet. À l’inverse, les ayants droit et les acteurs de l’audiovisuel saluent une décision qui donne enfin des moyens concrets pour lutter contre le piratage.

Dans les faits, cette suspension d’OpenDNS crée une zone grise pour les internautes belges. Beaucoup se tournent désormais vers d’autres services DNS ou utilisent des VPN pour contourner cette nouvelle restriction. Une ironie, puisque la mesure censée freiner l’accès au contenu illégal pourrait, à terme, encourager encore davantage les pratiques de contournement.

Un précédent inquiétant pour les technologies neutres ?

Le cas belge pourrait-il devenir un cas d’école ? C’est l’une des préoccupations majeures des acteurs du numérique. Si chaque pays peut exiger d’un prestataire DNS ou d’un autre service technique d’intervenir dans le filtrage du web, cela ouvre la porte à une fragmentation d’Internet. Un Internet à plusieurs vitesses, où l’accès aux services dépendrait de critères géopolitiques ou juridiques.

La neutralité du Net, un principe fondateur d’Internet, en sort fragilisée. Ce principe veut que tous les flux de données soient traités de manière égale, sans discrimination ni interférence. En demandant à un service neutre comme OpenDNS d’exclure certains sites, la justice belge brouille cette ligne de séparation entre contenu et infrastructure.

Mais les défenseurs du droit d’auteur rappellent que l’impunité ne peut plus durer. Le streaming illégal prive les créateurs de revenus légitimes, et les plateformes comme DAZN ont besoin de recours concrets pour protéger leurs investissements.

L’Australie frappe fort contre les escroqueries financières en ligne

L’Australie a révoqué les licences de 95 entreprises soupçonnées d’être impliquées dans des escroqueries financières, marquant un tournant décisif dans la lutte contre les fraudes aux investissements.

Alors que les arnaques aux investissements prolifèrent sur internet, les autorités australiennes passent à l’offensive. Le régulateur financier national, l’Australian Securities and Investments Commission (ASIC), a obtenu en mars dernier l’approbation d’un juge fédéral pour radier 93 sociétés soupçonnées d’activités frauduleuses et prévoit de liquider deux autres entreprises disposant encore d’actifs. Ces entités sont accusées d’avoir trompé des consommateurs en leur faisant miroiter des gains dans des domaines spéculatifs comme le marché des changes, les cryptomonnaies ou les matières premières. Une opération d’envergure qui s’inscrit dans un contexte où les cyberescroqueries gagnent en sophistication et en audace. Cette décision illustre la volonté des autorités de restaurer la confiance des épargnants et de freiner l’hémorragie financière causée par ces manœuvres frauduleuses.

La décision de l’ASIC d’éradiquer ces sociétés s’appuie sur une vaste enquête révélant que la majorité d’entre elles utilisaient de faux directeurs — souvent inscrits à leur insu — et des adresses fictives. Dans certains cas, les entreprises affichaient une façade officielle en utilisant des logos et des bureaux de représentation, mais ceux-ci se révélaient déserts ou inexistants. Cette stratégie vise à duper les investisseurs en leur donnant l’illusion de traiter avec des institutions légitimes et solides.

Parmi les entreprises visées, Titan Capital Markets fait figure de cas emblématique. Connue pour avoir sponsorisé le club de football anglais Fulham, la société semblait jouir d’une certaine notoriété. Mais derrière cette vitrine, les apparences étaient trompeuses. Une enquête sur place menée à Canberra, supposée abriter les bureaux de Titan, a révélé un local vide, avec du courrier systématiquement retourné. Des investisseurs, principalement originaires d’Inde, ont adressé pas moins de 80 courriels aux liquidateurs, exprimant leur inquiétude et soulignant les sommes importantes qu’ils avaient engagées. Titan Capital Markets, malgré les sollicitations, est restée silencieuse.

Êtes-vous dans les petits papiers des pirates ?

« Ces escroqueries sont comme des hydres : on en coupe une, deux autres surgissent », a déclaré Sarah Court, vice-présidente de l’ASIC. Une image forte, qui résume bien le défi auquel fait face le régulateur australien. Chaque semaine, ce dernier fait fermer environ 130 sites frauduleux, mais les plateformes illicites renaissent presque aussitôt ailleurs, souvent sous une nouvelle identité ou via des entités de couverture.

Selon l’ASIC, le mécanisme est désormais bien rodé : les fraudeurs créent des entreprises enregistrées légalement, mais qui n’ont aucune activité réelle. Elles servent uniquement à donner une crédibilité artificielle à des plateformes de trading fictives ou à des offres d’investissement fallacieuses. En plus de flouer des particuliers, ces structures compliquent le travail des enquêteurs en créant un labyrinthe juridique et administratif difficile à démêler.

L’intervention de la justice fédérale est donc une réponse musclée, mais nécessaire. En ordonnant la radiation immédiate de 93 entreprises et la liquidation surveillée de deux autres, la cour entérine la volonté de l’État australien de reprendre la main sur un secteur miné par les abus. Et l’enquête est loin d’être terminée : selon les documents judiciaires, l’ASIC continue de creuser les ramifications financières et légales de ces sociétés, dans le but de démanteler entièrement le réseau de fraude.

Cette baisse, bien que significative, ne saurait masquer l’ampleur du phénomène. L’Australie fait face à une vague mondiale de cybercriminalité financière, où les escrocs exploitent les nouvelles technologies, les lacunes réglementaires et parfois même la naïveté des investisseurs pour amasser des fortunes. La promesse de rendements élevés dans un contexte d’incertitude économique agit comme un aimant, notamment dans des pays où les systèmes de régulation sont moins robustes et où les victimes se comptent par milliers.

C’est dans ce climat tendu que s’inscrit la stratégie de l’ASIC. Plutôt que de poursuivre chaque site individuellement, l’organisme cible désormais les structures légales qui permettent à ces arnaques de prospérer. En coupant l’accès à l’enregistrement officiel d’entreprises frauduleuses, le régulateur cherche à tarir la source même de leur légitimité apparente.

Les répercussions de cette opération pourraient se faire sentir bien au-delà des frontières australiennes. Nombre des victimes identifiées dans le cas de Titan Capital Markets ne résident pas en Australie. Cela démontre que les escroqueries opérées depuis un pays peuvent avoir des conséquences mondiales, touchant des particuliers à des milliers de kilomètres. L’Inde, en particulier, semble avoir été une cible privilégiée pour certaines de ces entreprises frauduleuses, qui promettaient des retours sur investissement rapides dans des secteurs à la mode comme le trading de devises ou les actifs numériques.

La dimension internationale de ces fraudes pose également un défi en matière de coopération judiciaire et de traçabilité financière. Les fonds investis par les victimes sont souvent rapidement transférés vers des comptes offshore ou blanchis à travers un réseau complexe de sociétés-écrans. Cela rend leur récupération extrêmement difficile, voire impossible, pour la majorité des investisseurs floués.

Mais la lutte contre ces arnaques ne peut pas reposer uniquement sur l’action des autorités. Elle exige aussi une sensibilisation accrue du public. Trop souvent, les victimes sont attirées par des offres trop belles pour être vraies, sans prendre le temps de vérifier les antécédents des sociétés ou les garanties proposées. Une éducation financière de base, couplée à une vigilance constante, constitue une première ligne de défense essentielle contre ces pratiques malveillantes.

Si les mesures prises par l’ASIC sont saluées par les défenseurs des consommateurs, elles n’en soulèvent pas moins une question cruciale : cette stratégie d’élimination des sociétés frauduleuses peut-elle réellement freiner une industrie souterraine en constante mutation, qui semble toujours avoir un temps d’avance ? Dans un monde où les escrocs deviennent de plus en plus technophiles et agiles, la régulation peut-elle suivre le rythme sans se contenter de colmater les brèches ?

Voici la liste complète des entreprises dont la liquidation ou la radiation a été ordonnée dans le cadre de l’affaire ASIC v 24-U Pty Ltd [2025] FCA 321. [Compilation datasecuritybreach.fr)

24-U Pty Ltd
Rootie Tech Solutions Pty Ltd
Aleos Capital Markets Pty Ltd
Aleos Capital Pty Ltd
Cloud Bridge Capital Pty Ltd
Como Trade Pty Ltd
Discovery Capital Group Pty Ltd
Enclave Prime Pty Ltd
Extreme Global Pty Ltd
Extrend Cap International Pty Ltd
Gaoman Capital Group Trading Pty Ltd
Gold Rush Global Group Pty Ltd
Gold Rush Group Pty Ltd
Goldwell Global Pty Ltd
GTS Energy Markets Group Pty Ltd
Invdom Pty Ltd
Khama Capita Pty Ltd
QRS Global Pty Ltd
Rayz Liquidity Pty Ltd
Topmax Global Pty Ltd
Tradewill Global Pty Ltd
Tshan Markets Pty Ltd
Upone Global Financial Services Pty Ltd
19 Securities Pty Ltd
Ausfit Mart Pty Ltd
Aximtrade Pty Ltd
Caitu International Securities Pty Ltd
Genesis Capital Resources Pty Ltd
Gongde International Pty Ltd
Great Plan Service Pty Ltd
Great Virtue Pty Ltd
Guang Quan International Pty Ltd
Guofa International Pty Ltd
Guotai International Pty Ltd
Jinhou International Pty Ltd
Jinte Net Blockchain Pty Ltd
Juncheng Trade Pty Ltd
Nasd Trading Group Pty Ltd
Oceanus Wealth Securities Pty Ltd
Rac Markets Pty Ltd
Rich Gold Group Pty Ltd
Ridder Trader Pty Ltd
Rising Sun Capital Pty Ltd
RN Prime Pty Ltd
Ruifu International Pty Ltd
Ruisen Securities Pty Ltd
Shan Yu International Pty Ltd
Tradehall Pty Ltd
Trillion Global Capital Pty Ltd
Tuotenda Capital Group Pty Ltd
Yinrui International Pty Ltd
Zhongke Global Pty Ltd
Zhongying Global Pty Ltd
Audrn Financial Group Pty Ltd
Aus Financial Australia Pty Ltd
Compilation zataz.com
BHP Markets Pty Ltd
CLSA Capital Group Inv Pty Ltd
Katy Capital Pty Ltd
Rena Markets Pty Ltd
Sophie Capital Financial Trading Pty Ltd
Aleos Capital Pty Ltd
Aximtrade Pty Ltd
Caitu International Securities Pty Ltd
CLSA Capital Group Inv Pty Ltd
Cloud Bridge Capital Pty Ltd
Discovery Capital Group Pty Ltd
Enclave Prime Pty Ltd
Extrend Cap International Pty Ltd
Gaoman Capital Group Trading Pty Ltd
Genesis Capital Resources Pty Ltd
Gongde International Pty Ltd
Great Plan Service Pty Ltd
Great Virtue Pty Ltd
Guang Quan International Pty Ltd
Guofa International Pty Ltd
Guotai International Pty Ltd
Invdom Pty Ltd
Jinhou International Pty Ltd
Jinte Net Blockchain Pty Ltd
Juncheng Trade Pty Ltd
Khama Capita Pty Ltd
Mercury Securities Group Pty Ltd
Nasd Trading Group Pty Ltd
Oceanus Wealth Securities Pty Ltd
Compilation zataz.com
Rac Markets Pty Ltd
Rayz Liquidity Pty Ltd
Ridder Trader Pty Ltd
Rising Sun Capital Pty Ltd
RN Prime Pty Ltd
Rootie Tech Solutions Pty Ltd
Ruifu International Pty Ltd
Ruisen Securities Pty Ltd
Seventy Investech Pty Ltd
Shan Yu International Pty Ltd
Tradehall Pty Ltd

La Russie légalise la saisie de cryptomonnaies

Le gouvernement russe a approuvé une réforme des codes pénal et de procédure pénale, reconnaissant les cryptomonnaies comme des biens saisissables, une étape dans la lutte contre la criminalité numérique.

Longtemps entourée d’un flou juridique, la question du statut des cryptomonnaies dans le droit pénal russe vient de connaître un tournant décisif. Le 14 avril 2025, la commission gouvernementale a validé des amendements permettant de reconnaître officiellement les actifs numériques, y compris les cryptomonnaies, comme des biens. Cette reconnaissance ouvre la voie à leur saisie, leur confiscation et leur traitement comme preuves matérielles dans les enquêtes criminelles. Annoncé dès mars par le ministère de la Justice, ce projet entend combler les lacunes qui compliquaient jusqu’alors les procédures judiciaires. Mais si cette avancée clarifie certains points, elle soulève aussi de nouvelles interrogations sur l’efficacité du mécanisme d’application dans un univers décentralisé et transfrontalier.

Le flou juridique autour des cryptomonnaies n’est plus. Avec les nouvelles modifications adoptées, les actifs numériques accèdent au statut de « bien » dans le droit pénal russe, au même titre que les comptes bancaires, les voitures ou les biens immobiliers. Le texte, dont l’approbation officielle a été confirmée le 14 avril par une commission gouvernementale, met fin à des années d’incertitude pour les autorités chargées des enquêtes criminelles. Jusque-là, les enquêteurs pouvaient se heurter à un véritable casse-tête lorsqu’il s’agissait d’intervenir sur des flux financiers illicites transitant par la blockchain.

Le président du conseil de l’Association des juristes de Russie, Vladimir Grouzdev, a salué une initiative « nécessaire et attendue« , rappelant que la cryptomonnaie était déjà considérée comme un bien dans les lois relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption. Mais cette reconnaissance n’avait pas encore pénétré l’ensemble du corpus pénal. Ce vide juridique, source de multiples contradictions, freinait considérablement le travail des forces de l’ordre, notamment dans les affaires de cybercriminalité.

« La reconnaissance des cryptomonnaies comme bien permettra leur saisie et leur confiscation dans les procédures pénales, ce qui jusqu’ici relevait d’une zone grise du droit« , explique Alexandre Redkine, avocat. Il précise que, dans la pratique, des tentatives de saisie existaient déjà, mais sans base légale claire. Le nouveau cadre légal permettra d’unifier les pratiques, d’officialiser les protocoles d’arrestation des fonds et de combler un vide qui profitait largement aux criminels.

Dans le détail, les amendements apportés au Code de procédure pénale définissent les procédures spécifiques que doivent suivre les autorités pour opérer des saisies d’actifs numériques. Comme a pu le lire DataSecurityBreach.fr, tout dépendra du type de portefeuille utilisé. Si le suspect détient un « wallet » dit froid, c’est-à-dire hors ligne, ce sont les supports matériels eux-mêmes (clés USB, disques durs) qui seront confisqués. En revanche, pour les portefeuilles « chauds », connectés à Internet, les fonds devront être transférés vers un compte sécurisé contrôlé par l’État.

Mais là encore, les limites du système apparaissent rapidement. Les mécanismes de compensation des victimes – en cas de confiscation de cryptomonnaies – ne sont pas encore pleinement définis. Surtout quand ces victimes sont basées dans des pays pas vraiment dans les petits papiers du Kremlin. Et c’est sans parler de la difficulté majeure que constitue l’identification des détenteurs de ces actifs, souvent anonymes ou dissimulés derrière de multiples intermédiaires.

Cette problématique est d’autant plus complexe que l’univers des cryptomonnaies fonctionne selon des logiques radicalement différentes des circuits bancaires classiques. Leur caractère transfrontalier, l’absence d’intermédiaires centralisés et l’existence de réseaux comme le dark web rendent les enquêtes particulièrement ardues. Le suivi des transactions cachées représente aujourd’hui l’un des plus grands défis de la justice numérique, et quelque soit le pays. Ces opérations, souvent fractionnées et masquées, rendent difficile la traçabilité de l’origine des fonds.

Quid des huissiers ! Les huissiers de justice ne disposent pas d’outils efficaces pour confisquer directement la cryptomonnaie. Bien souvent, ils sont contraints de convertir les cryptoactifs en monnaie fiduciaire, avec tous les risques que cela comporte, notamment la perte de valeur ou les fluctuations soudaines du marché. Le risque d’erreurs ou de manipulations est d’autant plus élevé que les compétences techniques nécessaires pour ce type d’opérations restent rares au sein des services publics.

Partouche en croisade contre les jeux illégaux en ligne

Le Groupe Partouche tire la sonnette d’alarme face à la recrudescence des fraudes en ligne exploitant son image. Une lutte d’envergure s’engage contre les jeux illégaux, en collaboration avec les géants du web.

Depuis plusieurs mois, un phénomène inquiétant prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux : des escrocs exploitent sans scrupule l’image du Groupe Partouche pour rediriger les internautes vers des plateformes de jeux en ligne illégales. Ces contenus frauduleux, le blog ZATAZ, référence des actualités Cyber Sécurité s’en était fait l’écho en mars 2025, souvent habilement conçus, abusent de la notoriété du groupe pour piéger des joueurs en quête de gains rapides. Face à cette vague de détournements d’image et à l’essor des offres illicites, Partouche réagit avec fermeté. L’entreprise entame une collaboration inédite avec META afin de mieux identifier et supprimer ces contenus nocifs. Un pas déterminant dans la lutte contre une menace numérique qui fragilise la sécurité des joueurs et mine la légitimité des opérateurs légaux.

Dans l’univers en constante mutation des jeux d’argent, une nouvelle bataille s’est engagée, et elle ne se joue pas dans les casinos, mais dans l’arène numérique. Depuis plusieurs mois, le Groupe Partouche – acteur historique du secteur du divertissement en France – est la cible d’une campagne massive d’usurpation de son identité sur les réseaux sociaux. Des escrocs se font passer pour l’entreprise, ses dirigeants, ou ses salariés, dans le but de rediriger les internautes vers des plateformes de jeux illégaux opérant en toute clandestinité. Ce phénomène, aussi inquiétant que sophistiqué, prend une ampleur inédite et menace à la fois les consommateurs et l’équilibre du marché des jeux en ligne.

À travers des publications sponsorisées, des comptes usurpateurs ou des vidéos truquées, les fraudeurs exploitent l’image de Partouche pour instaurer une illusion de confiance. Le blog ZATAZ avait d’ailleurs lancé plusieurs alertes auprès des « influenceurs » et autres bloggeurs sur des approches « d’agence de communication » venue proposer, contre de l’argent, des articles. [Lire ICI et LA]. Ces articles cachés des liens vers des casinos illicites, voir clairement malveillants.

Derrière cette façade mensongère, ce sont des sites hébergés à l’étranger, échappant à toute régulation française, qui proposent des jeux d’argent sans contrôle, sans encadrement, et sans aucune garantie de sécurité. L’objectif est clair : piéger les internautes avec des promesses de gains rapides et les faire entrer dans un cercle vicieux d’addiction, sans que ceux-ci n’aient les moyens de s’en protéger.

« L’usurpation d’identité en ligne n’est pas seulement une fraude, c’est une attaque contre la confiance du public », déclare un représentant du groupe.

L’Autorité Nationale des Jeux (ANJ), qui supervise le secteur en France, a elle-même tiré la sonnette d’alarme. Dans ses derniers rapports, elle met en garde contre une croissance inquiétante des offres illégales accessibles aux joueurs français, notamment via les réseaux sociaux et certaines plateformes vidéo. Ces offres se développent dans l’ombre du cadre légal, profitant du flou juridique et de la difficulté à contrôler le flux d’informations sur Internet. Le danger est double : non seulement les joueurs ne bénéficient d’aucune protection, mais ils deviennent également vulnérables à d’autres dérives, telles que les arnaques bancaires ou l’exploitation de leurs données personnelles.

Conscient de ces enjeux, le Groupe Partouche a décidé de passer à l’action. Une collaboration stratégique vient d’être lancée avec META, maison mère de Facebook et Instagram. Ce partenariat vise à faciliter le signalement et la suppression rapide des contenus frauduleux. En s’associant directement avec l’une des plus grandes entreprises technologiques du monde, Partouche espère obtenir des résultats concrets et freiner la prolifération de ces arnaques numériques.

Cette alliance s’inscrit dans une démarche plus large : celle d’un engagement en faveur d’un jeu responsable et sécurisé. Car contrairement à ces plateformes pirates, les établissements de jeux autorisés en France sont soumis à des obligations strictes. Ils doivent garantir l’équité des jeux, encadrer la publicité, protéger les joueurs vulnérables et prévenir le jeu excessif. C’est précisément cette rigueur que contournent les opérateurs illégaux, mettant en péril des années de régulation patiemment construites.

Les plateformes illégales de jeux en ligne échappent à toute régulation, exposant les joueurs à des risques accrus de fraude, d’addiction et de perte de données personnelles.

Mais au-delà des conséquences pour les joueurs, cette guerre numérique soulève une autre question : celle de la souveraineté réglementaire face à des acteurs opérant hors des frontières. La France, comme d’autres pays européens, se heurte à la difficulté de faire appliquer son droit sur Internet, espace sans frontières par excellence. Même avec le soutien de grandes entreprises comme META, les mesures de blocage ou de suppression restent souvent lentes et partielles. Il faut alors repenser les outils de régulation à l’échelle européenne, voire internationale.

Dans ce contexte, le rôle des acteurs comme Partouche devient central. Non seulement ils participent à alerter les autorités, mais ils prennent aussi une part active dans la lutte contre la désinformation, les faux profils, et la promotion de contenus illégaux. L’engagement du groupe est clair : défendre les valeurs d’un divertissement encadré, où chaque joueur peut s’amuser en toute confiance. Et cela passe aussi par une vigilance accrue sur la réputation numérique des marques.

La démarche de Partouche s’inscrit également dans une volonté pédagogique. Le groupe rappelle régulièrement aux internautes qu’aucune offre de jeux d’argent en ligne ne peut être proposée légalement en France sans l’agrément de l’ANJ. Il invite les joueurs à vérifier systématiquement la légalité des plateformes qu’ils utilisent, à se méfier des offres trop alléchantes, et à ne jamais communiquer leurs données bancaires ou personnelles à des sites douteux.

Partouche s’allie à META pour identifier et faire supprimer plus rapidement les contenus frauduleux sur Facebook et Instagram.

Le combat est donc aussi culturel. Il s’agit de sensibiliser le public aux dangers réels des jeux illégaux, bien souvent minimisés par la légèreté des mises en scène en ligne. En jouant sur l’image de marques reconnues, les escrocs cherchent à désarmer la méfiance des internautes, surtout les plus jeunes ou les moins informés. Or, les conséquences peuvent être dramatiques : pertes financières, endettement, isolement, ou encore exposition à des réseaux criminels.

À l’heure où la digitalisation transforme en profondeur tous les secteurs économiques, le monde du jeu n’échappe pas à la règle. Il est donc plus que jamais nécessaire d’instaurer un dialogue constant entre les opérateurs, les régulateurs, et les plateformes technologiques. L’exemple de Partouche montre qu’une action coordonnée est possible. Mais elle doit s’accompagner d’un renforcement des moyens de contrôle, d’un partage plus efficace des données entre institutions, et d’une volonté politique affirmée de protéger le public.

Le Groupe Partouche, en lançant cette offensive contre les arnaques numériques, ne défend pas seulement son image. Il défend aussi un modèle de divertissement encadré, où le plaisir du jeu ne rime pas avec insécurité. Dans cette bataille de longue haleine, chaque acteur a un rôle à jouer. Reste à savoir si l’ensemble de l’écosystème numérique acceptera de faire front commun pour enrayer la vague des jeux illégaux en ligne.

Root écope de 900 000 € d’amende pour avoir exposé les données de 45 000 clients

New York vit une série de piratages informatiques qui met à mal des millions d’habitants et étudiants de la Grosse Pomme. Nouveau cas aprés l’Université de New-York, une faille de sécurité dans le système de devis de Root. Une cyber attaque vieille de plusieurs mois qui a permis à des pirates d’accéder aux informations personnelles de 45 000 New-Yorkais. L’entreprise vient d’être condamnée à une forte amende.

L’entreprise d’assurance automobile Root, qui ne propose pas de services à New York, a néanmoins permis à des cybercriminels d’exploiter une faille dans son système de devis en ligne, entraînant la fuite de numéros de permis de conduire et d’autres informations sensibles. Cette attaque s’inscrit dans une série d’incidents similaires ayant ciblé le secteur de l’assurance, exposant des milliers de clients à des risques de vol d’identité.

Une faille de sécurité massive exploitée par des cybercriminels

Root permettait aux consommateurs d’obtenir une estimation de prix pour une assurance automobile via son site internet. Le système de devis utilisait une fonction de pré remplissage qui complétait automatiquement certains champs avec des informations sensibles, y compris les numéros de permis de conduire. Une fois le devis généré, le système créait un fichier PDF contenant les informations du client, y compris le numéro de permis de conduire en texte brut. Cette faille a permis à des cybercriminels d’automatiser le processus de collecte de données en utilisant des bots.

En janvier 2021, Root a découvert que des acteurs malveillants exploitaient cette vulnérabilité pour collecter massivement des informations personnelles. Les pirates ont utilisé ces données pour déposer des demandes frauduleuses de prestations de chômage pendant la pandémie de COVID-19. L’enquête du Bureau de la procureure générale (OAG) a révélé que Root n’avait pas mis en place de mesures de sécurité adéquates pour empêcher l’accès automatisé par des bots. L’entreprise n’a pas non plus identifié la vulnérabilité de son système de préremplissage ni sécurisé les fichiers PDF générés par le système.

La procureure générale Letitia James a déclaré que l’incapacité de Root à protéger ces informations sensibles représentait une violation grave des normes de sécurité des données. Elle a souligné que cette négligence avait directement exposé des milliers de New-Yorkais à des risques de vol d’identité. Selon l’enquête, Root n’avait pas effectué de contrôles de sécurité réguliers sur son système, ni mis en place de protocoles pour détecter et bloquer les attaques automatisées.

Une sanction financière et des mesures de sécurité renforcées

En plus de l’amende de 975 000 dollars, Root a accepté de mettre en place une série de mesures pour renforcer la sécurité de ses systèmes. L’entreprise devra mettre en place un programme de sécurité complet pour garantir la protection des informations sensibles de ses clients. Elle devra également surveiller en permanence les accès à ses systèmes et mettre en place un protocole d’alerte pour signaler toute activité suspecte. Root s’est engagée à renforcer ses procédures d’authentification et à effectuer régulièrement des audits de sécurité pour identifier et corriger les vulnérabilités potentielles.

Il aura fallu une condamnation pour que l’entreprise se penche sur la base de sa cybersécurité ? Les compagnies d’assurance collectent une quantité massive de données sensibles et doivent assumer la responsabilité de protéger ces informations contre les cybermenaces.

Une série de mesures contre le secteur de l’assurance

Cette amende s’inscrit dans une série d’actions menées par le bureau de la procureure générale contre le secteur de l’assurance. En novembre 2024, GEICO et Travelers avaient accepté de payer 5,1 millions de dollars après avoir été accusées d’avoir laissé des failles dans leurs systèmes de sécurité, facilitant le vol d’informations personnelles de milliers de New-Yorkais. En décembre 2024, Noblr a conclu un accord de 500 000 dollars avec le bureau de la procureure générale après avoir été accusée de pratiques de sécurité insuffisantes. En mars 2025, Letitia James a également engagé des poursuites contre Allstate Insurance, accusée d’avoir compromis les informations de plus de 165 000 clients à cause de failles de sécurité dans son système en ligne.

Letitia James s’est imposée comme une figure clé dans la protection de la vie privée des New-Yorkais face aux cybermenaces. Son bureau a également pris des mesures dans d’autres secteurs. En octobre 2024, un accord de 2,25 millions de dollars a été obtenu auprès d’un prestataire de soins de santé pour une fuite de données médicales. En août 2024, une coalition multirégionale dirigée par Letitia James a obtenu 4,5 millions de dollars d’une société de biotechnologie pour avoir échoué à protéger les données sensibles des patients. En juillet 2024, le bureau de la procureure générale a lancé deux guides sur la protection de la vie privée en ligne pour aider les entreprises et les consommateurs à mieux gérer la confidentialité de leurs données.