Archives de catégorie : Cybersécurité

Actualités liées à la CyberSecurité.

Ransomware: +30% d’attaques en 3 mois

Le ransomware a dépassé les attaques de type APT (menaces persistantes avancées) pour devenir le principal sujet d’actualité du trimestre. 2900 nouvelles variantes de malwares au cours de ces 92 jours.

Selon le rapport de Kaspersky Lab sur les malwares au premier trimestre, les experts de la société ont détecté 2900 nouvelles variantes de malwares au cours de cette période, soit une augmentation de 14 % par rapport au trimestre précédent. 15 000 variantes de ransomware sont ainsi dorénavant recensés. Un nombre qui va sans cesse croissant. Pourquoi ? Comme j’ai pu vous en parler, plusieurs kits dédiés aux ransomwares sont commercialisés dans le blackmarket. Autant dire qu’il devient malheureusement très simple de fabriquer son arme de maître chanteur 2.0.

Au premier trimestre 2016, les solutions de sécurité de l’éditeur d’antivirus ont empêché 372 602 attaques de ransomware contre leurs utilisateurs, dont 17 % ciblant les entreprises. Le nombre d’utilisateurs attaqués a augmenté de 30 % par rapport au 4ème trimestre 2015. Un chiffre à prendre avec des pincettes, les ransomwares restant très difficiles à détecter dans leurs premiéres apparitions.

Locky , l’un des ransomwares les plus médiatisés et répandus au 1er trimestre
Le ransomware Locky est apparu, par exemple, dans 114 pays. Celui-ci était toujours actif début mai. Un autre ransomware nommé Petya est intéressant du point de vue technique en raison de sa capacité, non seulement à crypter les données stockées sur un ordinateur, mais aussi à écraser le secteur d’amorce (MBR) du disque dur, ce qui empêche le démarrage du système d’exploitation sur les machines infectées.

Les trois familles de ransomware les plus détectées au 1er trimestre ont été Teslacrypt (58,4 %), CTB-Locker (23,5 %) et Cryptowall (3,4 %). Toutes les trois se propagent principalement par des spams comportant des pièces jointes malveillantes ou des liens vers des pages web infectées. « Une fois le ransomware infiltré dans le système de l’utilisateur, il est pratiquement impossible de s’en débarrasser sans perdre des données personnelles. » confirme Aleks Gostev, expert de sécurité en chef au sein de l’équipe GReAT (Global Research & Analysis Team) de KL.

Une autre raison explique la croissance des attaques de ransomware : les utilisateurs ne s’estiment pas en mesure de combattre cette menace. Les entreprises et les particuliers n’ont pas conscience des contre-mesures technologiques pouvant les aider à prévenir une infection et le verrouillage des fichiers ou des systèmes, et négligent les règles de sécurité informatique de base, une situation dont profitent les cybercriminels entre autres. Bref, trop d’entreprise se contente d’un ou deux logiciels de sécurité, se pensant sécurisées et non concernées. L’éducation du personnel devrait pourtant être la priorité des priorités.

25 bases de données piratées diffusées sur la toile

25 bases de données piratées diffusées sur Internet par un pirate. De la promo vente sur le dos de millions d’internautes. Des Français concernés.

Le 18 mai dernier, un pirate informatique a décidé de diffuser sur Internet 25 bases de données piratées. Les cibles de ce malveillant numérique courent de 2014 à 2016. J’ai pu constater de nombreuses informations de Français enregistrées dans les bases de données volées aux sites 000webhost, Vodaphone, SnapChat, BlackHatWorld pour ne citer qu’eux.

La plus récente des BDD concerne le site LinuxMint, piraté en 2016. Le pirate a diffusé les contenus non pas par beauté du geste, il n’y en a aucun dans tous les cas, mais par intérêt économique. D’abord il diffuse son compte Bitcoin, histoire de s’attirer les donateurs, mais aussi les clients qui pourraient lui commander d’autres données, via les informations qu’il garde en secret, dans son ordinateur. Il met aussi en pâture des bases de données qu’il n’a plus besoin. Des millions de datas ponctionnées, vidées, revendues dans le black market, depuis des semaines.

Pirater une maison connectée, facile ?

Pirater une maison connectée, facile ?  Une nouvelle étude expose les risques dans un foyer via l’analyse de quatre objets connectés très populaires. 

C’est devenu très « mode » de sortir une étude sur les objets connectés. J’avoue ne rien n’y apprendre, mais cela à le mérite de rappeler que le problème est encore trop négligé par les constructeurs et les consommateurs. Les chercheurs des Bitdefender Labs ont réalisé une étude sur quatre périphériques de l’Internet des Objets (IdO) destinés au grand public, afin d’en savoir plus sur la sécurisation des données de l’utilisateur et les risques dans un foyer connecté. La question est de savoir si pirater une maison connectée est facile.

Les produits sont l’interrupteur connecté WeMo Switch qui utilise le réseau WiFi existant pour contrôler les appareils électroniques (télévisions, lampes, chauffages, ventilateurs, etc.), quel que soit l’endroit où vous vous trouvez ; l’ampoule LED Lifx Bulb connectée via WiFi, compatible avec Nest ; le kit LinkHub, incluant des ampoules GE Link et un hub pour gérer à distance les lampes, individuellement ou par groupes, les synchroniser avec d’autres périphériques connectés et automatiser l’éclairage selon l’emploi du temps et le récepteur audio Wifi Cobblestone de Muzo pour diffuser de la musique depuis son smartphone ou sa tablette, via le réseau WiFi.

L’analyse révèle que les mécanismes d’authentification de ces objets connectés peuvent être contournés et donc exposer potentiellement les foyers et leurs occupants à une violation de leur vie privée. Les chercheurs sont parvenus à découvrir le mot de passe pour accéder à l’objet connecté et à intercepter les identifiant et mot de passe WiFi de l’utilisateur. Les failles identifiées par l’équipe de recherche concernent des protocoles non protégés et donc vulnérables, des autorisations et authentifications insuffisantes, un manque de chiffrement lors de la configuration via le hotspot (données envoyées en clair) ou encore des identifiants faibles.

L’IdO pose des problèmes de sécurité spécifiques, et par conséquent, nécessite une nouvelle approche intégrée de la cyber-sécurité domestique, qui passe de la sécurité centrée sur le périphérique à une solution capable de protéger un nombre illimité d’appareils et d’intercepter les attaques là où elles se produisent : sur le réseau. Si des marques comme Philips et Apple ont créé un écosystème verrouillé, l’interopérabilité reste essentielle à ce stade du développement des nouveaux objets connectés. Il est donc plus que temps que les constructeurs prennent en compte nativement la sécurité dans le développement de leurs différents appareils.

Pirater une maison connectée : pour maîtriser nos terminaux, commençons par comprendre leurs données
Tandis que se développent toutes sortes d’objets connectés et que les prix des différents capteurs baissent, l’Internet des Objets (ou IoT) fait son entrée triomphale dans nos quotidiens hyperconnectés. Et si beaucoup ont déjà prédit des milliards de dollars d’investissements et de profits pour ces objets qui intégreront pleinement nos vies d’ici 2050, on a tendance à oublier l’inflation inévitable des bases de données liées à de tels terminaux. Le véritable enjeu réside pourtant dans ces stocks d’informations. Car s’il faut sans doute s’attendre à des problèmes de connectivité des objets eux-mêmes, ce seront surtout les données qui en émaneront qu’il faudra savoir gérer pour tirer le meilleur de l’IoT.

Cela va de l’extraction des données à partir des terminaux, des machines et des plates-formes distantes à l’interprétation des données afin de stimuler la productivité et d’accroître les performances. Que ce soit pour une maison connectée, un terminal portatif ou une solution industrielle, il existe souvent un décalage entre la collecte des nouvelles données et la présentation des informations analysées de manière à ce qu’elles puissent être comprises et explorées dans les moindres détails.

Il existe trois éléments clés pour franchir ces obstacles et apprivoiser l’IoT, comme le confirme Edouard Beaucourt, Directeur Régional France, Suisse Romande et Afrique du Nord de la société Tableau Software..

Pirater une maison connectée : L’IoT doit être souple et intéractif
En matière d’analyse de données, chaque question que nous nous posons par rapport aux données nécessite son propre graphique et sa propre perspective visuelle. Cela est particulièrement vrai pour l’explosion de données provenant des capteurs qui constituent la base de l’IoT. Malheureusement, la plupart des applications de l’IoT sont fournies avec des vues « uniformisées ». Elles répondent à un ensemble de questions prédéterminées, jugées dignes d’obtenir une réponse par un petit groupe « d’experts », que ce soient les spécialistes de la santé à l’origine de FitBit ou les ingénieurs qui ont créé la plate-forme Predix de GE.

Pour exploiter pleinement le potentiel de l’IoT, les outils doivent être bien plus souples et doivent permettre aux utilisateurs de façonner et d’adapter les données de différentes façons, en fonction de leurs besoins ou de ceux de leur organisation. L’interactivité, l’exploration en détail et le partage sont fondamentaux pour rendre les données de l’IoT utiles, sans que cela nécessite un énorme projet autour de ces données. Idéalement, les utilisateurs seront en mesure d’avoir des conversations informelles et approfondies avec leurs données, tout en explorant d’autres données afin de découvrir toutes sortes de changement. Ils pourront parfois même dévoiler des tendances jusqu’alors inconnues.

Par exemple, vous disposez peut-être d’une application IoT qui analyse les données historiques de l’activité d’un moteur, d’une turbine à gaz ou d’une locomotive en panne, et qui détermine les conditions qui provoquent les dysfonctionnements ainsi que la fréquence à laquelle ils sont susceptibles de se produire. Mais comment savoir quelles pièces sont les plus fragiles ? Quelles usines les ont fabriquées ? Et quelle est la date de fabrication ? Ou encore quels fournisseurs ont causé le plus de problèmes ? L’interactivité et la possibilité de partager des informations sont fondamentales pour trouver les réponses à ces questions.

Pirater une maison connectée : L’IoT doit pouvoir intégrer et s’associer à d’autres données
Pour obtenir des réponses, les analyses de données interactives ne suffisent pas : il faut également associer les données IoT à un contexte supplémentaire. Commençons par un exemple concret : vous souhaitez combiner vos données Fitbit pour éventuellement trouver un lien entre votre programme d’exercices et vos cycles de sommeil. Vous vous posez les questions suivantes : Dans quelle mesure mon activité physique de la journée influence-t-elle mes cycles de sommeil ? Mes performances sont-elles meilleures lorsque je dors beaucoup ? Les tableaux de bord natifs de Fitbit vous permettent seulement d’analyser les données d’exercices de façon isolée. Cependant, si vous exportez les données, vous pouvez associer ces informations à d’autres informations, telles que le suivi de vos activités physiques et de vos apports alimentaires, vos mensurations et vos cycles de sommeil. L’exportation des données n’est pas forcément la méthode idéale, mais c’est parfois le seul moyen d’élargir la portée de l’analyse.

Imaginez maintenant que vous fusionnez des données disparates pour obtenir des informations exploitables pour votre entreprise. Les capteurs intégrés aux réacteurs d’avion peuvent aider à déterminer le moment où une opération de maintenance est nécessaire. Cela permettrait d’anticiper les éventuelles défaillances et d’économiser des milliards de dollars. De plus, l’intégration des données de ces capteurs dans d’autres informations peut également révéler les économies réalisées par rapport aux budgets prévus par produit et par région, par exemple.

Pirater une maison connectée : L’IoT doit pouvoir apprendre et se renouveler
L’exportation de données (sachant que ce n’est pas la méthode idéale), nous amène à un dernier point important : nous vivons dans un monde où il est de plus en plus utopique d’avoir des « données parfaites ». Vos données, aussi organisées soient-elles, sont susceptibles d’être stockées dans une source à laquelle vous n’avez pas accès. Elles peuvent également ne pas inclure certains éléments clés qui sont nécessaires pour répondre à vos questions, ou être formatées de telle sorte que leur analyse approfondie devient complexe. Les applications IoT souffrent des mêmes inconvénients, surtout lorsqu’il n’existe aucun consensus sur les normes et les protocoles pour la prise en charge de l’interopérabilité des terminaux.

Toutefois, plutôt que de laisser des données incomplètes ou de mauvaise qualité paralyser notre entreprise, nous devons utiliser ce dont nous disposons et procéder par itération jusqu’à trouver les bonnes solutions. Au fur et à mesure des itérations, vous apprenez à distinguer les données « acceptables » de celles dont la qualité est mauvaise. Les données acceptables suffisent en général à répondre à la plupart des questions, sinon toutes. De plus, comprendre les lacunes de certaines données permet d’améliorer le processus pour les collecter et les traiter. Cela vous aidera à résoudre les problèmes liés aux processus de collecte et d’intégration de vos données. Au final, cela nous aidera tous à apprivoiser l’IoT plus rapidement.

Forte hausse des applications Android malveillantes

Les applications Android malveillantes et les ransomwares dominent le paysage des menaces au 1er trimestre 2016.

La société Proofpoint a publie son Rapport trimestriel sur les menaces, qui analyse les menaces, les tendances et les transformations observées au sein de notre clientèle et sur le marché de la sécurité dans son ensemble au cours des trois derniers mois. Chaque jour, plus d’un milliard de courriels sont analysés, des centaines de millions de publications sur les réseaux sociaux et plus de 150 millions d’échantillons de malwares afin de protéger les utilisateurs, les données et les marques contre les menaces avancées. On apprend, entre autres, que 98 % des applications mobiles malveillantes examinées au 1er trimestre 2016 ont ciblé des appareils Android. Cela demeure vrai en dépit de la découverte médiatisée d’un cheval de Troie pour iOS et de la présence persistante d’applications iOS ou officieuses dangereuses. Les applications Android malveillantes sont de plus en plus nombreuses.

75 % des attaques de phishing véhiculées par des e-mails imposteurs comportent une adresse «répondre à » usurpée afin de faire croire aux destinataires que l’expéditeur est une personne représentant une autorité. Ce type de menaces est de plus en plus mature et spécialisé, et c’est l’un des principaux ciblant les entreprises aujourd’hui, qui leur auraient coûté 2,6 milliards de dollars au cours des deux dernières années selon les estimations.

Applications Android malveillantes

Les ransomwares se sont hissés aux premiers rangs des malwares privilégiés par les cybercriminels. Au 1er trimestre, 24 % des attaques par e-mail reposant sur des pièces jointes contenaient le nouveau ransomware Locky. Seul le malware Dridex a été plus fréquent.

L’e-mail reste le principal vecteur de menaces : le volume de messages malveillants a fortement augmenté au 1er trimestre 2016, de 66 % par rapport au 4ème trimestre 2015 et de plus de 800 % comparé au 1er trimestre 2015. Dridex représente 74 % des pièces jointes malveillantes.

Chaque grande marque analysée a augmenté ses publications sur les réseaux sociaux d’au moins 30 %. L’accroissement du volume des contenus générés par les marques et leurs fans va de pair une accentuation des risques. Les entreprises sont constamment confrontées au défi de protéger la réputation de leurs marques et d’empêcher le spam, la pornographie et un langage grossier de polluer leur message.

Les failles de Java et Flash Player continuent de rapporter gros aux cybercriminels. Angler est le kit d’exploitation de vulnérabilités le plus utilisé, représentant 60 % du trafic total imputable à ce type d’outil. Les kits Neutrino et RIG sont également en progression, respectivement de 86 % et 136 %. (ProofPoint)

Développement rapide des cybermenaces sur mesure

Des cybermenaces régionalisées, avec des langues, des styles et des méthodes de paiement locaux.

Une étude menée par les SophosLabs, de l’éditeur de solution de sécurité informatique éponyme, indique une tendance à l’augmentation, chez les cybercriminels, du ciblage et de la sélection spécifique de certains pays lors de la conception de leurs ransomwares et autres cyberattaques malveillantes. Cette étude intègre des informations émanant de plus d’un million de systèmes de par le monde qui ont été analysées.

Afin d’atteindre davantage de victimes avec leurs attaques, les cybercriminels conçoivent aujourd’hui des spams sur-mesure pour déployer leurs menaces en utilisant un langage, des styles et des méthodes de paiement locaux, pour une meilleure compatibilité culturelle. Les ransomwares sont malicieusement déguisés en authentiques notifications par email, en imitant des logos locaux, pour plus de crédibilité, plus de probabilité d’être cliqués et une meilleure rentabilité pour les cybercriminels. Afin d’avoir la meilleure efficacité possible, ces spams par email imitent par exemple l’agence postale locale, les services des impôts ou de police, les entreprises fournissant l’eau, le gaz, l’électricité, en utilisant des fausses confirmations d’envoi et de remboursement, de fausses amendes pour excès de vitesse, ou encore de fausses factures d’électricité. Une augmentation notable des spams dans lesquels les textes sont mieux orthographiés et ponctués, avec une meilleure structure grammaticale. « Vous devez faire davantage attention pour différencier les faux emails des vrais », déclare Chester Wisniewski, Senior Security Advisor chez Sophos à DataSecurityBreach.fr. « Etre au courant des tactiques et techniques utilisées dans votre région ou pays devient un aspect fondamental de la cybersécurité ».

Les experts ont aussi repéré une tendance nette à l’apparition de différents types de ransomwares qui ciblent des lieux spécifiques. Les différentes versions de CryptoWall frappent en priorité les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, l’Allemagne et la France. TorrentLocker attaque principalement le Royaume-Uni, l’Italie, l’Australie et l’Espagne et TeslatCrypt, quant à lui, sévit au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Canada, à Singapour et en Thaïlande. Les analyses montrent également le TER[1] (Threat Exposure Rates) par pays, sur les 3 premiers mois de 2016. Bien que les économies des pays occidentaux soient une cible principale, leurs TER sont plutôt faibles. Les pays classés avec un TER faible sont la France avec 5.2%, le Canada avec 4.6%, l’Australie avec 4.1%, les Etats-Unis avec 3%, et le Royaume-Uni avec 2.8%. L’Algérie avec 30.7%, la Bolivie avec 20.3%, le Pakistan avec 19.9%, la Chine avec 18.5% et l’Inde avec 16.9%, sont les pays avec les plus forts pourcentages de systèmes exposés à des attaques par malwares. ZATAZ.COM avait été l’un des premiers blog dédié à la protection numérique à annoncer la vente de « kit » pirate de création de ransomware.

« Même le blanchiment d’argent est ciblé géographiquement afin d’être plus lucratif. L’utilisation des cartes de crédit peut s’avérer risquée pour les cybercriminels. Ils ont ainsi commencé à utiliser des méthodes de paiement anonymes sur Internet, afin d’extorquer de l’argent à leurs cybervictimes via les ransomwares », a déclaré Wisniewski à Data Security Breach. « Nous avons pu observer des cybercriminels utiliser les équivalents locaux de cartes de paiement en ligne ou en magasin, telles que la carte prépayée Green Dot MoneyPak chez Walgreens aux Etats-Unis, ou encore Ukash, à présent paysafecard, utilisée dans plusieurs magasins au Royaume-Uni ». L’idée de sélectionner des pays en particulier est aussi ressortie de l’étude comme une tendance forte.

Les cybercriminels programment leurs attaques afin d’éviter certains pays ou certains types de clavier avec un langage particulier. Un phénomène qui apparaît pour plusieurs raisons. Il peut s’agir de la volonté des cybercriminels que ces attaques ne se produisent pas à proximité du point d’envoi, afin d’éviter toute détection. Il peut s’agir aussi d’un sentiment de fierté nationale, ou encore d’une stratégie conspirationniste afin de créer le doute à propos d’un pays en particulier, en l’épargnant lors du lancement de l’attaque.

Les banques sont un bon exemple de l’utilisation par les cybercriminels de malwares ciblant un endroit en particulier pour augmenter leurs gains. L’étude révèle, en effet, comment de manière historique les Trojans et malwares utilisés pour infiltrer les banques ou les institutions financières convergent vers des régions spécifiques :

·         Brazilian Banker Trojans et ses variantes ciblent le Brésil.
·         Dridex est présent davantage aux États-Unis et en Allemagne.
·         Trustezeb se rencontre plus dans les pays germanophones.
·         Yebot est populaire à Hong Kong et au Japon.
·         Zbot est plus répandu aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Japon.

Il existe une véritable industrie artisanale visant à créer des Trojans sur-mesure, prenant pour cible uniquement les banques brésiliennes. Maintenant que les cybercriminels créent des menaces qui semblent vraiment authentiques et qui sont ciblées, il est de plus en plus difficile de reconnaitre les spams malveillants. Les utilisateurs de PC domestiques sont souvent les cibles de telles attaques et doivent protéger leurs systèmes vis-à-vis de ces menaces sophistiquées.

Ransomwares : règles pour ne pas finir chiffré

Le ransomware est un logiciel malveillant qui infecte les équipements connectés, les réseaux et les centres de données. Ces derniers ne peuvent plus être utilisés tant qu’une rançon n’a pas été payée pour débloquer les systèmes infectés. Des attaques qui se sont démultipliées ces derniers mois.

Le ransomware existe depuis au moins 1989, à l’époque où le cheval de troie “PC Cyborg” cryptait des dossiers sur un disque dur et forçait les utilisateurs à payer 189 $ pour les récupérer. Depuis, les attaques de type ransomware sont devenues beaucoup plus sophistiquées, ciblées, et bien sûr lucratives. Même si ce protéger est dès plus simple (réflexion, éducation, anticipation), les attaques ont démontré que les internautes n’étaient toujours pas prêts face à un courriel mystérieux.

L’impact et la toxicité d’un ransomware sont difficiles à évaluer, car de nombreuses sociétés choisissent tout simplement de payer pour récupérer leurs données, une démarche qui n’est pas toujours la plus pertinente. Un rapport portant sur la campagne liée au ransomware Cryptowall v3, datant d’octobre 2015 et réalisé par la Cyber Threat Alliance, estimait que le coût engendré par cette seule attaque d’envergure ressortait à 325 millions de dollars.

Un ransomware utilise des modi operandi différents. Un crypto ransomware peut contaminer un système d’exploitation au point d’empêcher l’équipement de démarrer. D’autres ransomware vont crypter un lecteur ou un ensemble de fichiers et de dossiers. Certaines variantes, particulièrement malveillantes, disposent d’un minuteur qui déclenche la suppression des fichiers jusqu’au paiement de la rançon. Quelle que soit la variante, les ransomware exigent le règlement d’une rançon afin de débloquer ou libérer les systèmes informatiques, fichiers ou données verrouillés ou chiffrés.

Comment est-on infecté ?

Un ransomware peut être inoculé de différentes manières, mais, le plus souvent, il prend la forme d’un fichier infecté joint à un email. Par exemple, aujourd’hui, vous avez peut-être reçu un email prétendument envoyé par votre banque. Il comporte le bon logo, des liens URL vers votre véritable banque et votre nom. Le message vous indique qu’une activité suspecte a été détectée sur votre compte bancaire, et que vous devez installer le fichier joint à l’email afin de vérifier vos codes d’accès à votre compte en ligne. Ces vérifications semblent légitimes, mais il s’agit, en réalité, d’une attaque par phishing.

Vous le savez : aucune banque ne se permettrait d’envoyer un fichier à installer, surtout s’il s’agit de vérifier vos identifiants d’accès bancaire. En réalité, le document joint est vérolé par un ransomware dont l’objectif est de s’installer sur votre système d’exploitation si vous cliquez dessus.

Les documents joints aux emails ne constituent néanmoins pas les seuls leviers de contamination. Le téléchargement “drive-by” en est un autre : l’utilisateur visite un site web infecté et télécharge furtivement un logiciel malveillant qui s’installe à l’insu de l’utilisateur. Le ransomware se propage également via les réseaux sociaux ou les applications web de messagerie instantanée. Enfin, récemment, ce sont des serveurs web vulnérables qui ont été exploités pour servir de point d’entrée vers le réseau d’une entreprise.

Comment ne pas se faire piéger ?

Voici dix conseils pour protéger vos données et celles de votre entreprise des ravages d’un ransomware.

1.       Mettre en place une stratégie de sauvegarde et de restauration. Sauvegardez vos données régulièrement et stockez-les offline, sur un équipement autre que celui que vous utilisez.

2.       Utilisez des outils professionnels de sécurité email et web, capables d’analyser les documents joints aux emails, les sites web visités, les fichiers infectés par des logiciels malveillants, et qui peuvent bloquer des publicités potentiellement dangereuses, ainsi que l’accès à des sites et réseaux sociaux qui ne présentent aucun intérêt dans le cadre du travail. Ces outils doivent intégrer les fonctionnalités d’une sandbox de manière à ce qu’un fichier, nouvellement identifié ou non reconnu, puisse être exécuté et analysé dans un environnement sécurisé et cloisonné.

3.       Faites en sorte que vos systèmes d’exploitation, équipements et logiciels soient patchés et à jour.

4.       Assurez-vous que vos équipements, antivirus réseau, systèmes de prévention d’intrusion et outils antimalware bénéficient des mises à jour les plus récentes.

5.       Si possible, utilisez une liste d’applications qui empêchera les applications non conformes d’être téléchargées ou exécutées.

6.       Segmentez votre réseau en zones de sécurité, pour empêcher une infection présente dans une zone de se propager à d’autres.

Établissez et appliquez des autorisations et privilèges d’accès, de manière à ce qu’un nombre restreint d’utilisateurs présente le potentiel de contaminer les applications métiers, les données ou les services critiques.

8.       Établissez et mettez en vigueur une politique de sécurité qui va encadrer le BYOD (Bring your Own Device), afin d’inspecter et de désactiver les dispositifs non conformes à vos exigences de sécurité (absence d’anti-malware, signatures antivirales périmées, systèmes d’exploitation non patchés, etc.).

9.       Déployez des outils d’analyse post-incident pour analyser, suite à une attaque, l’origine de la menace, le délai de présence (et donc de nocuité) du logiciel malveillant au sein de votre environnement, la suppression réelle de la menace de chaque équipement et garantir que cette mésaventure ne peut se reproduire.

10.   ESSENTIEL: ne comptez PAS sur vos collaborateurs pour assurer la sécurité de votre entreprise. Même s’il est important de les sensibiliser davantage à la sécurité aux travers de formations (afin qu’ils apprennent à ne pas télécharger de fichiers, cliquer sur des pièces jointes à des emails suspects ou sur des liens internet non sollicités). L’être humain reste le maillon faible de votre chaîne de sécurité, et vous devez en tenir compte.

En effet, pour nombre de vos collaborateurs, cliquer sur des documents joints et faire des recherches sur Internet font partie de leur travail. Il est difficile d’être toujours méfiant. D’autre part, les attaques de type phishing sont devenues très convaincantes. Une attaque par phishing ciblée se sert de données disponibles en ligne et de profils sur les réseaux sociaux pour personnaliser son approche. Notons également qu’il est humain de cliquer naturellement sur une facture inattendue à régler, ou sur un message d’alerte provenant de votre banque. Enfin il ressort de nombreuses études que les utilisateurs ont le sentiment qu’assurer la sécurité est le travail de quelqu’un d’autre, mais certainement pas le leur.

Que faire si vous êtes contaminé ?

Si vous disposez d’une sauvegarde récente de vos données : vous pouvez effacer le contenu de votre équipement et procéder à la restauration.

1. Signalez le délit

Une recherche rapide en ligne vous mènera vers le site où signaler les cybercrimes dans votre pays ou région. En Europe, vous pouvez localiser le site de signalement des cybercrimes de votre pays à cette adresse.

2. Payer une rançon ne constitue pas une garantie

Payer une rançon ne garantit pas la restitution des fichiers. Les escrocs, en revanche, perçoivent les fonds et, dans certains cas, disposent des informations bancaires de leur victime. De plus, décrypter des fichiers ne signifie pas que le phénomène de contagion lié au logiciel malveillant a été éradiqué.

3. Faites appel à des experts

De nombreux systèmes d’exploitation, logiciels et solutions de sécurité sont fournis pas des acteurs qui comptent dans leurs équipes des experts capables de vous prodiguer des conseils sur la manière de réagir en cas d’infection. Des sociétés de services peuvent également vous proposer de réaliser des expertises post-incident et accélérer la reprise suite à un tel sinistre.

4. Prévoyez un plan B

Que faire si vos systèmes informatiques ou réseaux sont indisponibles ? Disposez-vous d’un plan de secours ? Pouvez-vous assurer le bon déroulement des opérations, même en mode restreint, pendant le processus de restauration ? Connaissez-vous le coût horaire subi par votre entreprise en cas d’indisponibilité système ? Ce coût est-il intégré à votre budget informatique ? Autant d’informations qui doivent être prises en compte dans votre politique de sécurité.

Bref, la cybercriminalité est une entreprise à but lucratif générant des milliards de revenus. Avec le même objectif que la plupart des entreprises, les cybercriminels sont très motivés quand il s’agit de trouver des moyens de s’enrichir. Mais contrairement aux entreprises, la fin justifie les moyens. Les cybercriminels misent sur des subterfuges, l’extorsion de fonds, des attaques, des menaces et des techniques d’ingénierie sociale pour accéder à vos données critiques et vos ressources.

Le ransomware n’est guère nouveau mais son récent essor, sa sophistication et sa rapidité de frappe soulignent une tendance orientée à la hausse et une volonté d’identifier de nouveaux moyens d’escroquer les particuliers et les entreprises qui sont en ligne.

Maintenant, plus que jamais, la sécurité n’est pas juste un élément à rajouter à votre métier. Elle est devenue indispensable pour mener vos opérations. Faites en sorte d’établir des partenariats avec des experts en sécurité qui comprennent que la sécurité ne se résume pas à activer un boîtier dans un centre de données. Il s’agit, au contraire, d’un ensemble de technologies intégrées et collaboratives, associé à une politique de sécurité efficace et à une approche par étapes qui prend en compte les phases de préparation, de protection, de détection, de réaction et d’apprentissage.

Les solutions de sécurité doivent pouvoir partager leurs informations de veille sur les menaces et neutraliser rapidement toute menace à l’échelle de votre environnement multisite. Elles doivent être intégrées au cœur de votre réseau et vous protéger de manière transparente et sur le long terme, à mesure que votre réseau évolue et se développe. Ces solutions doivent savoir s’adapter rapidement lorsque de nouvelles menaces apparaissent et, bien sûr, ne pas ralentir vos activités métiers au quotidien. (Guillaume Lovet, expert en cybercriminalité chez Fortinet)

Patch Tuesday – Mai 2016

Un mois de Mai avec un Patch Tuesday parmi les plus intenses depuis un moment en raison des menaces 0-Day qui y sont traitées et de leur ampleur potentielle.

Microsoft et Adobe publient les mises à jour de sécurité, mais avant de rentrer dans les détails des mises à jour de mai (17 en tout), rappelons l’urgence d’une autre vulnérabilité qui vous a peut-être échappée. Le célèbre programme Open Source ImageMagick est actuellement la cible d’une attaque active sur Internet. La vulnérabilité CVE-2016-3714 (renommée ImageTragick) permet d’exécuter du code à distance (RCE) via le l’envoi d’images. Pour l’instant, aucun patch n’est disponible, mais une solution de contournement a été publiée pour neutraliser les attaques en cours. Nous vous recommandons de faire comme les pirates, c’est-à-dire de scanner votre infrastructure pour rechercher des occurrences d’ImageMagick puis d’appliquer cette solution de contournement dans le fichier policy.xml. C’est ce que j’ai immédiatement fait sur mes sites, même si je n’utilise ImageMagick qu’en mode ligne de commande pour créer des vignettes. À noter que ces deux dernières semaines la solution de contournement s’est enrichie et qu’il est donc intéressant de la recharger si vous l’avez déjà appliquée.

Revenons aux mises à jour de Microsoft et d’Adobe publiées pour résoudre les vulnérabilités actuellement attaquées de manière active avec au total 17 bulletins pour colmater plus de 100 failles logicielles.

Tout en haut de notre liste des priorités figure la mise à jour pour Internet Explorer (MS16-051) qui résout une vulnérabilité de type RCE critique, en l’occurrence CVE-2016-0189 qui est actuellement sous le feu d’attaques. Cette vulnérabilité est située dans le moteur JavaScript et, dans Vista et Windows 2008, le moteur est distinct du navigateur. Donc, si vous exécutez ces variantes de Windows (seulement 2% fonctionnent encore sous Vista), vous devez installer MS16-053.

Vient ensuite APSA16-02, un avis de sécurité Zero-Day pour Adobe Flash. Aucun correctif n’est encore disponible, il est important de surveiller l’évolution de la situation. Adobe devrait publier une nouvelle version de Flash d’ici la fin de cette semaine. La vulnérabilité en question nommée CVE-2016-4117 fait actuellement l’objet d’attaques à l’aveugle.

Nous vous suggérons de commencer par traiter ces trois vulnérabilités avant de traiter d’autres problèmes. Pour la suite des bulletins, vous devriez vous concentrer sur :

MS16-054 pour Office qui résout deux vulnérabilités critiques au sein du format de fichier RTF. Elles peuvent être déclenchées via le volet d’aperçu d’Outlook sans que vos utilisateurs cliquent sur le fichier malveillant. Je vous r ecommande d’utiliser la fonction de blocage de fichiers pour supprimer RTF des formats de fichiers que vous acceptez, ce qui renforcera un peu votre protection et vous fera gagner du temps pour résoudre pleinement ce problème.

MS16-052 pour le navigateur Microsoft Edge sous Windows 10. Ce bulletin traite quatre vulnérabilités critiques, soit un peu moins que pour l’ancien navigateur Internet Explorer avec le bulletin MS16-051, sachant qu’aucune de ces failles ne fait l’objet d’une attaque directe.

MS16-055, un patch pour le sous-système graphique de Windows. S’agissant d’une vulnérabilité dans l’interface GDI, les vecteurs d’attaque peuvent provenir du Web et de documents. Les versions Windows affectées vont de Vista à Windows 10.

MS16-057 pour le shell Windows. Ce bulletin résout une vulnérabilité critique dans l’interface utilisateur au cœur de Windows, elle permet à un attaquant d’exécuter du code distant sur le système

MS16-062 pour les pilotes du noyau Windows. Toutes ces vulnérabilités sont locales mais du même type que celui utilisé par les attaquants pour élever leurs privilèges après s’être introduits dans le système.

Les bulletins MS16-056 et MS16-059 pour le Journal Windows et Windows Media Center traitent des vulnérabilités au sein de formats de fichier utilisés par ces applications. Si vous utilisez ces programmes, soyez vigilants car les vulnérabilités sont assez fréquentes et des attaquants finiront par découvrir ces nouvelles possibilités d’attaque un jour à l’autre. En raison de sa similarité avec MS15-134 (supporté dans Metasploit), il y a des chances pour que le bulletin MS16-059 figure très bientôt dans les boîtes à outils pour pirates.

MS16-058 pour IIS. Si vous exécutez IIS comme serveur Web, intéressez-vous à ce bulletin s’il y a des risques que des attaquants obtiennent les privilèges requis pour accéder à vos systèmes

APSB16-14 pour Adobe Reader, la mise à jour bimensuelle gère 92 vulnérabilités et expositions CVE différentes. (Qualys)

Facebook is watching you : système biométrique efficace

Depuis 2010, Facebook propose à ses utilisateurs un système de reconnaissance faciale qui permet de gagner du temps dans le « taguage » des personnes qui sont sur les photos. Sous couvert d’une nouvelle fonctionnalité, c’est un véritable dispositif biométrique qui a été mis en œuvre car il permet d’identification d’un individu à partir d’une simple photographie de son visage.

En Californie, trois utilisateurs ont reproché au réseau social n°1 d’avoir « secrètement et sans leur consentement » collecté des « données biométriques dérivées de leur visage ». Ces plaintes ont été jugées recevables par le juge James Donato qui « accepte comme vraies les allégations des plaignants » et juge « plausible » leur demande.

Au sein de l’Union européenne, le danger a rapidement été perçu s’agissant du système de reconnaissance faciale de Facebook qui l’a suspendu en 2012. Mais aux Etats-Unis, bien moins vigilants, cette fonctionnalité a perduré et il apparait bienvenu que la Justice y réagisse enfin. Facebook a constitué des profils qui répertorient les caractéristiques du visage de ses utilisateurs, leur cercle d’amis, leurs goûts, leurs sorties, etc. Avec plus de 3 milliards d’internautes dans le monde, cela revient à ce qu’environ 28% de la population ait un double virtuel rien que sur Facebook.

Facebook is watching you : Reconnaissance faciale, intelligence artificielle et atteinte aux libertés
Eu égard à leur grand potentiel discriminatoire, les données biométriques sont strictement encadrées par la loi du 6 janvier 1978 puisque d’après son article 25, une autorisation préalable de la Commission nationale de l’informatique et des libertés est indispensable pour  mettre en œuvre des « traitements automatisés comportant des données biométriques nécessaires au contrôle de l’identité des personnes ». Cela regroupe l’ensemble des techniques informatiques qui permettent d’identifier un individu à partir de ses caractéristiques physiques, biologiques, voire comportementales.

Les conditions générales d’utilisation de Facebook ne sont pas donc pas conformes à la législation française sur les données personnelles, notamment s’agissant de la condition de consentement préalable, spécifique et informé au traitement des multiples données à caractère personnel collectées. Mais le géant de l’internet ne répond qu’à l’autorégulation. Par opposition à la règlementation étatique, la régulation n’entend prendre en compte que la norme sociale, c’est-à-dire l’état des comportements à un moment donné. Si la norme sociale évolue, alors les pratiques de Facebook s’adapteront.

Vers une remise en cause mondialisée des abus de Facebook ?
L’affaire pendante devant les Tribunaux met en lumière le manque de réactivité des américains face aux agissements de Facebook. C’est seulement au bout de 5 années que la Justice s’empare de la question des données biométriques à l’initiative de simples utilisateurs, alors même qu’une action de groupe à l’américaine d’envergure aurait pu être engagée pour mettre sur le devant de la scène les abus de Facebook.

Néanmoins, « mieux vaut tard que jamais » et l’avenir d’une décision répressive  ouvre la porte vers de nouveaux horizons pour l’ensemble des utilisateurs. En effet, Facebook prend comme modèle pour toutes ses conditions générales d’utilisation à travers le monde la version américaine de « licencing ». Plus Facebook se verra obligé dans son pays natal à évoluer pour respecter les libertés individuelles des personnes inscrites, plus on s’éloignera du système tentaculaire imaginé par Mark Zuckerberg qui n’est pas sans rappeler celui imaginé par Georges Orwell dans son roman 1984.

Par Antoine CHERON, avocat associé, est docteur en droit de la propriété intellectuelle, avocat au barreau de PARIS et au barreau de BRUXELLES et chargé d’enseignement en Master de droit à l’Université de Assas (Paris II). Il est le fondateur du cabinet d’avocats ACBM.

Les cybers attaques ont un impact réel sur la confiance des consommateurs

Une enquête menée par le cabinet d’études VansonBourne à l’initiative de FireEye auprès d’un panel représentatif de 1000 consommateurs français, révèle que les cyber attaques de grande ampleur qui se sont produites en 2015 ont affecté durablement la confiance des consommateurs envers les grandes marques.

Les résultats de l’enquête ont mis en évidence une inquiétude grandissante du public directement liée à la perception d’un manque d’intérêt des directions générales pour la protection des données, plus des trois quarts (77%) des consommateurs déclarant être prêts à stopper leurs achats auprès d’une entreprise si une cyber attaque révélait une négligence de la part des dirigeants sur la protection des données. Cette négligence des dirigeants est d’ailleurs jugée plus grave que si la faille de sécurité est simplement due à une erreur humaine, seules 53% des personnes interrogées évoquant cette raison pour stopper leurs achats.

Les conclusions de l’enquête révèlent également l’impact financier potentiel sur le long terme des vols de données pour les grandes marques, 54% des consommateurs déclarant qu’ils engageraient des poursuites judiciaires contre les entreprises si leurs données personnelles étaient volées ou utilisées à des fins criminelles à la suite d’une cyber attaque. 71% des consommateurs indiquent également qu’ils divulgueront à l’avenir moins d’informations personnelles aux marques avec lesquelles ils sont en relation, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur les ventes de beaucoup d’entreprises qui exploitent les donnes de leurs clients pour optimiser leur marketing.

Richard Turner, President EMEA de FireEye, a déclaré : « Les cyber attaques et les vols de données se sont multipliés dans l’actualité au cours de l’année écoulée, et les entreprises françaises n’ont pas toutes été épargnées. Les dirigeants des entreprises concernées ont dû réagir immédiatement pour limiter les pertes financières directes, en offrant des ristournes ou d’autres compensations aux consommateurs ». Mais cette enquête montre que les pertes financières dues à un vol de données s’étendent longtemps après que l’attaque initiale ait eu lieu. Elle met en lumière le « coût caché » des cyber attaques sur les entreprises, avec des consommateurs moins enclins à acheter auprès d’organisations réputées négligentes en matière de sécurité, et de plus en plus tentés d’engager des poursuites contre des fournisseurs si leurs données tombent en de mauvaises mains.

Les conclusions de cette enquête sur la confiance des consommateurs montrent que les perceptions négatives du public pour les marques attaquées peuvent persister longtemps après qu’elles aient quitté l’actualité, et que de plus en plus de consommateurs affectés par les vols de données pointent du doigt les responsables tout en haut de l’échelle. Il y a là des leçons importantes à retenir pour les directions générales, qui commencent à comprendre pourquoi elles doivent jouer un rôle plus actif dans la cyber sécurité. Il est également intéressant de voir dans ces résultats que les consommateurs accordent de plus en plus d’importance à la sécurité des données et gardent cet aspect à l’esprit lors de leurs décisions d’achat. Alors que la sécurité des données a été trop souvent considérée par le passé par les entreprises comme un simple centre de coût, elle représente désormais pour elles une opportunité d’attirer de nouveaux clients qui veulent avoir l’assurance que leurs données seront en sécurité. »

Les principales conclusions de l’enquête sur la confiance des consommateurs

·         Plus de la moitié des consommateurs interrogés (53%) déclarent prendre la sécurité de leurs données personnelles en considération lorsqu’ils achètent des produits et services.

·         71% des consommateurs interrogés divulgueront dans l’avenir moins de données personnelles aux organisations qui leur fournissent des produits et des services, en conséquence des cyber attaques majeures qui ont eu lieu l’année dernière.

·         Près de la moitié (42%) des consommateurs seraient prêts à payer plus un fournisseur de service garantissant une meilleure sécurité des données.

·         54% des consommateurs déclarent qu’ils engageraient des poursuites judiciaires contre leurs fournisseurs de produits et services si leurs données personnelles étaient volées ou utilisées à des fins criminelles à la suite d’une cyber attaque.

·         13% des personnes interrogées déclarent que la sécurité de leurs données personnelles est désormais leur principale préoccupation lorsqu’elles achètent des produits et services.

·         38% des consommateurs déclarent que les cyber attaques de grande ampleur qui se sont produites l’année dernière ont eu un impact négatif sur leur perception de la réputation des entreprises attaquées, tandis que 30% d’entre eux déclarent que ces cyber attaques ont dégradé la réputation de toutes les entreprises auprès desquelles elles font leurs achats.

·         21% des personnes interrogées qui ont eu connaissance des cyber attaques de l’année passée considèrent que la communication des dirigeants des entreprises concernées a été mauvaise ou très mauvaise.

·         L’enquête a également révélé que 93% des personnes interrogées s’attendraient à être informées dans les 24 heures si leur fournisseur de service était victime d’une attaque susceptible de compromettre leurs données. La nouvelle directive européenne GDPR (General Data Protection Regulation) imposant que les autorités soient informées d’un vol de données dans les 72 heures, ceci montre que les consommateurs sont encore plus stricts dans leurs exigences, 68% d’entre eux s’attendant même à être informés immédiatement.

Vivre et mourir à travers le regard des autres : Suicide en direct sur Périscope

Suicide en direct sur Périscope – Le grand public a découvert l’application Periscope après la médiatisation de la vidéo du footballeur de l’équipe de France Serge Aurier insultant Laurent Blanc en réponse à des questions posées par des internautes. Cette application permet en effet de retransmettre en direct ce qu’on filme et les autres utilisateurs peuvent commenter tout autant en direct ce qu’ils voient, et c’est un suicide ils ont pu assister ce mardi 10 mai.

Après avoir annoncé qu’elle allait faire quelque chose de choquant et demandé aux mineurs de ne pas regarder -ce qui a dû en attirer plus d’un- une jeune femme a annoncé avoir été violée et a désigné nommément de son agresseur. Afin de faire passer selon ses dires « un message », elle s’est ensuite jetée sous un RER C en direct sous les yeux d’une centaine d’utilisateurs. Elle avait moins de 20 ans.

Cela s’est produit vers 16h30 à la gare d’Egly en Essonne. La jeune femme avait quelques minutes auparavant annoncé son geste à l’un de ses proches par sms. Ce dernier comme les ‘’spectateurs’’ n’ont rien pu faire, si ce n’est appeler les pompiers qui ont ramassé le téléphone puis retiré sa batterie pour mettre fin à la vidéo. Le téléphone a été saisi par les enquêteurs d’une brigade de recherche et une enquête a été ouverte par le parquet d’Evry et de nombreuses personnes appellent à la fermeture de l’application via les réseaux sociaux.

Suicide en direct sur Périscope : l’illustration tragique des dérives de l’exposition de soi sur les réseaux
Comment a-t-on pu en arriver là ? Quel a pu être le raisonnement de cette jeune fille ? Elle a affirmé dans une de ses vidéos que « tant qu’on ne tape pas dans la provoc’ les gens de comprennent pas ». Elle a donc estimé que le seul moyen d’exprimer sa détresse due au viol dont elle aurait été victime était de partager son suicide avec des inconnus. Se jeter sous un RER est malheureusement devenu courant chez les jeunes, comme l’avais montré le suicide de deux élèves de Polytechnique en février et mars 2016.

Récemment les médias ont dénoncé une nouvelle mode consistant à tabasser un inconnu dans la rue de manière totalement gratuite et aléatoire, et ce en direct sur Periscope. Cette application tend à devenir le moyen de communication privilégié des comportements les plus noirs de notre société. Est-ce que le suicide de cette jeune femme va être une source d’inspiration pour d’autres personnes ? Nous ne l’espérons pas et plaidons en faveur d’une fermeture préventive de l’application devenue malgré elle malsaine.

L’éthique douteuse de Baidu mise en lumière après la mort d’un internaute
Baidu a été fondé en 2000 et est aujourd’hui le plus grand moteur de recherche Chinois, ce qui en fait le 5ème site le plus consulté au monde. A l’instar de Google avec son système AdWords, Baidu se finance grâce à la sponsorisation des liens internet. Or, les publicités médicales représentent environ 20% des revenus de son moteur de recherche. Début janvier, on a découvert que Baidu avait supprimé les messages négatifs de la part d’internautes de forums de santé sur des contenus sponsorisés de médicaments et hôpitaux. Ce n’était que les prémices d’une dénonciation des pratiques commerciales du groupe par l’autorité de régulation administrant l’internet chinois, la CAC.

Les dérives de l’utra-sponsorisation en matière médicale
Wei Zewi, un étudiant chinois de 21 ans diagnostiqué d’une forme rare de cancer a fait une recherche sur Baidu concernant sa maladie et les premiers résultats ont mis en évidence une immunothérapie expérimentale par un hôpital pekinois. Ce traitement très onéreux s’est révélé totalement inefficace et, avant de mourir, le jeune homme a écrit une lettre accusant Baidu de tromper ses usagers en classant les résultats selon les recettes publicitaires. L’émotion qu’il a suscité sur les réseaux sociaux a attiré l’attention des médias et autorités, jusqu’à faire dégringoler le cours du groupe chinois à la Bourse de New York.

L’enquête du régulateur de l’internet chinois révèle que « le mécanisme utilisé par Baidu pour classer les résultats dépend de façon excessive du prix payé et les contenus sponsorisés ne sont pas clairement signalés ». La CAC insiste sur le fait que ce système « influence l’impartialité et l’objectivité des résultats obtenus et contribue facilement à induire en erreur les internautes ». Ces remarques sont vraies dans tous les secteurs, mais les conséquences peuvent-être particulièrement désastreuses en matière médicale comme l’a montré le cas Wei Zewi. Ainsi, sans être des professionnels de la santé, on peut dire que les moteurs de recherche devraient respecter d’eux-mêmes une forme d’éthique médicale vis-à-vis de ses internautes malades.

Enfin une remise en cause du modèle économique biface des moteurs de recherche gratuits ?
Suite à cette affaire, Baidu a pris divers engagements. Il a assuré avoir supprimé les résultats sponsorisés de la part de plus de 2500 établissement médicaux ou entreprises de santé et a annoncé la mise en place d’un fonds d’indemnisation des usagers victimes de résultats publicitaires trompeurs de l’équivalent de 135 millions d’euros. De manière plus concrète, Baidu s’est engagé à signaler ostensiblement les contenus sponsorisés à l’aide de marqueurs et avertissements et les limitera à 30% de chaque page de résultat affiché.

Le modèle économique de Baidu est dit « biface » car on a d’un côté les internautes, qui ne payent pas et de l’autre coté les annonceurs, qui eux payent pour être mis en avant. Cette seconde face finance le moteur de recherche à concurrence de 84% du chiffre d’affaire. C’est donc de manière indirecte que les usagers de Baidu, Google, Ebay et de la multitude d’autres sites en apparence gratuits peuvent prendre le statut de consommateur. Ce statut permettrait aux internautes d’être protégés plus efficacement contre les abus des moteurs de recherche et de leurs partenaires annonceurs pour les inciter à se tourner vers tel ou tel produit ou service.

Mais le droit de la consommation ne s’est pas encore à proprement parler emparé de la question du modèle biface et de ses conséquences pour les internautes-consommateurs. Par exemple, le cheval de troie des attaquants du service AdWords de Google devant la Cour de justice de l’Union Européenne le 23 mars 2010 a été le droit des marques et la lutte contre la contrefaçon sur internet. Les mésaventures de Baidu catalyseront peut-être une prise de conscience collective des risques liés à l’influence des résultats de recherche sur les choix de consommation des internautes, particulièrement concernant leur santé.

Antoine CHERON, avocat associé, est docteur en droit de la propriété intellectuelle, avocat au barreau de PARIS et au barreau de BRUXELLES et chargé d’enseignement en Master de droit à l’Université de Assas (Paris II). Il est le fondateur du cabinet d’avocats ACBM (http://www.acbm-avocats.com)