Archives de catégorie : Identité numérique

Partage de fichiers et phishing

Le partage de fichiers devient le service le plus ciblé par le phishing. Près d’une URL malveillante sur cinq utilise un service de partage de fichiers.

Le phishing via les services de partage de fichiers a explosé au cours des trois derniers mois, classant ainsi les services Cloud de distribution de fichiers en tête de liste des secteurs les plus ciblés par des actions malveillantes, selon une étude de Bitdefender.

À l’échelle mondiale, le partage de fichiers est davantage utilisé pour propager les arnaques de phishing que les achats en ligne et les services de paiement, qui sont les couvertures traditionnellement favorisées par les hackers. Près d’une URL malveillante sur cinq utilise un service de partage de fichiers pour infecter les utilisateurs avec des malwares, comme le montrent ces dernières données Bitdefender.

Le manque d’innovation de cette technique est compensé par sa facilité d’utilisation et la popularité des services de partage de fichiers entre particuliers. L’an dernier, Dropbox a atteint la barre des 400 millions d’utilisateurs ayant stocké 35 milliards de fichiers Microsoft Office, tandis que Google Drive en hébergeait 190 millions en 2014.

Il est également important de noter que les services de partage de fichiers et de stockage dans le Cloud ne disposent pas des fonctions de sécurité pour filtrer les contenus illicites. Les pirates profitent de cette lacune pour dissimuler leurs fichiers infectés par des malwares, sans laisser de trace.

Par exemple, Dropbox n’examine pas les fichiers détenus dans les dossiers privés des utilisateurs. Cependant, ce service a réussi à mettre en place un système basé sur le hachage qui reconnaît le contenu protégé par des droits d’auteur. Cela permet de générer automatiquement une empreinte pour les fichiers stockés. Celle-ci est ensuite comparée avec une liste des empreintes de fichiers protégés par un copyright et les contenus sont bloqués uniquement si les utilisateurs essaient de les partager avec des contacts externes. Sans grande surprise, Dropbox se place au 4e rang des marques les plus usurpées, après PayPal, Apple et Google.

Une attaque typique suit globalement ce procédé : l’utilisateur reçoit un e-mail en apparence authentique, l’invitant à cliquer sur un lien intégré afin d’afficher un document en pièce jointe. Ce lien redirige l’utilisateur vers une page de phishing hébergée sur le nom de domaine du fournisseur. La page en question demande les informations d’identification de l’utilisateur, puis les capture pour envoyer ces données aux cybercriminels via un SSL. Si les certificats SSL s’assurent que les données sur un site Web sont présentées de manière sécurisée, ils ne garantissent pas que le site lui-même soit sécurisé. C’est pourquoi les pirates en profitent : ils achètent des certificats SSL bon marché et les utilisent sur des sites de phishing pour se faire passer pour des sites légitimes.

En général, les cybercriminels ne se limitent pas à vouloir dérober uniquement de simples identifiants de service de stockage en ligne ; les URL malveillantes peuvent, par exemple, pousser les utilisateurs à télécharger des crypto-ransomwares à leur insu. Dans ce cas, les conséquences sont beaucoup plus graves car les nouvelles générations de ransomwares peuvent prendre le contrôle des fichiers stockés par ces services d’hébergement en ligne. La plupart des sites de phishing sont hébergés aux États-Unis.

« Le phishing reste un vecteur d’attaque très efficace, responsable d’une part de plus en plus élevée d’incidents provoquant des fuites de données, touchant aussi bien les particuliers que les entreprises », déclare Bogdan Botezatu, Analyste Senior chez Bitdefender. Le phishing est une technique encore très efficace et dont la proportion connaît des niveaux sans précédent comme l’a récemment souligné l’IRS (Internal Revenue Service) aux États-Unis avec une augmentation de +400% d’e-mails et de messages faussement légitimes, envoyés en 2015.

Si un employé est victime d’un e-mail de phishing, il peut compromettre à son insu l’ensemble du réseau de l’entreprise, y compris les comptes bancaires, mots de passe du système informatique et identifiants professionnels. Le spear-phishing (phishing personnalisé visant un utilisateur) est efficace parce qu’il est crédible. C’est pourquoi il est conseillé aux utilisateurs d’éviter de trop partager leurs données personnelles sur les plates-formes publiques et de ne pas ouvrir de liens et de fichiers provenant de sources inconnues.

Malware : Steam Stealer cible des milliers de comptes de joueurs en ligne

Le secteur du jeu en ligne, qui représente un marché estimé à plus de 100 milliards de dollars, n’est pas seulement juteux pour les développeurs et les fabricants. Il l’est aussi pour les cybercriminels. « Steam Stealer » fait partie de ces malwares en constante évolution, responsable du piratage de comptes utilisateurs sur la célèbre plate-forme de jeu Steam. Ayant pour objectif de dérober des objets dans les jeux en ligne et des identifiants de comptes afin de les revendre ensuite au marché noir, ce malware est distribué à des cybercriminels selon le modèle MaaS (Malware as a Service) avec des tarifs extrêmement bas débutant à 30 dollars.

Steam est aujourd’hui l’une des plates-formes de divertissement multi-systèmes d’exploitation parmi les plus populaires. Exploitée par Valve, elle compte plus de 100 millions d’utilisateurs inscrits à travers le monde et propose en téléchargement plusieurs milliers de jeux disponibles. Son succès en fait donc une cible de choix pour les groupes de cyber escrocs, qui peuvent revendre les identifiants d’utilisateurs Steam pour 15 dollars pièce au marché noir. Selon les chiffres officiels récemment publiés par la plate-forme, 77 000 comptes Steam sont piratés et pillés tous les mois.

Un nouveau type de malware, connu sous le nom de « Steam Stealer », est le principal suspect du piratage de nombreux comptes utilisateurs de la plate-forme phare de Valve. Tous deux pensent que ce malware a été développé à l’origine par des cybercriminels russophones car ils ont découvert, sur plusieurs forums clandestins consacrés aux programmes malveillants, de nombreux indices linguistiques qui le laissent penser.

Steam Stealer opère selon le modèle MaaS (Malware as a Service) : il est proposé à la vente dans différentes versions, bénéficiant de fonctionnalités distinctes, de mises à jour gratuites, de manuels d’utilisation, de conseils personnalisés pour la distribution, etc. Alors que le prix de base des « solutions » pour ces types de campagnes malveillantes est habituellement de l’ordre de 500 dollars, les programmes « Steam Stealer » sont ridiculement bon marché, pouvant couramment s’acheter pour à peine 30 dollars, ce qui les rend extrêmement attrayants pour les cybercriminels en herbe du monde entier.

La propagation des malwares Steam Stealer passe principalement, mais pas exclusivement, par des sites Web contrefaits qui les diffusent ou encore par des techniques d’ingénierie sociale consistant à envoyer directement des messages aux victimes.

Une fois le malware implanté dans le système d’un utilisateur, il subtilise l’ensemble des fichiers de configuration de Steam. Il localise ensuite le fichier spécifique Steam KeyValue qui contient les identifiants de l’utilisateur, ainsi que les informations relatives à sa session. Forts de ces informations, les cybercriminels peuvent alors prendre le contrôle de son compte.

Au départ, le piratage de comptes de joueurs était un moyen simple pour les scripts kiddies de faire rapidement des profits en les revendant sur des forums occultes. Aujourd’hui, cependant, les criminels ont réalisé la véritable valeur marchante de ces comptes. Leurs opportunités résident désormais dans le vol et la vente d’objets acquis par les utilisateurs dans les jeux et pouvant valoir des milliers de dollars. Les cyberbandes organisées n’entendent tout simplement pas laisser passer un tel pactole.

Les experts de Kaspersky Lab ont dénombré près de 1 200 échantillons de malwares Steam Stealer différents, responsables d’attaques contre des dizaines de milliers d’utilisateurs à travers le monde. C’est particulièrement le cas en Russie et dans d’autres pays d’Europe de l’Est où la plate-forme Steam est très fréquentée.

La communauté des joueurs est devenue une cible très prisée des cybercriminels. Une évolution claire des techniques d’infection et de propagation ainsi que la complexité croissante des malwares eux-mêmes ont conduit à une recrudescence de ce type d’activité. Alors que les consoles sont toujours plus puissantes et que l’Internet des objets est à notre porte, ce scénario va se développer et gagner en complexité. Les développeurs ne doivent pas envisager la sécurité a posteriori mais l’intégrer en amont dans le processus de développement des jeux. « Nous sommes convaincus qu’une coopération avec l’ensemble des acteurs du secteur peut contribuer à améliorer cette situation« , sougline Santiago Pontiroli de l’équipe GReAT (Global Research & Analysis Team) de Kaspersky Lab.

Pour s’en prémunir, les utilisateurs ont besoin d’une solution de sécurité à jour qui leur permette de s’adonner à leurs jeux favoris sans craindre de voir leur compte piraté. La plupart des produits de sécurité offrent un « mode jeu », de sorte que les joueurs ne sont pas dérangés par leurs notifications avant la fin de la partie en cours. Dans le but de protéger les comptes de ses propres utilisateurs, Steam a également pris plusieurs mesures de sécurité destinées à contrer les mécanismes de piratage.

1,5 million de comptes volés sur le site KM.RU à la suite d’un piratage politique

Piratage – Le portail Russe KM.RU piraté. L’auteur indique avoir volé 1,5 million de données pour soutenir l’Ukraine.

Le portail Russe KM.RU propose un service de webmail. Ce service de courriel a été la cible d’une attaque informatique qui est annoncée comme une action politique par son auteur. Le pirate, qui se baptise Cyber Anak, explique sur Internet que les données ont été volées en juillet 2015. Il souhaitait les diffuser après qu’un avion Ukrainien se soit écrasé. Un missile Russe avait été pointé alors du doigt comme la raison de ce mystérieux incident. « La raison qui me pousse à diffuser ces données aujourd’hui [mars 2016] (…) je proteste contre la politique étrangère de la Russie en ce qui concerne l’Ukraine. » Dans les données volées, j’ai pu constater les dates de naissance, adresses mails, emplacements géographique, adresses mails de secours, questions et réponses de sécurité, pseudonymes… d’1,5 millions d’utilisateurs Russes.

Des données de pharmacies diffusées en raison d’une erreur de codage

Fuite de données pour les pharmacies de l’enseigne de grande distribution américaine Wal-Mart. Une erreur de codage et de cookie donnait accès aux informations des clients patients.

Une erreur de codage, c’est le risque de l’informatique et de n’importe quel système numérique. La sécurité informatique à 100% n’existera jamais, et les fuites de données existeront toujours, surtout que nous fournissons de plus en plus d’informations que nous ne maitrisons plus du tout ensuite.

L’enseigne de grande distribution américaine Wal-Mart Stores INC vient de confirmer une fuite de données concernant ses pharmacies. Une erreur de codage qui permettait d’accéder aux dossiers des clients et patients. « Nous avons eu une erreur de codage dans un de nos logiciels, indique le service presse. Un bug qui a couru sur une période de 72 heures ».

Un bug plutôt gênant. Du 15 au 18 février 2016, il suffisait de se connecter en même temps qu’un autre utilisateur pour accéder aux données de ce dernier. La faute à la gestion des cookies qui se partageaient. « Nous avons agi rapidement pour résoudre le problème une fois qu’il a été découvert. » Une fuite qui donnait accès à de nombreuses informations : nom, adresse, date de naissance et l’historique des prescriptions. Heureusement, les utilisateurs n’étaient pas en mesure de voir les numéros de sécurité sociale ou encore les données bancaires. Des informations cependant suffisantes pour des dealers à la recherche de médicaments vendus uniquement sur ordonnance. Médicaments plus faciles à voler chez un particulier que dans une pharmacie !

FBI Vs Apple : violation du système de confiance

Pourquoi la demande du FBI auprès d’Apple constitue une violation du système de confiance … une question qui va bien au delà du chiffrement des données.

En résumé, on demande à Apple de démonter le système de confiance utilisé depuis plus de 20 ans pour sécuriser Internet. Cette action du gouvernement américain -qui exige de pouvoir utiliser des certificats Apple- constitue un détournement et un piratage d’Internet. La question n’est pas de décrypter un téléphone utilisé par un terroriste.

Les certificats constituent le socle de la cybersécurité. Si le gouvernement est autorisé à utiliser les certificats Apple, il contrôle le logiciel qui contrôle en grande partie l’accès aux logiciels, à Internet et aux applications. Il en prendra alors le contrôle et le détournera.

L’enjeu de la demande du FBI et le défi d’Apple ne se limitent pas à un seul téléphone chiffré utilisé par un terroriste. C’est une violation du système de confiance à base de certificats [numériques] sur lequel reposent les logiciels et Internet ! Le FBI souhaite qu’Apple utilise un certificat Apple pour signer le logiciel qui s’exécutera ensuite (ce que le FBI appelle le fichier logiciel signé de l’iPhone [‘‘signed iPhone Software File’’]). Ces tactiques rappellent celles utilisées pour rendre Stuxnet si efficace – un malware signé à l’aide de certificats valides qui avait pu s’exécuter sans éveiller la méfiance. La requête du FBI risque de marquer un précédent, car elle porte, non sur le fait de casser le chiffrement, mais sur le fait de casser le logiciel. D’où la réponse de Tim Cook : ‘‘Le gouvernement demande à Apple de pirater ses propres utilisateurs et de saper les avancées réalisées depuis plusieurs décennies dans le domaine de la sécurité pour assurer la protection de nos clients.’’

Or, la plus grosse ‘‘avancée’’ dans le cas présent est l’intérêt croissant que les cybercriminels portent au système de confiance créé par les certificats tel que nous le connaissons, et les attaques dont il fait l’objet. Les logiciels font tourner le monde et c’est le rôle des certificats TLS ou les signatures de code de distinguer ce qui est digne de confiance de ce qui ne l’est pas, de trier le bon grain de l’ivraie. Le logiciel signé par Apple ne deviendrait pas seulement une arme convoitée, ce serait également un prototype supplémentaire dans le manuel d’attaques des méchants, comme l’a été Stuxnet il y a 6 ans.

Qu’est-ce que cela signifie pour les entreprises du Global 5000 ? À une époque où certificats et clés suscitent de plus en plus l’intérêt des gouvernements et les convoitises de personnes mal intentionnées, je dirais qu’il est d’autant plus important de connaître les certificats et clés auxquels l’on peut se fier, pour protéger ceux que l’on utilise.

La réponse rapide et légitime d’Apple au FBI contraste fortement avec un autre grand problème de sécurité qui a concerné tous les utilisateurs de smartphones et d’ordinateurs dans le monde. L’autorité de certification chinoise CNNIC, une entité du gouvernement chinois qui contrôle le ‘‘Grand Pare-feu de Chine’’ et surveille le cybercomportement des citoyens de l’Empire du Milieu, était jugée digne de confiance par l’ensemble des navigateurs, ordinateurs, smartphones et tablettes Microsoft, Apple et Google. Or, la CNNIC a été impliquée dans une tentative d’usurpation de Google en Égypte – un incident auquel Google et Mozilla ont rapidement réagi en jetant le discrédit sur la CNNIC. Face aux dizaines de milliards de dollars de chiffres d’affaires en jeu chaque trimestre sur le marché chinois, Apple et Microsoft n’ont pas bougé pendant des mois. Apple a discrètement choisi de faire confiance à certains certificats CNNIC, tandis que Microsoft a laissé faire. L’incident n’a pas reçu la même couverture médiatique que la requête du FBI. Malheureusement, dans le cas de la CNNIC et contrairement à aujourd’hui, Apple n’a pas réagi. Son absence de réaction rapide ou publique a donné l’impression que la firme à la pomme faisait passer ses intérêts financiers chinois devant la sécurité et la confidentialité des données de tous les utilisateurs d’iPhone, d’iPad et de Mac à travers le monde. La réactivité d’Apple à la demande du FBI est un changement bienvenu et nous espérons qu’à l’avenir, l’entreprise ferait de même en cas d’incidents impliquant les autorités chinoises. [Kevin Bocek, VP Threat Intelligence and Security Strategy, Venafi]

eBay : une inquiétante faille révélée

EBay alerté au sujet d’une vulnérabilité de sa plateforme de vente en ligne qui permet à des cybercriminels de diffuser des campagnes de phishing et des logiciels malveillants.

eBay, le géant de la vente aux enchères et du commerce électronique en ligne, possède des bureaux dans plus de 30 pays et plus de 150 millions d’utilisateurs actifs dans le monde. L’entreprise ayant une clientèle importante, il n’est donc pas surprenant qu’elle soit la cible de nombreuses cyberattaques.

Check Point, éditeur de solution de sécurité informatique, a découvert une grave vulnérabilité dans la plateforme de vente en ligne d’eBay. Cette vulnérabilité permet à un agresseur de contourner la validation de code d’eBay et de contrôler le code vulnérable à distance pour exécuter du code JavaScript malveillant auprès d’utilisateurs ciblés. Sans correction de cette faille, les clients d’eBay continueront d’être potentiellement exposés à des attaques de phishing et de vol de données.

Un agresseur pourrait cibler les utilisateurs d’eBay en leur envoyant une page légitime contenant du code malveillant. Lors de l’ouverture de la page, le code serait alors exécuté par le navigateur de l’utilisateur ou une application mobile, conduisant à plusieurs scénarios inquiétants allant du phishing jusqu’au téléchargement binaire.

Après avoir découvert la vulnérabilité, Check Point en a communiqué les détails à eBay le 15 décembre 2015. Cependant, le 16 janvier 2016, eBay a déclaré n’avoir prévu aucune correction de la vulnérabilité. La démonstration de la méthode d’exploitation est encore disponible en ligne.

Découverte de la vulnérabilité

Roman Zaikin, chercheur de Check Point, a récemment découvert une vulnérabilité qui permet à des pirates d’exécuter du code malveillant sur les appareils des utilisateurs d’eBay, à l’aide d’une technique non standard appelée « JSF**k ». Cette vulnérabilité permettrait à des cybercriminels d’utiliser eBay comme plateforme de phishing et de diffusion de logiciels malveillants.

Pour exploiter cette vulnérabilité, un agresseur a simplement besoin de créer une boutique eBay en ligne, et publier une description malveillante d’un article dans les détails de sa boutique. eBay empêche les utilisateurs d’inclure des scripts ou des iFrames en filtrant les balises HTML. Cependant, grâce à JSF**k, l’agresseur peut créer un code qui va charger du code JS supplémentaire depuis son serveur. Cela lui permet d’insérer du JavaScript qu’il peut contrôler et ajuster à distance, par exemple, pour adapter son attaque à un navigateur différent.

eBay n’effectue qu’une simple vérification, et ne supprime que les caractères alphanumériques des balises de script. La technique JSF**k permet aux agresseurs de contourner cette protection en utilisant un nombre très limité de caractères.

Comme on peut le voir, le message qui apparaît sur l’application eBay (plus précisément dans la boutique de l’agresseur sur le site eBay) incite l’utilisateur non averti à télécharger une nouvelle application mobile eBay en proposant une remise.

L’utilisateur qui appuie sur le bouton « Télécharger », téléchargera à son insu une application malveillante sur son appareil mobile.

« La méthode d’attaque fournit aux cybercriminels un moyen très facile de cibler les utilisateurs en leur envoyant un lien vers un produit très attrayant pour exécuter l’attaque. La principale menace est la diffusion de logiciels malveillants et le vol de données privées. Un agresseur pourrait également proposer une méthode de connexion alternative via Gmail ou Facebook pour détourner des comptes utilisateurs, » précise Oded Vanunu, responsable d’un groupe de recherche chez Check Point. « Check Point reste à l’affût des vulnérabilités dans les applications et les plateformes Internet courantes. En communiquant les menaces au fur et à mesure de leur découverte, nous protégeons l’avenir. »

Des clients de Neiman Marcus piratés

Le détaillant de produits de luxe Neiman Marcus Group a informé certains de ses clients du piratage informatique de leur compte. Les pirates ont utilisé la méthode du dictionnaire de mots de passe.

Selon la compagnie Neiman Marcus Group, des cybercriminels ont utilisé une attaque automatisée pour tester diverses combinaisons de logins et mots de passe sur les sites de l’entreprise : Neiman Marcus, Last Call, Bergdorf Goodman, Horchow… Un brute force qui aurait débuté vers le 26 Décembre.

La société a déclaré que les pirates avaient réussi à accéder à environ 5 200 comptes. Neiman Marcus Group précise que ce vol n’est pas dû au piratage de son serveur. Il aurait pu rajouter que cela avait été possible en raison de la faiblesse de son outil de gestion des mots de passe [refuser les informations placées dans le formulaire d’inscription ; refuser mot de passe de moins de 10 signes ; refuser un mot de passe sans chiffres, majuscules et autres signes de ponctuation…).

Les internautes ciblés sont aussi fautifs. Il y a de forte chance que les informations utilisées par les pirates provenaient de bases de données déjà piratées. Les contenus (mails, logins, mots de passe) réutilisaient sur d’autres espaces web.

Ce n’est pas la première fois que les clients de Neiman Marcus sont ciblés par des cybercriminels. En Janvier 2014, la société révélait le vol d’au moins 1,1 million de cartes de paiement de ses clients à l’aide de lecteurs de cartes bancaires (POS) piégés par des logiciels malveillants. 350 000 cartes auront effectivement été exploitées par les malveillants.

Trois employés de TalkTalk arrêtés

Novembre 2015, deux adolescents sont arrêtés dans l’affaire du piratage de données de l’opérateur TalkTalk. En Inde, trois employés du Call Centre de l’entreprise viennent d’être entendus par la police.

Un rapport avec l’affaire du piratage des données clients de l’opérateur britannique TalkTalk ? Je vous expliquais, en novembre 2015, comment deux adolescents avaient été arrêtés au Royaume-Unis. Ils étaient soupçonnés d’avoir participé au piratage des données de l’opérateur britannique TalkTalk. Quatre millions de données avaient été consultés. 157 000 avaient été volées.

Trois mois plus tard, en Inde cette fois, trois employés de TalkTalk, ils officiaient au Call Center de la société, ont été arrêtés. Ces personnes travaillaient pour un partenaire de TalkTalk, la société Wipro, un fournisseur de centre d’appel basé à Calcutta.

Suite à la cyberattaque d’octobre 2015, un audit a été lancé par l’opérateur. Il a été découvert que les trois individus avaient fait de « grosses bêtises » numériques. Un rapport avec le piratage ou un moyen pour TalkTalk de modifier son contrat commercial avec Wipro ? Chose est certaine, les trois indiens se sont servis dans les informations clients.

Qwant, en déploiement expérimental dans l’administration Française

Le moteur de recherche français et européen Qwant est actuellement en déploiement expérimental au sein de l’administration française.

Dans le cadre des discussions parlementaires relatives au projet de loi pour une République numérique qui se sont tenues le 21 janvier 2016, Madame Axelle Lemaire, Secrétaire d’État chargée du numérique, a déclaré, interpelée par Patrice Martin-Lalande, Député (LR) au sujet de l’accès de l’ensemble des agents de la fonction publique au libre choix de leur moteur de recherche : « […] Nous l’avons [mis] en œuvre à Bercy, à ma demande […] Nous avons procédé au déploiement expérimental du moteur de recherche Qwant, qui met en avant la protection des données personnelles et le respect de la vie privée de ses utilisateurs. Nous avons demandé aux agents, sans naturellement les y obliger, d’utiliser par défaut ce moteur de recherche et l’analyse de leurs retours d’expérience est très intéressante. Comme vous le voyez, c’est dans une démarche d’encouragement que nous nous inscrivons plutôt que dans une démarche d’obligation. »

Sécurité des données : une tour en équilibre précaire

Pendant les fêtes, j’ai eu l’occasion de voir « The Big Short : Le Casse du siècle », film inspiré du livre de Michael Lewis sur la bulle immobilière. Ou plus exactement sur la manière dont un groupe de parias de Wall Street voit clairement les signes d’effondrement prochain du marché hypothécaire. Il est intéressant de constater qu’aucun de ces indices financiers ne constituait un secret.

Cela m’a poussé à me demander s’il existe aussi des signes incroyablement évidents montrant que la sécurité des données d’entreprise ne se trouve qu’à un ou deux piratages d’une explosion complète.

En guise de pièce à conviction A, veuillez consulter l’article de Krebs sur les nouvelles méthodes d’authentification mises en œuvre par Google et Yahoo. Google essaie une ouverture de session Gmail sans mot de passe par l’envoi d’un e-mail d’approbation au smartphone associé à votre adresse électronique. Après avoir accepté la requête, vous pouvez utiliser Gmail. Aucun mot de passe n’est nécessaire !

En octobre dernier, Yahoo a commencé à offrir un service similaire appelé « mots de passe à la demande ». Dans ce système, Yahoo envoie un code aléatoire de quatre caractères à un périphérique séparé lorsqu’un abonné tente de se connecter. Yahoo exige ensuite que l’utilisateur saisisse ce code sur son site Web pour obtenir l’accès.

Phishing récréatif et lucratif
Que dit Krebs à propos de ces changements ? Améliorer l’authentification est une bonne idée, mais Krebs pense que ces approches mèneront à des attaques de phishing plus sophistiquées. Aïe !

En règle générale, ce type de modèle reste exposé aux attaques de l’intercepteur.  Toutefois, Krebs semble suggérer que les pirates profitant de ces services enverront des e-mails contrefaits pour demander plus d’informations aux abonnés. Les utilisateurs de Yahoo et de Google ayant probablement l’habitude d’accepter et de répondre à des e-mails de vérification réels, ils pourraient accidentellement révéler un mot de passe ou d’autres informations en réponse à une communication falsifiée.

Alors que d’autres grands services en ligne commencent à essayer leurs propres méthodes et que certaines entreprises font appel à des techniques à facteurs multiples, d’insidieuses failles de sécurité restent possibles.

Le Web caché
Ma pièce à conviction B est constituée de toutes les données piratées au cours de ces deux dernières années. Étant donné que les IPI et autres données sensibles sont à la portée des pirates au moyen du Web caché, les cybercriminels possèdent beaucoup plus d’informations pour exécuter leurs futures opérations de phishing et autres attaques d’ingénierie sociale.

À l’heure où j’écris ces lignes, les médias technologiques signalent la divulgation massive de plus de 190 millions d’enregistrements électoraux comprenant des dates de naissance, des adresses électroniques et des affinités politiques. Bien sûr, cela s’ajoute à la violation géante de l’OPM, la violation de l’IRS  et les gigantesques violations des compagnies d’assurance.

Récemment, j’ai écrit un article au sujet des énormes quantités de données de santé protégées (PHI) qui se trouvent dans les systèmes informatiques des grandes entreprises. Ces dernières ne sont pas toutes des entreprises de services de santé. Souvent mal sécurisées, les PHI ont été écrémées par les pirates au cours des quelques dernières années. Elles constituent une autre remarquable source d’informations pour de futures attaques.

Le Jenga de la sécurité des données
Revenons au film « The Big Short ». Je ne pense pas que nous en dirons trop en révélant cette scène du film, car elle a déjà été largement distribuée. Je fais ici référence à Ryan Gosling montrant à ses collègues de Wall Street les pieds d’argile du colossal marché hypothécaire.

Comme au Jenga, il a lentement retiré les blocs de base de sa tour infernale. Comme on peut s’y attendre, la structure entière, y compris les blocs représentant les hypothèques les plus sûres, finit par s’effondrer.

J’attends qu’un DSI retire ce genre de bloc de Jenga ! C’est-à-dire qu’un collaborateur (peut-être un individu imprégné de philosophie « red team ») explique aux cadres dirigeants en quoi la sécurité informatique est semblable à une tour de Jenga.

Au sommet se trouvent une défense de périmètre et un chiffrement des données forts. Mais il existe des données mal sécurisées sous cette première couche. Et plus profondément encore, on rencontre des techniques d’authentification peu efficaces, des mauvaises stratégies de mots de passe, une gestion tardive des correctifs et une supervision des données insuffisante.

Le pirate mène ses essais et ses attaques à travers la main de l’employé. Guidé par les données volées existantes et d’autres informations de vulnérabilité acquises sur le marché noir (logiciels malveillants, IPI, informations d’identification volées), il sait quels blocs retirer de la base pour faciliter son accès à la prochaine couche de données mal sécurisées.

L’ensemble de la structure informatique s’effondre ensuite en laissant les blocs de Jenga éparpillés sur le bureau du DSI.

Je ne pense pas qu’en 2016 nous verrons l’équivalent informatique d’un effondrement financier dans lequel le commerce électronique et la pornographie seraient soudainement bloqués. Mais il existe depuis quelques années des signaux d’alarme en direction de sérieux problèmes au niveau des fondations mêmes de la sécurité des données informatiques. (Par Norman Girard, Vice Président et directeur général Europe de Varonis)