Tous les articles par Damien Bancal

Damien Bancal, expert reconnu en cybersécurité Damien Bancal est une figure incontournable de la cybersécurité, reconnu à l’international pour son expertise et son engagement depuis plus de 30 ans. Fondateur de ZATAZ.com en 1989 (et DataSecurityBreach.fr en 2015), il a fait de ce média une référence majeure en matière de veille, d’alertes et d’analyses sur les cybermenaces. Auteur de 17 ouvrages et de plusieurs centaines d’articles pour des médias comme Le Monde, France Info ou 01net, il vulgarise les enjeux du piratage informatique et de la protection des données personnelles. Lauréat du prix spécial du livre au FIC/InCyber 2022, finaliste du premier CTF Social Engineering nord-américain (2023), et vainqueur du CTF Social Engineering du HackFest Canada (2024), il est reconnu pour sa capacité à allier pratique du terrain et transmission pédagogique. Le New York Times ou encore Le Big Data ont salué son parcours, et l’agence Tyto PR l’a classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023. Il est aujourd’hui 9ᵉ influenceur cyber en Europe. Chroniqueur à la radio et à la télévision (France Info, RTL, M6, Medi1...), il est également réserviste citoyen au sein de la Gendarmerie Nationale (Lieutenant-Colonel - Unité Nationale Cyber) et de l'Éducation Nationale (Hauts-de-France). Médaillé de la Défense Nationale (Marine) et des réservistes volontaires, il poursuit son engagement au travers de son entreprise veillezataz.com, lancée en 2022.

Le Congrès américain veut prolonger la loi clé sur le partage cyber

Une commission du Congrès a validé la prolongation de la loi de 2015 sur le partage d’informations cyber, outil central pour sécuriser les échanges entre entreprises privées et gouvernement.

La loi américaine sur le partage d’informations cyber, adoptée en 2015 après le piratage massif de l’Office of Personnel Management, arrive à expiration le 30 septembre. Une commission de la Chambre a approuvé son renouvellement via le WIMWIG Act, qui prolongerait le dispositif de dix ans. Le texte protège les entreprises de poursuites lorsqu’elles transmettent des renseignements sur des menaces informatiques aux autorités fédérales. S’il est jugé crucial pour la coopération public/privé, le processus de révision suscite des critiques sur la transparence et alimente un débat politique autour du rôle de l’agence CISA, accusée par certains élus républicains de censure en matière de désinformation.

Un cadre légal en sursis

Adoptée en 2015, la loi Cybersecurity and Information Sharing Act (CISA) autorise les acteurs privés à transmettre des renseignements sur des cybermenaces aux autorités fédérales sans crainte de poursuites. Elle devait expirer le 30 septembre. La commission de la Sécurité intérieure de la Chambre a validé mercredi une extension baptisée WIMWIG Act, pour Widespread Information Management for the Welfare of Infrastructure and Government. Cette reconduction de dix ans doit désormais être examinée en séance plénière.

L’adoption initiale de la loi avait marqué un tournant après l’onde de choc provoquée par la fuite massive des données de l’Office of Personnel Management en 2015, qui avait exposé les informations de plus de 21 millions de fonctionnaires. L’affaire avait levé les dernières résistances nées des révélations d’Edward Snowden en 2013 sur les abus de surveillance. Depuis, la loi a permis d’ancrer une coopération jugée essentielle entre infrastructures critiques et gouvernement fédéral.

Des amendements techniques contestés

Le renouvellement du texte a été examiné sans opposition frontale sur le fond. Mais le démocrate Bennie Thompson, élu du Mississippi et chef de file minoritaire, a dénoncé une procédure expéditive. Selon lui, le président de la commission Andrew Garbarino, républicain de New York, a « écourté inutilement » les discussions, la version publique n’ayant été dévoilée que deux jours avant l’examen.

Plusieurs amendements techniques ont été intégrés sans provoquer de débat majeur. Les critiques se sont concentrées sur la méthode, révélant les tensions partisanes autour du dossier, plus que sur la substance du dispositif de partage d’informations lui-même.

Le sujet le plus sensible reste le rôle de l’agence Cybersecurity and Infrastructure Security Agency (CISA). Certains élus républicains redoutent que cette structure fédérale, au cœur du dispositif, ne serve d’outil pour limiter la liberté d’expression. Ces craintes, relayées par le sénateur Rand Paul, président républicain de la commission sénatoriale de la Sécurité intérieure, pourraient peser lors de l’examen au Sénat. Paul, défenseur intransigeant du premier amendement, a annoncé vouloir insérer des garanties interdisant toute action assimilée à de la censure.

Les critiques s’appuient sur les campagnes menées par la CISA autour des élections de 2020, lorsqu’elle avait travaillé avec les plateformes en ligne pour contrer la désinformation. Pour ses détracteurs, ces actions auraient exercé une pression inconstitutionnelle sur des entreprises privées, aboutissant à la suppression de contenus jugés favorables aux conservateurs. Garbarino a confirmé avoir échangé avec Paul sur un texte en préparation visant directement l’agence, sans préciser s’il s’agissait d’un amendement au WIMWIG Act ou d’une proposition distincte.

Le renouvellement du cadre de partage d’informations cyber reste perçu comme indispensable pour protéger les infrastructures critiques. Mais les débats sur le rôle de la CISA et la crainte d’une dérive vers la censure pourraient-ils freiner l’adoption finale d’un dispositif pourtant jugé vital par les acteurs du renseignement et de la cybersécurité ?

Google sous pression après une menace du collectif Scattered LapSus Hunters

Un collectif cybercriminel exige le licenciement de deux experts sécurité de Google. Sans preuve d’intrusion, la menace illustre une nouvelle tactique d’intimidation contre les équipes de renseignement.

Le collectif Scattered LapSus Hunters, réunissant trois groupes de pirates connus, menace Google de divulguer des données internes si deux de ses experts en cybersécurité ne sont pas renvoyés. Cette demande inédite, relayée sur Telegram, cible directement les équipes de Threat Intelligence de l’entreprise. Aucune preuve d’intrusion n’a été présentée à ce jour, mais la menace intervient après une fuite récente liée à un prestataire Salesforce ayant touché des données de contacts professionnels. Google n’a pas confirmé de compromission ni réagi publiquement à cet ultimatum. L’affaire met en lumière les pressions croissantes exercées sur les géants technologiques et le rôle clé de leurs cellules de renseignement cyber.

Origines et méthodes du collectif

Les Scattered LapSus Hunters se présentent comme une alliance de trois acteurs notoires de la cybercriminalité : Scattered Spider, LapSus$ et ShinyHunters. Chacun s’est déjà illustré par des attaques marquantes contre de grandes entreprises technologiques. Scattered Spider est réputé pour ses campagnes de social engineering et ses opérations de rançongiciels. LapSus$ s’est fait connaître en piratant Microsoft, NVIDIA et d’autres géants du secteur. ShinyHunters, pour sa part, a bâti sa réputation en volant et en revendant des bases de données issues de plateformes comme Wattpad ou Tokopedia. Personne ne s’est encore imaginé « publiquement » qu’ilm s’agirait peut-être de la même personne, cachait depuis peu sous ces trois signatures.

Cette coalition revendique aujourd’hui une stratégie atypique : exiger non pas une rançon financière, mais le renvoi de deux employés de l’équipe de Threat Intelligence de Google. Une telle démarche suggère que ces analystes mènent activement des enquêtes susceptibles de nuire aux opérations des cybercriminels. Les noms n’ont pas été divulgués, mais le ciblage personnel constitue une escalade significative dans la confrontation entre acteurs malveillants et équipes de défense.

Alerte après une fuite via Salesforce

La menace survient quelques semaines après un incident impliquant l’écosystème de Google. En août, l’un des groupes liés au collectif a exploité une faille chez Salesforce, prestataire externe de Google, pour accéder à des données de contacts professionnels. Les systèmes centraux de l’entreprise n’ont pas été compromis, mais l’événement a permis aux attaquants de récupérer des informations exploitables pour des campagnes de phishing et de vishing à grande échelle.

Face à ce risque accru, Google a diffusé une recommandation mondiale de réinitialisation de mots de passe, visant ses 2,5 milliards d’utilisateurs Gmail. Ce geste illustre la sensibilité de la menace, même lorsque la compromission ne touche pas directement les infrastructures internes. Les cybercriminels misent sur ces brèches périphériques pour multiplier les angles d’attaque.

À ce stade, Google n’a publié aucun communiqué officiel en réponse à l’ultimatum des Scattered LapSus Hunters. L’entreprise semble attendre d’éventuelles preuves tangibles avant d’ajuster sa posture publique. Complyer à une exigence visant des employés serait inédit et risquerait de créer un précédent dangereux, incitant d’autres groupes à recourir à l’extorsion ciblée.

Cette situation constitue un test pour les grandes entreprises technologiques. Elles doivent arbitrer entre discrétion stratégique, communication transparente envers leurs utilisateurs et protection de leurs équipes de renseignement. Si les pirates publient un jour des preuves crédibles d’intrusion, Google sera contraint d’activer ses protocoles de divulgation et de confinement. En attendant, l’épisode illustre la montée en puissance des tactiques de pression psychologique sur les défenseurs, autant que sur les infrastructures techniques.

Disney sanctionné pour collecte illégale de données d’enfants

Disney a accepté de verser 10 M$ (9,3 M€) à la FTC pour avoir violé la loi COPPA en mal étiquetant des vidéos YouTube destinées aux enfants, permettant la collecte de données personnelles sans consentement parental.

Le règlement impose à Disney de revoir sa gestion de contenus en ligne. L’affaire révèle un problème plus large : les limites du système actuel de protection de la vie privée des mineurs, alors que la publicité ciblée et l’IA façonnent déjà l’écosystème numérique des plus jeunes.

Disney face aux accusations de la FTC

La FTC reproche à Disney d’avoir utilisé des paramètres par défaut au niveau des chaînes plutôt qu’une classification vidéo par vidéo. Résultat : des contenus pour enfants issus de franchises comme Frozen, Toy Story ou Les Indestructibles ont été étiquetés « non destinés aux enfants ». Cette erreur a ouvert la voie à la collecte de données et à la publicité personnalisée, pratiques interdites par la COPPA.

En 2020, YouTube avait pourtant corrigé plus de 300 vidéos mal classées, les passant en « contenu enfant ». Malgré ce signalement, Disney a maintenu son système de réglage global, y compris sur des chaînes explicitement dédiées aux plus jeunes comme Disney Junior, Mickey Mouse ou Pixar Cars. L’absence de contrôle individuel a ainsi prolongé les violations de la loi.

Selon la FTC, ces erreurs ont exposé les enfants à des fonctionnalités interdites, telles que l’autoplay ou les annonces ciblées. Disney, qui tire profit des revenus publicitaires générés sur YouTube, est accusé d’avoir négligé sa responsabilité en matière de protection des mineurs.

Les obligations du règlement

L’amende de 10 M$ (≈ 9,3 M€) n’est qu’un aspect de la sanction. Disney devra désormais informer clairement les parents avant toute collecte de données personnelles concernant des enfants de moins de 13 ans et obtenir leur accord préalable.

L’entreprise est également contrainte de mettre en place un programme complet de vérification de l’ensemble de ses vidéos YouTube. Cette obligation pourrait être levée uniquement si YouTube déploie une « technologie d’assurance d’âge » : un système capable de vérifier automatiquement l’âge réel des spectateurs.

Cette perspective ouvre un débat plus large. Jusqu’ici, les plateformes reposaient sur l’autodéclaration et le bon vouloir des entreprises pour étiqueter correctement leurs contenus. L’exigence de solutions automatisées marque un tournant vers une identification systématique et centralisée des spectateurs mineurs, avec tout ce que cela implique en termes de surveillance numérique.

Une première pour les créateurs de contenus YouTube

Le président de la FTC, Andrew Ferguson, a résumé l’enjeu : « Notre décision sanctionne l’abus de confiance des parents par Disney. » Au-delà du cas particulier, ce règlement illustre une évolution : les autorités ne se contentent plus de cibler les plateformes, elles sanctionnent désormais aussi les producteurs de contenus.

C’est la première fois qu’une procédure COPPA vise directement un fournisseur de vidéos sur YouTube, et non la plateforme elle-même. En 2019, Google et YouTube avaient conclu un accord record de 170 M$ (≈ 157,7 M€) pour des violations similaires. L’affaire Disney s’inscrit donc dans la continuité d’un durcissement de la régulation, où les grandes marques ne sont pas à l’abri.

Si Disney se conforme aux nouvelles règles, les contenus destinés aux enfants devraient être correctement classés à l’avenir, limitant l’exposition aux publicités ciblées et améliorant la protection des données. Mais l’affaire rappelle surtout que la protection des mineurs ne peut être laissée au seul bon sens des entreprises, même celles qui incarnent une image familiale.

L’affaire révèle un basculement : le contrôle des contenus pour enfants se déplace vers des mécanismes de vérification technique. La question reste ouverte : jusqu’où l’« assurance d’âge » automatisée peut-elle protéger les enfants sans instaurer une surveillance généralisée des internautes ?

Nicholas Andersen prend la tête de la cybersécurité de la CISA

Nicholas Andersen succède à Chris Butera et devient directeur exécutif adjoint chargé de la cybersécurité de la CISA. Son arrivée marque une étape clé pour l’agence au moment où les menaces contre les infrastructures critiques se multiplient.

Reconnu dans les milieux de la défense et de la cybersécurité, Nicholas Andersen a pris ses fonctions le 2 septembre 2025. La CISA, bras armé de Washington pour la protection numérique et physique des infrastructures vitales, mise sur son profil hybride – militaire, gouvernemental et privé – pour renforcer son dispositif face aux cyberattaques. L’agence veut ainsi accroître la résilience nationale, affiner sa coopération avec les acteurs stratégiques et répondre à l’évolution rapide des menaces, qu’elles soient étatiques ou criminelles.

Un profil taillé pour la cybersécurité nationale

Ancien officier des Marines, décoré pour son engagement en renseignement, Andersen s’est imposé comme une figure de référence dans la cybersécurité. Sa carrière illustre un parcours mixte : il a dirigé la sécurité de grandes entreprises tout en occupant des postes stratégiques dans l’appareil fédéral. Washington Executive l’avait désigné parmi les dix responsables sécurité à suivre.

Au sein du privé, il a été président et directeur opérationnel d’Invictus, supervisant la cybersécurité et l’intégration de solutions technologiques pour des clients fédéraux et commerciaux. Chez Lumen Technologies, il a conçu une stratégie de cybersécurité globale et développé des offres sécurisées pour le secteur public, renforçant ainsi les partenariats critiques avec l’État.

Expérience fédérale et réponse aux crises

Entre 2019 et 2021, Andersen a piloté la cybersécurité énergétique au Département de l’Énergie. D’abord adjoint principal, puis secrétaire adjoint par intérim, il a coordonné la protection des infrastructures face aux menaces iraniennes, aux crises énergétiques et aux catastrophes naturelles. Son action a notamment été décisive lors de la reconstruction du réseau électrique de Porto Rico après les ouragans.

Ce parcours l’a amené à défendre la notion de résilience intégrée, combinant réponse opérationnelle rapide, anticipation stratégique et coopération étroite avec le secteur privé. Autant d’éléments que la CISA veut aujourd’hui systématiser.

Transition interne et continuité opérationnelle

Avec l’arrivée d’Andersen, Chris Butera, jusqu’ici directeur exécutif adjoint par intérim, devient directeur exécutif adjoint suppléant. Cette transition interne garantit la continuité des opérations de cybersécurité de l’agence, tout en préparant le terrain au leadership renforcé d’Andersen.

La CISA, qualifiée d’« agence de cyberdéfense nationale », reste en première ligne pour protéger les réseaux, systèmes et infrastructures essentiels. L’arrivée d’Andersen intervient dans un contexte de menaces accrues : attaques de groupes étatiques, campagnes de ransomware contre les services publics et exploitation des dépendances critiques.

Avec Nicholas Andersen, la CISA mise sur un stratège aguerri, à la croisée du renseignement, de l’industrie et de la défense nationale. Reste une question centrale : comment son expérience conjointe public-privé sera-t-elle exploitée pour contrer l’évolution des attaques hybrides sur les infrastructures critiques américaines ?

APT29 : la Russie piège le web avec des attaques « watering hole »

Une fausse page Cloudflare, un clic de routine, et l’espionnage commence. Les attaques de l’APT29 révèlent comment Moscou transforme les sites légitimes en armes numériques.

Le groupe APT29, lié au renseignement extérieur russe (SVR), a mis en place une nouvelle campagne d’attaques « watering hole » dévoilée par Amazon. En compromettant des sites populaires, ils ont piégé aléatoirement une partie des visiteurs avec de fausses pages de sécurité imitant Cloudflare. Derrière cette ruse, l’objectif n’était pas de voler des mots de passe mais d’exploiter l’authentification Microsoft pour obtenir un accès persistant aux comptes. L’opération illustre l’évolution constante des méthodes de l’APT29, déjà impliqué dans des campagnes contre universitaires, ONG et opposants russes. Elle met en évidence une stratégie de collecte de renseignement à grande échelle, jouant sur la confiance des internautes.

La patience des prédateurs

Le groupe APT29, aussi appelé Midnight Blizzard, n’agit pas comme un simple collectif cybercriminel. Ses opérations sont attribuées au Service de renseignement extérieur russe (SVR), héritier des réseaux d’espionnage de la guerre froide. Désormais, les agents ne déposent plus de messages secrets sous un banc public. Ils infiltrent des sites fréquentés chaque jour par des internautes ordinaires et attendent patiemment que leurs cibles idéales se présentent.

Amazon a révélé que cette opération récente reposait sur une stratégie de long terme. Plutôt que d’attaquer un seul organisme, les pirates ont compromis plusieurs sites de confiance, laissés en apparence intacts. Puis, ils ont installé un mécanisme sélectif : seuls 10 % des visiteurs étaient redirigés vers une fausse page Cloudflare, ce qui rendait la manœuvre difficile à détecter. Le reste du trafic continuait normalement, réduisant fortement les soupçons.

Ce choix tactique traduit la sophistication de l’APT29 : ils ne cherchent pas la masse mais la précision. L’approche aléatoire permet de collecter des profils variés, parmi lesquels certains deviennent de véritables cibles stratégiques.

L’art technique et psychologique

Le danger de l’APT29 ne réside pas uniquement dans ses liens présumés avec le SVR, mais dans sa maîtrise conjointe de la technique et de la psychologie des victimes. Le code malveillant, soigneusement analysé par Amazon, utilisait un encodage base64 pour échapper aux détections automatiques. Des cookies étaient placés pour éviter qu’un utilisateur redirigé une première fois le soit de nouveau, ce qui aurait éveillé les soupçons.

La copie des pages de vérification Cloudflare était parfaite : couleurs, logos, interface. Aux yeux d’un internaute pressé, tout semblait légitime. Mais le but n’était pas de capturer des identifiants saisis dans un formulaire. L’APT29 exploitait un mécanisme légal de Microsoft : le « device code authentication ». En incitant les victimes à autoriser un nouvel appareil, ils obtenaient un accès direct et durable aux comptes Microsoft des cibles, avec courriels, documents et données sensibles incluses.

Cette approche illustre une tendance croissante : détourner les fonctionnalités existantes plutôt que créer des malwares visibles. Le faux se mêle au vrai, et c’est l’utilisateur, confiant, qui ouvre lui-même la porte.

Un jeu du chat et de la souris permanent

Amazon a tenté de neutraliser l’opération en supprimant les domaines piégés. Mais l’APT29 a immédiatement rebondi, transférant ses infrastructures vers un autre fournisseur cloud et enregistrant de nouveaux noms de domaine, dont « cloudflare.redirectpartners.com ». Cette réactivité explique pourquoi ils figurent parmi les acteurs les plus persistants du cyberespionnage mondial.

Ce n’est pas une première. En octobre 2024, Amazon avait déjà interrompu une tentative d’usurpation de ses propres services par le groupe russe. En juin 2025, Google avait signalé des campagnes de phishing contre chercheurs et critiques du Kremlin. Chaque épisode montre une adaptation rapide, une volonté d’apprendre de ses échecs et une extension progressive du champ d’action.

L’APT29 ne vise pas une opération unique. Il perfectionne un modèle, teste ses armes numériques, observe les réactions adverses et prépare déjà la prochaine vague.

Le facteur humain au cœur de la manœuvre

Cette campagne ne se distingue pas par une complexité technique extrême. Elle se distingue par sa capacité à exploiter la confiance. Les sites étaient authentiques. Les pages de sécurité paraissaient ordinaires. Les demandes d’autorisation venaient de Microsoft.

Tout reposait sur un principe simple : inciter les gens à suivre ce qui semblait être la procédure normale. C’est pourquoi la formation en cybersécurité atteint vite ses limites. Expliquer qu’il faut « se méfier de tout » reste théorique. En pratique, un employé cherchant un document ou un particulier voulant lire ses courriels cliquera souvent sans réfléchir. C’est cette normalité apparente qui rend l’attaque redoutable.

Derrière, les conséquences dépassent la simple compromission d’un compte personnel. L’échantillon aléatoire de victimes peut contenir des fonctionnaires, des contractants de la défense, des journalistes ou des militants. Autant de profils qui intéressent directement Moscou dans une logique de renseignement.

Cette campagne montre que la guerre de l’information ne passe plus uniquement par les réseaux diplomatiques ou militaires. Elle s’insinue dans les gestes banals du numérique quotidien. La vraie question est donc la suivante : jusqu’où les acteurs étatiques comme l’APT29 peuvent-ils exploiter la routine des internautes avant que les systèmes de défense collectifs ne s’adaptent ?

Un script d’email jetable détourne la validation en ligne

Un script Python circulant sur le web automatise la création d’adresses temporaires et la récupération de codes de validation. Un outil modifié pour fraude et usurpation d’identité numérique.

Un script Python accessible en ligne permet de générer automatiquement des adresses email jetables et d’intercepter les messages de confirmation envoyés par divers services. L’outil s’appuie sur une API distante pour fournir des domaines valides et surveille les boîtes créées jusqu’à l’arrivée d’un code de validation numérique. Si ce code est détecté, il est extrait et affiché. Un tel mécanisme, à première vue utile pour des tests techniques, ouvre en réalité la voie à des abus massifs : contournement de vérifications par mail, création automatisée de comptes frauduleux, propagation de spam et usurpation d’identité numérique. Une illustration concrète de la façon dont un simple script peut devenir une arme cybercriminelle.

Comment fonctionne le script

Le code en question interroge une API située sur un domaine que DataSecurityBreach.fr ne citera pas. Le site est basé au Vietnam. La première étape consiste à récupérer une liste de domaines encore valides et exploitables. L’outil sélectionne ensuite celui dont l’expiration est la plus éloignée, afin de garantir une adresse fonctionnelle. Une chaîne aléatoire de lettres et chiffres est générée pour constituer la partie locale de l’adresse. Résultat : une adresse jetable de type uXXXX@domaine.com, prête à être utilisée pour un enregistrement sur n’importe quel site.

La seconde phase est celle de la surveillance. Le script interroge périodiquement l’API afin de détecter l’arrivée d’un email adressé à cette boîte. Il analyse alors l’objet et le contenu du message, cherchant une suite de chiffres comprise entre 5 et 8 caractères. Dès que ce code apparaît, il est extrait et affiché. L’utilisateur dispose ainsi du code de validation envoyé par le service ciblé, sans jamais avoir eu besoin d’une adresse personnelle.

Les dérives possibles

Sur le plan technique, l’outil n’est qu’une automatisation d’adresses temporaires déjà présentes sur le marché des « temp-mails ». Mais sa capacité à générer, intercepter et extraire directement les codes de validation le rend particulièrement dangereux. Des acteurs malveillants peuvent l’exploiter pour ouvrir des comptes en masse sur des plateformes de streaming, de réseaux sociaux ou de messageries, contournant ainsi les mécanismes de contrôle.

Une telle automatisation favorise aussi les campagnes de spam. En multipliant les adresses éphémères, les cybercriminels peuvent envoyer des messages indésirables sans crainte de blocage. Enfin, l’usurpation d’identité numérique devient envisageable : si une plateforme se contente d’une validation par email temporaire, l’attaquant peut s’y inscrire en se faisant passer pour un utilisateur légitime. Le risque touche directement les services en ligne qui ne couplent pas leur authentification à des contrôles plus robustes.

Un problème récurrent de cybersécurité

L’usage massif d’emails temporaires ne date pas d’hier. Ils sont populaires pour éviter la publicité ou protéger la vie privée. Mais l’industrialisation par script change la donne. Là où un internaute lambda devait générer manuellement son adresse et surveiller la boîte, le script fait tout automatiquement : de la création à la récupération du code. Cette automatisation réduit les coûts, augmente la vitesse et accroît la capacité de nuisance.

Pour les services en ligne, la menace est double. D’un côté, ils voient leurs systèmes d’inscription saturés par des comptes fantômes. De l’autre, ils risquent de valider des transactions ou inscriptions frauduleuses en se basant sur un contrôle d’email insuffisant. Les conséquences vont de la fraude publicitaire à la compromission de programmes de fidélité, en passant par l’ouverture de portes aux campagnes de désinformation.

Ce script illustre la facilité avec laquelle une fonction banale, l’email jetable, peut se transformer en outil de fraude à grande échelle. La vigilance s’impose autant du côté des utilisateurs, qui doivent comprendre les dérives de tels services, que des plateformes, qui ne peuvent plus se contenter d’une simple vérification par email. La vraie question est claire : combien de temps les systèmes d’inscription basés uniquement sur une adresse électronique tiendront-ils face à l’automatisation des faux comptes ?

ChatGPT accusé à Moscou de transmettre des données au Pentagone

OpenAI est accusée par un responsable russe de partager automatiquement avec les agences américaines les requêtes en russe envoyées via ChatGPT.

Selon le site Caliber, Alexander Asafov, premier vice-président de la commission de la Chambre publique de Moscou sur la société civile, affirme que les demandes en langue russe soumises à ChatGPT seraient transférées « proactivement et automatiquement » au FBI et au Pentagone. Il ajoute que des dirigeants d’entreprises d’intelligence artificielle auraient reçu cette année « des grades au Pentagone ». Aucune preuve n’a été apportée pour étayer ces accusations.

Une rhétorique géopolitique

Cette déclaration s’inscrit dans une série de prises de position russes qui présentent les grands acteurs occidentaux du numérique comme des instruments d’ingérence. En ciblant OpenAI, Moscou met l’accent sur l’usage de l’IA générative en Russie et sur les risques supposés d’espionnage. L’accusation d’un transfert automatique au FBI et au Pentagone relève davantage d’un discours politique que d’une information vérifiée.

L’angle cyber et renseignement

La Russie multiplie les alertes autour de la collecte de données par les plateformes étrangères, qu’elle considère comme un levier de surveillance occidentale. La référence à un lien direct entre OpenAI et le Pentagone illustre une stratégie classique : associer les outils numériques à une infrastructure de renseignement militaire. Cette rhétorique vise autant l’opinion publique russe que les utilisateurs potentiels de l’IA dans la région.

Ni OpenAI ni les autorités américaines n’ont réagi à cette déclaration au moment de la publication. La formulation employée par Asafov — « automatiquement » et « initiative » d’OpenAI — ne repose sur aucune documentation technique accessible. À ce stade, il s’agit d’une accusation politique relayée par la presse locale, sans élément de corroboration indépendant.

La question centrale reste donc : cette accusation relève-t-elle d’une alerte fondée sur des renseignements techniques, ou d’une construction géopolitique destinée à encadrer l’usage de l’IA en Russie ?

L’Espagne annule un contrat Huawei de 10 millions d’euros sur fond de pressions sécuritaires

Madrid a stoppé un contrat stratégique impliquant Huawei dans le réseau RedIRIS. Une décision dictée par la sécurité nationale et la crainte d’ingérences étrangères dans des infrastructures sensibles.

Le gouvernement espagnol a annulé un contrat de 9,8 millions € avec Telefónica, qui prévoyait l’installation d’équipements Huawei pour moderniser le réseau de recherche RedIRIS, utilisé par universités et Défense. Officiellement justifiée par l’autonomie stratégique, cette décision reflète aussi les pressions internationales concernant les risques liés aux fournisseurs chinois. L’annulation retarde le projet, augmente son coût et oblige à relancer la mise en concurrence. Si Madrid n’impose pas de veto explicite à Huawei, la décision marque un tournant dans la politique numérique espagnole. Elle interroge l’équilibre entre ouverture technologique et souveraineté cyber, dans un contexte de tensions croissantes entre Chine, États-Unis et Europe.

Sécurité nationale en ligne de mire

Le 29 août, le ministère espagnol de la Science et de l’Innovation a notifié à Telefónica l’annulation du contrat attribué pour équiper RedIRIS. Cette dorsale nationale relie plus de 500 institutions de recherche, dont le ministère de la Défense, et devait passer de 100 à 400 Gbps grâce à de nouveaux équipements fournis par Huawei. L’investissement prévu atteignait 9,8 millions €, financé par des fonds publics et européens.

Le gouvernement a invoqué la stratégie de « souveraineté numérique » et la nécessité de protéger les communications critiques. Cette justification masque à peine la pression exercée par les États-Unis, qui dénoncent depuis des années le risque d’espionnage inhérent aux technologies Huawei. Washington considère que la loi chinoise sur le renseignement oblige les entreprises locales à coopérer avec Pékin.

La décision espagnole ne constitue pas un bannissement officiel de Huawei. Contrairement à Londres ou Berlin, Madrid n’a pas établi de liste de fournisseurs à risque. Mais ce signal politique place Huawei dans une position défavorable pour tout futur appel d’offres public lié aux infrastructures sensibles.

Conséquences économiques et techniques

L’annulation ne reste pas sans coût. La procédure de relance entraîne des retards et oblige à revoir les budgets. Selon les projections, les offres alternatives de Nokia, Cisco ou Juniper dépasseront largement l’enveloppe initiale. Les experts évoquent une augmentation des coûts à plus de 12 millions €, en raison de la rareté des équipements et de l’urgence imposée.

Telefónica, qui avait remporté le marché en bonne et due forme, se retrouve dans une situation délicate. L’opérateur n’a pas commenté publiquement mais doit désormais renégocier avec de nouveaux fournisseurs, tout en absorbant les délais. Pour les chercheurs et le ministère de la Défense, cela signifie un report dans la modernisation de leurs communications stratégiques.

Ce surcoût illustre le dilemme auquel se confrontent de nombreux pays européens : privilégier la souveraineté technologique face à la dépendance chinoise implique souvent des dépenses supérieures. Or, l’Espagne n’avait pas anticipé ces surcoûts dans son budget initial.

Les États-Unis jouent un rôle clé dans cette affaire. Depuis l’administration Trump, Washington mène une campagne internationale pour restreindre Huawei, accusée de liens étroits avec Pékin. Les diplomates américains ont multiplié les avertissements auprès des alliés européens : intégrer des équipements chinois dans des réseaux stratégiques, c’est ouvrir une porte potentielle au renseignement chinois.

L’OTAN, dont l’Espagne est membre, a relayé ces inquiétudes. Les communications militaires et gouvernementales transitant par RedIRIS ne pouvaient, selon les experts américains, dépendre d’une technologie jugée « non fiable ». À Bruxelles, la Commission européenne a publié plusieurs recommandations encourageant les États membres à réduire leur exposition aux fournisseurs à haut risque, sans toutefois imposer de bannissement formel.

Certains pays ont choisi une approche radicale. Le Royaume-Uni a ordonné le retrait complet des équipements Huawei de son réseau 5G d’ici 2027. L’Allemagne a imposé un examen strict de sécurité pour chaque équipement critique, visant en pratique à exclure Huawei et ZTE. L’Espagne, en revanche, avait jusqu’ici adopté une ligne plus conciliante, préférant évaluer chaque projet au cas par cas. L’affaire RedIRIS démontre que cette position évolue.

Lois chinoises et soupçons d’espionnage

Le cœur des inquiétudes occidentales repose sur la loi chinoise sur le renseignement de 2017. Ce texte oblige toute entreprise enregistrée en Chine à collaborer avec les services de sécurité nationale, sur demande. Pour les agences occidentales, cela signifie que Huawei pourrait être contraint de fournir un accès à ses équipements, sans possibilité de refus ni de transparence.

Les risques évoqués ne concernent pas uniquement l’espionnage passif. Dans un scénario de conflit ou de crise diplomatique, l’insertion de portes dérobées pourrait permettre une interruption ciblée de réseaux stratégiques. Les experts parlent d’« armes dormantes » dissimulées dans le code ou les mises à jour logicielles.

Huawei réfute systématiquement ces accusations et souligne que jamais aucune preuve technique n’a démontré l’existence de telles portes dérobées. L’entreprise rappelle sa présence dans plus de 170 pays et affirme que son exclusion relève davantage de la rivalité technologique que de la cybersécurité objective. Néanmoins, la perception de risque suffit à influencer les choix politiques européens.

La décision espagnole a des répercussions bien au-delà de l’économie numérique. Elle s’inscrit dans un équilibre délicat entre deux pôles d’influence. D’un côté, la Chine est un partenaire commercial majeur pour l’Espagne, notamment dans les secteurs automobile et énergétique. De l’autre, Washington reste un allié stratégique incontournable en matière de défense et de renseignement.

Annuler un contrat Huawei, c’est envoyer un signal de proximité à l’OTAN et aux États-Unis, mais au prix d’une irritation probable à Pékin. La Chine pourrait réagir en freinant certains investissements ou en réduisant sa coopération économique. Dans un contexte où l’Espagne cherche à attirer des capitaux étrangers pour sa transition numérique, le calcul est risqué.

Sur le plan industriel, cette annulation renforce indirectement les positions de Nokia, Cisco et Juniper en Europe. Ces acteurs, souvent américains ou européens, apparaissent comme des alternatives plus sûres, bien qu’à un coût supérieur. Pour l’industrie espagnole des télécoms, cela signifie aussi une dépendance accrue à des fournisseurs occidentaux déjà fortement sollicités.

En annulant ce contrat, Madrid a fait le choix de la prudence stratégique, au détriment de la rapidité et de l’efficacité économique. La souveraineté numérique devient un axe central de la politique européenne, mais l’Espagne reste confrontée à une question cruciale : jusqu’où céder aux pressions de ses alliés sans rompre avec un partenaire commercial comme la Chine, qui détient des leviers économiques puissants ?

Amazon déjoue une attaque sophistiquée d’APT29

Amazon a bloqué une opération de watering-hole d’APT29, visant à subtiliser des identifiants Microsoft grâce à des sites compromis, du JavaScript obfusqué et des redirections sélectives.

Amazon a neutralisé une campagne d’APT29, groupe lié au renseignement russe, qui exploitait des sites web compromis pour piéger des connexions Microsoft. Les assaillants utilisaient du JavaScript obfusqué et des mécanismes de redirection conditionnelle afin de tromper une partie des visiteurs. Près de 10 % du trafic était renvoyé vers des domaines contrôlés par l’attaquant, imitant Cloudflare pour capter les identifiants via le flux d’authentification par code d’appareil de Microsoft. Amazon a isolé les instances malveillantes et collaboré avec Microsoft et Cloudflare pour interrompre les infrastructures frauduleuses. Aucun système AWS n’a été compromis. Cette opération illustre le raffinement technique d’APT29 et la réponse coordonnée nécessaire pour contrer ces campagnes.

Attaque sur des sites légitimes

En août, plusieurs sites web authentiques ont été piégés par l’ajout d’un script JavaScript malveillant. Ce code, fortement obfusqué, recourait à l’encodage base64 pour masquer ses fonctions et compliquer l’analyse. Sa mission : déterminer si l’utilisateur devait être redirigé vers une infrastructure contrôlée par APT29. Seule une minorité de visiteurs, environ 10 %, était ciblée, réduisant le risque de détection. Les victimes aboutissaient sur un domaine imitant une vérification Cloudflare, notamment findcloudflare[.]com. Cette fausse étape permettait d’exploiter le flux d’authentification par code de périphérique de Microsoft et d’intercepter les tentatives de connexion.

L’activité a été repérée sur des instances EC2 utilisées à des fins malveillantes. Amazon a immédiatement isolé ces serveurs, bloqué leurs communications et engagé une coopération avec Cloudflare et Microsoft. Ensemble, ils ont procédé à la désactivation rapide des domaines frauduleux. Chaque fois qu’APT29 tentait de rétablir son infrastructure avec de nouveaux serveurs ou domaines, l’alliance technique permettait une coupure immédiate. Amazon a assuré qu’aucun système interne n’avait été touché par la campagne.

Tactiques techniques et sophistication

Les techniques employées confirment le niveau avancé d’APT29. Le JavaScript obfusqué rendait son contenu difficile à déchiffrer, dissimulant les instructions de redirection. Des redirections côté serveur permettaient d’alterner les comportements selon l’adresse IP, l’agent utilisateur ou le fuseau horaire du visiteur. L’usage de cookies servait à limiter la fréquence des redirections, empêchant un analyste de reproduire facilement le scénario d’attaque. Cette approche réduisait fortement les traces visibles et rendait l’infection plus persistante. Enfin, la rotation d’infrastructures, avec migration rapide entre domaines et serveurs compromis, ajoutait une résilience opérationnelle. Ces choix tactiques révèlent un objectif clair : espionner durablement sans attirer l’attention des défenses automatisées.

APT29, affilié au SVR russe, multiplie les campagnes contre les cibles stratégiques. Après des tentatives de phishing imitant AWS en 2024 et une campagne contre chercheurs et universitaires en 2025, le groupe renforce ses méthodes. Le recours à l’obfuscation avancée et aux redirections sélectives montre une stratégie d’ingénierie discrète, adaptée aux environnements cloud et aux services massivement utilisés. L’objectif reste constant : collecter des identifiants pour pénétrer des réseaux sensibles.

Les autorités américaines ont saisi deux domaines utilisés par le service de renseignement russe SVR (APT29/Cozy Bear) dans une vaste campagne de piratage. En mai 2021, les attaquants ont compromis un compte de l’USAID sur Constant Contact pour envoyer près de 3 000 e-mails piégés à plus de 150 organisations dans 24 pays. Les liens redirigeaient vers theyardservice[.]com, qui distribuait un malware installant Cobalt Strike. Les communications passaient aussi par worldhomeoutlet[.]com. Déjà en mai 2018, les États-Unis avaient saisi des domaines liés au botnet VPNFilter d’APT28. Microsoft a mené des actions similaires en 2018 et 2021.

L’affaire démontre la capacité d’APT29 à développer des outils furtifs et l’importance d’une veille proactive pour détecter l’obfuscation et les redirections conditionnelles. Jusqu’où ces techniques d’évasion, à la frontière entre espionnage discret et attaques massives, peuvent-elles encore progresser face aux systèmes de défense automatisés ?

Breach Salesloft Drift : Cloudflare, Zscaler et Palo Alto touchés

Un piratage via l’intégration Salesloft Drift-Salesforce a compromis plusieurs géants de la cybersécurité. Des tokens OAuth volés ont ouvert l’accès à des données sensibles.

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Un acteur malveillant a exploité une faille dans l’intégration Salesloft Drift-Salesforce pour siphonner des tokens OAuth et refresh. L’attaque, détectée en août 2025, a touché des entreprises majeures, dont Cloudflare, Zscaler et Palo Alto Networks. Les données volées incluent identités, contacts, contenus de support et même des identifiants de services critiques. L’incident interroge sur la sécurité des intégrations SaaS et l’exposition croissante des chaînes logicielles.

Un piratage sophistiqué ciblant les intégrations Salesforce

Entre le 8 et le 18 août 2025, un groupe baptisé UNC6395 a exploité l’intégration entre Salesloft Drift et Salesforce pour dérober massivement des tokens OAuth. Ces jetons permettaient d’accéder directement à des environnements Salesforce, ouvrant un accès sans authentification supplémentaire à de multiples données.

Les tokens, une fois volés, ont servi à exfiltrer des informations sensibles de plusieurs clients Salesforce. Parmi les organisations ciblées figurent des acteurs critiques du secteur cyber, dont Zscaler, Cloudflare et Palo Alto Networks. D’autres éditeurs comme Tanium et SpyCloud figurent aussi sur la liste des victimes confirmées.

Les attaquants ont ciblé les champs de support et les données clients stockées dans Salesforce. Selon les premières analyses, l’accès concernait à la fois des informations personnelles (noms, emails, numéros de téléphone) et des données techniques ou organisationnelles (clés AWS, tokens Snowflake, identifiants internes). Google Threat Intelligence Group (GTIG) attribue cette campagne à UNC6395, tout en soulignant l’absence de preuves solides reliant l’opération au collectif ShinyHunters, pourtant prompt à revendiquer la responsabilité.

 

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Des données sensibles exposées chez les leaders de la cybersécurité

Chez Cloudflare, les assaillants ont pu consulter des tickets de support, comprenant noms, coordonnées de clients et contenus des échanges. Certaines informations techniques soumises par des utilisateurs, comme des logins, ont également été exposées.

Zscaler a confirmé le vol de données relatives aux licences produits, aux postes occupés par ses clients et aux numéros de téléphone professionnels. Les échanges de support, parfois détaillés, faisaient partie du lot.

Chez Palo Alto Networks, les intrusions ont permis d’accéder aux données de comptes de vente internes, ainsi qu’à certains cas de support contenant des informations sensibles.

L’ampleur exacte du volume exfiltré n’a pas été chiffrée publiquement, mais plusieurs entreprises reconnaissent la possibilité que des credentials techniques aient été compromis. Salesforce a de son côté averti que les attaquants pouvaient avoir récupéré des clés AWS et des identifiants de services cloud critiques.

Si ces informations étaient exploitées pour une intrusion secondaire, les conséquences pourraient être majeures. La compromission d’intégrations SaaS utilisées par des milliers d’entreprises illustre la difficulté croissante à protéger les chaînes de confiance logicielles.

Réponses d’urgence et interrogations persistantes

Face à l’attaque, Salesforce et Salesloft ont immédiatement désactivé l’application Drift, révoqué les tokens associés et retiré Drift de l’AppExchange. Les entreprises touchées ont lancé des investigations internes, notifié leurs clients et enclenché des rotations massives de clés et tokens.

Cloudflare, Zscaler et Palo Alto Networks affirment que les systèmes centraux de leurs infrastructures n’ont pas été atteints. Les exfiltrations se limiteraient aux données Salesforce accessibles via Drift. Cependant, la confiance des clients reste mise à l’épreuve, d’autant que l’exploitation de tokens OAuth confère aux assaillants une persistance difficile à détecter.

Google GTIG rappelle que les campagnes d’UNC6395 se caractérisent par une exploitation rapide des intégrations SaaS et par un usage intensif de tokens volés. Leur mode opératoire témoigne d’une compréhension fine des environnements cloud modernes.

L’affaire soulève une question centrale : comment contrôler la prolifération d’applications tierces connectées aux environnements critiques, quand chacune d’elles peut devenir une porte d’entrée invisible ? Le piratage Salesloft Drift rappelle la fragilité des chaînes SaaS : une seule application compromise peut entraîner la fuite de données sensibles chez des acteurs mondiaux de la cybersécurité. L’enjeu stratégique devient clair : comment redéfinir la gestion des intégrations cloud pour éviter que le maillon faible ne compromette tout un écosystème ?

Selon 6Sens, environ 110 entreprises en France utilisent Salesloft (contre 390 au Royaume-Uni, 286 au Canada) .

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