Archives de catégorie : Social engineering

Le cyberespionnage via les APT devient le pire cauchemar des entreprises

En France, plus de deux tiers (71 %) des DSI estiment que leur entreprise pourrait « certainement » être la cible de campagnes de cyberespionnage utilisant des menaces persistantes avancées (Advanced Persistent Threats – APT) selon une récente étude.

Les APT, des cyber-outils complexes conçus sur mesure pour attaquer des grandes entreprises ou organismes d’état, et collecter discrètement des données sensibles sur de longues périodes. 27 % des personnes interrogées considèrent que leur infrastructure informatique pourrait « éventuellement » être la cible d’actions de cyberespionnage de haut niveau visant à exfiltrer des informations de manière systématique.

Seule une petite minorité n’est pas préoccupée par les APT

L’année dernière, des entreprises de  grande envergure ont été confrontées à un nombre croissant d’incidents et de violations de sécurité, avec une augmentation significative des APT et des attaques ciblées visant aussi bien les entreprises que les entités gouvernementales (telles que APT-28 et, plus récemment, Netrepser). En fait, moins de 2% des DSI considèrent que les APT ne sont pas une menace réelle pour leur environnement de travail. Les inquiétudes sur la sécurité vont en se multipliant, et la question est de plus en plus souvent traitée par les conseils d’administration des entreprises. Les hauts responsables de services informatiques, tout comme les membres des conseils d’administration s’en préoccupent de plus en plus, non seulement parce qu’une violation de la sécurité peut leur coûter cher, mais aussi parce que le futur des entreprises est en jeu quand des données sensibles sont dérobées par des pirates informatiques.

Les risques ne sont pas toujours visibles, mais ils sont bien présents

Étonnamment, si 42% des DSI ont déclaré qu’il leur faudrait entre quelques semaines et un mois pour repérer une APT, 23% d’entre eux pensent qu’il leur faudrait entre deux mois et plus d’un an pour détecter les menaces modernes les plus sophistiquées. Preuve que de nombreux professionnels interrogés sont au courant et craignent ces menaces, mais qu’ils pensent ne pas être suffisamment bien protégés pour les détecter et les bloquer.

Selon Liviu Arsene, Analyste des e-menaces chez Bitdefender, « les cyberattaques peuvent passer inaperçues pendant des mois et, dans la plupart des cas, les violations proviennent de failles Zero-day ou de malwares s’attaquant au noyau du système. Ce sont précisément ces vulnérabilités que ciblent les APT, car elles leur évitent d’être détectées. Les exploits au niveau du noyau et les rootkits peuvent échapper aux solutions de sécurité traditionnelles pour endpoints et prendre le contrôle total du système d’exploitation. »

Les menaces persistantes les plus avancées ne se limitent pas aux attaques soutenues par des États : les entreprises peuvent également devenir les victimes de cybercriminels qui exploitent des vulnérabilités Zero-day pour diffuser des malwares extrêmement ciblés conçus pour les espionner et voler des éléments de propriété intellectuelle. L’enquête de Bitdefender confirme que les RSSI considèrent leurs concurrents comme les plus susceptibles d’attaquer leurs entreprises, dans le cadre d’un espionnage professionnel (66%), suivis des hackers (57%).Les cybercriminels soutenus par des Etats, les agences gouvernementales et les personnes en interne arrivent respectivement en 3ème, 4ème et 5ème position (51, 41 et 30%).

Les risques sont réels, et les entreprises doivent les limiter

76 % des responsables de services informatiques français estiment que la pire conséquence à craindre d’une attaque par une APT est d’ordre financier. En deuxième position on retrouve l’atteinte à la réputation (66%), suivie de la faillite (51%). Parmi les risques les plus sinistres, citons également la guerre ou les cyber-conflits (24%) ; et même un décès par suicide ou attaque cardiaque (14%).

Les entreprises ont surtout peur de perdre des informations relatives à leurs clients (52%), suivies des informations financières (47%), des recherches sur de nouveaux produits (37%), des informations sur certains employés (35%), des informations et de caractéristiques de produits (34%), leur propriété intellectuelle (34%) et leurs recherches sur la concurrence (20%).

Ainsi, 94 % des conseils d’administration estiment que la cybersécurité est un sujet critique dans la gestion des risques de l’entreprise, avec des conséquences sévères sur leur situation financière et leur réputation si elle est négligée. Seuls 4% ne lui accordent pas encore une telle importance. La plupart des entreprises (58%) ont un plan de réponse aux incidents et un plan de reprise après sinistre dans le cas d’une attaque par APT ou d’une violation de sécurité massive, et 40% reconnaissent qu’elles sont en train d’élaborer une stratégie en la matière. Moins de 2% n’ont adopté aucune procédure de ce type à ce jour, et n’’envisagent pas de le faire dans le futur.

Une sécurité multi-couches est la meilleure solution

64% des responsables informatiques français interrogés perçoivent la défense multi-couches, associant plusieurs politiques de sécurité et outils conçus pour combattre les menaces et intrusions modernes, comme étant la meilleure défense contre les menaces persistantes avancées. Les audits de sécurité, les solutions de nouvelle génération, la sécurité traditionnelle et la surveillance des journaux ont également été mentionnés par plus d’un tiers des sondés. (Bitdefender)

L’humain, maillon faible de la cybersécurité

« Le Facteur Humain 2017 » indique que les cybercriminels se reposent de plus en plus sur l’humain plutôt que sur les failles logicielles pour installer des programmes malveillants, dérober des informations confidentielles et transférer des fonds.

Pas vraiment une nouveauté, le piratage informatique s’est toujours d’abord reposé sur le facteur humain. Le social engineering en est une preuve. Dans son rapport, Proofpoint spécialiste en sécurité et conformité, a interrogé plus de 5000 entreprises en 2016. Bilan, les indicateurs sur les attaques par le biais des emails, mobiles et réseaux sociaux, donne une tendance des clients de cette société.

« Cette tendance d’exploitation du facteur humain, qui a vu le jour en 2015, s’accélère, et les cybercriminels multiplient désormais les attaques générées par les clics des utilisateurs plutôt que par des logiciels d’exploitation vulnérables, conduisant ainsi les victimes à exécuter elles-mêmes les attaques », a déclaré Kevin Epstein, Vice-Président du centre d’opération des menaces de Proofpoint. « Il est essentiel que les entreprises mettent en place une protection avancée pour arrêter les cybercriminels avant qu’ils puissent atteindre leurs potentielles victimes. La détection anticipée des contenus malveillants dans la chaîne d’attaques permettra de les bloquer, de les canaliser et de les supprimer plus facilement. »

  • Les messages d’attaques BEC (Business Email Compromise – attaques de la messagerie d’entreprise) relatifs aux emails contenant des chevaux de Troie bancaires sont passés de 1 % en 2015 à 42 % fin 2016. Les attaques BEC ont coûté plus de 5 milliards de dollars aux entreprises dans le monde. Elles utilisent des messages sans malware, incitant les destinataires à envoyer des informations confidentielles ou à transférer des fonds aux cybercriminels. Ce type d’attaque affiche la croissance la plus rapide.
  • Près de 90 % des clics sur des URL malveillantes ont lieu dans un délai de 24 heures après la remise de l’email. 25 % de ces clics se produisent en seulement 10 minutes et près de 50 % en une heure. Le temps de clic moyen (le temps passé entre l’arrivée de l’email et le clic) est plus court pendant les heures de travail, soit entre 8h00 et 15h00.
  • Plus de 90 % des emails contenant des URL frauduleuses redirigent les utilisateurs vers des pages de phishing (hameçonnage). 99 % des attaques à la fraude financière par email sont provoquées par les clics humains plutôt que par des logiciels d’exploitation automatisés visant à infecter les systèmes. Les messages de phishing destinés à dérober les identifiants Apple ont été les plus envoyés, mais les liens de phishing Google Drive sont ceux ayant reçu le plus de clics.
  • La moitié des clics sur des URL malveillantes est effectuée à partir de terminaux ne relevant pas de la gestion des postes de travail de l’entreprise. 42 % des clics sur des URL frauduleuses ont été effectués depuis des terminaux mobiles, doublant ainsi le taux, longtemps maintenu à 20 %. De plus, 8 % des clics sont effectués sur des versions potentiellement vulnérables de Windows, pour lesquelles les correctifs de sécurité ne sont plus disponibles.
  • Le phishing des comptes de réseaux sociaux a augmenté de 150 % en 2016. Au cours de ces attaques, les cybercriminels créent un compte sur un réseau social imitant celui d’un service client d’une marque de confiance. Lorsqu’une personne demande de l’aide à une entreprise par le biais d’un tweet par exemple, le cybercriminel intervient.
  • Surveillez de près votre boîte de réception le jeudi. On observe un pic de croissance de plus de 38 % du nombre de pièces jointes frauduleuses le jeudi, par rapport au volume moyen en semaine. Les hackers utilisant des ransomwares (rançongiciels) privilégient l’envoi de messages malveillants entre le mardi et le jeudi. D’autre part, on observe un pic pour les chevaux de Troie bancaires le mercredi. Les campagnes sur les points de vente (PDV) sont envoyées presque exclusivement le jeudi et le vendredi, tandis que les keyloggers et les backdoors préfèrent le lundi.
  • En adéquation avec les habitudes des usagers, les cybercriminels envoient la plupart des emails dans un délai de 4 à 5 heures après le début de la journée de travail, provoquant ainsi un pic d’activité à l’heure du déjeuner. C’est au cours de cette période que les utilisateurs américains, canadiens et australiens ont tendance à cliquer, tandis que les clics français ont lieu aux alentours de 13 heures. Les utilisateurs suisses et allemands n’attendant pas l’heure du déjeuner pour cliquer; on observe un pic de clics dès les premières heures de travail. Le rythme des clics au Royaume-Uni est régulier au cours de la journée, avec une nette baisse après 14 heures.

Pour télécharger le rapport « Le Facteur Humain2017 » de Proofpoint, rendez-vous sur le site https://www.proofpoint.com/fr/resources/white-papers/human-factor-report

Turla : Instagram détourné pour espionner

Turla, le groupe de cyberespionnage qui cible des représentants de gouvernements et des diplomates, aurait lancé une nouvelle attaque en se servant d’Instagram.

Turla aime Britney Spears ? En février 2017, la société Forcepoint a publié une liste de sites Internet récemment compromis. Les cybercriminels utilisent la technique d’attaque de trou d’eau, qui vise à rediriger les victimes ayant cliqué sur un site compromis vers leurs serveurs C&C. Les chercheurs ESET ont repéré une extension de Firefox qui utilise une URL bit.ly pour renvoyer vers les serveurs C&C. Le chemin de l’URL est diffusé via des commentaires d’une publication Instagram. Dans l’échantillon analysé, l’un des commentaires s’affiche sur une photo du compte officiel de Britney Spears.

Pour obtenir l’URL bit.ly, l’extension scrute les commentaires de chaque photo et pour chaque commentaire en calcule un hash. Si la valeur de hash correspond à un code de déclenchement, l’extension exécute une opération pour convertir le commentaire en URL.

« L’utilisation par Turla des réseaux sociaux pour récupérer les adresses C&C ne facilite pas la tâche aux chercheurs en cybersécurité. Il est difficile de distinguer le trafic malveillant du trafic légitime sur les réseaux sociaux, » explique Jean-Ian Boutin, Senior Malware Researcher chez ESET. Par ailleurs, cette technique offre plus de souplesse aux pirates : « comme l’information nécessaire pour obtenir l’URL du serveur C&C n’est autre qu’un commentaire sur les réseaux sociaux, le cybercriminel a la possibilité de le modifier ou de l’effacer à tout moment, » poursuit Jean-Ian Boutin.

Pour éviter d’être infecté par une attaque de trou d’eau de ce type, les chercheurs ESET recommandent de :

Mettre à jour les navigateurs et les plugins des navigateurs ;
Eviter de télécharger ou d’installer des extensions venant de sources non vérifiées ;
Utiliser une solution de sécurité (à jour) capable de détecter les sites Internet compromis.

Seuls 17 clics ont été enregistrés sur ce lien en février lorsque le commentaire a été posté. Le nombre étant relativement faible, on peut supposer qu’il s’agit d’un test pour une attaque de plus grande envergure.

Dvmap : Un nouveau Trojan Android téléchargé 50 000 fois

Des experts ont découvert un nouveau Trojan peu commun, qui se propage via Google Play Store sous la forme d’un jeu.

Baptisé Dvmap, ce Trojan est non seulement capable d’obtenir les droits d’accès root de n’importe quel smartphone Android, mais il peut également prendre le contrôle de l’appareil en injectant un code malveillant dans la bibliothèque système (system library). Si l’attaque réussit, il supprime l’accès root, ce qui lui permet de ne pas être détecté. Ce Trojan a été téléchargé depuis Google Play plus de 50 000 fois depuis mars 2017.

Kaspersky Lab a signalé ce Trojan à Google, qui l’a depuis retiré de sa marketplace.

Pour contourner les contrôles de sécurité de la plate-forme, les créateurs du malware ont mis en ligne une application saine à la fin du mois de mars 2017. Ils l’ont ensuite mise à jour avec une version malveillante pendant une courte période, avant de remettre en ligne une version saine. En seulement 4 semaines, ils ont réalisé cette opération au moins 5 fois.

« Le Trojan Dvmap marque un nouveau développement des malwares Android. Le code malveillant s’injecte directement dans les bibliothèques système, où il est plus difficile à détecter et supprimer. Nous pensons avoir découvert le malware à un stade très précoce . Notre analyse montre que les modules malveillants rendent compte de leurs moindres mouvements aux attaquants et certaines techniques peuvent entrainer une panne des appareils infectés. Il n’y a pas de temps à perdre si nous voulons éviter une attaque de grande envergure, » explique Roman Unuchek, Senior Malware Analyst, Kaspersky Lab.

Pour en savoir plus, consultez le rapport complet de Kaspersky Lab : https://securelist.com/78648/dvmap-the-first-android-malware-with-code-injection/

Judy : Potentiellement la plus grande campagne de malwares détectée sur Google Play

Les chercheurs de chez Check Point viennent de découvrir une nouvelle menace baptisée JUDY, passée sous le radar de la sécurité de Google Play.

Ce malware de publicité frauduleuse est contenu dans 41 applications d’une société Coréenne. Son principe est simple : il produit un grand nombre de clics sur de la publicité, et génère ainsi un revenu important pour les créateurs des applications malveillantes. Check Point estime le nombre de victimes entre 4,5 et 18 millions. Le code malicieux est présent sur Google Play depuis des années, mais il est impossible de savoir depuis quand exactement.

Les applications malveillantes ont atteint un écart étonnant entre 4,5 millions et 18,5 millions de téléchargements. Certaines des applications découvertes résident sur Google Play pendant plusieurs années, mais toutes ont été récemment mises à jour. On ne sait pas combien de temps existe le code malveillant dans les applications, d’où la diffusion réelle du malware reste inconnue.

La France, 4ème pays le plus touché par Wannacry

Malwarebytes dévoile un ranking des pays les plus touchés par la cyberattaque mondiale de mai. La France, cinquième pays le plus touché par WannaCry.

WannaCry s’est propagé globalement en l’espace de quelques heures en utilisant une vulnérabilité dans un protocole de transmission de données utilisé par Windows. On estime à environ 300 000 le nombre de machines qui ont été infectées, surtout en Europe et en particulier en Russie. Malwarebytes a examiné les données collectées à partir de ses produits déployés sur des millions de terminaux à travers le monde, et les a classées par pays. La France se classe en 4ème position mondiale alors que la presse, et certains « experts » indiquaient l’hexagone comme épargné.

Mise à jour : la société a contacté DataSecurityBreach.fr pour lui indiquer s’être trompée dans son mail précédent. Il s’agissait de la 4ème position, et non la5e.

Les sous-titres de films dangereux sur le web ?

Des chercheurs ont étudié un nouveau vecteur d’attaque, les sous-titres, menaçant des centaines de millions d’utilisateurs de lecteurs multimédias populaires, dont notamment VLC, Kodi (XBMC), Popcorn Time et Stremio.

En créant des sous-titres malveillants, qui sont ensuite téléchargés par les téléspectateurs, des agresseurs peuvent potentiellement prendre le contrôle total de tout appareil utilisant les plates-formes vulnérables.

« La chaîne d’approvisionnement des sous-titres est complexe. Il existe plus de 25 formats de sous-titres différents, tous dotés de fonctionnalités uniques. Un tel écosystème fragmenté, avec une sécurité limitée, signifie qu’il existe de multiples vulnérabilités qui pourraient être exploitées, ce qui en fait une cible extrêmement attrayante pour les agresseurs, » déclare Omri Herscovici, vulnerability research team leader chez Check Point. « Nous avons actuellement découvert que des sous-titres malveillants peuvent être créés et automatiquement diffusés à des millions d’appareils, en contournant les logiciels de sécurité et en donnant aux agresseurs un contrôle total sur les appareils infectés et les données qu’ils détiennent. »

L’équipe de recherche a découvert des vulnérabilités dans quatre des lecteurs multimédias les plus populaires, VLC, Kodi, Popcorn Time et Stremio, et a suivi les bonnes pratiques de communication responsable pour signaler les vulnérabilités. En exploitant les vulnérabilités de ces plates-formes, des pirates étaient en mesure d’utiliser des fichiers malveillants pour prendre le contrôle des appareils équipés de lecteurs de médias vulnérables.

Les sous-titres des films ou des émissions de télévision sont créés par une grande variété d’auteurs de sous-titres, et sont téléchargés sur des sites de partage tels que OpenSubtitles.org pour indexation et classement. Les chercheurs de Check Point ont également démontré qu’en manipulant l’algorithme de classement de ces sites, les sous-titres malveillants peuvent être automatiquement téléchargés par le lecteur multimédia, ce qui permet aux pirates d’exercer un contrôle total sur toute la chaîne d’approvisionnement des sous-titres sans nécessiter d’interaction de la part des utilisateurs.

Depuis que ces vulnérabilités ont été signalées, les quatre entreprises les ont corrigées. Stremio et VLC ont également publié de nouvelles versions de leurs logiciels intégrant cette correction. « Pour se protéger et minimiser le risque d’attaque, les utilisateurs doivent mettre à jour leurs lecteurs en streaming, » conclut M. Herscovici.

La dernière version de VLC publiée le 5 juin 2016 a été téléchargée plus de 170 millions de fois. Kodi (XBMC) compte plus de 10 millions d’utilisateurs uniques par jour et près de 40 millions d’utilisateurs uniques par mois. Aucune estimation actuelle n’existe quant aux utilisateurs de Popcorn Time, qui sont cependant estimés à des dizaines de millions. Check Point a des raisons de croire que des vulnérabilités similaires existent dans d’autres lecteurs multimédias.

Pirates, rien à déclarer ?

Le service de déclaration des revenus a été lancé le 13 avril dernier, et déjà près de 5 millions de français y ont eu recours. Pratique, rapide et mobile, la déclaration s’effectue en seulement quelques clics et permet même de bénéficier d’un délai supplémentaire ! La version papier devait être déposée au plus tard ce 17 mai, tandis que les citoyens ont jusqu’à la fin du mois, voire début juin en fonction de leur département, pour la soumettre en ligne. Chaque année, de plus en plus de français choisissent cette dernière option. Dans ce contexte, bien que le site officiel du gouvernement soit sécurisé et vise à protéger les informations des internautes, les hackers sont à l’affût de la moindre faille. Ils misent notamment sur la volonté de bien faire des citoyens ainsi que sur la crainte d’être en situation d’impayé avec l’administration fiscale.

Les pirates se donnent beaucoup de mal pour imiter les interactions entre les contribuables et les institutions. Emails frauduleux, fausses pages internet ou encore virus propagés sur les réseaux sociaux, autant de techniques employées pour tenter d’accéder aux données personnelles des citoyens pendant la période de télédéclaration. Le phishing par exemple, ou hameçonnage, consiste à faire croire à la victime qu’elle s’adresse à un tiers de confiance afin de lui soutirer des informations cruciales. Profitant que l’administration envoie notamment des emails pour rappeler les dates de soumission des déclarations et informer sur les démarches à suivre, les pirates vont utiliser ce même canal et prétendre qu’il manque un versement et qu’une majoration sera due s’il n’est pas réglé. La technique est imparable, les questions liées à l’argent et au respect de la loi fragilisent toujours les particuliers, par conséquent moins vigilants face à ce type d’emails.

Pour se protéger de telles tentatives de cyberattaque, il existe quelques indices faciles à repérer et des bonnes pratiques à adopter : S’assurer que l’adresse email de l’expéditeur soit bien « dgfip.finances.gouv.fr » et que celle du site internet soit « https://www.impots.gouv.fr« . Même si le format, le logo ou encore les couleurs sont similaires à la page web officielle, cette vérification est primordiale et donne déjà un premier niveau d’information concernant la source ;

Contrôler que le site en question utilise le protocole « https », garantissant ainsi la confidentialité et l’intégrité des données envoyées par le citoyen et reçues du serveur ;

Ne pas répondre aux emails prétendant provenir de la Direction Générale des Finances publiques et qui demandent des identifiants ou des informations bancaires par exemple. L’administration fiscale n’exige en effet jamais ainsi ce type de données de cette façon. Elle le rappelle d’ailleurs sur son site : « pour votre sécurité, ne répondez jamais à un courriel vous demandant vos coordonnées bancaires. » ;

Ne pas cliquer sur les liens contenus dans ce type d’email, ils peuvent renvoyer vers des faux sites derrières lesquels se cachent des hackers qui tenteront de récupérer des données personnelles et des informations bancaires ;

Supprimer tout email supposé frauduleux et mettre à jour le système de protection du terminal utilisé pour optimiser leur détection.

Ces bonnes pratiques semblent simples sur le papier. Néanmoins, il y a encore aujourd’hui trop de victimes de ces hackers qui emploient des techniques toujours plus sophistiquées pour « singer » les communications officielles et parvenir à leurs fins. Il est donc primordial de continuer à sensibiliser les internautes afin qu’ils connaissent les règles de sécurité à adopter pour protéger leurs données et leur argent ! Ce travail d’information est d’autant plus important que le gouvernement cherche à inciter toujours plus de contribuables à effectuer leurs déclarations en ligne, jusqu’à les rendre obligatoires et généralisées dès 2019. (Par Bastien Dubuc, Country Manager, Consumer, chez Avast France)

Les quatre secteurs d’activité visés par les ransomwares

77 % des ransomwares recensés se concentrent sur quatre secteurs d’activité – services aux entreprises, pouvoirs publics, santé et grande distribution.

Les ransomwares attaquent ! NTT Security, la branche sécurité du groupe NTT, vient de publier l’édition 2017 de son rapport sur l’état des menaces dans le monde (GTIR). Ces tendances mondiales proviennent de l’analyse des données de logs, d’événements, d’attaques, d’incidents et de vulnérabilités recensées entre le 1er octobre 2015 et le 31 septembre 2016. À partir de l’étude des contenus des unités opérationnelles du groupe NTT (NTT Security, Dimension Data, NTT Communications et NTT Data), ainsi que des données du centre mondial de cyberveille (GTIC, anciennement SERT), le rapport met en lumière les dernières tendances en matière de ransomware, de phishing et d’attaques DDoS, tout en démontrant l’impact des menaces actuelles sur les entreprises mondiales.

Dans un contexte de généralisation du phishing comme mécanisme de diffusion de ransomware – type de malware conçu pour bloquer les données ou appareils des victimes et les déverrouiller contre rançon – notre rapport révèle que 77 % des ransomwares détectés dans le monde se concentraient sur quatre secteurs d’activité : services aux entreprises (28 %), pouvoirs publics (19 %), santé (15 %) et grande distribution (15 %).

Certes, les attaques spectaculaires exploitant les dernières vulnérabilités tendent à faire les gros titres. Pourtant, les cas les plus fréquents sont souvent moins technique. Ainsi, selon le GTIR, les attaques de phishing ont causé près des trois quarts (73 %) des infections des entreprises par malware. Les pouvoirs publics (65 %) et les services aux entreprises (25 %) ont été les secteurs les plus touchés au niveau mondial. Le rapport révèle que les États-Unis (41 %), les Pays-Bas (38 %) et la France (5 %) sont les principaux pays d’origine des attaques de phishing.

D’autre part, le rapport révèle également que, l’année dernière, seuls 25 mots de passe ont servi dans près de 33 % des tentatives d’authentification sur les honeypots de NTT Security. Plus de 76 % de ces tentatives utilisaient un mot de passe connu pour son implémentation dans Mirai, un botnet composé d’appareils IoT compromis. Mirai a servi de rampe de lancement dans ce qui était à l’époque les plus grandes attaques de déni de service distribué (DDoS) jamais perpétrées.

Dans le monde, les DDoS ont représenté moins de 6 % des attaques recensées. Toutefois, elles constituaient encore plus de 16 % des attaques venues d’Asie, et 23 % en provenance d’Australie.

De son côté, la finance fut le secteur le plus ciblé au niveau planétaire, concentrant à elle seule 14 % de toutes les attaques détectées. Signe de cette prépondérance, ce secteur est le seul à figurer dans le Top 3 de toutes les zones géographiques analysées, suivie par le secteur industriel qui décroche une place sur ce sombre podium dans cinq régions sur six. La finance (14 %), les pouvoirs publics (14 %) et l’industrie (13 %) ont constitué le trio de tête du classement des secteurs les plus attaqués.

D’après Steven Bullitt, vice-président chargé de la cyberveille et des interventions sur incidents et du GTIC pour NTT Security : « Le GTIR se base sur l’analyse de milliers de milliards de logs de sécurité consignés l’an dernier, ce qui en fait le rapport le plus complet dans ce domaine. Sur les 12 mois étudiés, nous avons identifié plus de 6 milliards de tentatives d’attaques – soit environ 16 millions par jour – et suivi la trace de cybercriminels recourant à quasiment tous les types de méthodes. Nous avons assisté des entreprises victimes de violations de données, collecté et analysé les informations de cyberveille mondiales et effectué nos propres recherches de sécurité. Les recommandations de ce rapport se fondent sur les enseignements que nous en avons tirés. »

« Notre but ultime n’est pas de susciter la crainte, l’incertitude et le doute, ni de compliquer davantage le tableau actuel des menaces, mais plutôt de mettre la cybersécurité en valeur et de s’adresser non pas à un seul public d’initiés, mais à toutes celles et ceux qui doivent faire face aux risques d’une attaque. Nous souhaitons les sensibiliser afin qu’ils comprennent leur responsabilité dans la protection de leur entreprise et l’obligation de cette dernière de les accompagner dans cette démarche. »

Pour en savoir plus sur les principales menaces mondiales mais aussi sur les mesures que le management, les équipes techniques et les utilisateurs peuvent prendre pour réduire leur exposition aux risques de sécurité, rendez-vous sur la page de téléchargement du GTIR 2017 de NTT Security : http://www.nttsecurity.com/fr/GTIR2017

Turla, les cyber-espions de l’espace

Le groupe de cyber-espions Turla détourne les liaisons Internet par satellite pour infecter leurs victimes. Un rapport détaillé porte sur l’analyse des techniques et méthodologies employées par le groupe, dont la backdoor Carbon.

L’éditeur de solutions de sécurité informatique ESET révèle que le groupe Turla dispose d’un large éventail d’outils visant à récolter les données provenant d’institutions européennes et américaines (USA). Pour éviter de se faire repérer, le groupe Turla change ses outils à chaque nouvelle opération et modifie également les mutex et les noms de dossier de chaque version : dans les trois années qui ont suivi le développement de la version nommée Carbon, les chercheurs ont détecté huit versions actives à ce jour.

Connu pour être minutieux, le groupe Turla effectue d’abord un travail de reconnaissance sur les systèmes de leur victime avant de déployer leurs outils tels que Carbon :

  • la première étape d’infection peut avoir lieu soit parce que l’utilisateur reçoit un e-mail infecté (spear-phishing), soit parce qu’il navigue sur un site Internet compromis
  • généralement, les pirates ciblent les sites fréquemment utilisés par leur victime (technique connue sous le nom d‘attaque de point d’eau : surveillance des habitudes de navigation de la victime)
  • lorsque le système est infecté, une backdoor (comme Tavdig ou Skipper) s’installe sur la machine de la victime
  • une fois la phase de reconnaissance terminée, une seconde backdoor (comme Carbon) est installée sur des systèmes clés

L’architecture de Carbon repose sur un dropper qui installe les composants du malware et le fichier de configuration, ainsi qu’un composant qui communique avec les serveurs C&C et un orchestrateur qui gère les tâches et les expédie vers d’autres ordinateurs du réseau. Pour communiquer avec le serveur C&C et exécuter l’orchestrateur, Carbon s’injecte dans un processus légitime (DLL).

« On note des ressemblances entre la backdoor Carbon et les autres outils utilisés par ce groupe (rootkit Uroburos), notamment dans l’implémentation des objets de communication. Les structures et les tables virtuelles sont identiques, si ce n’est qu’il y a moins de canaux de communication pour Carbon », explique le rapport d’ESET. « Cette backdoor pourrait être la version allégée de Uroburos, sans composant de noyau ni d’exploits ».