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Damien Bancal, expert reconnu en cybersécurité Damien Bancal est une figure incontournable de la cybersécurité, reconnu à l’international pour son expertise et son engagement depuis plus de 30 ans. Fondateur de ZATAZ.com en 1989 (et DataSecurityBreach.fr en 2015), il a fait de ce média une référence majeure en matière de veille, d’alertes et d’analyses sur les cybermenaces. Auteur de 17 ouvrages et de plusieurs centaines d’articles pour des médias comme Le Monde, France Info ou 01net, il vulgarise les enjeux du piratage informatique et de la protection des données personnelles. Lauréat du prix spécial du livre au FIC/InCyber 2022, finaliste du premier CTF Social Engineering nord-américain (2023), et vainqueur du CTF Social Engineering du HackFest Canada (2024), il est reconnu pour sa capacité à allier pratique du terrain et transmission pédagogique. Le New York Times ou encore Le Big Data ont salué son parcours, et l’agence Tyto PR l’a classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023. Il est aujourd’hui 9ᵉ influenceur cyber en Europe. Chroniqueur à la radio et à la télévision (France Info, RTL, M6, Medi1...), il est également réserviste citoyen au sein de la Gendarmerie Nationale (Lieutenant-Colonel - Unité Nationale Cyber) et de l'Éducation Nationale (Hauts-de-France). Médaillé de la Défense Nationale (Marine) et des réservistes volontaires, il poursuit son engagement au travers de son entreprise veillezataz.com, lancée en 2022.

La fraude dans les centres d’appels a augmenté de 350% en 4 ans

Fraude dans les centres d’appels : Les secteurs des assurances, des banques et du commerce de détail sont les industries les plus ciblées par cybercriminels.

La Fraude dans les centre d’appels prendrait de l’ampleur selon une étude récemment sortie. La société Pindrop, spécialiste de la sécurité et de l’authentification vocales, annonce dans son rapport sur l’intelligence vocale (Voice Intelligence Report 2018) que la fraude vocale est en hausse. Entre 2016, où 1 appels sur 937 était une tentative de fraude, et 2017, 1 appel sur 638. Le taux global de fraude vocale a augmenté de 47%. Une tendance à la hausse de 113% par rapport à 2016. Au cours des quatre dernières années, le taux de fraude a ainsi grimpé de plus de 350%. Aucun signe de ralentissement se fait sentir ! Aux Etats-Unis, le centre de ressources sur le vol d’identité (Identity Theft Resource Centre) a détecté jusqu’à 1 300 cas de fuites de données. Des chiffres à prendre avec des pincettes. Un grand nombre de fuites reste inconnu. En outre, les fraudeurs sont devenus plus sophistiqués, tirant parti de l’approche du shopping omni-canal. Par exemple, un fraudeur peut utiliser l’ingénierie sociale pour réinitialiser un mot de passe sur le compte d’une victime, puis utiliser ce mot de passe pour commettre une fraude en ligne.

Pindrop Labs a récemment mené une enquête méticuleuse sur les Serveur Vocaux Interactifs (SVI) dans une entreprise du fortune 500. Il a ainsi découvert que l’activité suspecte sur les serveurs vocaux interactifs représentait l’indicateur principal de la fraude multicanal. En moyenne, une activité suspecte sur les SVI donne lieu à une tentative de transaction frauduleuse dans les 15 jours suivants. Pour plus de 85% des transactions frauduleuses provenant d’un SVI, le délai de mise œuvre ne dépassait pas 24 heures.

Assurance, Banque et Commerce de détail : les secteurs cibles des fraudeurs

Cet intervalle de temps dans l’activité est typique des fraudeurs qui peuvent utiliser les SVI pour vérifier les listes de comptes compromis achetés dans le black market. L’intention peut alors être d’affiner et de revendre cette liste. Cette activité aide les cybercriminels à tirer profit des fuites de données personnelles sans prendre le risque de commettre des fraudes.

Les compagnies d’assurance connaissent le fort taux d’augmentation de fraude vocale, avec 36% de 2016 à 2017 et de 248% depuis 2015 ! Les banques arrivent en deuxième position. Les assurances, avec une augmentation de la fraude de 20% d’une année sur l’autre et une hausse record de 269% au cours des quatre dernières années ! Le secteur du commerce de détail les suit de près, avec une augmentation de 15% sur l’année et de 134% sur 4 ans. L’utilisation de la technologie vocale par les entreprises triplera au cours des douze prochains mois. Cependant, la révolution « Internet of ears » – qui désigne le phénomène par lequel de plus en plus d’objets connectés sont capable d’écouter ce qui se passe dans leur environnement et de répondre éventuellement à des instructions vocales – est bien parti pour être la plus grande menace.

Une menace grandissante

« Une des principales raisons pour lesquelles les taux de fraude augmentent est que la plupart des organisations luttent pour trouver le bon équilibre entre sécurité et service client. indique Vijay Balasubramaniyan, CEO et co-fondateur de Pindrop. Lorsque des mesures de sécurité traditionnelles plus strictes sont mises en place, ces mesures ont généralement un impact sur l’expérience client – souvent au détriment de l’organisation. La prolifération des technologies vocales continuera de mettre en danger la sécurité et l’identité des consommateurs. Actuellement, les fraudeurs peuvent facilement contourner les méthodes d’authentification existantes. Comme les entreprises adoptent les dernières technologies vocales pour la majorité des interactions avec leurs clients, il y aura un besoin parallèle de sécurité de premier ordre. »

Le rapport « Voice Intelligence Report 2018 » révèle que la voix synthétique est probablement l’une des technologies les plus excitantes aujourd’hui, et potentiellement la plus terrifiante pour la sécurité des données des consommateurs. Les entreprises utilisent déjà l’apprentissage automatique, ou machine learning, pour faire correspondre entre eux des dispositifs, des comportements et des voix. Cependant, les fraudeurs ont toujours une légère longueur d’avance. Ils utilisent l’apprentissage automatique pour créer des discours synthétiques, pour usurper des indentifications automatiques de numéros (ANI) et effectuer des appels automatisés pour attaquer en masse et pirater le SVI d’une organisation afin de vérifier les informations des comptes volés.

Les secrets du crypto-ransomware JIGSAW

Les malwares et les cyber risques sont devenus de plus en plus présents sur Internet, et malgré la vigilance montante des utilisateurs, certains de ces logiciels arrivent tout de même à se frayer un chemin jusqu’à l’ordinateur de certains utilisateurs. Parmi eux, Jigsaw, un ransomware qui s’attaque directement à ce que vous avez virtuellement de plus précieux : vos fichiers, et votre argent.

Un ransomware est un type de malware qui infecte un ordinateur et restreint son accès à l’utilisateur. Ce genre de malware, qui existe depuis plusieurs années, essaie de soutirer de l’argent à l’utilisateur en affichant une alerte sur l’écran. La plupart du temps, ces alertes préviennent l’utilisateur que son ordinateur est bloqué et que tous ses fichiers ont été cryptés, et qu’en payant une rançon il pourra retrouver l’accès à son ordinateur. Les rançons vont le plus souvent entre 100 $ et 300 $, et la majeure partie du temps cette rançon est demandée en monnaie virtuelle comme du Bitcoin, augmentant les cyber risques.

Qu’est-ce que le ransomware Jigsaw ?

La cyberattaque Jigsaw est un ransomware conçu en avril 2016, mis en circulation une semaine plus tard, et désigné pour être déployé à travers des mails frauduleux. Jigsaw s’active lorsque l’utilisateur télécharge le malware, qui va commencer à crypter tous les fichiers de son PC. Suite à cela, un popup avec Billy the puppet va s’afficher, avec une demande de rançon en Bitcoin en échange du décryptage du PC. Si la rançon n’est pas payée dans l’heure, un fichier sera supprimé.

Et à chaque heure suivante où la rançon n’est pas payée, la quantité de fichiers supprimés augmente exponentiellement, jusqu’à ce que le PC soit formaté après 72 h. Enfin, si l’utilisateur tente de redémarrer son PC, 1000 fichiers sont supprimés.

Caractéristiques de Jigsaw : les cyber risques

L’unicité – Jigsaw est le seul crypto-ransomware qui joue sur la peur. En effet, du point de vue de la victime, perdre l’intégralité de ce qu’il a sur son disque dur est ce qui pourrait arriver de pire. D’un autre côté, payer reviendrait à financer les activités illégales des auteurs de ce genre de malware. De plus, utiliser des images et des références liées à l’horrifique, rajoutent de l’anxiété à ce phénomène.

L’utilisation de Bitcoin – Le Bitcoin est devenu aujourd’hui quelque chose de très en vogue, et tout le monde sait au moins qu’il s’agit d’une crypto monnaie. Néanmoins, en 2016, son utilisation était encore marginale. La rétro-ingénierie de ce malware a permis de découvrir que d’une part il utilisait des clés de cryptage très poussées, mais possédait également une centaine d’adresses Bitcoin utilisées pour le paiement des rançons.

Le codage – Après analyse, il a paru évident que l’auteur De cette cybertattaque a essayé de cacher tant bien que mal l’utilisation du langage .NET pour la création de son malware, afin de le protéger d’éventuelles analyses.

Il existe heureusement des solutions concernant la gestion des risques informatiques, comme celles proposées par Forcepoint par exemple, et l’essentiel est de ne pas céder à la panique.

Un Javascript permet de piéger des boutiques en ligne

Une bibliothèque Javascript hébergée par Feedify et utilisée par des sites de commerce électronique piégée à plusieurs reprises. Mission, intercepter les données bancaires des visiteurs.

Le code de la bibliothèque est généralement intégré aux pages Web de vente au détail par les administrateurs de sites et les développeurs afin d’ajouter un moyen de paiement pour les clients. Ce code – feedbackembad-min-1.0.js – se diffuse à partir des serveurs Web de Feedify. Altéré à plusieurs reprises par des pirates informatiques pour inclure le logiciel malveillant MageCart. Cet outil pirate recherche les informations de carte de crédit saisies sur les pages Web compromises. Copiées en temps réel sur un serveur externe (info-stat*ws) des pirates.

Ainsi, si quelqu’un visite un site Web piégé, leur navigateur va lancer le malware MageCart. Ce dernier va siphonner les informations confiées par le visiteur. Les internautes utilisateurs de l’un des sites de commerce basés sur le code de Feedify risquaient de tomber dans le piège. Selon Feedify, plus de 4 000 sites Web utilisent son code.

Une recherche rapide démontre quelques centaines d’utilisateurs de cette bibliothèque. MageCart est apparu sur les sites Web de British Airways et de Ticketmaster.

61 Vulnérabilités corrigées en septembre

Le Patch Tuesday de ce mois corrige 61 vulnérabilités dont 20 classées comme critiques. Parmi ces dernières, la plupart sont liées aux navigateurs tandis que les autres concernent Windows, Hyper-V et l’infrastructure .Net. Une vulnérabilité (CVE-2018-8475) d’exécution de code à distance divulguée publiquement. Elle peut apparaître sous la forme d’un fichier image compromis. En outre une vulnérabilité (CVE-2018-8457) dans le moteur de script.

Correctifs pour les postes de travail

Les patches destinés aux navigateurs et au moteur de script doivent être déployés en priorité sur tous les systèmes bureautiques qui utilisent un navigateur pour accéder à la messagerie et à Internet. La visionneuse PDF, le système d’analyse des images de Windows, l’infrastructure .Net et la bibliothèque de polices Windows bénéficient aussi de patches pour des vulnérabilités basées sur l’interaction de l’utilisateur avec un site ou un fichier malveillant. Deux de ces vulnérabilités étant divulguées publiquement, il est important de définir les priorités pour le déploiement des correctifs sur les postes de travail Windows.

Attaque Escape dans l’hyperviseur Hyper-V

Deux vulnérabilités avec exécution de code à distance (RCE) sont corrigées dans l’Hyper-V. Elles permettaient à un utilisateur authentifié sur un système invité d’exécuter du code arbitraire sur le système hôte. Microsoft signale que l’exploitation de cette vulnérabilité est moins probable, mais ces patches restent tout de même une priorité pour les systèmes Hyper-V.

FragmentSmack

Même si cette vulnérabilité n’a pas été corrigée, Microsoft a publié des recommandations pour la vulnérabilité FragmentSmack qui est un déni de service contre la pile IP.

Vulnérabilité 0-Day ALPC

La menace 0-Day mentionnée hier dans le billet de blog a été corrigée dans la publication de ce mois-ci. Cette vulnérabilité entraînait une élévation de privilèges locaux, des attaques actives ont été lancées à l’aveugle en s’appuyant sur cette vulnérabilité.

Adobe

Adobe publie des correctifs pour Flash et Coldfusion. Tandis qu’Adobe classe la CVE-2018-15967 comme une élévation de privilèges « importante » contre Flash, Microsoft indique cette vulnérabilité comme critique, elle est identifiée comme exécution de code à distance (RCE). Concernant les patches Coldfusion, 9 vulnérabilités CVE sont traitées dont 6 classées critiques. Fin août, Adobe a également publié des patches en urgence pour Adobe Photoshop CC et Creative Cloud. Deux vulnérabilités CVE dans Photoshop sont classées critiques et une vulnérabilité dans Creative Cloud est classée comme importante. (Par Jimmy Graham dans The Laws of Vulnerabilities pour DataSecurityBreach.fr)

Menace : les documents Office peuvent être dangereux

Nous utilisons quasiment tous des documents Microsoft Office. Qu’il s’agisse de documents de travail, de reçus électroniques ou du bail d’un nouvel appartement, les documents Office sont utiles à chacun d’entre nous et c’est en partie la raison pour laquelle nous sommes susceptibles de les ouvrir lorsque nous en recevons en pièce jointe d’un e-mail. Connaissant la propension de nombreux utilisateurs à ouvrir la quasi-totalité des documents, même ceux provenant d’une source non fiable, des individus malintentionnés choisissent couramment ces fichiers pour attaquer et infecter un système.

Nous allons ici passer en revue cinq techniques différentes permettant de détourner les documents Office pour en faire des armes d’attaque et d’infection des postes de travail Windows. Nous en avons déjà évoqué certaines précédemment, tandis que d’autres sont nouvelles.

Macros

Les macros sont le moyen le plus simple pour un assaillant d’infecter des documents Office. Les applications Office intègrent un moteur de scripts capable d’exécuter le langage VBA (Visual Basic for Applications). Du code malveillant contenu dans ces scripts peut ainsi s’exécuter sur le système dès l’ouverture du document, sans aucune intervention de l’utilisateur (à condition toutefois que ce dernier ait au préalable activé les macros). Si l’utilisateur n’a pas activé les macros, un message apparaît pour lui demander s’il souhaite le faire. Il s’agit de l’un des divers mécanismes de sécurité mis en place par Microsoft afin d’atténuer le risque présenté par les macros. Microsoft impose également une autre extension de nom de fichier (.docm au lieu de .docx pour les nouveaux documents contenant des macros). En dépit de ces mesures de sécurité, des utilisateurs décident néanmoins d’ouvrir ces fichiers et d’activer leur contenu, de sorte que les macros demeurent un vecteur courant, aussi bien pour des attaques vastes et simples destinées à propager un ransomware, telles que Emotet, que pour des campagnes élaborées, à l’image de Sofacy.

Comme l’illustre cet exemple, les auteurs des attaques tentent de convaincre les utilisateurs de désactiver les mécanismes de sécurité mis en place par Microsoft. Ils usent, pour ce faire, de techniques d’ingénierie sociale, persuadant l’utilisateur d’activer le contenu afin de pouvoir consulter l’intégralité du document. Dans l’exemple Sofacy, les assaillants ont simplement coloré le texte en blanc, de sorte que celui-ci était bien présent avant que l’utilisateur n’active les macros, mais invisible.

Fichiers Flash incorporés

En dehors des fonctionnalités intégrées telles que les macros, les documents Office peuvent aussi incorporer des objets externes, par exemple des fichiers Adobe Flash. Ces objets étant transmis au logiciel approprié pour leur traitement, toute vulnérabilité éventuellement présente dans ce logiciel peut également être exploitée par son incorporation dans le contenu Adobe Flash à l’intérieur du document Office. Un exemple de ce vecteur d’attaque est la faille Zero Day CVE-2018-4878dans Adobe Flash Player, exploitée par l’incorporation de fichiers SWF malveillants dans des documents Excel. Dans les attaques de ce type, le document Excel infecté incorpore un contenu Adobe Flash capable de déclencher la vulnérabilité Flash et d’exécuter du code shell intégré.

Editeur d’équations Microsoft

Comme pour les fichiers Adobe Flash incorporés dans un document Office, il est également possible d’insérer dans des documents des équations mathématiques qui seront interprétées par l’Editeur d’équations Microsoft, un outil ayant pour vocation de faciliter leur écriture :

Comme dans notre exemple précédent, des vulnérabilités dans l’éditeur d’équations s’exploitent par l’intermédiaire de documents Office malveillants. Nous en avons observé des cas tout récemment lorsque la faille CVE-2017-11882 a été exploitée, ouvrant la voie à d’autres, telles que CVE-2018-0802. Toutes deux touchent l’éditeur d’équations, ce qui permet d’amener l’utilisateur à ouvrir un document Office pour l’exécution de code à distance. Des vulnérabilités similaires dans l’Editeur d’équations Microsoft, telles que CVE-2018-0807 et CVE-2018-0798, identifiées par les chercheurs de l’Unité 42.

Il est à noter que, l’Editeur d’équations Microsoft s’exécutant sous la forme d’un processus distinct (eqnedt32.exe), les protections spécifiques à Microsoft Office, telles que EMET et Windows Defender Exploit Guard ne sont pas efficaces par défaut, car elles protègent uniquement les processus Microsoft Office (par exemple winword.exe).

Objets OLE et handlers HTA

Les objets OLE et les handlers HTA sont des mécanismes pour les documents Office. Ils font référence à d’autres documents inclus dans leur contenu. Ils peuvent servir à infecter un poste de travail de la manière suivante :

Un objet OLE2 (lien) s’incorpore dans un document Microsoft Word. Une fois le document ouvert, le processus Word (winword.exe) envoie une requête HTTP à un serveur distant afin de télécharger un fichier HTA contenant un script malveillant. Winword.exe recherche alors dans le handler le type « application/hta » via un objet COM, ce qui entraîne le chargement et l’exécution du script malveillant par l’application Microsoft HTA (mshta.exe).

Cette fonctionnalité a été exploitée dans la vulnérabilité CVE-2017-0199, permettant l’exécution de code à distance dans Microsoft Office/WordPad et corrigée par Microsoft en septembre 2017. Diverses campagnes y ont eu recours, par exemple OilRig.

Aux côtés des vulnérabilités OLE et HTA décrites plus haut, les auteurs des attaques ont découvert que des fichiers RTF peuvent également exécuter des objets OLE de type mime « text/html », au moyen de MSHTML. Cela signifie que les documents RTF présentent la même vulnérabilité aux attaques qu’Internet Explorer.

CVE-2018-8174

L’exploitation de cette vulnérabilité logique, nommée CVE-2018-8174, permet aux auteurs d’attaques d’exécuter du code HTML/JavaScript/VBScript arbitraire. Tandis que le code exécuté de cette façon se place dans une « sandbox » (où il ne peut lancer de nouveaux processus, écrire dans le système de fichiers ou effectuer d’autres opérations) à l’instar de tout autre code exécuté à partir d’Internet Explorer. Cette faille peut servir à en exploiter d’autres, par exemple une vulnérabilité UAF de corruption de mémoire dans le moteur VBScript, pour permettre l’exécution de code arbitraire dans le cadre de l’application Word (winword.exe) et la prise de contrôle du système.

Tandis que les attaques utilisant des documents comme vecteur sont courantes depuis plus d’une dizaine d’années, nous observons une augmentation récente de leur fréquence et de leur complexité. Cette tendance pourrait s’expliquer par la difficulté croissante d’exploiter les vulnérabilités des navigateurs, en raison du renforcement de leur protection par leurs développeurs. Quoi qu’il en soit, il est important pour les entreprises de savoir comment se défendre.

Cybermenaces : Le navigateur web, cible de toutes les attaques

Le rapport sur les cybermenaces du 1er semestre 2018 montre une évolution des types de dangers. Si avec plus de 2 millions de nouveaux types de logiciels malveillants, la tendance est à la décroissance sur les malwares classiques, les attaques web dites « sans fichiers » explosent. Autre information notable du rapport : avec 7,5 attaques bloquées par mois et par utilisateur, G DATA situe la France au 8éme rang mondial de son indice de dangerosité.

Le développement de nouveaux types de logiciels malveillants a légèrement diminué au cours du premier semestre par rapport à l’année précédente. Au total, G DATA Security Labs a classé 2 396 830 nouveaux échantillons comme nocifs. En moyenne, environ 13 000 nouveaux échantillons de logiciels malveillants ont été détectés chaque jour, soit environ 9 par minute.

Le développement des familles de logiciels malveillants actuelles et leur utilisation sont soumis à de fortes fluctuations. Neuf des dix menaces les plus courantes pour les utilisateurs de PC au cours de l’année écoulée ne figurent plus parmi les dix principales menaces évitées au cours du premier semestre 2018.

Les codes utilisés changent, mais la manière dont ils sont diffusés se confirment mois après mois. Aujourd’hui, les attaques sont lancées pour la majorité à partir de sites Web, les attaquants délaissant la diffusion par fichiers exécutables.

Indice de dangerosité stable avec 3 attaques par mois par utilisateur

Le nombre de nouveaux spécimens de programmes malveillants apporte un premier niveau d’information, mais n’indique pas l’activité réelle de ces codes : un seul code aux méthodes de diffusion innovantes ou à la technicité supérieure peut causer plus de dégâts que des milliers. Pour définir cet indice de dangerosité, les attaques détectées chez les utilisateurs des solutions G DATA sont comptabilisées. La moyenne mondiale des attaques sur le premier semestre 2018 pour 1000 utilisateurs est de 94,29. Autrement dit, chaque jour dans le monde un utilisateur d’une solution G DATA sur 10 est confronté à une attaque bloquée. Cela représente en moyenne 18 attaques par utilisateur sur les 6 premiers mois de l’année 2018. 

La France dans le top 10 avec 7,5 attaques par mois ! 

Avec 250 attaques bloquées pour 1000 utilisateurs, la France arrive en 8eme position de ce classement : chaque jour en France, un utilisateur d’une solution G DATA sur 4 est confronté à une attaque bloquée. Cela représente en moyenne 7,5 attaques bloquées par utilisateur par mois. 

La grande tendance du cryptojacking
Durant le premier semestre, le Cryptojacking – minage des monnaies virtuelles à l’insu de l’internaute – se révèle être l’activité principale des cybercriminels. Sur les 6 premiers mois de l’année, les Cryptomineurs ont inondé le Web. 4 cryptomineurs sont dans le Top 10 mondial des codes nuisibles détectés par G DATA. Ils sont 5 dans le Top 10 français ! Cachés sur de nombreux sites Internet Web, ces cryptomineurs téléchargent des scripts sur l’ordinateur de l’utilisateur et minent des cryptomonnaies à l’insu de l’utilisateur. Face à la difficulté technique de miner des bitcoins (trop de ressources de calcul nécessaires), c’est le minage de Monero qui est maintenant privilégié.

Le Webassembly, aussi pour les malwares
Le standard bytecode Webassembly est généralement utilisé comme langage par les cryptomineurs pour s’intégrer dans les navigateurs Internet. Webassembly est un supplément à Javascript supporté par tous les navigateurs. Avec Webassembly, les développeurs web peuvent réaliser une exécution de code plus rapide dans le navigateur : une technologie idéale pour les cryptomineurs… Ce qui est nouveau, c’est que Webassembly n’est plus seulement utilisé dans les cryptomineurs. Il est aussi utilisé par les codes malveillants.

PUP ou Malware ? 
Classer la dangerosité des codes a toujours été une tâche difficile. À partir de quel niveau d’ingérence, un logiciel publicitaire devient-il nuisible ? Cette question se pose également avec les cryptomineurs : il n’est pas toujours clair si les utilisateurs ont accepté ou non l’installation du mineur dans leur navigateur. Ce critère de dangerosité est représenté dans deux catégories de classement : Malware et PUP (programme potentiellement indésirable). Les chiffres globaux du 1er semestre montrent cette ambivalence : 3 cryptomineurs sont parmi le top 10 des malwares et 4 sont dans le top 10 des PUP.

Faits marquants du premier semestre

Forte croissance des attaques à l’escroquerie au support technique en juillet
Au mois de juillet, une série de scripts trojan spécialisés dans l’affichage de fausses alertes dans les navigateurs est arrivée à la cinquième position des dangers détectés. Sous prétexte d’infection, des fenêtres invitent l’utilisateur à contacter un support technique. À l’autre bout du fil, un arnaqueur attend sa victime…

Fortnite au coeur de toutes les attentions

L’arrivée poussive de Fortnite sur Android fut une aubaine pour les cybercriminels. Surfant sur cet engouement, de nombreuses fausses APK du jeu ont vu le jour. Vol d’identifiants et abonnement SMS coûteux étaient au programme pour les plus impatients. Piqué au vif pour ne pas avoir été choisi comme store officiel pour l’application, Google pointe publiquement la faille de sécurité (corrigée depuis) présente dans l’application officielle disponible chez l’éditeur EPIC.

 

Des clés USB piégées diffusées par Schneider Electric

La société Schneider Electric annonce que des clés USB livrées avec certains de ses produits infectées par des logiciels malveillants.

Des clés USB qui font désordre. La société Schneider Electric annonce des supports amovibles USB livrés avec les produits Conext Combox et Conext Battery Monitor exposés à des logiciels malveillants lors de la fabrication. Montrés du doigt, un fournisseur partenaire. Les lecteurs auraient été livrés avec deux produits, à savoir le Conext Combox (sku 865-1058) et le Conext Battery Monitor (sku 865-1058). ComBox est un dispositif de surveillance et de communication utilisé par les installateurs/opérateurs d’appareils dédiés à l’énergie solaire.

Par conséquent, la société exhorte ses clients à ne pas utiliser les clés USB et à détruire ces dernières. Il est à noter que la société a expédie une clé USB à l’ensemble de ses clients. Cela signifie que presque tous les appareils peuvent être infectés par des logiciels malveillants. Il est à noter que les logiciels malveillants sont détectés et bloqués par tous les principaux antivirus du marché. Il ne s’agirait pas d’une attaque ciblée. Ce n’est pas la première fois qu’une entreprise livre des clés USB infectées par des logiciels malveillants.

En 2017, IBM avait émis un avertissement concernant l’existance d’un certain nombre de clés USB infectées. Des supports livrés avec Storwize Flash. En décembre 2017, la police taïwanaise avait distribué des clés USB infectées aux gagnants d’un concours… relatif à la cybersécurité.

Cyberattaques : mon voisin, le pirate !

Cyberattaques – On a l’habitude de dire que l’été est une période propice aux cambriolages. Mais il en de même pour le piratage qui ne « baisse pas pavillon »… bien au contraire. En effet, la cuvée 2018 a été marquée par une série de cyberattaques diverses et variées. C’est l’occasion de rappeler que la cybersécurité est un enjeu crucial tant au niveau local que global, qu’il s’agisse de grandes entreprises ou de petites structures, du secteur privé ou public.

Marie-Benoîte Chesnais, experte en cybersécurité chez CA Technologies, fait le point sur les principaux évènements de l’été, liés à cette menace grandissante qu’est le « piratage ».

Cyberattaques : Les temps forts de l’été

Au début de l’été, le FBI a adressé une note confidentielle aux banques américaines concernant des risques potentiels d’attaques informatiques visant les distributeurs de billets (« ATM Cashout »). L’Inde en a finalement été la première victime, le 11 août dernier. Le « butin », d’un montant d’environ 10 millions d’euros, retiré dans plus de 2 100 distributeurs de billets, dispersés dans 28 régions différentes du pays. Une sacre logistique.

Début août, c’est une mairie du Var (La Croix-Valmer), victime d’une attaque par « cryptovirus ». Les données des administrés prises en otage contre rançon. Refusant de céder aux pirates, la mairie a dû réunir une cellule de crise composée d’informaticiens afin de tenter de désamorcer la situation. Cependant, avec la mise en place du RGPD, la mairie encourt une amende salée…

Cyberattaques à l’encontre de banque

Le 26 août, sur fond de soupçon de revendications politiques, c’est la Banque d’Espagne qui, cette fois-ci, a dû composer avec un site internet bloqué par intermittence, fort heureusement sans conséquences sur la bonne marche des services. De même, en Belgique, les services publics fédéraux visés chaque semaine par des attaques.

Les failles de sécurité sont lourdes de conséquences mais peuvent également entacher la notoriété des entreprises. A titre d’exemple, Instagram constate une recrudescence des attaques, sous la forme de tentatives de « phishing » ou d’hameçonnage dont le nombre est passé de 150 à plus de 600 par jour.

A noter le bilan ÉTÉ Français de ZATAZ.COM sur les fuites de données dans l’hexagone.

Gorgon Group : Des pirates pakistanais tentent d’infiltrer des institutions étatiques

Des pirates informatiques baptisés Gorgon Group, présumés venir du Pakistan, attaquent des institutions étatiques en Russie, en Espagne et aux États-Unis via des courriels piégés.

Gorgon Group – Le phishing et autres courriels piégés sont légions. Un groupe de pirates informatique présumés pakistanais tente d’attaquer des organisations gouvernementales via ce procédé. Une attaque qui a exploité les mêmes serveurs qui diffusent spams et logiciels malveillants.

Un faux mail sur le terrorisme

Comme rapporté par des chercheurs de l’unité 42 de Palo Alto Networks, le Gorgon Group est actif depuis Février 2018. Via des phishings ciblés, ils ont visé des bureaux gouvernementaux en Espagne, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Russie.

Script-kiddies au Pakistan ?

D’abord, les attaquants envoient des mails phishing à leurs victimes sur des questions de terrorisme, ainsi que sur des problèmes militaires et politiques au Pakistan. Les courriels contiennent des documents Microsoft Word. Fichier piégé par l’exploit CVE-2017-0199. Lorsque la victime ouvre le document, un script Visual Basic s’exécute avec des commandes PowerShell. Le pirate n’a plus qu’à installer son logiciel espion dans la machine piégée. Dans le cas du groupe Gorgone, les chevaux de Troie sont : NanoCoreRAT, QuasarRAT ou encore NJRAT.

Pour conclure, le nombre exact d’infections réussies est inconnu. Néanmoins, les chercheurs ont trouvé des preuves que même une campagne avec une infrastructure aussi primitive (script-kiddies ?) peut constituer une menace pour la sécurité des organisations gouvernementales.

Triout, un espion dans votre smartphone

Triout, un nouveau logiciel espion s’attaque aux appareils sous Android.

Triout, l’espion 2.0 ! Aucun système d’exploitation n’est à l’abri des logiciels malveillants. Les cybercriminels voudront toujours voler, espionner ou manipuler vos données. La prolifération des appareils Android – des smartphones aux tablettes et aux téléviseurs intelligents – ouvrent des nouvelles « voix » aux développeurs de logiciels malveillants. Ces appareils contiennent des micros, des caméras et un gps.

Premièrement, les chercheurs de Bitdefender identifient un nouveau logiciel espion Android, baptisé Triout. Trouvé avec une application reconditionnée, les capacités de surveillance de ce logiciel espion consiste à masquer sa présence sur l’appareil. Il va ensuite enregistrer des appels téléphoniques. Copier les SMS. Recoder les vidéos. Prendre des photos. Recueillir des coordonnées GPS.

Ensuite, il est intéressant de noter que Triout apparaît pour la première fois en Russie. La plupart des analyses/rapports proviennent d’Israël. La première apparition de l’échantillon date du 15 mai 2018, sur VirusTotal.

Enfin, l’analyse du logiciel espion indique que Triout a la capacité d’enregistrer chaque appel téléphonique. La conversation se retrouve sous la forme de fichier multimédia. L’information est communiquée au C&C avec l’identifiant de l’appareil. L’espion enregistre chaque SMS entrant (corps SMS et expéditeur SMS). Il a la possibilité d’envoyer tous les journaux d’appels. Chaque photo prise par l’appareil piégé, caméra avant ou arrière, est envoyée au C&C.